Grillades dominicales
Quand je me réveillai le lendemain, j'avais une quasi-gueule de bois. Sophie et moi étions endormies en travers du lit. Je me dégageai et tombai, Sophie en sursauta. Elle avait des cernes sous les yeux.
-Naiva ?
En langage Sophie crevée, ça voulait dire : ça va ?
-Yay.
Elle bâilla et m'aida à me relever. Je la remerciai et nous allâmes dans le salon. Il était 11h passé. Tom était en pyjama entrain de jouer à la console avec un bol de céréales vide à côté de lui.
-Salut Tommy. Ta mère est pas là ?
-Elle dort avec John. Ils sont rentrés quand je me suis réveillé vers 7h30, elle m'a donné un bol de céréales et ils sont montés.
-Sarah ? Je vais aller prendre une douche, histoire de me réveiller, je pense que je vais rentrer chez moi pour dormir, tu peux m'appeler un taxi, stoplait ?
-Je vais te raccompagner si tu veux..
-Non. Tu es aussi crevée que moi. Je ne vais pas te faire conduire dans un tel état de fatigue. Appelle-moi un taxi, je vais me laver.
Ma copine tourna les talons et je l'entendis monter les escaliers. J'avais envie d'un café. J'allai dans la cuisine pour en faire. Le paquet était presque terminé. Je pris mon téléphone et appelai l'agence de taxi pour commander un taxi. Je raccrochai une fois ma mission accomplie.
-Salut Choupette.
Je me retournai et je vis mon père. Il avait un grand sourire sur les lèvres. Il n'avait même pas pris la peine de mettre un T-shirt pour dormir.
-Salut Papa ! Bonne soirée hier ?
-Tu n'as pas idée. Merci encore d'avoir gardé Tom. Ça nous a fait beaucoup de bien de savoir qu'on pouvait compter sur toi et d'avoir une soirée ensemble. Juste tous les deux. Tout s'est bien passé hier ?
-Oui oui. C'était parfait. Salut Mary !
Ma belle-mère arriva derrière mon père et lui prit la tasse de café que je venais de lui servir. Cela me fit rire et je servis une autre tasse à mon père qui était un peu dépité. Mary portait un kimono qui dévoilait ses jambes.
-Bonjour ma chérie ! bien dormi ?
-Oui, merci de nous avoir laissé la maison hier soir.. c'était sympa.
-Mamaaan !
La fusée Tom fonça sur sa mère qui le souleva dans ses bras. Elle avait l'air fatigué mais elle fit faire un tour à son fils.
-Chouchou, va te laver, c'est bientôt l'heure de l'office.
-Pardon ? fit mon père alors que le petit Tom filait dans les escaliers.
Mary lui tira la langue et le poussa pour la forme.
-C'est la Toussaint aujourd'hui. On va à l'office et ensuite, on fait des grillades dans le jardin. C'est notre tradition et tu le sais, je te l'ai dit hier.
-Je ne pensais pas que tu étais sérieuse sur l'office. Je vais me laver, tu m'accompagnes ?
-Heu.. Papa, je te rappelle que je suis dans la même pièce, alors évite ce genre de remarque sauf si tu veux me payer ma thérapie pour les quinze prochaines années ?
Mon père éclata de rire et m'ébouriffa les cheveux avant de remonter les escaliers. Je le vis s'arrêter et je vis ma meilleure amie arriver. Sophie portait une jupe et un pull avec un col roulé. Elle salua ma belle-mère au moment où on sonna à la porte.
-On se voit tout à l'heure Sarah.
-Salut So'. Tu diras bonjour à tes parents de ma part.
Une fois ma copine partie, j'allai dans ma salle de bain. Le maquillage de zombie partait bien avec du savon. Je sortis un bras de ma douche pour récupérer une serviette et je me frottais vigoureusement, jusqu'à ce que ma peau devienne rose. J'avais envie de me faire jolie pour une fois. Je ne savais pas vraiment pourquoi. J'enfilai l'un des skinny bleu ciel que Mary m'avait offert avec à une tunique noire à pois blanc. Je sortis de ma chambre et j'allai vers la suite parentale. J'entrai sans frapper comme à mon habitude et je rajoutai 5 ans à ma future thérapie. Mon père était sur sa femme, allongée sur le lit et lui maintenait les mains au dessus de la tête tout en lui embrassant le cou alors qu'elle était entrain de glousser. Mon père releva les yeux vers moi et il soupira distinctement tout en se repoussant sur le côté. Apparemment ils étaient tous les deux déjà prêt à sortir.
