Le bal des zombies

17 minutes de lecture

-Ne bouge plus. 

Cela faisait 2 heures que Sophie et moi étions entrain de nous faire maquiller pour Halloween et clairement, ça me saoulait. Je savais qu'on aurait vraiment l'air de zombie mais honnêtement, je pensais que cela nous prendrait 20 minutes. On avait déjà revêtu nos costumes qui en réalité, étaient des habits normaux en lambeaux. Les amis d'Henry nous maquillaient désormais les bras et les genoux. J'avais une tête pas possible, ils avaient fait un travail vraiment énorme. On était toutes les deux dans les studios des maquilleurs, face à la glace. Se regarder par glace interposée, c'était une première avec Sophie. Je ne pouvais même pas baisser les yeux sans qu'elle me voie. 

-Je me demande pourquoi Brian avait besoin de 75$, n'empêche.

-Moi aussi. Peut-être qu'on le saura ce soir.. En fait, elle t'a dit quoi Alexandra y'a deux jours ? 

-Je ne sais même plus, comme d'hab tu vois, mais Brian l'a vu et il en fait tout un plat alors que sérieusement, je m'en contrefiche. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu fais une tête bizarre.

-C'est ma tête de zombie en fait. 

Ma maquilleuse me demanda de me lever pour finir de maquiller mes jambes.

-Juste pour savoir, avec une bonne douche, ça va suffire pour tout enlever ? 

-Oui oui, ne t'inquiète pas, il faudra frotter par contre ! Salut Henry ! Alors qu'est-ce que tu en penses ? 

Je tournai les yeux et je vis le frère de Sophie nous regarder d'un air pensif. 

-C'est vraiment super bien fait. Attendez, je vais vous prendre en photo. 

Il sortit son téléphone dernier cri comme celui de sa sœur et prit plusieurs photos. Quelques minutes plus tard, je reçus une notification. Il nous avait identifiés dessus sur Instagram.

-Comment vous arrivez tous à faire de super belles photos sur Instagram ? Je ne comprends pas.
-C'est très simple Microllister. Ça s'appelle la fonction filtre, sourit le frère de ma meilleure amie. 

-Très drôle, je suis morte de rire. Ha ha. 

Je le fusillai du regard pour la forme mais j'adorais Henry. Il nous ramena à la maison après la séance maquillage. Sophie avait laissé sa voiture là-bas et j'avais oublié mes clefs sur le guéridon de l'entrée. Je sonnais et je tombais sur Mary, elle eut un mouvement de recul avant de rire. 

-Vous êtes magnifiquement horribles mesdemoiselles. Je viens de faire du chaï tea, vous en voulez ? demanda ma belle-mère en allant vers la cuisine.

-Oui avec plaisir.. c'est normal que la voiture de Brian ne soit pas là ?

-Il est parti avec le petit McDust, il y a 10 minutes, pas plus. Je ne pense pas que je le reverrai de la soirée. D'ailleurs, est-ce que vous pouvez m'aider ? 

-Oui bien sûr, répondit Sophie.. Mais en quoi ? 

-J'hésite entre deux robes pour ce soir. D'ordinaire, j'aurais demandé à Brian mais comme il vient de partir..

-On squatte dans ta chambre ? ou alors tu te changes et tu descends là ? 

-On monte ? 

Je regardai Sophie et elle acquiesça. Ma belle-mère sourit, elle prit sa tasse et fila. Je la suivis avec ma meilleure amie et je vis que la porte de la chambre parentale était ouverte. Cela me faisait assez bizarre d'être là et de me dire que ce n'était plus la chambre de mes parents mais des parents. Mary débarqua avec deux robes qu'elle plaça devant elle. Elles étaient toutes les deux superbes.

-Je devrais peut-être les enfiler.. vous pouvez patienter deux petites minutes le temps que j'aille dans la salle de bain ?

Mary revint quelques minutes plus tard avec une robe bustier noire dévoilant ses longues jambes. Elle était superbe. Elle avait enfilé une de ses paires d'escarpins avec des talons de folie. Son second choix était une robe sexy, longue, bordeaux et plissée et fendue sur le côté. 

-Comment tu peux avoir des tenues pareilles dans ton dressing Mary ? Je l'adore celle-là mais je ne sais pas si ça fait très Halloween.. Ça manque un peu de folie, je trouve que c'est un peu..

-Sage ? demanda-t-elle en souriant de toutes ses dents ce qui éclaira son visage. 

