Le retour de Henry

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Quand je me réveillai le lendemain, j'avais un peu mal à la tête. Je devais me bouger. D'autant plus qu'il était 9h30 et que la maison toute entière était endormie. Je me glissai en dehors de mon lit et je descendis les escaliers doucement pour ne réveiller personne. J'ouvris les stores de la véranda et je laissai le soleil glisser sur mes jambes. 
-Tu es déjà debout Sarah ? 
Je me retournai et je vis Paul. Il avait l'air crevé. Il était en caleçon et t-shirt.

-Oui, j'allais me faire un thé, tu en veux un ? Ah moins que tu ne préfères du café ? 
-En fait j'allais sortir pour aller chercher un petit dej.
-En caleçon ? commençais-je à rire.
-Non, je voulais voir le temps qu'il faisait. Avant d'aller enfiler un jean.
-Sans te laver.. ? 
-Je suis lavé en fait. Tu veux m'accompagner ? Comme au bon vieux temps ? 
-Ouais pourquoi pas. Si tu me laisses 5 minutes le temps de me préparer. On y va à pied de toute façon, non ?
-Je pense que c'est la meilleure chose à faire. Va te faire belle Sarah. 

Je souris et filai dans une des salles de bains de la maison. Le jet d'eau acheva de me réveiller. Mon mal de crâne passait petit à petit. J'enfilai la robe à trainer dans la salle de bain, elle n'était pas à moi mais à Mary mais je ne pouvais pas me trimballer en culotte alors que Paul était dans les parages. Je retournais auprès de lui qui m'attendait en regardant dehors et nous allâmes à la boulangerie du coin.
-Sarah ? Je peux te poser une question indiscrète ? 
-Si c'est trop indiscret, je ne répondrai peut-être pas. 
-Tu sors avec Marc ? 

Je m'arrêtai et je le regardai avec de grands yeux. Il était sérieux.
-Non. Pourquoi tu me demandes ça ?
-Parce que je croyais qu'après ma fête vous..
-Écoute. Je ne me fais pas trop d'illusion. Il ne sortira jamais avec une fille comme moi. Je ne suis pas jolie, je ne suis pas cool.. Pas le genre de filles qu'il fréquente d'ordinaire. Alors..
-Sarah. Arrête de te dénigrer s'il te plaît. Mon frère m'a hurlé dessus à cause du CasierGate. Il ne l'avait jamais fait pour personne. C'est pour ça que dans mon esprit vous étiez ensemble. Excuse-moi je ne voulais pas..
Mon téléphone sonna et je le sortis de ma poche. Le visage de Marc s'afficha sur mon écran. 
-En parlant du loup.. marmonnai-je en montrant à Paul mon iPhone.
-Réponds-lui. Je vais faire la queue dans la boulangerie. 

Je lui fis un sourire et il me laissa. Entendre la voix de Marc me réchauffa le cœur.
-Salut Spiderwoman ! Désolé d'appeler aussi tôt.
-Salut Marc, je ne m'attendais pas à ton appel. Tu vas bien ?
-Je suis crevé mais ça va. Et toi ? En fait pour Halloween, tu veux que je vienne te chercher vers quelle heure ? 
-Comme ça t'arrange, je n'ai pas vraiment d'avis sur la question.
-Ok. Je te redirai ça alors. J'ai un autre truc à te dire, finalement la seconde fête va se dérouler chez nous. Je crois que Paul a prévu un truc et comme la dernière fois, on a tous failli se faire embarquer, va falloir que je le surveille, ça ne te dérange pas, j'espère ?
-Non pas du tout. Et je n'aurais pas besoin de mentir à mon père si je dis que je vais à une fête chez vous. 
-C'est cool. En parlant de John..

Je frémis parce que ça me faisait vraiment bizarre d'entendre Marc appeler mon père par son prénom. Mais c'est vrai qu'à une certaine époque, nos deux familles étaient assez proches. 

-Il faudrait peut-être qu'on commence pour tes cours.. particuliers, poursuivait-il inconscient de l'effet qu'il me faisait. Tu as une seconde de libre dans l'après-midi ? 
-J'ai tout mon temps pour toi Marc. 
-C'est ce que je voulais entendre, répondit-il d'une voix qui me paraissait un peu plus... suave. Je passe chez toi alors. Vers 15h, ça te va ? 
-Tu es là ? m'exclamais-je ravie.
-Je suis à l'aéroport, je suis là dans une heure à peu près. 
-15h, c'est parfait. Il est probable que Sophie soit là. 

