Mon téléphone me réveilla. Il était environ 8h du matin. Je commençais à 10 heures. Je me levai et me trainai en bas des escaliers.
-Salut ma chérie ! 
Mon oncle Eric était hyper charismatique et sexy dans son costume noir cintré. Elijah était entrain de lui remettre sa cravate. Eric avait la bouche pleine et il me fit un bisou sur la joue.
-Je suis hyper en retard, on parle tout à l'heure ? 
-Oui, oui. 

-Soyez à l'heure au lycée, sinon, ça ne va pas aller. Hum.. tu prends la voiture que tu veux Elijah.. Remarque Sarah, tu as ton permis non ? 
-Sérieusement ? Tu me laisserais prendre l'une de tes voitures ? N'importe laquelle ? 
-Bah.. je suis un excellent avocat, si tu te fais arrêter, je te fais sortir en moins de 20 minutes. Fais comme tu veux. 
Il m'embrassa de nouveau et sortit de la pièce. J'entendis le rugissement d'un moteur et je jetais un grand sourire à mon oncle. 
-Eliiii ? 
Je lui fis des yeux de chats et mon oncle, qui avait été mannequin jadis, fronça les sourcils de manière sexy. 
-Je sens que tu vas me demander quelque chose que je vais me sentir obliger d'accepter.
-J'ai une fête le soir de la Toussaint au Dragon Fly et je voulais savoir si tu pouvais venir faire du shopping avec moi.. pas ce soir mais demain ce sera cool. 
-Tu es entrain de sous-entendre que mon homosexualité fait que j'adore faire du shopping ? 
Sa réflexion me fit rougir comme une folle et je balbutiai.
-Non pas du tout, quand je te vois, je te classe pas dans la catégorie gay ou pas gay tu es pas vraiment sexué pour moi oncle Elijah. Je me dis juste que comme tu travailles..
-Je te vanne ma chérie. Évidemment que je vais venir t'aider à choisir une robe, j'ai des amis créateurs à L.A. Ils me doivent des services. Bon, il te faut un petit déjeuner consistant. 
Mon oncle s'affaira dans la cuisine de son frère.
-Heu.. je me sens un peu barbouillé, j'ai un peu picolé dans la nuit de samedi à dimanche et du coup, et j'ai rien avalé hier.

