I'm feeling sexy and free
-Est-ce que je peux conduire la Ferrari ?
Sophie venait juste de partir et j'avais rejoint Mary dans la cuisine. Elle avait enfilé son manteau et elle était entrain d'embrasser mon père. J'avais toussé et ils s'étaient séparés en rosissant.
-Ton oncle te l'a prêtée à toi ma chérie. On y va maintenant ? John.. Tu pourras déposer Tom chez Dave ?
-Oui, bien sûr ma chérie. Amusez-vous bien les filles !
Mon père était tout guilleret, tout.. bizarre. Vraiment bizarre. J'entrai dans la voiture et je laissai Mary s'installer à la place du passager et je filai à Beverly Hills.
-Où est-ce que je vais me garer ?
-Écoute, on va laisser la voiture chez Fairchild, à ma place réservée et on viendra la reprendre après, qu'en penses-tu ?
-Ce serait cool. Tu peux me dire le chemin par contre ?
Je me rendis compte que je n'avais pas grand chose à dire à Mary, alors je mis de la musique. C'était Sunshine in Wonderland.
-Donc si j'ai bien compris, tu es invitée par Ray au Dragon Fly pour la soirée post-concert ?
-Oui, mais tu sais je suis une fille sérieuse, je ne boirai pas d'alcool et je..
-Sarah, je ne me fais aucun souci pour toi. Je sais que tu es une jeune fille sérieuse, c'est pour ça que je te laisse y aller.
-Que tu me... Attends.. tu l'as pas dit à Papa ?
-J'aurais dû peut-être ? C'est encore possible.
-Non. Il m'aurait interdit d'y aller en plus.
-À partir du moment où tu as mon autorisation, tu n'as pas besoin de celle de John. Nous avons décidé de faire ça avec vous, pour que nous soyons une vraie famille. De toute façon, je serai là.
Je tombai des nues et faillis griller un feu rouge. C'était quoi ce délire, je n'avais pas besoin de chaperon ! Mary sourit largement.
-Je serai là juste au début pour couvrir l'évènement pour mon magazine, faire deux ou trois photos et je m'en irai. J'ai passé l'âge de danser toute la nuit, je laisse ça aux plus jeunes. Et puis.. comme tu as ton stage qui va commencer, je pensais que tu aimerais être associée à l'article.
-Tu es sérieuse ?
-Oui, ça fait partie du métier, d'aller à des soirées, pas seulement pour s'amuser mais aussi pour.. pouvoir être capable de faire un article, de saisir les moments forts. Qu'est-ce qu'il y a ?
-Tu as l'air de me faire tellement confiance alors que c'est un peu ton job qui est en jeu.
-Tu ne m'as jamais laissé penser que je ne pouvais pas te faire confiance et puis.. ton père a une confiance absolue en toi. Alors moi aussi. C'est l'une des premières choses qui m'a plue chez ton père. Sa capacité à voir le meilleur chez les gens et toi aussi.
-Comment ça ?
-Il t'a très bien élevé. Je l'ai su le jour où.. enfin le soir où tu lui as laissé la maison pour qu'il me reçoive, pour notre deuxième ou troisième rendez-vous.
-Il avait galéré en cuisine, j'avais été obligé de lui donner un coup de main. C'était amusant, tu es la première.. enfin je veux dire, tu es la première dont il m'a parlé en fait. Je crois qu'il a tout de suite su que tu étais faite pour lui.
-Tourne à droite et descend l'entrée de parking. Il ne t'a jamais présenté personne ?
-Non, enfin.. pas souvent. Il considérait que je devais être préservée, je l'ai entendu le dire à son frère un jour au téléphone. Elle est où ta place ?
Elle me la désigna et je me garai.
-Bon, on fait quoi ?
-On va commencer par aller dans une boutique de lingerie pour t'acheter de la lingerie digne de ce nom, tu n'auras pas besoin de prendre les soutien-gorges de ta copine ou les miens. J'imagine que c'est pas le genre de choses que ton père t'a offert..
Elle me prit par le bras et me mena dans une boutique à l'ambiance feutrée. C'était étrange.
-Bonjour madame, salua Mary.
-Je peux vous aider ?
Mary me regarda pour savoir si j'avais besoin d'aide mais je ne savais pas vraiment quoi dire en réalité.
-Nous cherchons de la lingerie fine pour ma fille, quelque chose de beau mais pas provocateur.
-Bien sûr, quelle taille ?