Paul arriva avec des sacs dans la main, il m'en donna un et je lui fis un sourire gigantesque.
-Ça me va aussi. Mon avion vient d'arriver, il faut que je raccroche. À tout à l'heure.
Je raccrochai et j'étais toute guillerette. Paul pouvait le voir, tant et si bien qu'il me demanda ce que j'avais.
-Tu n'es pas au courant ? Marc prend l'avion et il revient aujourd'hui.
-Je ne le savais pas, répondit-il en fronçant légèrement les sourcils. Mais bon, Marc ne me prévient pas à chaque fois qu'il débarque. C'est un peu son problème d'ailleurs. Je me souviens une fois quand je sortais avec Chris, il avait débarqué sans prévenir alors que je.. bref. Je ne vois pas pourquoi je te raconte ça.

-Moi non plus, et je suis traumatisée maintenant. Tu es sorti avec Chris ? Je ne le savais même pas.
-On a fait la une du journal du lycée..
-Tu parles de ce torchon que je ne lis plus depuis qu'il révèle les plus noirs scandales façon Gossip Girl ? 
-C'est exactement ça ! Mais tu as pas dû le lire très souvent, dis-moi. Parce qu'il n'a fait que ça depuis des années.
-Je l'ai lu une fois, j'ai vu une photo de ton frère complètement bourré avec deux filles à son bras et je me suis dit que c'était lamentable. Je l'ai chiffonné et je l'ai jeté dans une poubelle. 
-Je comprends mieux. 
Une fois à la maison, la première chose que je vis c'était Sophie descendre les escaliers dans son ensemble de nuit en satin rose. Elle était vraiment jolie. Je sentais Paul à côté de moi se raidir.
-Vous êtes tous debout en fait. Je suis la dernière levée. J'ai un peu honte pour le coup. Paul, je peux te parler en privé ? 

Je saisis le paquet de viennoiseries des mains de Paul et j'allai dans la cuisine où Brian et les enfants étaient déjà. Je les posai sur le dessus de la cuisine et embrassai Tom et son ami. Brian me regarda bizarrement mais il ne dit rien.
-Je crois que ta copine dort toujours, j'ai pas osé la réveiller.
-Oui je sais, elle vient de se réveiller. Les garçons, vous pouvez emmener le plateau dans la salle à manger. Tu fais quoi cet après-midi ? 
-J'ai un entrainement.. je peux savoir ce que ça peut te faire en fait ?
-Qu'est-ce que tu es désagréable quand tu t'y mets ! 
Je sortis de la pièce agacée. Je rejoignis Sophie qui était montée pour se laver dans ma chambre. Elle était en sous-vêtement entrain de chercher des habits dans sa valise. 
-C'est bon, c'est arrangé avec Paul. Il a accepté mes excuses. Qu'est-ce qu'a encore fait Brian ? Dis-moi ? Ne dis pas le contraire, tu as une tête agacée que tu n'as que quand Brian te dit un truc. 
-Il m'a mal parlé c'est tout. En fait Marc débarque à la maison à 15h pour qu'on fasse de l'algèbre.
-De l'algèbre plus si affinité j'imagine. 
-Bah non je l'ai prévenu que tu étais là.
-Tu as eu tort. Je vais te laisser en tête à tête avec Marc moi j'ai pas besoin de faire de l'algèbre. Et puis tu te souviens de ma pote qui vient de New-York ? Elle voulait savoir si on pouvait se voir vu qu'elle est à L.A pour un casting.
-Tu parles de celle qui veut devenir la prochaine Shailene Woodley ? 
-Oui. Celle là. Je vais juste aller la voir, et après je reviens, je te rappelle que je reste tout le WE chez toi.
-Tu ferais ça pour moi ? Me laisser seule avec Marc ? Ce serait vraiment adorable, mais je ne veux pas... Je croyais qu'elle t'ennuyait cette fille parce qu'elle était une Moi-je.
-Une quoi ? commença à rire Sophie.
-Une Moi-je : Moi je fais du ski nautique, moi je mange des sushis au Japon, moi je nage avec les dauphins.
-C'est clairement une moi-je alors ! éclata de rire Sophie.

