Rendez-vous au cimetière
-Tu t'es bien amusée ?
Je venais de passer la porte d'entrée et je vis Mary passer sa tête depuis la cuisine. Il y avait une très bonne odeur dans l'air. Elle préparait un bœuf bourguignon pour le lendemain.
-Tout était parfait, je ne te remercierais jamais assez pour m'avoir donné la permission d'aller au Dragon Fly. Tu as changé ma vie. Tout était parfait Mary. Parfait.
Parfait. Ce mot semblait étrange dans ma bouche mais pourtant c'était bien ce que je ressentais. Une sorte d'euphorie. Je posai mes lèvres sur la joue de ma belle-mère.
-Par contre, je ne sais pas à qui tu as emprunté ces vêtements, mais il faudra lui rendre j'imagine.
-J'irai lui reporter tout à l'heure en revenant du cimetière. Papa n'est pas là ? Je croyais qu'il avait pris sa journée..
-Il est parti courir avec Brian. Tu avais quelque chose à lui demander en particulier ?
-Juste.. l'embrasser c'est tout. Est-ce que tu peux me passer une pomme ? J'ai faim.
-Tu ne peux pas te nourrir exclusivement de fruits ma chérie. Tu veux que je te prépare une omelette ou quelque chose comme ça ? Il n'est que 15h, tu sais.
-En fait, c'est pas que j'ai faim faim, j'ai envie de grignoter. On a pris un assez gros petit déjeuner avec Sophie et les garçons à l'hôtel à l'heure du déjeuner. D'ailleurs, Ray m'a donnée une clef USB avec les photos de la soirée, il sait que je fais un stage chez toi. Je pense que les photos ont été approuvée par son staff mais si ça peut t'aider...
-C'est super. Merci ma chérie.
-J'ai l'impression de beaucoup te remercier en ce moment Mary, mais je voulais te remercier pour tout ce que tu fais pour moi. De te comporter comme ma mère l'aurait fait. Ça me fait vraiment plaisir d'avoir une femme à la maison et j'ai hâte de travailler avec toi même pour trois jours.
Elle avait l'air émue et elle se contenta de me caresser tendrement la joue. Je me levai du tabouret de cuisine et je montai dans ma chambre. Je laissai tomber le sac avec la robe et je retirai les chaussures à talons. Tout me paraissait comme avant et pourtant, rien n'était comme avant. Mon téléphone vibra. C'était un message de Ray. N'oublie pas de repasser tout à l'heure, tu as oublié ta photo dédicacée du groupe ;) ! Cela me fit rire. Mais de toute façon, il fallait bien que je lui rende ses habits à un moment donné. Je me changeai pour mettre un mini-short en jean et j'enfilais mes cuissardes converses. Je les adorais, elle se terminait à mi-cuisses. Quand je les avais achetées, mon père avait regardé, et avait ri. J'enfilai mon blouson noir et je ressortis de la maison au moment même où mes oncles arrivaient. Il y avait du monde au cimetière. Nous arrivâmes devant la tombe de ma mère. Il y avait un chêne juste à côté de sa tombe. Je posai la rose que j'avais sur la pierre tombale. J'avais jamais été devant sa tombe avec mes deux oncles. Elijah qui d'ordinaire avait le sourire aux lèvres avait beaucoup de mal à masquer sa douleur. C'était difficile de perdre un membre de sa fratrie mais perdre sa jumelle... Eric me regarda, il voulait me faire comprendre qu'on devait laisser Elijah seul quelques minutes.
-Salut El. Désolé de n'être pas venu plus tôt, fit mon oncle alors que nous nous écartions de lui.
-Je ne pensais pas que..
-Tu sais Sarah. La dernière fois qu'il est venu c'était avant de partir en Espagne. C'est la dernière chose qu'il a faite sur le territoire.
-J'ai l'impression que tu me caches quelque chose Eric..
Mon oncle regardait son frère avec beaucoup trop d'intensité pour que ce soit naturel.