-Rien du tout ? Pfff. Ce n'est pas raisonnable Sarah. Écoute, je vais te faire un chocolate con churros, mais va te laver et te faire jolie pour impressionner tous les petits lycéens hormonalement en délire. 
-C'est pas la peine. Un jean et un débardeur feront l'affaire. 
Mon oncle fit une moue qui me fit regretter de lui avoir proposé une séance shopping. J'allais souffrir, je m'en doutais. Je me lavai rapidement, enfilai mes habits et j'entendis mon oncle chanter en cuisinant. Voy a reír, voy a bailar, vivir mi vida la la la la. Il m'avait fait des churros qu'on trempait dans un chocolat épais. C'était divinement bon. Je n'étais pas certaine du bien fait sur mes hanches mais c'était bon pour mon moral. 
-Paraît que tu as cassé avec Pedro ? Qu'est-ce qu'il s'est passé sans être indiscrète ? 
-Il m'a trompé. Je l'ai appris, jarté de mon appartement et je suis venu pleurer chez mon frère aîné.  J'avais besoin de mettre de la distance. Et puis, bon, 3 ans, sans te voir ma chérie. C'est pas une vie ça. Il faut revenir à l'essentiel parfois.
-Tu es entrain de dire que tu serais prêt à revenir habiter ici ? 
-Pourquoi pas. 
-Ce serait juste gé-ni-al. Papa m'a fait remarquer hier que je ne vous connaissais pas tant que ça et c'est vrai. Je ne vous connais pas tant que ça. Et je trouve ça dommage. Parce que quand je serais une adulte, peut-être que je n'aurais pas le temps pour ça. 
-Oui c'est vrai, admit mon oncle. Sarah, rappelle-moi tu commences à quelle heure ? Parce qu'il nous faut plus longtemps pour aller dans ton lycée. 
-On y va. 
Je descendis dans le garage et je restai figée. J'étais trop fatiguée la veille au soir pour voir la collection impressionnante de voitures de mon oncle. Je saisis un trousseau de clefs et appuyai sur le bipper. Je restai bouche bée. 
-Je peux la conduire ? 
-Une Lamborghini décapotable ? Bon choix. Vas-y je reste juste à côté de toi. Pas question que tu laisses un tel bijou au lycée.
Conduire un tel engin me fit du bien. C'était un bolide dernier cri. Je me sentais puissante au volant. Il faisait super beau et pour cette fin de mois d'octobre, il faisait un temps magnifique et chaud. J'avais mis les lunettes de soleil de mon oncle et avec Elijah on beuglait comme des vaches toutes les musiques qui passaient à la radio. J'arrivai devant le lycée dans un crissement de pneus et en faisant vrombir le moteur. 
-Tu conduis comme une tarée fillette, je comprends pourquoi ton père ne t'a pas acheté de voiture. 
-Je me sens d'attaque pour une bonne journée de cours. Tu viens me chercher à 18h tapante, avant je suis en colle. 
-Amuse-toi bien Sarah. Tiens, c'est pour ton déjeuner.
Il me tendit un billet de 50$ que je refusais. 
-Sarah. Crois-en mon expérience de seul mec gay et populaire de son lycée, fais-toi livrer des sushis pour le déjeuner. Tu auras l'air un peu plus branchée que la moyenne. Et oui je sais qu'on ne dit plus branché, j'ai fait ça pour te faire réagir. File.
Je sautai de la voiture pour aller en cours. La première personne que je vis était Sophie; cela me fit mal au cœur mais j'allais le plus loin possible d'elle. Pour ne pas qu'elle soit constamment dans mon champs de vision. La matinée me parut très longue sans ma meilleure amie. Je remarquai le regard méprisant d'Alexandra posé sur moi et mon cœur s'arrêta de battre quand je la vis parler avec Sophie. Je ne savais pas de quoi elles parlaient mais je sentis mes yeux me picoter. C'était atroce comme sensation. Ce n'était pas de la jalousie, juste un immense chagrin. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour me remplacer. Voilà ce que je pensais. À la fin du cours de littérature que j'adorais normalement, je passais la tête haute devant ce groupe de filles et je sortis de la salle pour me réfugier dans les toilettes. 
-Il me semblait que j'avais été claire
C'était la voix de Sophie. J'aurais pu la reconnaître entre mille.
-Je m'en fiche de tes excuses. Je veux que tu m'oublies, compris ? 
J'allais sortir pour lui parler mais je me ravisais quand j'entendis la voix d'Alexandra.
-Hum.. Sophie ? Tu viens ?

C'était trop pour moi. J'attendis qu'elles soient parties et je pris mon téléphone, mon kit-main libre et j'appelai comme me l'avait dit mon oncle chez le traiteur japonais. J'attendis devant le lycée pour qu'ils viennent avec ma commande et j'allai m'installer sur les gradins. Bientôt je vis l'ami de Marc arriver avec certains de ses amis et me faire un signe de la main. Je lui répondis. Marc. Je repensais à ce qu'avait dit Eric à son frère.. Lui avais-je parlé de Marc ? Tout était confus dans ma tête. Je ne savais plus vraiment ce que j'avais dit ou fait la veille. Je pris mon ordinateur et je filai sur Facebook. C'est alors que je vis des photos de la soirée chez nous. Parmi celles des amis de Brian. Je ne me souvenais pas de la moitié des gens présents. J'étais identifiée sur l'une des photos, j'étais entrain de faire un Beer-Pong. Je ne m'en souvenais même pas. C'était assez horrible de penser que j'avais fait une fête et que je ne me souvenais pas de ce que j'avais fait. On me voyait sur beaucoup de photos mine de rien. Je refermai mon ordinateur. Je vis Brian arriver en short et faire le tour du terrain. Qu'est-ce qu'il faisait ? Il courait vite comme s'il voulait chasser toutes pensées de son esprit. Il fut bientôt rejoint par d'autres. Quand il me vit, il me fixa et continua sa route. J'étais toute seule. J'avalai mes sushis en silence. Je m'allongeai sur le gradin, fermais les yeux. Je fus bientôt dérangée par un jet d'eau glacée sur moi. Je me relevai en sursautant. Du moins j'essayais parce que la seule chose que je fis en réalité, c'était m'écraser sur le sol dans un bruit sourd
-Bah alors la looseuse, on retourne enfin à sa place ? Au niveau du sol ? 
Je relevai les yeux et je vis la copine de Brian. Elle avait un seau dans la main et elle me regardait avec mépris dans son uniforme de cheerleader.
-Laisse-moi tranquille. 
Je n'étais pas montée haut dans les gradins et je redescendis dans le stade après avoir repris mon sac. Je ne voulais pas me battre. J'allais partir quand elle me rattrapa par le sac.
-Attends, je peux savoir qui t'a donné la permission de me tourner le dos.
-Je n'ai pas besoin de ta permission pour faire ce que je veux.
-Tu crois ça espèce de looseuse ? Alors tu vas m'écouter bien attentivement, si je te revois trainer du côté de mon mec, je te massacre c'est clair ? Tu as compris la débile ? Si je te revois entrain de le mater, je crève tes yeux de pucelle. Oh et en fait, je ne sais pas ce que tu as cru avec Marc McDust, mais c'était clair qu'il voudrait jamais de toi. Tu t'es regardée deux secondes ? Ta place est dans un freak show. Pas dans un lycée. Alors tu..
Je laissai tomber mon sac près à en découdre avec elle. J'allais lui péter les dents. Une par une. Mais on me souleva par les hanches et on me fit reculer alors que j'étais entrain de lui hurler dessus. 
-Lâche moi Miller ! 
Brian, qui m'avait soulevée, se mit entre nous deux. J'allais lui ressauter dessus mais il me bloqua les bras et me lança un regard qui voulait clairement dire : n'aggrave pas ton cas. Je repris mon sac et je sortais du stade furieuse. Je croisais Sophie, elle m'arrêta en me saisissant le bras mais je me dégageais. 
-Ne commence pas toi. Je ne veux pas te voir. 
-Sarah..
-Je t'ai dit non ? c'est trop dur à comprendre ? lui hurlai-je dessus. 