-Frapper... ? non ? lança mon père avec sarcasme
-Désolée, c'est l'habitude. J'avais oublié que vous étiez.. un couple. Enfin bref. Mary, je peux t'emprunter du maquillage ?
-Pourquoi tu veux te maquiller ? me demanda mon père d'un ton abrupt. Tu es très belle sans..
-Oui bien sûr ma chérie, l'interrompit ma belle-mère en se dégageant totalement et en se relevant. De quoi as-tu besoin ?
Elle m'entraina à sa suite dans la salle de bain et c'est à ce moment là que je vis le nombre de produits que Mary avait. Mes yeux s'écarquillèrent et j'entendis ma belle-mère rire. Je secouais la tête.
-Je voulais tester un rouge à lèvres.. mais je n'ai que des gloss qui..
-Tu avais une idée de couleur ?
-Hum.. non pas vraiment.. je ne pensais pas que tu avais autant de choix que dans une parfurmerie de luxe, il faut dire.
-Bon, comme tu es une jeune femme et qu'on va quand même à l'office, je te propose Kiss Me de chez Dior. Il est rose pâle, mais il fait une bouche superbe. C'est entre le rouge à lèvre et le gloss. Viens, je vais te maquiller. Donne moi ton index...
Mary me mit une sorte de gelée sur le doigts.
-Tu vas t'appliquer ça sur les lèvres et les frotter légèrement. C'est pour les exfollier. Je vais de donner un coton et tu te rinceras après. C'est le secret de belles lèvres. L'exfoliation.
J'obéis et la sensation sur mes lèvres était étrange mais agréable. J'obéis à Mary et je rinçai le surplus. Elle finit par se pencher vers moi et elle me maquilla les lèvres. Pendant qu'elle faisait ça, j'observais son léger smoky, parfaitement exécuté. Elle se recula et elle fit la moue.
-C'est un peu trop sage en fait. Attends. Je vais l'améliorer.. tu préfères Magique ou Rieuse ?
Elle me montra deux tubes et pour moi c'était pratiquement la même couleur.
-Hum.. Rieuse. Je pense que ça va mieux avec ma personnalité. Rieuse. Non ?
-Très bien.
Quand je me retournais vers le miroir, j'avais l'impression que ce n'était pas moi. Mes lèvres étaient dans un rose-rouge. Elles ressortaient énormément. Je remerciais ma belle-mère et quand je ressortis de la salle de bain, je remarquais que mon père n'était plus là. Je retournai dans ma chambre pour prendre mon manteau et mes chaussures. J'enfilai mes escarpins noirs et je descendis les escaliers prudemment. Quand Tom arriva à la porte, il se retourna et me regarda.
-Tu es jolie comme ça, me dit-il doucement avant d'ouvrir la porte et de courir dehors.
Je rougis un peu et je me regardai dans le miroir de l'entrée. Je me trouvais jolie moi aussi, une fois n'était pas coutume.
-Mon Dieu... Qu'avez-vous fait de Choupi ?
Je me retournai vers mon père et il souriait de toutes ses dents. J'avais l'impression de le retrouver.
-Choupi est un peu souffrante, elle va rester au lit, alors c'est avec Sarah que vous allez à l'église.
Ma belle-mère passa derrière et approuva ma tenue d'un sourire. Mon père s'était complètement arrêté pour me regarder. Il avait encore cet air étrange, comme s'il ne me voyait pas vraiment.
-Ne grandis pas trop vite Sarah. Laisse-moi encore profiter de toi tant que tu es encore lycéenne. Quand viendra le temps de l'université, tu seras une adulte à part entière alors..
-Je serai toujours ta Choupi Papa. Que ce soit demain, ou quand j'aurai moi-même des petits enfants. Ça ne changera jamais.