-Oui un peu.. est-ce qu'on peut aller fouiller dans ton dressing ? So ? Est-ce que tu peux aller chercher un chapeau ? 

Ma copine s'y précipita après un regard d'intelligence vers moi. Elle revint après quelques minutes avec un chapeau de sorcière magnifique.

-Il appartenait à ma mère. Je te le prête, mais il ne faut pas que tu l'abîmes d'accord ? 

-Ça me gêne Sarah..

-Il t'ira parfaitement. C'est.. c'est moi qui lui avais offert un jour et je tiens à ce que tu le portes ce soir. Bon, je fouille dans le dressing. 

J'y allai et je recherchai parmi les robes et je trouvai celle qu'il fallait. Elle était noire avec un décolleté en V qui lui arriverait au milieu de poitrine. Le haut de la robe était finement brodé de noir. Et le bas, quant à lui, était comme une volute de fumée. On aurait dit qu'un jupon gris beige était venu s'insérer sous la robe noire. C'était une robe magnifique. Quand je sortais avec, je vis les yeux de Sophie s'agrandir et elle acquiesça. 

-Clairement ce qu'il faut, elle est splendide. Allez l'essayer Mary. Tout de suite.

Mary sortit avec et je la trouvai renversante. Je lui mis le chapeau sur la tête et tout de suite, Mary fut ma sorcière bien-aimée. Elle se posa devant la psychée et je la vis sourire.

-Vera Wang, murmura ma belle-mère.

-C'est pas chez elle que tu as été cherché ta robe de mariée qui t'a coûté un bras ? 

-Si.. et elle n'était pas chère, j'ai eu un prix. Vous savez que c'est une robe de mariée, celle-ci aussi, n'est-ce pas ? 

-Ah bon ? fit Sophie.

-Oui. Une Vera Wang, collection 2011. Collection magnifique mais très controversée.

-Pourquoi tu en as une ? 

-Parce que je l'adorais et Vera m'en a fait cadeau. 

-Donc tu portes une robe à 5000$. Tout va bien. Mais.. elle te va super bien et je pense que tu devrais y aller comme ça.

Mary se retourna vers Sophie pour avoir une confirmation et ma meilleure amie approuva le choix.

-John ne va jamais s'en remettre. 

-D'ailleurs, demande à Papa de s'habiller en sorcier aussi, il adore ça. Tu lui mets un smoking de marié et un chapeau aussi. Il va savoir où les chercher.

-Merci beaucoup les filles. Vous m'avez été d'un grand secours. Je vous aurais bien embrassé mais je ne voudrais pas retirer vos maquillages. Vous voulez que je vous emmène au lycée ? 

-On va prendre la voiture de Sophie. On se voit tout à l'heure. 

-Amusez-vous bien.

Le bal commençait à 20h30 et Sophie se gara à 20h25 sur le parking. Elle avait nos deux billets en main. Il y avait la queue pour rentrer, et ça faisait vraiment bizarre de voir toutes ces zombies entrer dans mon lycée. Il y avait une bonne ambiance à l'intérieur et pendant mon absence de la semaine, ils avaient vraiment bien fait les choses. Je trouvais ma propre œuvre d'art dans un coin. 

-Woooow ! Les filles, vous êtes trop flippantes ! 

Je me retournai et je vis Paul McDust arriver. Il resta cependant à une certaine distance de nous. 

-Le maquillage est trop bien fait, continua-t-il sans se rendre compte de l'effet qu'il faisait à Sophie.

Ma meilleure amie semblait vexée qu'il ne s'approche pas plus de nous, il était à environ un mètre de nous. 

-Je ne vois pas trop ce que tu peux voir d'où tu te tiens mais bon, comme nous sommes des parias, c'est un peu le but que nous fassions peur.

Paul se raidit instantanément et allait répliquer mais Sophie se retourna et partit loin de lui. Je lui fis un regard un peu désolé et je suivis Sophie. 

-Qu'est-ce qui t'a pris au juste ? Avec Paul ? 

-On est assez bien pour lui quand on est chez toi, on peut se taper des barres de rire, se faire la bise et là.. on est pas assez bien pour qu'il s'approche de nous ? Je peux savoir ce qu'ont les frères McDust ? 

Elle avait raison. Il nous avait parlé de loin pour ne pas être vu avec nous au cas où...où quoi d'ailleurs ?  J'entraînai ma copine sur la piste de danse.