La porte s'ouvrit et je vis la tête de Brian passer du blanc au rose et il ferma la porte précipitamment. Le pire c'était Sophie, elle aussi était rose, probablement parce qu'elle était encore en soutien gorge. Je me levai pour aller hurler sur mon quasi-frère. Il était entrain de se remettre de ses émotions dans le couloir. Il avait une teinte vanille-fraise. J'aurais bien aimé me moquer de lui mais j'étais trop en colère pour ça. 
-Et sinon, frapper ça ne te dit rien ? 
-Je n'ai pas l'habitude..
-D'être poli ? m'exclamai-je en fronçant des sourcils.
-Non, de voir une meuf sexy dans ta chambre, répliqua-t-il en me méprisant du regard.
Je le giflai. En fait j'essayai de le gifler mais il attrapa ma main pour m'en empêcher. Il m'attrapa le second poignet en prévision du second coup. 
-Lâche-moi.
-Je voulais juste voir si vous étiez prêtes et il y a quelqu'un pour Sophie en bas.  

-Il y a quelqu'un pour moi ? 
Je me retournais vers Sophie, qui avait retrouvé une couleur à peu près potable. Elle avait enfilé une robe et des collants rayés rose et noir. Elle n'avait pas encore remis ses lunettes, elles devaient être dans la salle de bain.
-Ouais, c'est un mec. Il est dans le hall.
Sophie descendit les escaliers et je la suivis après un dernier regard chargé de mépris envers Brian. J'entendis un petit cri de joie et je vis Sophie sauter des escaliers vers un homme plus grand qu'elle. Il avait des cheveux très foncés.
-Mais qu'est-ce que tu fais là ? 
-Bah je me suis dit que tu étais forcément chez Sarah ! Et puis je voulais te faire une surprise.
-Tu m'as manqué, c'est un truc de fou. Sarah ! Regarde qui est là.
-Henry ? 
-Salut Microllister !

Je ne pensais pas le revoir un jour. Le frère aîné de Sophie. Il avait changé de couleurs de cheveux mais il avait le même regard bleu pénétrant que sa sœur. Il m'ouvrit les bras et je lui sautais dessus moi aussi. 
-Mais qu'est-ce que tu fais là ? En ville ? 
Le frère de Sophie avait 32 ans désormais et un cœur énorme. Il avait suivi des études en médecine dans une fac en Europe et était parti faire de l'humanitaire 5 ou 6 ans auparavant pendant son «temps libre» ce qu'il disait... Il était revenu spécialement pour l'enterrement de ma mère et je l'avais adoré pour ça. Il m'avait dit à ce moment là que ma mère avait été un de ses modèles et que c'était pour ça qu'il partait faire de l'humanitaire. J'avais été profondément émue qu'il me dise ça. Et il avait tenu sa parole.
-Tu me manquais Sophie. Et j'avais une proposition à te faire, je voulais en parler à Père. 
-Pourquoi tu as besoin de parler à Papa pour me faire une proposition ? 
-J'aimerais que tu m'accompagnes à Noël en France. J'habite là-bas la plupart du temps, il faut que je demande à Papa.
-Sérieusement ? Tu veux que j'aille passer Noël avec toi ? 
-Ouais. Enfin, je ne suis pas tout seul en fait. McDust ? Paul McDust ? La vache, tu as grandi !
Paul alla lui serrer la main et je trouvai mon ancien ami bizarre. J'avais l'impression que tout le monde autour de moi était bizarre et mal à l'aise. Je secouai la tête et je me tournai vers Henry en souriant. 

-Tu veux prendre ton petit-dej avec nous ? 
-Non, je suis venu kidnapper ma sœur pour la journée, si ça ne te dérange pas Sarah. 
-Pas du tout, je ne veux surtout pas t'en priver.
-Tu diras à ton père que je suis dans le coin, ok ? 
-Il est à Seattle mais oui, je vais lui dire sans problème. Passez une bonne journée, ajoutai-je en voyant Sophie enfiler ses chaussures.
Ma copine m'embrassa et sortit avec son frère, je me retournai vers Paul. Il était un peu pâle, un peu rose, on aurait dit un pot de vanille fraise pour les enfants. Je le contournai et allai m'affaler sur une des chaises.
-Alors tu fais quoi de beau cet après-midi pour me demander ce que je fais ?
-Marc vient me donner un cours d'algèbre. C'est tout mais on va utiliser le bureau de Papa, on sera plus tranquille.
-Si tu veux mon avis, avec Marc, ce n'est pas dans le bureau que tu devrais aller, mais dans ta chambre. Tout le monde connait sa réputation. Tu ne vas pas rester pucelle longtemps.
-C'est quoi une pucelle ? demanda Tom.
-C'est quand une fille n'a jamais embrassé de garçon, plus si affinité, se mit à sourire Brian en me narguant du regard.
-Hey mais la ferme Brian ! lui lançai-je à la figure alors que Paul, lui, arrivait.
-Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Non mais attends Sarah, y'a aucune honte à être vierge.
Je devins rouge tomate d'autant plus que Paul me regardait avec de grands yeux ébahis. 
-Depuis quand ma vie intime te regarde Brian, est-ce que moi je te demande si tu couches avec Alexandra ?
-En l'occurrence, non, je ne couche pas avec elle.
-Sage décision, rétorquai-je, tu devrais lui demander de se faire dépister avant, tout le monde sait que c'est la pute du lycée. Et puis, il ne faudrait pas que tu chopes une mycose.