Mon père m'embrassa sur la tempe et je passai une main sous son manteau pour le tenir alors qu'il avait posé son bras autour de mes épaules. C'est serré contre lui que j'arrivai à l'église et là je me figeai. Il y avait Marc droit devant moi. Il riait à gorge déployée avec une fille canon. Mon cœur se serra et je fronçai les sourcils pour ne pas laisser l'émotion me submerger. Il n'avait pas mis longtemps à me remplacer ce crétin. Mais soudain, mon chagrin (parce que ce que je ressentais était vraiment du chagrin) se transforma en rayon de bonheur. Je me détachai de mon père, et je me mis à courir. Je passai devant Marc mais j'en avais que faire. Je sautai dans les bras de mon oncle Elijah. Il me réceptionna et j'enroulai mes jambes autour de lui pour me tenir. Il me fit un sourire 100% mannequin et je retombai sur mes pieds. Il avait toujours ses lunettes de soleil sur le nez et moi aussi d'ailleurs.
-Chérie, si habillée comme tu l'es tu ne fais pas tourner la tête à certains, change de ville.
-T'es trop cute Eli. Mais qu'est-ce que tu fais là ? Toi.. à l'église ?
-Ta belle-mère nous a invités avec Eric pour ce midi, et j'avais envie de prier pour mon âme damnée.
-Avec Eric ? Il est où d'ailleurs ?
-Il gare la voiture dans le parking à côté, me dit-il en entrant dans l'église.
Mon oncle prit place sur le banc du fond et je m'installai juste à côté de lui en gardant une place pour Eric au passage. Je posais ma tête sur mon oncle et en tournant la tête je vis mon père. Apparemment il mourrait d'envie de se mettre avec nous. Je pouvais le lire dans ses yeux. Aussi, il investit le banc juste devant et il se retourna.
-Pas de bruit tous les deux, enfin.. tous les trois. Salut Brian !
Je me retournai et je vis Brian juste derrière mon oncle Eric qui s'assit juste à côté de moi.
-Salut John.
Le fils de Mary s'assit à côté de Elijah et je vis bientôt Paul se mettre à côté. Il se pencha vers moi.
-Faut qu'on parle Sarah après la messe.
J'allais répondre mais je vis Marc passer et me regarder avec insistance. Je relevai le menton et il détourna le regard, troublé.
-On verra Paul. Je ne vois pas de quoi tu veux parler.
Je pouvais voir Marc depuis ma place. Mon Dieu qu'il était beau. Il avait un profil parfait. Mon oncle Eric me prit la main et posa un bisou dessus. Il voulait me dire par ce geste qu'il voyait que je n'étais pas bien. Je lui souris et il me fit signe de regarder son frère. Elijah était de marbre. Il écoutait le sermon attentivement. Il finit par tourner les yeux vers nous, ses yeux brillaient de fatigue. Il sortit son iPhone de sa poche et il se mit à taper un SMS. Je vis alors mon père s'agiter juste devant nous et le téléphone d'Eli se ralluma. Je me penchai et je vis la notification de mon père : Suis au lieu de dire des conneries. Mon oncle me regarda et il enclencha son appli photo. Il se colla à moi et je vis nos deux têtes. J'étais sur le point d'éclater de rire mais Éric prit le téléphone de son frère et nos trois têtes apparurent et il prit une photo. Mes oncles étaient totalement givrés. Le pire étant que c'était une super photo, je me trouvais vrament jolie dessus. Elijah reprit son téléphone et une minute plus tard, mon propre téléphone vibra. Il venait de me tagger sur Instagram. J'en étais certaine. D'autant plus que mon père se détourna totalement alors que l'orgue reprenait. Il prononça un sérieusement ? mais je voyais qu'il avait envie de rire. Je me retournai vers Eli et je vis que Brian me regardait. Il avait remarqué notre petit manège apparemment. Je lui fis un sourire innocent et il détourna son regard amusé. J'avais réussi à amuser Brian Miller ? C'était une première mondiale. Après la communion où je remarquais qu'un bon nombre de femme regardait mes oncles, je retournai à ma place. Je passai juste à côté de Marc et ce dernier me frôla légèrement de la main. Je savais qu'il avait fait exprès. Mon cœur savait qu'il avait fait exprès. J'avais l'impression que mes jambes allaient me lâcher. Je me sentais fébrile et l'endroit où il m'avait touchée, je le ressentais puissance 1000. Comment pouvais-je ressentir ça alors que je l'avais vu une heure avant entrain de draguer la bombasse à côté de laquelle il était assis ?