-On s'en fout des frères McDust, on danse, on s'amuse comme on peut et ensuite, on s'éclate toute la nuit.

Elle se mit à rire et elle commença à sauter sur la piste de danse, elle dansa comme s'il n'y avait qu'elle et moi sur deux chansons. Je commençais à avoir mal aux pieds. J'avais enfilé des chaussures à talons pour m'habituer pour le lendemain au Dragon Fly. J'allai chercher un peu de punch pour bébé et je croisais le regard de Brian. Il était très amusé. Il me fit signe que je ne devais pas prendre dans ce saladier mais dans l'autre. Je me demandais pourquoi. Est-ce qu'il voulait me faire un sale coup ? C'est alors que je repensais à ce qu'il m'avait dit, nous avions une trêve jusqu'à dimanche. Je penchai la tête sur le côté et je suivis son conseil. Je portai le liquide à mes lèvres et je toussai. Je ne savais pas ce qu'il y avait dans ce cocktail mais il n'y avait pas que du jus de fruit. J'en pris un gobelet pour Sophie et je vis Brain lever son verre vers nous.

-Cocktail spécial Brian. Tchin. 

Sophie le porta à ses lèvres et sourit. Elle pencha sa tête en arrière et avala cul sec le cocktail. 

-Bon, en parlant de Brian, je compte faire criser Alexandra. Tu me suis ? 

-Toujours, je te rappelle qu'elle t'a encore insultée cette semaine. Qu'elle aille au diable, même si tu l'as déjà détruite hier au petit-déjeuner.

Sophie sourit et m'entraina par le bras directement vers le groupe formé par les performers. Brian se leva directement, s'attirant la surprise puis les foudres d'Alexandra. 

-Miller, tu me dois une danse.

-Je tiens toujours mes promesses. 

-Attends bébé, tu ne vas quand même pas danser avec.. elle ? 

Brian ne daigna même pas répondre et entraina Sophie sur la piste de danse.

-Non mais attends, elle se prend pour qui au juste, tu vas pas la laisser faire ça Alex ? Alex ? s'offusqua une de ses copines sottes. 

Alexandra la fusilla du regard et se leva pour se donner une constance. Elle me regarda d'un air dédaigneux et me bouscula pour passer. Paul me rattrapa en dernière minute. 

-Il lui devait vraiment une danse ? me demanda-t-il.

-Je ne sais pas, j'en suis arrivé à un point où je n'essaye plus de comprendre Sophie et Brian, ils ont une vie propre tous les deux apparemment.

Paul cessa de me toucher et il marcha dans les pas d'Alexandra. 

-Bah alors Troll Snot ? Qu'est-ce que tu fais planter là ? Tu pollues notre air ! me lança l'une des copines d'Alexandra.

-Je pense que si tu avais mis du déodorant, l'espace olfactif serait préservé, mais bon, après. Tu as voulu faire zombie quoi.. C'est toi qui m'indispose.

Comme je ne voulais pas me prendre quelque chose à la figure, je m'éloignai, rapidement. J'avançai vers d'autres amis que j'avais, enfin amis était un bien grand mot. Disons qu'ils étaient parmi les camarades de classe que je préférais. Je m'entendais bien avec eux mais je n'avais pas plus d'affinité que ça. Ils me félicitèrent sur mon maquillage et bientôt je vis Sophie revenir vers nous. Elle me prit le bras et salua les autres. Ils changèrent de comportement soudainement en regardant derrière moi. Je me retournais et je vis Brian. 

-McAllister, tu n'aurais pas la monnaie sur 5$ ? J'ai un billet de 5.

J'ouvris mon sac et je lui tendis ses 5$ en pièces contre son billet.

-Meeerci, siffla-t-il en imitant le serpent dans Harry Potter et la Chambre des Secrets.

Je jetai un coup d'œil à Sophie et nous éclatâmes de rire. Brian s'était éloigné. 

-Pourquoi il avait besoin de 5$ ? me questionna Sophie.

-Aucune idée. Il avait une petite faim, peut-être ? Ça te dérange si je vais aux toilettes ? 

-Je vais y aller aussi.

Arpenter les couloirs du lycée de nuit c'était très bizarre. Il n'y avait pas de lumière juste la lueur de la lune. J'avais l'impression d'être dans Pretty Little Liars.. Tout était sombre et un peu flippant. Il ne manquait plus que la musique tragique.