-Alors, tu vas m'écouter bien attentivement McAllister, je ne te permets absolument pas d'insulter ma petite-amie devant moi, c'est clair. Parce que tu sembles oublier qu'on doit passer le WE ensemble et que tu n'as pas de Papa pour te défendre. Alors, je ne veux plus t'entendre.
-Sauf preuve du contraire Brian, je suis chez moi ici, j'ai pas d'ordre à recevoir de toi. 
-Très bien. En fait, je te préviens, on fait une fête ce soir. 
-Quoi ? 
-Oui, une fête, on a la maison pour le WE, c'est juste l'idéal. Je ne sais pas si tu comptes t'incruster mais si c'est le cas, évite de te montrer. De toute façon, tu n'aimes pas ça, les fêtes toi. C'est pas du tout ton genre.
-Et c'est quoi mon genre ? hoquetai-je en buvant mon thé.
-On en a déjà parlé McAllister, le genre qui se veut décaler à ne pas aimer les fêtes ou encore picoler.
-Ce n'est pas que je n'aime pas picoler, Brian, c'est que je trouve irresponsable les gens qui vont à des fêtes, qui picolent et qui reprennent le volant après. Si ta mère était morte dans un accident de voiture tu verrais les choses carrément autrement.
-Tu sais Mcallister, tu pourras pas toujours te cacher sous ton étiquette d'orpheline pour te justifier de tout. Je sais ce que ça fait d'être élevé par un seul parent, tu es pas la seule à avoir une vie de merde tu sais. Sauf, que les autres ne se planquent pas derrière comme d'une armure.
-Je n'aime pas du tout la moralité du ton que tu viens de prendre. Je n'aime pas me faire psychanalyser et sûrement pas par toi. Alors, excusez-moi, je m'en vais, les ondes négatives dès le matin, c'est pas mon truc. 

Je devais partir. Parce qu'il avait raison dans le fond. Dès que je me mettais à parler de ma défunte mère, tout le monde finissait par laisser tomber ses positions. Il avait raison. Je me cachais derrière ce statut et je ne voulais pas lui montrer qu'il m'avait un peu percé à jour. J'allais dans ma chambre et je filais sur mon ordinateur. J'avais deux nouvelles demandes d'amitié, celle de Clive et celle de Bob. Cela me fit sourire. D'autant plus que Bob était en ligne et que dans la seconde, il publia notre photo prise au cinéma. Il était vraiment beau cet homme en réalité. Et la photo était super mignonne. Même moi je me trouvais mignonne dessus et vu que d'ordinaire, je me trouvais super moche, c'était plutôt cool. Il avait mis en légende : I know what you did last.. night. Cela me fit rire. Faire référence à Souviens-toi l'été dernier était assez amusant vu la cavalcade que nous avions fait dans la nuit. Chris Dommel aime ça. Mon téléphone sonna. C'était mon père, il voulait savoir comment on se débrouillait et juste entendre ma voix. Lui et moi on ne s'éloignait pas trop en général. Quand il avait eu une opération comme celle-ci avant son mariage, qui le prenait tout le WE, il me payait mon billet d'avion et je le rejoignais. Mais maintenant, avec sa toute nouvelle famille, ce n'était pas possible. 

-Sarah, il y a un problème ? me demanda-t-il au bout d'un moment.
-Non Papa. C'est juste que j'aurais adoré venir te rejoindre à Seattle, qu'on passe le WE tous les deux, comme avant.
-Sarah.. les choses ne peuvent pas être comme avant tu sais. Tom est encore un petit garçon et je sais que Mary a toute confiance en son fils, mais je ne le connais pas assez pour savoir si il est capable de s'occuper d'un jeune garçon, alors que toi tu l'es. Tu es une fille très raisonnable. Et je sais que tu ne ferais rien de stupide.
-Non tu as raison. D'ailleurs, Marc revient de Stanford pour me donner des cours d'algèbre, on commence cet après-midi.