-Viens, on sort, me murmura Elijah tout en se levant et en posant sa main sur l'épaule de mon père pour lui signifier de ne pas s'inquiéter.
Je le suivis et je vis Marc me regarder. Son regard océan me transperça. J'avais besoin d'air.
-Je viens de me rappeler pourquoi j'allais rarement à l'église ! lança d'un ton guilleret mon oncle.
-Parce que tu es gay ? ironisai-je.
-Non, parce que c'est long. Mais je dois avouer que la messe en famille, c'est toujours plus intéressant que tout seul.
-Tu allais à l'église en Espagne ? m'étonnais-je.
-Oui. Parfois. Mais mon ex, non. Et c'est triste la messe quand on est seul. Bon, tu crois que le fleuriste est ouvert ? Il faut que je prenne un bouquet pour Mary. Elle préfère quoi ?
-Je crois qu'elle s'en fout tu sais.. mais je crois qu'elle a un faible pour les tulipes blanches.
-Comme Elena.
-Oui. Comme Maman.
Je l'accompagnai chez le fleuriste et il m'envoya à la pharmacie pour lui acheter de l'aspirine. Je le rejoignis sur le parvis de l'église alors que les personnes commençaient à sortir. Il me prit mon sac en plastique des mains et il l'emmena à la voiture. Une main dans mon dos me fit sursauter. C'était Paul.
-Tu as failli te prendre un coup de sac. Tu m'as fait super peur !
J'étais pratiquement aussi grande que lui et ça lui fit un choc, je le vis dans ses yeux. Je vis Brian arriver derrière. J'étais toujours plus petite que lui. Il me regarda de la tête aux pieds.
-Ça te va bien de t'habiller comme ça, dit-il doucement.
-Hum.. merci Brian.
-Tu as l'air beaucoup plus fine, ajouta-t-il conscient qu'il m'avait un compliment et que cela ne pouvait décemment pas se faire. Vous êtes parties rapidement hier soir.. du lycée.
De toute évidence, il n'était pas au courant et je vis Paul baisser les yeux.
-Pour cause. Les copines de ta petite amie n'ont pas trouvé de meilleur jeu que de nous lancer des vers de terre dessus. Et quand je dis nous, je parle de Sophie et moi.
-Pardon ? Putain ! C'est pour ça que tu les as snobé à ta fête ? J'avais rien compris. Elle va comment Sophie ? me demanda Brian parfaitement sérieux.
-Elle m'en veut toujours ? Je te jure que je n'en savais rien Sarah. Vraiment. Je.. sérieusement, faut que tu me crois.
Je regardai Paul. Il avait l'air tellement sincère. Il ne pouvait pas me mentir. Pas ici, pas maintenant. Il avait les yeux brillants de fatigue mais aussi, il avait vraiment à cœur que je le crois.
-Je le sais Paul. Mais franchement, ce n'est pas à moi qu'il faut le dire.
-Elle refuse de me répondre. J'ai essayé hier et en venant ici aussi.
-On a éteint nos téléphones hier. Écoute. Laisse couler Paul, elle te reparlera sûrement mais laisse passer les vacances sérieux. Oh en fait Brian.. ta copine me doit un sac à main, après qu'elle ait jeté le mien dans les toilettes hier.
-Va vraiment falloir que tu m'expliques, ce que vous avez toutes les deux, pourquoi vous vous détestez comme ça alors que je suis certain que vous pourriez vous entendre. Bon, ce serait moins amusant pour moi mais quand même. Vous abusez.
Je fronçai les sourcils et allais lui répondre que je n'avais jamais rien fait à cette garce mais je vis Marc et la bombasse juste derrière. Ils parlaient avec mon père et Marc me regardait. Il hocha la tête et entraina la fille dans son sillage.. vers nous.
-Salut.
Mon cœur, cet imbécile, fit un raté en entendant sa voix grave. Je me repris aussi vite.
-Salut Marc, mademoiselle.
Cette dernière me regarda avec ses grands yeux bleus et je vis de la gentillesse dans ses yeux.