-Il a pensé au suicide quand il a appris pour le décès de ta mère. Il n'arrivait pas à concevoir un monde où elle n'était pas là. Il a même fait plus qu'y penser. Il était dans la cuisine de chez moi. Il avait acheté une arme pour se brûler la cervelle. Elle était sur la table... Et s'il ne l'a pas fait, c'est uniquement parce que je lui ai dit que j'avais besoin de lui, que ton père avait besoin de lui et que toi surtout, tu avais besoin de lui. Parce qu'il était la personne au monde la plus proche d'elle. Et qu'un jour, tu aurais envie de la connaître. De savoir qui elle était. Alors si parfois je le regarde avec inquiétude, c'est pour ça. Nous sommes sa seule famille depuis que notre idiote de mère l'a renié. Il ne peut compter que sur nous Sarah
-Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?
-Parce que tu étais trop petite pour ça et aussi parce que ton père ne le sait pas. Eli m'a fait promettre de rien lui dire. Je crois que s'occuper de toi cette semaine lui a fait grand bien. Il se rend compte qu'il est utile et que fuir dans un pays étranger ne l'aidera pas à faire son deuil, cela fait juste reculer le problème. Arrêtons d'en parler maintenant.
Mon autre oncle revenait vers nous. Il s'essuya les yeux et me sourit.
-J'ai besoin de caféine.
-Vous pourriez aller au café et me laisser là quelques instants ?
-Prends ton temps ma chéri. Allez viens Eli, j'ai envie d'un shot de vodka.
-J'osais pas le dire.
J'allais dans la direction opposée, vers la pierre tombale de ma mère. Je m'assis en face de son nom et le frôlais de ma main.
-Tu me manques Maman. Maintenant plus que jamais. En fait je dis ça mais.. est-ce que si tu étais vivante, je t'aurais raconté ma nuit et la moindre de mes frasques ? J'ai des doutes. Mais où que tu sois, j'ai la sensation que tu me regardes toujours alors que tu es déjà au courant. Mais est-ce que tu vois aussi mes motivations ? Ce n'est pas que je m'en veuille vraiment mais.. je ne sais pas Maman, je suis perdue. Vraiment perdue. Et j'aurais bien besoin d'un signe de toi, là maintenant pour me dire ce que je dois faire vis à vis de toutes les personnes qui m'entourent. De Papa, de Sophie.. de Ray.. Je suis sûre que tu l'aurais adoré ce gars là. Il est chou. Vraiment chou, tellement bien élevé et poli. Mais j'ai l'impression que j'ai tout gâché avec lui. J'ai merdé Maman, je ne sais pas quoi faire pour rattraper le coup. Je sais que tu ne peux pas me parler mais si tu pouvais par je ne sais quel moyen me donner une once de courage, ce serait cool Maman. Si tu le fais, je te promets de devenir une meilleure personne. Oh, et une dernière chose... Où que tu sois, tu peux dormir tranquille, je veille sur Eli et Ric. Je ne laisserai pas tomber. Jamais. Je t'aime.
Je me levai, m'époussetai le derrière et sortis du cimetière. Je trouvais les garçons devant un shot, assis dans un café. Je commandais un jus d'ananas et je m'asseyais.
-Les garçons ? Je pense qu'on devrait faire un pacte ?
Elijah me regarda et se mit à rire.
-La dernière fois qu'on m'a dit ça, c'était ton père et j'espère vraiment que tu ne vas pas nous proposer ce qu'il m'avait proposé à l'époque.
-Si c'est un genre de pacte sexuel, non clairement pas. Je voulais juste qu'on se promette de toujours toujours rester en contact. On a un peu merdé tous les trois ces derniers temps et ça ne devrait pas arriver. Jamais. Aussi.. ça vous dit de venir chez nous pour Thanksgiving ?
-SI c'est pour rencontrer ma génitrice, ce n'est pas la peine.
-Entre toi et la furie, je te choisis.. toi. Je demanderai à Papa d'omettre l'invitation cette année. Je vais avoir besoin d'alliés, ce sera mon premier Thanksgiving avec la nouvelle famille de Papa.
-Tu sais chérie, j'ai toute une partie de ma vie en Espagne. Il va falloir que je rentre un jour.
-Tu m'as dit que tu allais juste chercher tes affaires.
-Ce n'est pas aussi simple, j'ai peut-être été trop vite en besogne quand je t'ai dit ça chouchou. Je ne peux pas partir de mon job du jour au lendemain; Et même si je le faisais, je ne suis pas sûr d'avoir un travail ici. Quand on vieillit, faire les choses sur un coup de tête, c'est plus compliqué.