Les gens présents dans le couloir nous regardèrent bizarrement. Je devais sortir de là. J'avais mon cours d'histoire et c'était le seul cours de la journée que j'avais. C'est pour ça que j'allais voir la surveillante générale.

-Excusez-moi de vous déranger madame, est-ce que je peux entrer ? 
-McAllister, je vous en prie.
-Voilà, je sais que je suis en retenue mais je voulais savoir si c'était possible que je reste en classe et non pas à faire les décors de Halloween. Parce que j'ai pas mal de travail en retard et je pense que je mettrai plus à profit mon temps en retenue traditionnelle que dans un espace de semi-liberté. 
La surveillante générale me regarda avec son air bovin, comme si j'étais une grande folle mais elle accepta néanmoins de commuer ma peine. J'appelai Elijah pour qu'il vienne me chercher après ma colle qui pour le coup finissait une heure plus tôt, comme je ne devais pas attendre le début des travaux pour Halloween. J'allai en cours d'histoire et je fis mes deux heures de colle juste après. Eli m'attendait déjà devant le lycée, en sortant je vis Brian. Il attendait sur le trottoir avec son téléphone.
-Miller ? Tu peux dire à.. non en fait, fais comme si je n'avais rien dit. Ce sera mieux. 
-Attends. Je voulais te dire que ton coup de gueule d'hier, c'était génial.
Je le regardai bizarrement. Il venait de dire quoi ? 
-Tu as tellement choqué les parents qu'ils ont oublié de me punir pour ma fête. Tu aurais dû voir la tête de ton père, c'était épique. J'avais jamais vu ça de toute ma vie. Alors que franchement, ma mère en a vu de toutes les couleurs avec moi.

Je vis une voiture s'arrêter près de nous et je vis Mary en sortir. Elle me fit un grand sourire et elle vint me prendre dans ses bras.
-Tu vas bien ma chérie ? 
-Oui Mary. Je voulais te dire pour hier.. je..
-Sarah. Tout ce qui compte c'est que tu sois heureuse et je ne crois pas que ce soit avec moi que tu dois en parler. Mais avec John. Tu rentres avec nous ? 
-Non. Elijah est là. Par contre, je vais peut-être passer à la maison. J'ai des vêtements que je veux prendre. Je vais vous suivre en voiture alors. 
Mary acquiesça et je demandai à Elijah de me ramener à la maison. Il resta dans la voiture, il ne voulais pas déranger Mary. C'était très louable de sa part. Je pris le reste de mes vêtements et je descendis les escaliers. Mary m'attendait. 