Mon père était ravi, je pouvais le sentir quand il me répondit.
-Hey Papa, si tu vois le docteur Mamour, tu le prends en photo pour moi, ok ? 
Mon père se mit à rire comme un dératé. On regardait toujours Grey's Anatomy ensemble avant. Ce qui était assez énervant parce qu'en général, il faisait des commentaires sur les procédures chirurgicales jusqu'à ce que je le bâillonne ou lui lance un coussin dessus. Mais ça, c'était avant son mariage avec Mary. 
-Tout ce que tu voudras ma petite princesse chérie. Par contre il faut que j'y aille. Je t'embrasse, je vais entrer dans le bloc, je t'enverrai un SMS quand je reprendrais l'avion. 
-Oui d'accord. Papa ? 
-Oui Sarah ? 
-Je préfèrerais que tu m'envoies un message à la fin de ton opération, comme ça tu pourras me raconter comment tu as sauvé ton patient de manière in extremis façon docteur Glamour.
-D'accord ma chérie. Je t'aime.
Je raccrochais et m'allongeais sur mon lit, mon ordinateur sur les genoux. Je changeai ma photo de profil pour mettre celle avec Bob parce qu'on était vraiment mignons dessus. Mon téléphone sonna, c'était un numéro inconnu. 

-Allô ? 
-Salut Sarah, c'est Bob. Désolé de te déranger.
-Tu ne me déranges pas du tout, je m'ennuyais justement.
-Je viens de déposer les mecs au studio et Clive voulait faire une surprise à Ray, tu veux venir déjeuner avec nous ? Je passe te prendre chez toi et tu feras la connaissance des autres aussi.
-Par contre je suis prise à partir de 15h. 
-Je te ramènerais à temps pour ton rendez-vous. Je passe te prendre à 12h30 ? Ça te va ? 
-Oui bien sûr. À tout à l'heure. 
-En fait, tu n'as rien contre les tacos ? 
-Tu plaisantes ou quoi ? je connais le meilleur mexicain de tout L.A. si ça t'intéresse. C'est une vieille connaissance de mon père. 
-C'est vrai ? Et il fait à emporter ? 
-Il a une salle privée derrière, on peut passer par là sans être vu, y'a un accès sur une ruelle derrière le bâtiment.
-Cool. Il faudrait m'envoyer ton adresse par SMS. Ce sera plus facile pour le GPS. Excuse-moi il faut que je te laisse j'ai un double appel et je suis entrain de conduire.
-À tout à l'heure. 

Je me rebalançai sur mon lit avec un grand sourire qui me barrait le visage. Cette journée s'annonçait être la meilleure depuis longtemps, j'allais voir Marc pour la première fois depuis des semaines et rencontrer un groupe de musique dont j'étais fan dans son intégralité. Il ne fallait pas que je fasse ma groupie par contre. Je devais y veiller. Ce qui me plaisait le plus dans le fait de rencontrer le reste du groupe, ce n'était pas tant le fait que j'allais manger avec certains des plus beaux spécimens de l'autre sexe (ce qui était loin d'être négligeable), mais le fait de rencontrer d'autres gens qui pourraient éventuellement devenir des amis. Sans oublier que faire ça sans Sophie pour une fois me faisait du bien. Sophie avait une facilité pour se lier au gens que moi je n'avais pas et elle avait des amis. Alors que moi, ce n'était pas le cas. C'était en partie pour ça que rencontrer Ray alors que j'étais toute seule m'avait fait autant plaisir et le fait qu'il ne la connaisse pas aussi. Parce que tout le monde aimait Sophie. Et je savais au fond de moi que le jour où il la rencontrerait, il aimerait, et ce, peut-être plus que moi. 