-Je suis sûre que Mary te trouverait un job d'un claquement de doigts. Oh.. attends, tu ne veux pas te rabibocher avec Pedro, n'est-ce pas ? Il t'a trompé !! Tu ne peux plus lui faire confiance. Eric !! Aide-moi !
-Je n'ai pas dit ça. Je ne vais pas me remettre avec lui. Mais je dois régler certaines affaires avant de revenir Sarah. Je ne sais pas si cela sera terminé pour Thanksgiving, c'est ce que j'essaye de te dire ma chérie. Mais je ne veux pas que tu sois fâchée ou triste, alors fais comme si je n'avais rien dit.
-C'est trop tard Elijah. On ne peut pas refaire le passé. Certains choses sont irréversibles d'ailleurs.
-Sarah, tu vas bien ? marmonna Eric.
-Oui oui je suis juste.. fatiguée. J'ai passé une nuit de dingue hier. Cela vous dérangerait de me déposer quelque part sur le chemin du retour, je dois voir.. des amis ils repartent demain et..
-Tu n'as pas à te justifier honey.
-Merci.
Ils me déposèrent devant l'hôtel des garçons. Je montai dans l'ascenseur et j'avais un peu d'appréhension de le revoir comme ça. Comment allait-il réagir ? Je me laissai aller contre la paroi de l'ascenseur et je fermai les yeux, me remémorant mon réveil du matin..
Mais qu'est-ce que j'avais fait ? Je ne savais pas à qui était ce bras et je commençais à avoir la chair de poule. Je remarquai que je portais une chemise. Mais où était passé ma foutu robe ? Il fallait que je me dégage, pour savoir qui c'était et aussi pour pouvoir partir rapidement. Un téléphone sonna et j'entendis un grommellement. Le bras qui me retenait se retira et j'entendis un Hmmmm.. Ouais... Et la personne raccrocha. Je me tournai et j'eus la surprise de voir Chuck Grass. Il était torse nu et il se frottait les yeux. Il tourna la tête vers moi.
-Salut Sarah.
-Salut.
-Je suis désolé de t'avoir réveillé. Tu peux te rendormir.On a peu dormi la nuit dernière.
Comment ça on avait peu dormi la nuit d'avant ? J'étais vraiment dans la merde. Je refermai mes bras sur la chemise et je me redressai un peu.
-J'ai pas vraiment sommeil là.
-Okay. Je vais appeler le Room Service pour avoir un petit déj.
-Tu n'es pas obligé.
-Je te dois bien ça.
Il se leva et j'étais persuadée de le voir nu mais il portait juste un caleçon. Il avait un corps de folie. Il prit le téléphone et appela le room service dans la pièce juste à côté. J'entendais sa voix et je regardai autour de moi. Je vis ma robe au sol et mon bustier était juste à côté du lit. Je n'avais aucun souvenir. Je me sentais mal. J'avais envie de vomir. Je me levai pour aller dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. Quand je relevais les yeux. Chuck me regardait à travers le miroir. Je me sentais mal à l'aise.
-Je ne me souviens pas de la façon dont je suis arrivée ici. Je ne boirai plus jamais.
-Tu ne te souviens de rien ?
-Je me suis couchée dans la chambre de Clive.. ensuite..
Je fronçai les sourcils et fermai les yeux et soudain je les rouvris. Je plaçai ma main devant ma bouche. J'étais hyper mal à l'aise. Oui c'était ça. Je m'étais réveillée et Sophie n'était pas là. Je m'étais levée et je l'avais vu entrain d'embrasser Clive dans la suite. Je m'étais dit que je devais les laisser. J'avais frôlé les murs, ils ne m'avaient même pas vu et j'étais sortie. Il y avait une baie vitrée au fond du couloir. J'étais attirée par la lumière que je voyais et j'avais entendu du bruit. Je m'étais retournée et j'avais vu Owen. Avec la blonde habillée comme une pute. Il l'avait sûrement rappelé pour s'amuser cette nuit... Soudainement, je m'étais sentie très sotte, toute seule dans le couloir. Et j'avais pensé que plus jamais une occasion comme celle-ci se représenterait. Je n'avais manifestement pas toute ma tête. J'avais frappé à la porte de Chuck Grass et quand il avait ouvert, je lui avais sauté au cou et je l'avais embrassé. Il avait reculé et d'un coup de pied j'avais refermé la porte.