Je murmurai ma taille de soutien-gorge, comme si je ne voulais pas que les autres clientes m'entendent. Elle me mena vers le rayon et me donna plusieurs pièces pour les essayer et me dit d'aller dans une des cabines. Je regardais la dentelle. C'était vraiment moi qui allait porter ça ? Mais à quelle occasion ? Le visage de Marc arriva devant mes yeux et je devins rouge tomate face au miroir. Je retirai ma robe et les essayai les uns après les autres. Je regardai le prix sur l'étiquette et j'ouvris grand les yeux. 100$. Ça coûtait une blinde et je n'avais pas réellement de coup de cœur en plus.
-Sarah ? C'est bon ?
-Je ne suis pas convaincue en fait.
-Est-ce que je peux... ?
-Oui oui, entre.
-C'est pas mal du tout, pas très fun par contre. Un peu tristounet je dirais même. Attends, je reviens.
Elle revint quelques minutes plus tard et me tendit un soutien-gorge qui était bleu pétrole avec des nœuds roses pâles. Je le trouvais super beau. Je l'essayai et je trouvai qu'il m'allait tellement bien ! Il m'allait à la perfection. Je regardai le prix et tombai des nues. 150$. Comment pouvait-on payer 150$ un soutien-gorge ?
Mary poussa un peu le rideau et entra, elle se mit à sourire tout en redressant les bretelles.
-Ça te donne un autre galbe et un autre maintien. Tu l'aimes ?
Je ne savais pas quoi répondre. Oui je l'adorais mais mon côté rationnel qui avait dû économiser pendant des mois pour me payer mon iPhone ne pouvait pas comprendre une telle dépense pour quelque chose qu'on pouvait avoir à 30$.
-C'est pas trop mon style en fait.
Mary sourit un peu et me dit que ce n'était pas grave.
-Tu peux m'attendre un peu par contre, je vais essayer quelques pièces pour moi.
-Ça ne me dérange pas du tout.
Je me rhabillai, laissant de côté la pièce de lingerie et j'allais attendre dans la boutique. Il y avait un petit fauteuil et je m'assis dessus et je patientai gentiment. Une fois que Mary fut sortie et qu'elle passa en caisse, je me levai. Je n'avais jamais mis les pieds dans ce genre d'endroit avant. Cela me faisait bizarre. Une fois dehors, Mary me tendit un paquet rose d'où sortait du papier de soie. Je regardais dedans et je vis le dernier que j'avais essayé. Je devins rose..
-Je sais la différence entre c'est pas mon style et c'est totalement mon style mais je trouve ça très cher.
-Je n'ai pas les moyens Mary.
-C'est un cadeau. Ça me fait plaisir.
-Merci beaucoup Mary.
-Je n'ai pas de fille Sarah et je n'en aurai probablement jamais, je sais que je ne remplacerai jamais ta mère mais.. Je pense qu'on pourrait essayer d'avoir une relation particulière toutes les deux.
-Oui, murmurai-je.
J'étais plus que contente en réalité, aussi je fis un bisou à Mary et je pris son bras.
-Oh en fait, j'ai pris la parure. Ça ne te dérange pas ?
-C'est un moyen de me dire que j'ai besoin d'un petit copain pour qu'il voit cette lingerie ?
-Non. On porte de la lingerie pour soi. C'est juste pour que tu te sentes un peu plus femme dans un univers aussi impitoyable que le lycée.
-Ça coûte cher d'être une femme.
-Pas toujours. Mais là je voulais te faire plaisir en t'emmenant dans la meilleure boutique de la ville, sourit Mary. Regarde un peu cette robe Valentino, tu en penses quoi ?
Je baissais les yeux et je regardais le prix de la robe en laine et soie à gros pois. 4500$ ? C'était une blague?
-C'est hyper cher. Mais c'est sympa.
-Tu veux aller l'essayer ?
-Heu.. je ne connais personne qui porte des vêtements qui coûtent ce prix là en fait.
-Si. Tu me connais moi.
Je regardai avec de grands yeux Mary et je n'arrivais pas à dire quoi que ce soit.
-Et tu crois vraiment que ton oncle qui travaillait dans un magazine de mode ne portait pas des costumes, des jeans, ou même des t-shirts qui coûtent le salaire mensuel d'un américain moyen ?
-Je ne t'ai jamais vu avec une robe Valentino..