-Hey.. tu penses à ce que je pense ? 

-On va prendre des chaises roulantes et on dévale les couloirs ? 

Nous nous précipitâmes aussi vite que nous le pouvions, perchées sur nos talons, dans deux salles de cours et nous arrivâmes en même temps. 

-À vos marques, prêt.. paaaaarteeeeeezzzzz ! 

Je donnai une impulsion et je levai les mains. C'était tellement jouissif de faire ça. Personne ne nous voyait, personne ne nous dirait quoi que soit. Nous étions juste.. libres. Et c'est pour ça que nous fîmes tous le trajet vers les toilettes ainsi. Jusqu'à ce que nos deux fauteuils se cognent l'un à l'autre et que je tombe la tête la première sur le sol du lycée et que j'hurle de rire. Le punch trafiqué de Brian y était sûrement pour beaucoup.

-En fait, Sarah, j'ai pas vraiment envie d'aller aux toilettes, je vais au distributeur chercher une bouteille d'eau pétillante. 

-On se rejoint dans la salle près de ma statue, ok ? 

Elle acquiesça et j'entrais dans les toilettes. J'allais dans celles du fond. J'avais un peu besoin de m'isoler loin de la musique et du bruit. Je trouvais ça assourdissant à la longue. C'est à ce moment-là que j'entendis un boum qui me fit sursauter alors que j'allais sortir du cabinet de toilette. C'était la porte principale des toilettes.

-Alex, tu sais très bien ce qu'il en est..n'agis pas comme ça.

C'était Brian. Dans les toilettes pour filles ? C'était quoi ce délire encore ? Il y avait un espace entre la porte et le sol et je me penchais, je vis les jambes de Brian en face de ma porte et les chaussures à talons de sa petite amie.

-Tu te fous de moi ? Tu me ridiculises, devant toutes mes copines pour aller danser avec cette fille qui me déteste et qui est toujours super méchante avec moi parce que je ne suis pas aussi studieuse qu'elle ! 

La pouffiasse ! Sophie méchante avec elle ? C'était l'hôpital qui se moquait de la charité. 

-Je n'ai qu'une seule parole Alexandra, tu le sais. Je ne comprends pas pourquoi tu es jalouse de Sophie. Tu es donc si peu sûre de mon amour pour toi ? 

-De ton.. amour ? Tu m'aimes Brian ? 

-Oui. Je suis amoureux de toi. Je sais que ça ne fait pas longtemps qu'on est ensemble mais..

-Tais-toi et embrasse-moi.

Je les entendis s'embrasser et je levais les yeux au ciel. 

-Comment tu peux douter de moi ? Tu as vu l'effet que tu me fais ? 

-Je sens ça, gloussa Alexandra. 

Elle sentait.. ça ? Oh mon Dieu. J'étais trop innocente pour entendre une fille s'extasier sur l'érection de mon quasi-frère. 

-On devrait y aller, marmonna Brian. Retourner là-bas, je n'en ai pas envie mais..

-De quoi as-tu envie Brian ? 

-Là tout de suite, c'est toi que je veux, mais.. 

-Bah vas-y.

Je restai bouche bée et je ne pouvais pas me manifester maintenant. C'était trop tard. Je fermai les yeux en espérant qu'ils n'allaient pas vraiment s'envoyer en l'air dans les toilettes alors que j'y étais. Mais je me trompais. Clairement, ça n'avait rien de glamour et ils me firent sursauter quand Brian plaqua Alexandra dans le montant juste à côté de ma porte. Un téléphone sonna. Brian rit et décrocha en haut-parleur

-Paul ? 

-Putain vous êtes où ? 

-On est en train d'horizontaliser notre relation, répondit Brian au tac-o-tac.

-Ah.. et quand aurez-vous terminé cette horizontalisation ? ajouta Paul.

-On arrive Paul, fit Alexandra d'un ton rieur. On se rejoint à notre table. Il faut qu'on aille mon chéri. Aah ! Je lui ai dit qu'on arrivait.

-Il peut attendre deux minutes, tu ne crois pas ? 

Je mourrais d'envie de leur dire que non, il ne pouvait pas attendre. Mais je ne pouvais pas me dévoiler, pas maintenant. C'était sans compter sur la capacité de mon téléphone à sonner alors que j'entendais deux corps glisser vers le sol et les deux amants en train de rire. Il était dans mon petit sac que j'avais posé au sol. Ils s'arrêtèrent et mon sang ne fit qu'un tour.