-Oh mon Dieu, j'ai débarqué dans ta suite et je t'ai embrassé !
-Si tu n'avais fait que ça.. Mais pour te rassurer, tu embrasses très bien. Rien à redire.
-Comment ça.. si je n'avais fait que ça.. tu veux dire que toi et moi on a.. tous les deux, on a..
-Tu ne te rappelles vraiment de rien de fait. Je vais te rafraichir la mémoire. Suis-moi. On ne va pas rester là comme des cons. Attends, ça vient de frapper. Ce doit être le room service.
Il me sourit et il repartit. J'avais envie de mourir. J'avais perdu ma virginité et je ne m'en souvenais même pas. Quelle conne ! Je n'étais qu'une groupie de plus. Je m'en voulais énormément. Je revenais dans la chambre et passais dans le petit salon au moment où Chuck donna un pourboire au garçon de chambre. Il poussa le chariot vers moi et je m'assis sur le canapé.
-Bon, thé, café, chocolat chaud ? Chocolat, choisit-il en voyant ma tête. C'est toujours réconfortant le chocolat chaud.
Il en servit deux tasses et il s'assit en face de moi en ramenant ses pieds sur le canapé.
-Tu te souviens de quoi exactement ?
-Tu as ouvert la porte, je t'ai sauté dessus au sens propre, ensuite..
-Ensuite, tu m'as poussé sur mon lit, tu as enlevé ta robe et oui, tu m'as ressauté dessus.
J'avalai une gorgée de chocolat, plus pour me cacher qu'autre chose.
-Mais je t'ai repoussé. Je suis un gentleman Sarah. Et clairement tu n'avais pas l'air dans ton état normal. Je pense que c'est l'alcool. Tu étais ivre. Bon, je n'étais pas forcément mieux que toi mais j'ai plus l'habitude de l'alcool que toi. J'ai un principe dans la vie. Je ne couche pas avec des filles dont le consentement peut être altéré. Et clairement toi, ton consentement était altéré. Ce n'est pas que tu n'es pas attirante. Tu l'es beaucoup. Surtout dans cette lingerie. Mais tu es mineure et clairement vu la tête que tu as tiré en me voyant ce matin, je ne regrette pas. Tu t'en serais voulu. Et je ne veux pas que tu t'en veuilles à cette idée. Okay ? Alors tu peux respirer tranquillement.
-Ça n'explique pas pourquoi je porte une de tes chemises.
-Je me suis levé pour aller te chercher un verre d'eau et une aspirine et quand je suis revenu, tu t'étais débarrassée de ton bustier et tu t'étais endormie en travers de mon lit. Je me suis juste permis de t'enfiler une de mes chemises et de te mettre dans les draps. Je sais que j'aurais dû dormir sur le canapé mais moi aussi ma raison était un peu altérée. Si je t'ai mis mal à l'aise je t'en demande pardon.
-Non pas du tout, je me sens idiote de m'être comportée comme ça. Je ne suis pas comme ça d'habitude alors..
-C'est oublié. Tu es loin d'être idiote en plus.
-Ça te dérange si j'utilise ta salle de bain ?
-Quel homme sain d'esprit n'aimerait pas qu'une jolie fille soit nue dans sa douche ? Même sans lui ?
Je rougis. Il rit alors que je me levais. Alors que j'étais dans sa douche, j'entendis la porte s'ouvrir. Je passai ma tête entre les portes de la cabine.
-Je te pose des affaires propres, tu seras plus à l'aise je pense. Ça ne t'ira probablement pas, aussi je t'ai mis une paire de bretelles.J'ai essayé de mettre les affaires les plus petites et serrées que j'avais.
-Merci beaucoup. C'est gentil.
Il m'avait même mis un de ses caleçons. C'était adorable. Il était plus grand que Ray. Je retroussai le jean et la chemise aussi. Le pire c'est que ça m'allait bien. J'avais laissé la chemise un peu ouverte pour que ça fasse comme si je portais un décolleté. Lorsque je ressortis de la salle de bain, il était au téléphone. Il raccrocha en m'entendant.