-Pas une Valentino, mais tu vois dans mon métier, c'est normal d'approcher l'industrie du luxe. Après quand je suis à la maison, évidemment que je mets des habits un peu plus normaux. Mais crois-moi chérie, dès que tu entres dans la fashion industry, tu frôles le luxe à longueur de journée. Alors oui. Je porte des Jimmy Choo et des manteaux Chanel quand je suis au travail et j'assume totalement.
-Je vais te faire honte pendant mon stage en fait. Le seul truc de luxe que j'ai, c'est le sac Chanel que m'a offert Papa. Je ne suis pas très mode tout ça. Je suis plus Andrea dans le Diable s'habille en Prada qu'Emily.
-Moi je suis une Miranda Presley alors ! Non je plaisante chérie. On est plutôt cool à la rédac et de toute façon, tu es ma belle-fille. Par définition tu es cool. Par contre, pas de Converse ma chérie.
-Pas de Converse ? Pourtant Brian en porte !
-Je veux dire à mon bureau. Tu as le droit de porter des ballerines en dernier recours mais des talons ce serait bien.
Je soupirai et Mary éclata de rire avant de m'entrainer dans le magasin. Elle demanda à essayer la robe en vitrine. Robe qui lui allait vraiment, mais vraiment très bien. Comme si elle avait été faite pour elle. Ma belle-mère était une bombasse. Bien plus que je ne le serais jamais. Une fois dehors, je l'observais tellement que je cognai dans quelqu'un. Je levai les yeux. C'était le meilleur ami de Marc McDust. Je rosis, présentai mes excuses et j'entrainai Mary à mon bras.
-Tu le connais c'est ça ?
-Rapidement. Tu as vu ce look démentiel ?
Le mannequin en vitrine portait un jean gris anthracite, des bottes motardes, un blouson en cuir noir légèrement patiné et un T-shirt blanc Mickey is my Dealer. J'adorais. C'était décalé et complètement fou.
-Tu aimerais t'habiller comme ça ?
-Carrément, mais je ne pense pas que ça m'irait. C'est le genre de truc qui vont aux filles qui sont.. minces en fait. À Sophie, ça lui irait super bien.
-Sarah McAllister, ça suffit. Tu es une fille super belle. Tu es loin d'être grosse et tu es clairement ce que les gens appellent une fille mince. Ta copine est plus grande en taille quoi toi, alors tu as l'impression qu'elle est plus mince que toi. Mais ce n'est pas le cas. Je vois des filles minces tous les jours. Tu es mince pour l'industrie de la mode Sarah. Et si tu es mince pour l'industrie de la mode, tu es mince partout. Alors cesse de te dénigrer s'il-te-plaît.
-Tu crois que je pourrais porter quelque chose comme ça ?
-Le seul moyen de savoir, c'est de l'essayer. Allez, suis-moi.
Mary m'entraina dans la boutique à sa suite, je ne savais pas vraiment quoi dire.
-Alors ?
J'avais essayé la tenue que je voulais et Mary avait penché la tête sur le côté, l'air extrêmement sérieux. Elle ne parlait pas. Elle observait. Elle me fit signe de me tourner et elle tourna les talons. J'hallucinai. C'était vraiment aussi laid que ça ? Pourtant j'aimais bien. Je n'avais vraiment aucun goût en matière de mode... Je vis Mary revenir quelques minutes plus tard avec un chapeau masculin et un chèche. C'était beaucoup mieux, le côté masculin, féminin ressortait vraiment beaucoup.
-J'adore. Tu as raison c'est mieux. C'est beaucoup mieux.
-Alors va te déshabiller et passons en caisse. Mais avant j'aimerais que tu essayes ça.
C'était une salopette en jean façon jean boyfriend. Je trouvais ça super bien. En fait, toute ma matinée se passa super bien. Je n'avais jamais dans toute ma vie fait quelque chose de semblable. Ma mère était morte avant que j'apprécie les bienfaits du shopping avec elle. J'appris qu'il existait une Mary fun avec un bon goût pour la mode sous ma belle-mère qui allait toutes les semaines à l'office. Elle m'avait achetée tellement d'habits que j'en avais presque honte. C'est les mains remplis de paquets que nous rentrâmes dans le building de son bureau.
-Bonjour Madame Miller.
-Vous pouvez dire à mon assistante de venir ? demanda-t-elle à la standardiste.