-Ton père rentre tard ce soir, tu peux rester dîner si tu veux
-Je ne veux pas le voir. 
-Tu lui as fait beaucoup de peine hier.
-Mary, tu es gentille mais ne te mêle pas de ça. Tu ne peux pas comprendre. 
-Ne pas comprendre que tu te sens à l'étroit depuis qu'on a emménagé ? Si je peux.
-Non, tu ne peux pas comprendre ce que tu ressens quand ton père te fait comprendre que tu l'as déçu, tellement déçu qu'il considère que tu n'es plus une personne bien. Tu ne peux pas comprendre ce que tu peux ressentir quand ton père sous le coup de la colère te dit que tu es en partie responsable de l'accident qui a tué ta mère. Alors, je sais qu'il était en colère mais je ne m'excuserai pas et je ne reviendrai pas tant qu'il ne m'aura pas dit sincèrement qu'il veut que je revienne. 
-Parce que tu crois vraiment que c'est bien de le faire souffrir pour ce qu'il a dit sous le coup de la colère ?
-Je ne sais pas si c'est bien mais oui j'ai envie qu'il comprenne ce que je ressens. Du désarroi et de la tristesse.
-Tu n'es pas malheureuse Sarah. Tu essayes de t'en convaincre mais ce n'est pas le cas. Tu es contrariée, et tu essayes de lui faire croire qu'il a fait quelque chose de mal en te punissant pour avoir fait une fête clandestine. Tu joues avec l'amour que ton père a pour toi et c'est mal. C'est vraiment mal. Je te dis ça parce que je te considère comme ma fille. Tu agis mal en te servant de ta famille pour lui faire regretter sa décision de te priver de sortie. Il fallait que je te le dise parce que je suis quelqu'un de franc. Je trouve que ce n'est pas un comportement honnête.

-Tu as fini de m'engueuler comme si tu avais la moindre autorité sur moi ? 
-Je ne t'engueule pas Sarah. Si c'était le cas, crois-moi tu le saurais. Il semble nécessaire que quelqu'un te dise la vérité. Ton père aussi a perdu la femme qu'il aimait. Et avec ton départ, c'est comme si.. il la perdait une fois encore. Ton père a mis des années à se remettre de la mort de ta mère, des années. Si ton but, c'était qu'il pleure et qu'il souffre tu as gagné. Il n'a pas fermé l'œil de la nuit et sache que voir l'homme que j'aime souffrir ne me fait pas plaisir du tout et me peine énormément. Alors je peux comprendre que tu sois mécontente parce que je suis dans la vie de ton père maintenant, que tu as l'impression qu'il manque à une sorte de devoir envers ta mère mais tu n'as pas le droit de le faire souffrir et tu n'as pas le droit de me faire souffrir.
Je restai interdite. Elle me parlait avec une sincérité déconcertante, comme si j'étais.. une adulte à part entière et non une adolescente indisciplinée.

-Parce que.. je te fais souffrir ? murmurai-je en attrapant ma lèvre avec mes dents.
-Tu crois que ça ne me fait rien de voir ton père dévasté ? C'est ce qui arrive quand on aime quelqu'un. On souffre avec lui. 
-Je suis désolée. Je ne voulais pas te faire souffrir et je pense que tu ne devrais pas prendre autant à cœur toute cette histoire. Parce que.. j'ai jamais voulu te faire du mal Mary. Jamais. 
-Je sais Sarah. Mais penses-y.  Aux dommages collatéraux, je veux dire. Chaque acte a ses conséquences.

J'hochai la tête et je sortis de la maison pour rejoindre Elijah.
-Tu as l'air d'avoir vu la mort en face. Un peu d'air frais te fera du bien. Tu as beaucoup de devoir pour demain ?
-Oui pas mal, mais sérieusement, si tu as truc mieux à me proposer, c'est le bienvenu. Je pourrais travailler après.
-Ce ne serait pas raisonnable. Voilà ce que je propose. Tu travailles et ce soir, on chope Eric et on va au restaurant, ou alors on se plante devant la télé comme le ferait une famille. 
-Ça me parait parfait. J'ai de l'espagnol à faire, tu peux le faire à ma place ? 
Eli éclata de rire et faillit en griller un feu rouge. 
-Tu plaisantes ou quoi ? Évidemment que je vais faire ton espagnol. Je suis ton oncle, pas ton père, je suis là pour faire tous les trucs fun. Tu as quoi d'autres ? 
-De l'algèbre, j'ai deux chapitres à lire de Jane Eyre et un commentaire. 
-Tu n'as qu'à lire ton livre, le temps qu'on rentre à la maison. Un Caramel Macchiato, ça t'irait ? Les Starbucks en Espagne ne sont pas aussi bon qu'ici. 