-Clive est réveillé, je pense que tu peux aller chercher le reste de tes affaires.
-Merci. Je reviendrais te porter tes habits avant que tu ne partes.
-Tu n'es pas obligée tu sais, ça te va plutôt bien je trouve.
-Merci pour tout Chuck. Je dirais à Mary que tu t'es bien occupé de moi.
Il me raccompagna jusqu'à la porte.
-Sarah..
Je me retournai alors que j'avais la main sur la poignée. Il me regardait d'un air intense. Je ne savais plus où me mettre. Il m'attira par les hanches, caressa mon visage et il m'embrassa passionnément. Du moins, je ne trouvais pas d'autres adjectifs. Mon cœur se mit à battre rapidement. Il se détacha de moi et murmura à mon oreille.
-Si un jour, tu es consentante, fais-moi signe. Je serai toujours partant avec toi.
Un frisson entier me parcourut. Il me sourit, recula et entra dans la salle de bain, me laissant seule dans l'entrée, troublée. J'en tremblais encore. Je ressentais le goût de ses lèvres sur les miennes. J'ouvris la porte et j'entendis du bruit dans le couloir. Je passai ma tête, je ne voulais pas que son agent me voit sortir de sa suite. Sauf que ce n'était pas son agent. C'était Ray.. j'étais à deux doigts d'aller lui parler mais j'en fus empêchée lorsque je vis sa petite amie sortir de sa chambre, enfin lui courir après dans le couloir. Elle sortait de sa suite. Elle était enroulée dans un drap de manière hyper sensuelle. Il se retourna et il souriait de toutes ses dents. Il la réceptionna et il l'embrassa.
-Je reviens dans une minute ma chérie. J'ai juste une lettre à déposer à l'entrée.
C'est alors qu'elle fit une chose absolument incroyable. Elle laissa tomber le drap au sol et Ray l'observa avant de déglutir.
-Ma lettre peut attendre.
Il rattrapa le drap, souleva sa copine nue dans ses bras et retourna dans sa chambre en gloussant avec elle. J'étais comme figée. Son problème n'en était plus un, apparemment. Je ne savais pas ce que je ressentais. Mais je me sentais.. sotte. J'allai frapper à la porte de Clive. Ce dernier m'ouvrit la porte.
-Salut ! Sophie dort encore. Tu veux que je la réveille ?
-Je voulais juste récupérer mes chaussures et mon sac avec mon portable. Histoire que j'envoie un SMS à mon père pour ne pas qu'il fasse une alerte enlèvement.
Clive se mit à rire et il me laissa entrer. Je récupérai mes affaires et je sortis. Je me sentais vide. Était-ce à cause de Ray ? Est-ce qu'au fond de moi je pensais qu'il se passerait quelque chose entre nous et que mes illusions venaient de se briser ? ou alors était-ce parce que j'avais honte vis à vis de tous ces garçons adorables que j'avais rencontré et qui allaient tous me quitter dès le lendemain ? Demain à cette heure-ci, ils seraient repartis et plus jamais je n'aurais de leur nouvelle. Juste.. des souvenirs de rire et d'une belle soirée. Mais je ressentais que je voulais plus. Je ne voulais pas qu'ils me quittent tous comme ça. Qu'ils m'oublient. J'avais mes chaussures et mon sac à la main. Je pris mon téléphone et je vis un message de Sophie. de Sophie ? J'ouvris mon appli Messages. Elle avait débuté une conversation avec moi, mon père et sa mère. On a décidé de rester à l'hôtel, pas de souci, on vous envoie un message quand on monte dans le taxi demain. Bisouuuu Sophie et Sarah ( qui dort déjà :) ). Elle était géniale, elle pensait à tout. Je relevai la tête. Sophie dormait, Ray s'envoyait en l'air et moi je me sentais idiote et seule. Je savais ce que je voulais. Je frappai à la porte de Chuck. Il m'ouvrit alors qu'il était en serviette.
-Re.. tu as oublié quelque chose ?
-Oui.
Je posai une main sur son torse et l'autre sur son visage avant de l'embrasser. Il recula et ferma la porte avec l'autre main qui ne me tenait pas.