-Tu ne te souviens pas de moi Sarah ?
-Je devrais ?
-C'est moi Bee !
Bee ? Ce nom me disait vaguement quelque chose.
-On jouait ensemble quand je venais chez mes cousins, continua-t-elle.
J'ouvris les yeux et je souris pour la forme. Bee ?! La cousine de Marc et de Paul ? Ce n'était pas possible.
-Non mais.. qu'est-ce que tu as changé !!
Je n'avais pas pu m'en empêcher. C'était plus fort que moi. La dernière fois que j'avais vu Belinda McDust, elle avait 12 ans, elle était brune avec de l'acné et du surpoids. Ce n'était pas pas une bombasse rousse avec un peau parfaite et un corps de mannequin. Je me sentais vraiment seule. Il ne la draguait pas en fait.
-Oui, c'est vrai, sourit la cousine de Paul. Mon Dieu, l'âge ingrat est passé.
-J'adore ta couleur de cheveux.
-Et moi j'adore ton look. 6 ans qu'on ne s'est pas vue ! C'est fou comme le temps passe vite.
-N'est-ce pas ?
Mon téléphone vibra. C'était Bob. Je ne pus m'empêcher de sourire et je vis Marc froncer des sourcils.
-Excusez-moi. Salut Bob !
-Hey ! Je ne pensais pas que tu allais répondre, je ne te réveille pas j'espère ?!
-Non, je sors de l'église. Qu'est-ce que tu voulais ?
-Pour ce soir, une fois que vous aurez passé l'entrée. Tu iras tout à droite, je vous attendrai pour vous faire entrer dans les coulisses. Vous savez à quelle heure vous arrivez à peu près ? histoire que je n'attende pas pendant des heures.
-À quelle heure ce soir ? Heu.. je ne sais pas trop ça te dérange si je t'envoie un message dans la journée pour te le dire ? j'avais l'intention d'arriver environ 45 minutes avant le début du concert à peu près.
-Hmm. À la limite tu me bippes quand tu es devant la salle, ce sera plus pratique.
-Je pense aussi. À tout à l'heure du coup. ! Bises !
Après avoir raccroché, je remarquai que les autres me regardaient.
-Bob. C'est le gars de la semaine dernière c'est ça ? me demanda Marc.
-De la semaine d'avant techniquement. Pourquoi ? Ça te pose un problème ?
Brian leva un sourcil et je le vis regarder Marc avec attention. Je ne savais pas vraiment pourquoi d'ailleurs.
-On en a déjà parlé il me semble, tu connais déjà ma réponse à cette question.
-Tu as peut-être changé d'avis entre temps, je ne peux pas le savoir, ce n'est pas comme si j'avais eu de tes nouvelles Marc.
-Je t'ai appelé et un de tes amis a répondu. J'ai essayé de te rappeler et tu as laissé filer. Alors ne prends pas ce ton avec moi s'il-te-plaît.
-Quel ton ?
-Celui qui me reproche de ne pas t'avoir donné de nouvelles.
-C'est vrai tu as raison. J'avais l'intention de te rappeler quans je serai.. comment tu as dit déjà ? Plus expérimentée ?! Ça m'a fait plaisir de te revoir Bee. Si tu reviens ce serait cool qu'on aille se prendre un café. Je vais aller dire bonjour à votre mère.
-Si elle arrive à lâcher le mec avec qui elle parle, ton oncle non ?
Je me retournai et en effet je vis Line McDust glousser devant Éric. Je souris aux frères McDust et marchai avec ma démarche de déesse. C'était comme ça que Sophie appelait le fait d'imiter une démarche de mannequin en bougeant subtilement des hanches. En réalité, j'avais envie que Marc voit ce qu'il avait loupé. J'en ressentais une petite victoire et je savais qu'il me suivait du regard. Je me sentais forte, tellement forte. Mon oncle m'ouvrit les bras et me planta un bisou sur la tempe.
-Tu as abandonné Elijah quelque part ?
-Je crois qu'il est dans le parking. Ça va Mme McDust ? Vous êtes resplendissante ?!
-Merci ma chérie. Tu as l'air beaucoup mieux que quand je t'ai vu jeudi dernier. Je suis vraiment contente de voir que toute ta famille est enfin réunie.