Une jeune femme canon débarqua de l'ascenseur, perchée sur des hauts talons avec une démarche de mannequin comme on en voit que dans des défilés. Elle ne me regarda même pas. Mais elle fit une telle lèche à Mary que je trouvais ça presque écœurant. Je jetai un coup d'œil en coin à ma belle-mère. Elle lui tendit les paquets que nous avions en main.
-Vous montrez ça dans mon bureau, je vous préviendrai quand vous devrez les descendre.
Elle lui tourna le dos après l'avoir remerciée et elle m'entraina dans son sillage.
-Kelly. Ma nouvelle assistante.
-En fait tu es vraiment Miranda Presley.
-Pas tout à fait mais j'aime bien que mon travail soit bien fait.
-Tu es quoi en fait ? Je veux dire c'est quoi ton métier ?
-Je suis la rédactrice mode de Eighteen. J'imagine que tu te demandes pourquoi j'ai été faire l'interview de Ray McClunsky ?
-Ouais un peu.
-C'est parce que celle qui devait le faire était malade et qu'elle m'a demandé de le faire en dernière minute. Voilà pourquoi. Et puis, ça me rappelle mes jeunes années. J'adore ça.
Elle m'entraina vers le parking et je plissai du nez.
-On va où en fait ?
-On va chercher ton oncle. Ce serait triste de le laisser déjeuner tout seul, tu ne crois pas ? Je sais que j'avais dit qu'on passerait un moment toutes les deux mais bon.. ce serait plus sympathique
J'opinai du chef et une quinzaine de minutes plus tard, j'étais sur le perron de la maison de mon oncle. Je sonnai à la porte et Elijah vint ouvrir. Il était torse nu et je sentis Mary à côté de moi sourire largement.
-Mesdames, que puis-je pour vous ?
-Tu veux venir déjeuner avec nous ? Mary pensait que tu aimerais nous accompagner.
Mon oncle rosit de plaisir et nous demanda d'entrer le temps d'enfiler un truc convenable. En langage Elijah, ça voulait dire mettre des fringues qui vous rendaient tellement canon que ça en devenait indécent. Je le regardai et je ne pus m'empêcher de lui rappeler que nous allions déjeuner et non pas à un défilé de mode. Il me tira la langue et ouvrit la portière passagère pour Mary très galamment. Il prit le volant jusqu'à un restaurant avec une terrasse où nous nous installâmes tous les trois. Un serveur arriva avec des cartes et nous demanda si nous voulions des rafraichissements.
-Ce sera un Gin tonic pour moi. Sarah, tu veux quelque chose ?
Je regardai Mary et elle me fit un clin d'œil et je marmonnai un jus de pomme. Eli prit lui aussi un Gin Tonic. Ma belle-mère me sourit de toute ses dents.
-C'est tout l'intérêt d'aller faire un shopping avec un ado qui vient d'avoir son permis, on n'a pas besoin d'être raisonnable, nous.
-C'est vrai, je n'y avais pas pensé, avouai-je. Bon bah, Tchin.
Je me doutais que j'allais passer un après-midi démentiel mais je n'en avais pas la moindre idée en réalité. Mettez deux tarés de la mode avec une novice dans un sac et vous aurez une idée de ce que j'allais subir. Je n'avais jamais essayé autant de robes de toute ma vie. J'étais fatiguée et courbatue. Ils m'ont perché sur des talons tellement haut que je savais que si je faisais un pas, je finirais à l'hôpital. Et le pire c'était que ce n'était même pas mon bal de promo. Qu'est-ce que ça allait être ?
-Tu es un X ma chérie, m'avait dit mon oncle en me plaçant devant le miroir.
-Pardon ? Tu es entrain de dire que je ressemble à une actrice porno ?
Elijah s'était reculé et ils éclatèrent tous les deux de rire à mes dépends. Ce qui était loin mais très loin d'être sympa en réalité.
-Non. C'est ta morphologie. Ça veut dire que tu as une taille marquée et que tu es mince. Tu as un physique super somme toute. Mon dieu.. j'aurais adoré avoir ton corps à ton âge. Enfin bref, Elijah qu'en pensez-vous ?
-Une veste, il faut une veste pour aller avec cette robe mais je ne suis pas convaincu.. ça fait pas un peu bal de promo ?
-C'est ce que je me disais. En fait une combinaison ce serait l'idéal, comme ça elle n'aurait pas besoin de se changer après le concert. Mais j'ai peur que tu paraisses trop vieille pour ton âge.