Je me redressai. Il était presque 11h du matin et j'avais quelques devoirs à faire en littérature et en science. Je laissais les maths pour tout à l'heure avec Marc. J'avais oublié mon livre de bio dans mon sac en bas des escaliers. J'entendais des cris depuis le salon. Ils jouaient à la kinect en hurlant de rire. Je les regardai d'un air amusé et Paul me vit. 
-Tu veux te joindre à nous ? 
-Non merci. J'ai des devoirs à faire, je les fais toujours en début de WE pour être tranquille.
-Tu faisais déjà ça quand on était gosse, j'avais oublié. 
-Clark, ta mère doit venir te chercher quand ? 
-Il reste manger avec nous ce midi, répondit Tom à la place de son copain, sa mère est d'accord. 
J'hochais la tête et allais prendre mes affaires pour travailler un peu quand la voix de Tom me ramena dans le salon.

-Sarah ? Pourquoi tu portes la robe de Maman ? 
-Parce que je n'avais pas de vêtements quand je me suis lavée, je vais me changer de toute façon, je sors, je mange à l'extérieur.
-Avec qui ? 
Brian arrêta sa partie et se retourna. Paul ne tarda pas à faire de même et les deux amis me regardèrent comme si j'étais une extra-terrestre.
-Je mange avec des amis que tu ne connais pas.
-C'est le mec avec qui tu as passé ta nuit jeudi ? 
Je le fusillais du regard.
-J'étais chez Sophie jeudi, rétorquai-je d'un air torve en jetant un coup d'œil à Tom. Et même si je déjeunais avec un garçon, je ne vois pas en quoi ça te regarde et pourquoi tu t'en inquiètes.
-Je me fais pas de souci, mais j'ai promis à ton père de garder un œil sur toi. 
-Je te demande pardon ? m'étranglai-je un peu.   

-Dans le délire de nos géniteurs de faire de nous une famille, ton père m'a chargé de te surveiller comme le ferait un grand-frère, alors je compte sur le fait que tu coopères. Tu vas déjeuner avec qui ? 
-Avec des amis, je t'ai répondu, on est pas au temps de l'Inquisition. 
-Ton père sera très content de savoir que tu déjeunes avec des inconnus.
Il se retourna et reprit sa partie, j'avais envie de le frapper très fort mais je me contrôlai, je ne devais pas laisser Brian gâcher cette journée magnifique. Je m'enfermai dans le bureau de mon père et branchai mon baladeur sur sa chaîne. Il se l'était acheté l'année d'avant, elle était design et magnifique. Je prenais place sur son fauteuil et posais mes mains sur son bureau en chêne massif. Mon père l'adorait et moi aussi. Il était dans notre famille depuis des lustres et je savais qu'il serait à moi un jour. Je fermais les yeux et je sentais les rainures du bois sous mes doigts. J'avais l'impression qu'il était là avec moi. Je soupirai et j'attrapai mon livre de bio. Lorsque je relevais la tête, il était midi un quart. Je devais aller me préparer pour aller déjeuner. J'attrapai un jean et je cherchai un débardeur propre et je n'en trouvais pas. Je filais dans la buanderie à toute vitesse en espérant ne pas tomber sur un des garçons. Je ne voulais pas qu'ils me voient en sous-vêtement. Je ne trouvais pas de débardeur mais un T-shirt aux couleurs des Kings de Los Angeles. Je flottais dedans mais je m'en fichais. Mon père et moi assistions parfois aux matchs de hockey et ce t-shirt, il me l'avait offert le jour où ils avaient gagné une finale en 2012. C'était l'un des meilleurs moments que j'avais eu avec mon père. On avait ri comme des fous, on avait passé une nuit blanche où on avait fêté ça comme il se devait et on avait fini au petit matin dans un Starbucks. Nous étions tellement fatigués qu'on s'était endormis sur le canapé. J'attrapai un de mes sweats à capuche aux couleurs de Harvard et j'étais prête. Je remontai de la buanderie pour aller chercher ma paire de Converse qui étaient dans ma chambre. Alors que j'enfilais ma deuxième chaussure, on sonna à la porte.
-J'y vais ! hurlais-je. 
Je ne voulais pas que Brian ouvre la porte à Bob. Mais le ciel était contre moi de toute évidence. Non seulement Brian avait ouvert la porte mais il était tendu comme un arc, façon mâle dominant dans la savane africaine. Bob franchit le pas de la porte au moment où j'arrivais en bas. Il y avait clairement deux alphas dans mon hall d'entrée. Bob me lança un sourire gigantesque et je glissai mes lèvres sur sa joue parfaitement rasée.
-On y va ? 
Je le pris par le bras et l'entrainai dehors. J'avais échappé au pire. Bob m'ouvrit la porte de sa voiture noire et je vis la tête de Brian qui refermait la porte. Cela ne présageait rien de bon


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