-Je crois que c'était dur pour Eli d'être dans la ville qui a vu mourir sa jumelle. Maintenant il va mieux, répondit Éric. En tout cas, Line, tu as mon numéro, n'hésite pas à m'appeler pour qu'on déjeune ensemble. Ça me ferait plus que plaisir.
Paul avait raison pour sa mère. Elle minaudait vraiment. Mon oncle m'entraina à sa suite sur le parking et je pouvais voir mon autre oncle au téléphone visiblement agacé. Il parlait rapidement et en espagnol. Il raccrocha quand il nous vit.
-Pedro ? demandai-je en m'installant sur le siège conducteur.
-Ouais.
-Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas derrière, toi.
Je regardai Éric d'un air de chien battu.
-Y'a des tonnes de pouffiasses du lycée. Et il y a Marc aussi. S'il-te-plaît ?
-Pfffff. Tu as de la chance d'être ma seule nièce toi et d'être aussi jolie quand tu boudes. Je n'ai jamais pu résister à une jolie fille.
Je démarrai la Lamborghini et je passai devant l'église.
-Briaaaan ? hurlai-je.
Mon quasi-frère se retourna alors qu'il était sur le trottoir avec des filles du lycée et il me regarda avec de grands yeux. Il s'avança vers moi.
-On te ramène à la maison ?
-Non merci, j'ai ma voiture. Mais c'est gentil de proposer.
-Okay, tu peux dire à Papa qu'on est parti ?
-Je pense qu'il' l'a vu en fait, sourit Brian d'un air amusé. Tu as fait ça juste pour que les filles du lycée te voit, n'est-ce pas ?
-On se voit à la maison Brian.
Je démarrai en trombe et je roulai vite avant d'éclater de rire.
-Mon Dieu, Sarah. RALENTIS !
Je passais sous la barre de 120km/h et j'arrivais dans ma rue. Je garai la voiture devant la maison et je me retournai vers mon oncle Eric qui était devenu un peu plus pâle.
-Non mais tu es un vrai chauffard.
-Heureusement que j'ai un oncle, brillant avocat pour me sortir du pétrin ! En fait, je voulais qu'on rentre rapidement parce que j'ai quelque chose à vous demander. Vous auriez le temps de passer au cimetière avec moi pour fleurir la tombe de Maman demain ? Ça me fait bizarre d'en parler devant Mary mais.. je peux comprendre que vous..
-Je viendrais avec toi, répondit Elijah, en souriant d'un air étrangement triste..
-Moi aussi, répondit Éric sur le même ton que son frère. Vers 16h30, 17h, ça vous va ?
J'hochai la tête et je cherchai mes clefs pour rentrer dans la maison. Et je ne les avais pas. Je les avais laissé dans mon autre veste. J'entendis le rire de mes oncles derrière moi. Je me retournai prête à leur lancer un truc à la tête quand je vis Brian arriver avec son frère dans sa voiture. Il se gara et me regarda avec sarcasme. Il ouvrit la porte sans dire un mot et me laissa entrer en premier.
-Est-ce que ça vous dérangerait de surveiller mon petit frère cinq minutes ? Je voulais acheter une plante pour ma mère. Je le fais chaque année et j'ai pas eu le temps avant..
-Oui bien sûr, répondit Éric en souriant. File.
Brian le remercia gentiment et repartit. Je continuai de fixer la porte que Brian venait de refermer.
-Qu'est-ce que tu as Sarah ?
-Non, mais vous avez entendu ?
-Entendu quoi ?
-Brian.. Il a été poli pour une fois. Le truc qui arrive jamais avec moi quoi.En fait, il fait exprès d'être un petit con avec moi. Je vais prendre vos vestes si vous me le permettez.
Alors que mes oncles allaient profiter du soleil dans le jardin et que je cherchais des bouteilles d'eau pétillante, j'entendis la porte s'ouvrir et j'entendis le rire de mon père.
-Mon Dieu, Elijah, il ne fallait pas !
Apparemment, mon oncle venait d'offrir son bouquet à ma belle-mère. Je la vis arriver dans la cuisine pour chercher un vase.
-Tu sais où est passé Brian ? me demanda-t-elle tout en mettant de l'eau dans le vase en cristal.