-Je suis consentante, plus que consentante même.. ta proposition tient toujours ?
J'étais folle. Vraiment folle mais la pression sur mes lèvres me retira toute culpabilité. Il me souleva dans ses bras musclés et me posa sur son lit et il m'embrassa dans le cou. Il posa ses mains sur mes hanches sous ma chemise et j'eus peur comme une boule dans mon ventre. Je tremblais un peu. J'en avais envie mais je ne savais pas. Il releva les yeux et me regarda.
-Il y a un souci ?
Comment pouvait-il sentir mon appréhension ? Il avait froncé ses sourcils. Cela lui donnait un air sérieux.
-C'est la première fois, marmonnai-je dans un souffle.
-C'est vrai ?
Il parut surpris et il se redressa. Pourquoi je lui avais dit ça ? Il se leva et prit une télécommande. Les stores se baissèrent et je fis bientôt dans le noir presque complet.
-Chuck ?
Je le vis soudainement à côté de moi. Il avait un briquet à la main. Il alluma les bougies sur les deux tables de chevets et celles sur la commode aussi. Il revint sur le lit et me caressa doucement le visage. De la musique d'ambiance douce se propagea dans la pièce.
-Toutes les filles méritent une première fois romantique avec bougies et musique douce.
Il posa doucement ses lèvres sur les miennes et m'embrassa comme si c'était la première fois, il était hésitant. Il défit les boutons de ma chemise. Et il continua de m'embrasser. Je tremblais toujours un peu mais plus comme avant. Ma peau était ultra sensible, mes poils étaient dressés, électrisés.. Il retira mon pantalon et je me retrouvai en sous-vêtement. Il m'embrassa le cou de nouveau.
-Si tu veux que j'arrête c'est maintenant Sarah.. Après je ne suis pas sûr de pouvoir.
-Continue, murmurais-je. Je suis bien.
Oui, j'étais bien. Il glissa ses mains sur mes hanches et glissa doucement ses mains le long de mes cuisses retirant son caleçon au passage. Je me sentais à la fois curieuse et effrayée. Il posa ses lèvres sur mes cuisses près de mes genoux et il remonta. Ce qu'il fit après, je ne saurais le décrire. Mon cœur battait la chamade et des muscles dont j'ignorais presque l'existence se réveillèrent. Le sang pulsait dans mes veines. Je voulais qu'il arrête et en même temps qu'il ne cesse jamais sa caresse. Et soudain, mon corps exulta de joie en même temps que le cri qui franchit mes lèvres. Ma jambe droite qui était relevée s'affaissa et je me retrouvais presque dans un état second. Je sentais tout de manière exacerbée et je le sentais lui. Il n'avait pas cessé le contact.
-Charles, lâchais-je d'une voix qui me semblait rauque.
Il se redressa et s'allongea sur moi. Je l'embrassai, passant mes mains dans ses cheveux encore humides. Ses lèvres avaient le goût du fruit défendu. Mon cœur battait. Il tendit la main et ouvrit le tiroir juste à côté. J'entendis un déchirement. Je savais ce qu'il faisait mais je m'en moquais, j'étais un peu ailleurs. Il glissa ses mains dans les miennes et me mit presque les bras en croix.
-N'aie pas peur..
-Je n'ai pas peur Charles. Pas avec toi.
Il m'embrassa doucement et je laissais ce garçon presqu'inconnu m'initier aux méandres de l'amour. Je me sentais bien. Vraiment bien. Je n'avais pas eu mal comme je le pensais. Désormais Chuck me serrait dans ses bras. Nous étions en cuiller. Il m'embrassa l'épaule. Je me retournai et le regardai en souriant. Je suivis du bout des doigts son torse musclé.
-Merci.
-Tu n'as pas à le faire Sarah. Vraiment. Ça m'a fait plaisir. J'espère que toi aussi ça t'a fait plaisir. Et comme je te l'ai déjà dit. C'est quand tu veux. Même quand je serai rentré à New-York.
La réalité me revint en face. Chuck allait partir. Mais qu'est-ce que j'avais fait ? J'étais une groupie. Voilà ce que j'étais. J'avais perdu ma virginité avec un musicien qui allait repartir et me laisser. Qu'est-ce que j'avais fait ? Il vit qu'il y avait un problème.