-C'est le tien ? 

-Non.

Je sentis mon sang partir de ma tête. J'allais me faire exploser. C'était évident. Je retirai mes chaussures à talons et je montai en équilibre sur les toilettes, abandonnant mon sac. De toute façon, la porte était ouverte, j'allais sortir avant qu'ils ne viennent ici pour « horizontaliser leur relation », et je n'avais pas pu refermer la porte sans me faire repérer

-Il y a quelqu'un ? demanda Brian d'une voix forte. Rhabille-toi Alex..

Je l'imaginais entrain de se relever d'après les bruits que j'entendais.

-Il y a un sac là, fit mon quasi-frère.

Brian poussa la porte où je me trouvais et prit le sac. Il releva les yeux et me vit en équilibre sur les toilettes. Ses yeux s'élargirent et ses narines se dilatèrent légèrement. Voulait-il me frapper ? Ou rire ? Il prit le sac et repoussa la porte pour me cacher au regard de sa copine.

-Une fille a oublié son sac. Tiens, c'est celui McAllister. 

Mon téléphone résonna et j'entendis Brian avoir un petit rire. 

-On le laisse là.. allez, on y va ?

-Tu peux me laisser deux minutes, il faut que j'aille aux toilettes, je te rattrape chouchou.

J'entendis la porte claquer et bientôt j'entendis un plouf avant d'entendre la chasse d'eau. J'entendis une minute plus tard, la porte des toilettes et cette connasse venait d'éteindre la lumière. Je remis mes talons et je me rendis compte que le plouf que j'avais entendu était mon sac. La salope. Elle allait me le payer. La porte des toilettes se rouvrit et Sophie entra. Elle vit mon sac trempé dans ma main et sa mâchoire se crispa. Elle m'effraya un peu avec son maquillage de zombie et son air de tueuse.

-Alexandra ou ses Alexandrinettes ? 

-Alexandra ? 

-Tout est foutu dedans ? 

Je l'ouvris mais mes affaires étaient au sec, heureusement. Je hochai la tête. Non. 

-Bon, on va aller le mettre dans ma voiture pour le sécher et on revient la tête haute. Garde ton téléphone avec toi quand même.

Ma copine savait toujours quoi faire.. Il faisait plutôt froid dehors mais le ciel était dégagé. On pouvait presque voir les étoiles de là.

-C'est la voiture d'Alexandra là, non ? fit Sophie en levant les yeux au ciel.

-Ouais. 

Sophie prit sa clef de voiture et tout en se rendant à sa voiture, elle raya toute la portière de la voiture d'Alexandra. Elle était vraiment énervée apparemment. C'était donc ça une Sophie fâchée ? 

-Tu n'as rien vu Sarah. Attends.. elle a laissé son sac dedans ? À l'avant ? quelle bécasse cette fille ! Suis-moi, j'ai une idée.

-Heu Sophie, tu vas vandaliser sa voiture ? 

-Elle le mériterait bien mais clairement, je détesterai qu'on me le fasse, alors non, je ne ferai bien. Par contre.. je sifflerai bien son essence.. juste pour rigoler. 

Je regardai ma copine, interloquée. Qu'est-ce que Brian avait mis dans son punch pour qu'elle devienne comme ça... ?  En même temps, je mourrais d'envie de lui faire une crasse.

-Mieux que ça.. on siffle son essence et on la déverse dans son casier de sport dans quelques jours.. 

-C'est machiavélique.. j'adore. Attends, j'ai un bidon d'essence dans ma voiture..

-Pardon ? 

-Oui, j'ai dû aller en chercher pour.. enfin bref. On va juste le remplir. Tu as déjà fait ça ? 

-Bah oui évidemment Sophie.. ironisai-je. Je vandalise des voitures tous les matins avant le petit- déjeuner. Pourquoi tu as cette tête.. tu l'as déjà fait toi ? 

Sophie haussa les épaules pendant que j'ouvris grand les yeux.

-Mais mais..

-J'ai fait des tonnes de truc cet été.. Bon allez, viens avec moi.

Ma copine sortit de sa voiture tout un matériel et elle me demanda de faire le guet. Elle posa le jerricane d'essence au sol et mit les tuyaux dans le réservoir tout en mettant un chiffon autour. Je la vis porter le tuyau à ses lèvres et au dernier moment changer d'avis..