-Il revient, c'est ce qu'il m'a dit. Tiens en parlant du loup... ajoutai-je en entendant la voix de Brian appelant sa mère.
Je pris des verres dans le placard et je vis Brian avec un magnifique buisson d'azalée. Il avait un grand sourire sur les lèvres.
-Bonne fête Maman !
-Brian tu es fou.
Sa mère lui lança un regard chargé d'amour et elle lui caressa la joue.
-C'est la fête de tous les saints aujourd'hui, non ?
-Merci mon petit chéri. Sarah ? Tu peux aller poser le vase sur la table ?
Je posai mes verres et pris le vase. J'avais bien compris que Mary voulait rester un peu avec son fils. Quand je revins dans la cuisine, j'entendis un morceau de leur conversation.
-C'est juste que je t'aime Maman et je crois pas que je te remercierais assez pour tout ce que tu as fait pour moi. J'ai merdé pas mal de fois et je voulais te dire que c'est bel et bien terminé maintenant.
-Je sais chouchou. Le passé c'est le passé. Tu peux emmener les verres ? En fait Brian, je n'ai pas eu le temps de te le dire.. mais j'ai trouvé ça très gentil de ta part que tu aides Sarah hier à faire ses maths. Je suis contente que vous trouviez un terrain d'entente tous les deux.
-Oui. Moi aussi.
Il sortit de la cuisine et il s'arrêta. Différentes émotions passèrent sur son visage mais une froideur implacable s'afficha en dernier lieu. Cela me fit froid dans le dos.
-Ça fait longtemps que tu es là ?
-Non, balbutiais-je en rougissant.
Son visage froid changea du tout au tout et un Brian chaleureux s'afficha devant moi.
-Tu peux m'aider à porter tous les verres, je voudrai pas en briser un au passage ?
Je vis sa mère arriver derrière lui et me sourire. Brian me carra la moitié des verres dans la main avant de partir. Je le suivis sans dire un mot et après avoir posé les verres je rerentrais dans la maison, direction ma chambre. Je me penchai vers la cuvette des toilettes et recrachai tout ce que j'avais pu avaler ces dernières vingt-quatre heures. Il m'avait vraiment fait peur. J'avais senti une boule dans mon estomac. Je me redressais et je rinçais ma bouche.
-Choupi, tout va bien ?
Je relevais la tête. Mon père m'observait, je le voyais dans le miroir.
-Oui Papa. Je voulais juste me remettre une couche de gloss, c'est tout.
-Il y a une chose qu'il faut que tu comprennes ma chérie, je sais quand tu ne me dis pas la vérité. et en l'occurrence, ça se sent. C'était de la bile ?
-Sérieusement Papa ? Tu veux que je te décrive mon vomi ?
-Avant d'être ton père, je suis médecin.
-Je pense que c'est le trop de nourriture d'hier. Je me sentais déjà pas bien avant d'aller à l'église, mais je ne voulais pas vexer Mary. Mais ça va mieux maintenant.
-Hum..
-Papa, je te jure, tout va bien. On descend ?
Une dizaine de minutes plus tard, j'étais sur une chaise dans le jardin. Éric et mon père s'occupaient du barbecue pendant qu'Elijah parlait avec Brian et sa mère. Tom jouait aux petites voitures. J'étendis mes jambes sur la chaise longue. J'avais retiré mes escarpins en arrivant à la maison.
-Sarah ? Tu peux me donner du poivre ?
Je me levai pour aller en chercher à la demande de mon oncle. Je m'approchai du barbecue. La vue de la viande crue me rappela cruellement que j'avais rendu mon déjeuner.
-Je vais me contenter de manger des légumes moi.
Je me laissai tomber sur une chaise juste à côté de Mary et je pris une tomate cerise. Juste après le repas, je m'installai sur ma chaise longue que j'avais délaissé avec mon ordinateur sur le côté. Je mis la radio et je fermais les yeux. Sunshine in Wonderland résonna dans mon crâne et je souris. Dans quelques heures j'allais passer la soirée la plus démentielle de mon existence et clairement j'avais hâte d'y être. Mes pensées dérivèrent doucement jusqu'à l'inconscience et je m'endormis.
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