-Je veux juste pas faire tâche moi, c'est tout. Après je sais que.. enfin je connais des gens qui y seront en jean alors, un truc un peu plus confortable. Moi je l'aime bien cette ro..
-J'ai trouvé ! s'exclama Mary en se tapant le front. Je suis vraiment trop bête. Retire-moi ça tout de suite, nous y allons, nous reviendrons pour ton bal de promo.
Je regardai ma belle-mère. Elle allait recommencer à m'habiller comme si j'étais une poupée Barbie ? Je jetai un coup d'œil à mon oncle mais il avait le même air que Mary sur le visage. Je me résignai et quand je ressortis de la boutique, je vis mon oncle parler à une cliente. Elle lui faisait des yeux doux et Mary était au téléphone à l'extérieur de la boutique et elle parlait avec véhémence. Quand mon oncle me vit, il salua la dame et me prit par la main pour sortir.
-Qu'est-ce qu'elle te voulait ?
-Je lui ai juste donné mon avis sur sa jupe. Mary ? Vous venez ?
-On va où ? demandai-je en remontant dans la voiture place conducteur.
-Au building Fairchild. Retour à la case départ, sourit Mary.
Ma belle-mère et Elijah étaient montés à l'arrière de la Ferrari tous les deux et j'allumai la radio.
-J'adore cette chanson ! m'exclamai-je. Je ne savais même pas qu'elle passait encore. I'm feeling sexy and freeee.
-Like glitter's raining on meee... enchaîna Mary en inventant une danse avec Elijah. You like a shot of pure gold...
-I think I'm 'bout to explode ! hurlai-je.
Je lâchai le volant sur une avenue droite et je levai les bras tout en chantant. Ma belle-mère était hilare, je la regardai dans mon rétroviseur mais elle me redemanda de prendre le volant. Ma belle-mère était une personne folle, je m'en rendais compte à présent. Je me garai sur sa place privée et nous retournâmes dans le hall, elle se rendit auprès de la standardiste en nous demandant de rester quelques minutes tous seuls. Je vis ma belle-mère revenir vers nous et remettre ses lunettes de soleil.
-On va dans la salle juste en face. Nous sommes attendus. Dites-moi Elijah, vous comptez rester longtemps dans le coin ?
-Je pense que je vais revenir définitivement.. je ne peux pas laisser tomber mon équipe en Espagne du jour au lendemain bien sûr mais.. je prépare mon retour.
-Si un jour vous voulez passer du côté obscur de la force, du côté féminin j'entends, faites-moi signe.
Je marchai un pas en arrière tout en hallucinant un peu. Mary poussa la porte et tout à coup, deux trois personnes se précipitèrent vers elle.
-Bon, vous avez préparé ce que je voulais ?
Elle retira son manteau et le tendit à son assistante. Ma belle-mère.. c'était clairement une Miranda Presley de L.A. Je commençai à flipper pour mon stage. Elle me mena dans un véritable showroom comme on peut en voir dans.. en fait nul part. Je n'avais jamais vu ça. Je vis Hank, le photographe du mariage de mes parents.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-On va te photographier, répondit Mary.
-Pardon ?
-Déjà, ça va te permettre de te voir pour que tu choisisses mieux ta robe et en plus, tu vas rentrer au Dragon Fly, tu seras photographiée chérie, autant directement celle qui passe le mieux sur du papier glacé, non ? Première tenue. Maintenant.
Elle me fourra une robe dans la main. Elle était moulante, rose bonbon et je savais que j'étais ridicule dedans. Enfin, je détestais.
-Ça va pas le faire. Mais pas du tout.
-Ceinture noire, veste noire. Tu peux relever tes cheveux avec une queue de cheval ?
Je souris devant la folie dictatoriale de ma belle-mère et je relevai mes cheveux et j'entendis un flash crépiter alors que j'avais toujours les bras en l'air. Elijah était assis derrière un écran d'ordinateur et c'est à ce moment que je compris qu'ils étaient tous les deux dans leur élément et qu'ils ne me laisseraient pas toute seule dans la mouise. Ils avaient dit qu'ils me trouveraient une robe et ils allaient le faire, me trouver la robe parfaite. Je devais leur faire confiance... enfin un minimum parce qu'il était hors de question que je porte des talons de 16 cm.
-C'est pour la photo chérie, me répéta Mary en riant.
C'est alors que je la vis. La robe que je voulais. Je portais une robe argentée moulante de je ne sais quel créateur et là, je m'arrêtai bouche bée. Je voyais le flash de Hank mais j'étais obnubilée par elle.