-Tu veux tenter le coup ? 

-Je ne sais pas Sophie. 

-Rhoooo. Tu sais parfois ne pas être la petite fille sage que tout le monde attend c'est.. libérateur. Et personne ne saura que c'est nous, personne ne nous en croira capable. 

Elle avait raison, je me penchai et aspirai, aspirai, je voyais le liquide venir à mes lèvres. 

-Maintenant pince le tuyau. Regarde si y'a pas de bulles d'air. C'est bon. Vide dans le jerricane maintenant. Voilà comme ça. C'est bon y'a personne. Continue, continue. 

-Plus rien ne coule So'.

-Parfait.

Elle retira le tuyau, referma le réservoir, vérifia qu'il n'y avait pas de tâche d'essence au sol et passa un peu de spray pour les mains sur la voiture et essuya avec un mouchoir en papier.

-Pour mes empreintes digitales. Tu peux remettre le jerricane dans ma voiture ? 

-On va se faire chopper. 

-Mais non, de toute façon, j'ai toujours le ticket de caisse du jerricane avec moi. Pas de souci. Tant qu'on a pas des têtes de coupable, c'est bon. Voilààà. On y retourne maintenant.

Nous retournâmes dans le lycée. J'avais le cœur battant. Sophie m'avait prise le bras et la musique m'assourdissait un peu. Elle se rendit sur la piste de danse en sautillant et elle m'invita à danser.  Elle était un peu déchainée.. j'aimais cette Sophie. 

-Tu veux bien danser avec moi ? 

C'était un gars gentil du club d'échec. Typiquement le type de gars que mon quasi-bro qualifiait de loser  quand moi je le qualifiais de gentil. D'ailleurs je croisais le regard de Brian et je vis ses amis se retourner et éclater de rire en nous voyant. Le garçon avec qui je dansais rougit violemment.

-C'est des cons, ne fais pas attention à eux.

La danse terminée, je l'embrassai sur la joue pour le remercier. Je regardai autour de moi, où était Sophie ? Je la cherchai partout.

-Sarah ? m'appela une des amies de Brian qui était dans ma classe. Tu cherches Sophie ? Je l'ai entendue dire qu'elle allait chercher un truc dans son casier.

-Okay. 

J'y allai mais elle était pas là. J'entendis alors une voix du côté d'une salle, c'était celle de Paul. Il était avec Sophie. Ils marchaient dans un couloir. Mais.. Sophie n'était-elle pas fâchée contre lui ? 

-Tu penses que.. Hey ! salut zombie girl ! me lança Paul en souriant.

-Salut, qu'est-ce que..

-Alex nous a demandé d'aller chercher un truc dans la salle de chimie, on allait y aller, tu viens ? On a stocké les crackers là-bas alors..

-Okay.

Je laissais Paul parler, il avait beaucoup à dire apparemment. C'était étrange comme sensation. Parler dans les couloirs avec Paul, comme si rien n'avait changé entre nous trois. Il était hilare. Son téléphone sonna et il fronça des sourcils et me jeta un regard gêné.

-C'est.. vous m'excusez une minute ? C'est mon frère. Il faut que je réponde. Oui Marc ?

J'haussai les sourcils vers Sophie. Pour aller chercher un paquet de chips, on avait pas besoin de lui. La salle de chimie était à quelques mètres. 

-Tu n'es plus fâchée contre Paul ? 

-Si. Mais va falloir qu'on s'explique à un moment donné tous les deux. Tu m'as sauvée d'un moment embarrassant, je n'ai pas envie de parler de ça maintenant avec lui.

Elle se rendit au bout du couloir et apparemment Paul était toujours au téléphone, d'ailleurs, on l'entendait d'ici. J'avais ma main posée sur la poignée de porte et je l'attendais. Elle haussa les épaules. Je m'appuyai sur la porte en attendant qu'elle revienne vers moi. 

-Tu sais que..

Elle ouvrit la porte et tout se passa très vite. En quelques secondes j'étais glacée, trempée et gluante. J'entendis des flashs, des éclats de rire et j'ouvris les yeux pour faire face à des smartphones et aux Alexandrinettes. Je tournai les yeux vers Sophie, elle aussi était recouverte de ce liquide visqueux.. sauf que ce n'était pas du liquide. Je passai une main dans mes cheveux et poussai un cri strident tandis que leurs rires redoublèrent. J'avais envie de mourir en regardant ma main.

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