-Oui. Ça me ferait très plaisir, normalement avec Sophie, on en prend le matin avant d'aller en cours.
-Sophie, c'est ta meilleure amie, non ? J'ai toujours trouvé que c'était une fille bien. 
-Oui. C'est le cas. 
J'avais répondu tellement sèchement, que mon oncle tourna sa tête vers moi.
-Il y a un souci.
-Nous sommes fâchées. Et comme je lui ai hurlé dessus dans les couloirs tout à l'heure, je crois que ça ne va pas aller en s'arrangeant. 
Mon oncle se gara et je ne l'accompagnai pas dans le café. Je préférais l'attendre. Lorsque je relevai la tête, je vis certaines filles du lycée, les copines d'Alexandra, me regarder bizarrement. Mon oncle sortit du Starbucks avec ses lunettes de soleil sur le nez et ouvrit la portière pour s'installer. Il eut un sourire en coin et il me tendit les cafés après m'avoir embrassé sur la joue. Il se mit à rire. il roula à une vitesse folle, tout en buvant son café. Il fit un dérapage digne des plus grands cascadeurs au cinéma pour entrer dans l'allée de la maison d'Eric. Je commençais à avoir un sérieux mal de crâne mais je n'en dis rien à Elijah. Il restait des churros et je les avalai en guise de goûter. Et je passai 2h30 à peu près à bosser. Elijah compatissait mais il ne me fit pas mes exercices d'algèbre, même après mon regard de biche. Quand Eric rentra le soir, Elijah était entrain de cuisiner, ça sentait divinement bon. Eric m'embrassa sur les cheveux, et se mit à rire.

-Algèbre ? Tu t'en sors ? 
-Bof, je pense que j'ai tout faux.
-Éli, tu aurais pu l'aider ? On dirait pas comme ça, mais il était hyper bon en algèbre, remarque.. l'alcool a dû lui brouiller le cerveau depuis, ajouta-t-il à voix basse me faisant éclater de rire.
-Je t'ai entendu ! lui hurla son frère depuis la cuisine. J'ai ouvert un Sancerre, tu en veux un verre ? 
-Ouais, je veux bien.
-Je parlais à Eric. 
Je lui fis des yeux ronds et mon oncle se mit à rire. Il arriva avec trois verres et il m'en servit un fond pour me donner du baume au cœur. 
-J'aimerais que l'on trinque à la famille sur laquelle on peut toujours compter, dit Elijah. Merci Eric d'accepter que l'on squatte chez toi. 
-C'est toujours un plaisir de vous avoir chez moi, les gosses. Vivement que tu sois majeure Sarah, comme ça on pourra picoler avec toi en toute légalité. 
-Amen, répondis-je.
Je portai le verre à mes lèvres et je grimaçai après l'avoir fini, tout en prenant une tranche de chorizo.
-Je vais prendre un coca, je crois. En fait, j'en suis sûre. Je peux... ? 
-Ce qui est à moi est à toi.. sauf mes voitures. Fais ce que tu veux.

-D'ailleurs, j'ai conduit la Lamborghini pour aller au lycée. Je pense que je vais en demander une pour fêter mon diplôme de fin d'année. J'adore cette voiture, ajoutais-je depuis la cuisine. 
-Dois-je en conclure qu'Éli et moi devons commencer à nous cotiser ? 
-Oui, je pense. Sauf si tu veux me payer mon voyage pour mon premier Spring Break. 
-La voiture, ce sera mieux je crois. Toi tu n'as pas le droit de fréquenter des garçons avant au moins tes 30 ans, rétorqua Eli.
-Trop tard, répondit son frère avant de se rendre compte qu'il avait fait une bourde.
Elijah ouvrit grand les yeux et je me sentis rougir.
-Tu as un petit ami ? Mais pourquoi tu ne m'as rien dit ? 
-Parce que je n'ai pas de petit ami. Il refuse de sortir avec moi parce que je suis trop jeune et que je n'ai pas d'expérience.
-Heureusement que tu n'as pas d'expérience, répondit mon oncle Eli en avalant son verre à une vitesse déconcertante. Tu es beaucoup trop jeune, et il a quel âge ce débile ? 
-18. C'est pas un débile Oncle Elijah, c'est juste qu'il a peur que mon père porte plainte pour détournement de mineur.. Qu'est-ce qui vous fait rire ? 
-Elle est pas au courant Eric ? 
-Non. Mais je pense qu'on devrait rien dire.
-Accouchez. Sinon, je pars de la maison.