-J'ai trouvé Mary. Passe-moi la robe noire. Juste derrière toi. C'est celle que je veux.
Mary se retourna et quand elle me passa la robe, elle hocha la tête. Je ne savais pas ce que ça voulait dire mais je l'enfilais et oui. C'était celle que je voulais, sinon je ne voulais rien. Je sortis de ma cabine et je souris à Mary. D'accord, j'avais du mal à marcher avec ces atroces escarpins mais clairement, cette petite robe noire one shoulder avec une manche en dentelle était celle qu'il me fallait.
-On dirait... C'est parfait. Je n'ai rien à redire. Kelly. Une pochette non pas celle-là, l'autre voyons, celle un peu argenté. Avec des boucles d'oreilles pendantes, un bracelet.. C'est juste super. C'est bon, on l'a. Par contre, tu peux essayer ces chaussures là ? Ce sont des 12 cm patin de 3.
Je les essayai et bizarrement, je me sentais bien dedans. Peut-être qu'elle étaient plus adaptés à mon pied en fait. Les assistants de Mary applaudirent et cette dernière salua d'un air comique.
-Tu ressembles à Emma Roberts comme ça, me murmura Mary. Tu es vraiment jolie. Bon ! Vous ramenez tout ça dans la réserve ? En fait Kelly. Sarah viendra en stage avec nous la semaine prochaine pendant 3 ou 4 jours selon son envie. Il faudra trouver quelque chose d'intéressant à faire.
Je n'avais pas envie de quitter ma robe mais je m'y résignais. Je la remis sur son cintre et la rendit à Mary.
-On va la mettre dans une poche de protection. Il ne faudrait pas l'abîmer avant l'heure.
-En fait c'est une quoi ?
-Une Yves-Saint-Laurent. Et tes chaussures sont des Louboutin.
En clair, je portais sur moi l'équivalent de 12 000$ de marchandises. Je devins rouge tomate et mon oncle me fit un câlin. Mon téléphone sonna. C'était Sophie, elle voulait absolument que je la sorte du calvaire des magasins avec sa mère.
-Pitié !
-J'arrive. Tu es où ?
Elle me donna son adresse et je me dirigeai vers Mary qui parlait avec le photographe.
-Est-ce que tu vois un inconvénient à ce qu'on rejoigne Sophie ? Elle va péter un câble si elle reste avec sa mère.
-On y va ensemble si tu veux, répondit Elijah.
Finalement, ils me déposèrent et Mary rentra avec Eli et tous nos paquets. Je trouvai Sophie avec sa mère et je vis que ma copine allait finir par envoyer bouler sa mère. Elle n'en pouvait plus.
-On va rentrer en taxi, on a des trucs à faire.. toutes les deux, dit Sophie à sa mère tout en hélant un taxi et en fourrant sa mère dedans . À tout' Maman. Merci merci merci.
-Elle t'a martyrisé ?
-Elle était entrain de me dire que j'étais anormale parce que je n'avais personne dans ma vie. J'ai que 16 ans ! Elle l'a pas compris apparemment. Caramel Flan Latte ?
-Oui avec plaisir, il faut qu'on cherche des costumes pour demain.
-Mon frère a dit qu'il connaissait des maquilleurs professionnels qui étaient d'accord pour faire quelques heures sup'.
Mon téléphone sonna. C'était Ray. Sophie sourit et me fit signe de répondre.
-Salut !
-Salut. Hum.. est-ce que je pourrais avoir le nom de ta copine pour que je puisse la mettre sur la liste VIP ?
-Je te l'envoies par SMS. Tu vas bien ?
-Ouais, je suis excitée en fait. J'ai hâte d'y être, d'entendre la foule en délire. C'est grisant.
-J'imagine oui. C'est tout ce que tu voulais ?
Il eut un temps d'arrêt et je pouvais l'entendre sourire.
-J'ai avancé dans Sarah She's all that.. Il faudrait que je te la fasse écouter avant.. enfin.. quand tu auras une minute.
-Tout de suite ? Je suis avec Sophie, tu veux qu'on vienne à l'hôtel ? Ça peut se faire, tu sais ?
Il ne dit rien du tout et je commençais à froncer des sourcils. J'entendis sa voix hésitante.
-Dans une heure ça te va ?
Je souris de toute mes dents. Bien sûr que ça m'allait.
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