-Ne pense pas ça. Tu n'es pas une groupie Sarah.
-C'est ce que je suis.. une fan avec qui tu as couché et que tu vas oublier aussi vite.
-Je ne suis pas ce genre de gars. Je sais que les tabloïds m'ont prêté des tonnes de relations mais ce n'était pas vrai pour la plupart d'entre elles. Crois-moi.
-Même si je te crois, ça n'empêche pas le fait que tu vas partir.
Chuck se redressa complètement et il me dévisagea.
-J'ai un concert demain soir à New-York. C'est pour ça que je dois repartir, c'est mon travail, c'est ma passion. La musique c'est ce qui me fait vibrer. Sinon je serai resté. Tu vaux la peine qu'on reste pour toi Sarah. Si on habitait dans la même ville, je t'aurais invité à sortir et j'aurais pris soin de toi. Mais là je ne peux pas et je le regrette. Je suis sincère.
-Wow. Gentleman jusqu'au bout à ce que je vois.
-Toujours. On avait l'air de super bien s'entendre toi et moi et je ne veux pas perdre ça. Si j'avais su, je n'aurais pas couché avec toi. Je le sais en plus que le sexe change les relations et..
-Moi aussi je veux qu'on reste des amis, ou du moins qu'on le devienne. Mais avant...
Je me redressai et le poussai dans les oreillers. Je m'assis sur son bas-ventre et il fut obnubilé par mes seins.
-On pourrait peut-être jouer les amants maudits, non ?
Je ne me reconnaissais pas. Je gloussai quand il me renversa sur le dos et quand je me rhabillais, je me sentais tellement plus.. belle et féminine ! J'étais forte. J'avais l'impression d'avoir le monde à mes pieds. Chuck prit des habits et s'habillait tout en chantant. C'était un plaisir de l'entendre. Il chantait Sunshine in Wonderland. Ray. Un fort sentiment de culpabilité m'envahit.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Ray.
Apparemment, vu la tête qu'il tirait. Chuck n'y avait pas plus pensé que moi. J'étais assise dans le salon. J'avais reçu un message de Sophie pour me dire qu'elle se lavait et qu'on y allait. Chuck fronça des sourcils et il regarda dehors une minute.
-Ray t'adore. Il t'adore, tu l'adores, ajouta-t-il. Et si tu ne lui rien, il ne le saura pas. Je ne voudrais pas être celui qui.. détruirait une possible relation entre vous deux. J'aurais dû être plus prudent, c'est de ma faute. Ce n'est pas mon lit que tu aurais dû partager, c'est évident maintenant. Alors, fais comme s'il ne s'était rien passé. Ray est l'un de mes meilleurs amis. Tu le mérites et il te mérite. Je m'effacerai pour lui si c'est ce que tu veux et si un jour.. il largue son idiote d'anorexique et que tu es libre en même temps que lui et que vous avez envie de..
-Je ne sais pas ce que je veux Chuck, mais ne le dis pas aux garçons. Juste parce que.. je n'aime pas qu'on se mêle de ma vie privée. C'est tout. Pas parce que j'ai honte de toi.. de nous.
Il se détendit instantanément. Sauf qu'il avait parfaitement raison. J'avais l'impression qu'en couchant avec Chuck, je venais d'empêcher toute relation avec Ray dans un avenir proche ou lointain. C'était à ça que je pensais alors que je ramenais ses habits à Chuck. La porte de l'ascenseur s'ouvrit et je vis le grand sourire de Ray !
-Sarah !! Je pensais que j'allais partir sans qu'on puisse se voir de nouveau et bavasser un peu en buvant une.. limonade ! Je suis content que tu sois revenue.
-Salut ! Évidemment que j'allais revenir pour t'embrasser avant que tu ne partes et puis.. tu me dois un cours de chant je te signale.Il faut juste que j'aille redonner ça à Chuck. Il m'a passée des vêtements pour que je puisse rentrer chez moi.
-Oui je sais. Je crois qu'il est pas là. Il est entrain de faire du sport dans la salle. Tu peux poser tes affaires dans ma suite, si tu veux. Je lui redonnerai.
-Okay.