J'étais debout avec un décapsuleur à la main et je croisai les bras, attendant une réponse sincère. Mes deux oncles délibérèrent à voix basse comme si ils étaient deux ados. En fait, c'est exactement l'impression que j'avais, d'être dans une maison avec deux adulescents. 
-Ton père quand il avait 19 ans est sorti avec une fille de 16 ans. Hyper bien gaulée..
-Le graal de la féminité. Elle avait un décolleté de folie, et des fesses.. mon Dieu ! 
-Il pensait qu'elle avait 18 ans et il a eu des soucis avec la justice à cause de ça. Parce qu'un jour il est venu la chercher pour aller à une fête et.. enfin, il pensait qu'elle était majeure tu vois. Il a eu les flics aux trousses.
-Heureusement que je couchais avec une avocate à l'époque. 
-Attends deux secondes.. mon père a été accusé de détournement de mineur et tu étais HÉTÉRO ????? C'est quoi ce délire ?
-En fait, Sarah, je peux te le dire maintenant.. parce que tu es plus grande, tu peux comprendre... Je suis bi. Du coup, je couche avec des hommes, des femmes mais pas les deux à la fois. C'est vrai que ça fait longtemps que je n'ai pas.. rencontré de femmes à mon goût mais..  en théorie, c'est toujours possible.
Je regardais Elijah comme si il était un extra-terrestre.
-Du coup, tu peux pas venir avec moi pour m'aider à choisir de la lingerie. Maintenant que je sais que tu peux potentiellement aimer les femmes, ça va me gêner.
-Honey. La dernière fois que j'ai été avec une femme, j'avais 25 ans. Beaucoup dirait que je suis un homosexuel avec des tendances hétéro, et c'est tout. Les femmes sont trop compliquées de toute façon. Enfin bref, tout ça pour dire que je ne pense pas que ton père intenterait quelque chose contre ce.. garçon guère plus âgé que toi. 
-Moi je le sais, dis-je en me laissant retomber sur ma chaise. Mais pas lui. C'est parce que je ne suis pas assez bien pour lui, c'est tout. Je le sais. Je n'aurai jamais de petit copain et je finirai toute seule.
Je sanglotai et en quelques secondes, deux paires de bras m'entourèrent.
-Je ne veux pas finir toute seule ! Et en plus, je n'ai même plus d'amie sur qui compter, elle m'a abandonné pour aller avec ma pire ennemie.
Mes oncles me rassurèrent et pour la première fois depuis longtemps, je me sentis entourée et soutenue. C'était une sensation étrange que j'adorais. Ma crise de larmes passa et nous mangeâmes nos tagliatelles aux crevettes et à l'ail devant Grey's Anatomy. Je posais ma tête sur Eric. J'avais encore mal à la tête et ça ne passait pas malgré le thé que je buvais.
-Tu as la chair de poule Sarah, me fit-il remarquer.
-J'ai froid en fait. 
Je sentis la main d'Eric se poser sur mon front.
-Tu m'as l'air un peu chaude pourtant. Eli, tu peux prendre la couverture qui est à côté de toi ? Merci. Tiens, enroule-toi dedans. Je reviens.
-Tu ne vas pas appeler Papa, hein ? 
-Non, je vais chercher un thermomètre, je te rappelle que je suis un père moi aussi. Je sais réagir face à ce genre de situations. 
Il revint quelques minutes plus tard. Je regardai le thermomètre qu'il me mit dans la bouche comme si j'avais 2 ans et demi. 
-Tu es à 38,2 chérie. Je vais te faire une tisane et tu vas aller au lit.
-Mais on vient de commencer un épisode ! protestais-je. Et j'ai une couverture ! 

 Il était près de 23h. Il avait raison mais je ne voulais pas le laisser faire. Je lui fis des yeux humides et il craqua. Il me fit quand même une tisane. Je commençai  à m'endormir contre lui. Mais je luttai contre le sommeil. Je ne voulais pas louper la fin de mon épisode. Mais ce qui devait arriver, arriva. Je m'endormis comme une masse contre lui. Je ne sais pas vraiment comment cela se faisait d'ailleurs Est-ce qu'il m'avait drogué à coup de somnifère ? Était-ce un complot contre moi orchestré par mon père pour me récupérer ? Mon Dieu, je délirais totalement. Je sentis mon oncle me soulever et me poser dans un espace moelleux que j'identifiais comme étant mon lit. J'étais un peu dans le pâté. Je n'avais pas passé une bonne journée. Avant de sombrer totalement, j'entendis la voix de Brian qui demandait à Sophie : Alors Sorah, c'est terminé ?  Sophie m'avait abandonné et je redoutais de croiser de nouveau son regard. C'était atroce et c'est le cœur lourd que je fermais les yeux.