Ray posa son bras autour de mes épaules et me mena dans sa suite. Il avait une partie de guitar Hero enclenché, il était seul. Sa copine n'était pas là ?
-Je voulais te dire un truc Sarah. Je voulais te présenter des excuses d'abord. Parce que j'aurais dû te dire pour Maeva. Je n'ai pas été correct avec toi sachant qu'on a eu un super feeling dès qu'on s'est vu. Je me suis comporté comme un con et j'espère que ça ne changera pas notre relation. J'aimerai vraiment qu'on reste en contact une fois que je serai à l'autre bout du pays. Toi et moi, on est fait pour s'entendre et j'aimerai bien pouvoir dire à tes enfants comment on s'est rencontré.
Cela me rappelait la conversation qu'on avait eu la semaine précédente au téléphone. Cela me fit sourire et lui aussi.
-Et aussi je voulais te dire que Chuck est un gars bien. Bizarre parfois mais c'est l'un de mes meilleurs amis. Si j'avais été libre, l'issue aurait peut-être été différente mais.. j'ai vu comment il te regardait quand tu es partie de l'hôtel tout à l'heure. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais tu ne le laisses pas indifférent. Je ne sais pas si je devrais te le dire, mais c'est la vérité. Alors.. s'il ne te laisse pas indifférente non plus.. Je voulais que tu saches que je veux que tu sois heureuse et si être heureuse, ça veut dire avec Chuck, j'approuve totalement et définitivement. Faut pas que tu hésites à sauter le pas avec un de mes amis parce que c'est justement un de mes amis, okay ?
-Tu vas vraiment beaucoup me manquer Ray McClunsky.
-Si tu viens à New-York, tu m'appelles, tu n'auras qu'à venir dormir à la maison. Et puis.. j'ai eu mon grand-père au téléphone l'autre jour, je lui ai parlé de toi.
-Tu as parlé de moi avec.. Howard Shore ?
-Oui. Et il m'a dit que la prochaine fois qu'il fera un concert à New York, il m'enverra des places. C'est en juillet alors tu as intérêt à être là.
Je mis à sauter sur place et j'enroulai mes bras autour de lui.
-Merci merci merci.
-Tu remercieras mon grand-père quand tu le verras. Tu es pressée ?
-Non pas vraiment. Pourquoi ?
-Je te dois un cours de chant, tu te souviens ?
Clive arriva alors que Ray était entrain de chanter avec une voix de ténor. Son meilleur ami éclata de rire. Je vis Chuck derrière lui, il tourna les yeux et croisa mon regard. Je lui souris et je me levai reprenant mon sac avant de le suivre dans le couloir. Clive et Ray hurlaient de rire en chantant plus aigü à chaque strophe.
-Tiens, ce sont tes habits. La seule chose que j'ai gardé c'est ton caleçon parce que bon, j'ai pas eu le temps de faire une machine.
-Tu peux le garder, tu me le rendras quand je reviendrai ou quand tu viendra à New-York.
-Ray m'a invitée au concert de son grand-père, je serai dans ta ville en juillet.
-J'ai hâte. Je te ferai visiter. Je connais plein d'endroits cool.
-En fait.. Ray m'a donnée sa permission pour que je tente le coup avec toi. Tu as quelque chose à voir là-dedans ?
Il avait l'air surpris et il se mit à rire comme un tordu et moi aussi. Je crois que c'était ça le pire. Il récupéra ses affaires et riait toujours alors que je retournais auprès de Clive et de Ray et lui dans sa chambre.
Quand je rentrai pour la seconde fois chez moi ce soir là, je me sentais bien. Différente, féminine et euphorique. Adulte en un mot. Mais ce sentiment s'arrêta quand je vis mon père sortir de la cuisine avec une pâte à cookies dans la main. Il m'ouvrit ses bras et il me dit simplement ces mots que j'adorais, les yeux pétillants et un grand sourire qui me fit retomber en enfance.
-Bienvenue à la maison choupi ! Tu viens m'aider à faire des cookies pour le dessert ?
Je me précipitai dans les bras de mon père, posant mon sac au sol et relevant mes manches. Je me souviendrais longtemps de cette journée et clairement, rien de mieux qu'un bon cookie pour finir en beauté une journée magnifique.
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