En approche

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Vous avez déjà ressenti ça ? Une sensation morte ? Une impression que tout est clair mais que tout est faux ? C’est comme si... Comment expliquer ça ?

Imaginez, une vie entière passée à nourrir une intuition, une intuition persistante. Tout cela n’est qu’une salle d’attente. Il est là, il approche… le moment sublime approche. Il révélera l’envers de ma vérité. Il me montrera. Je le sens depuis trente ans hésiter doucement, léger… comme cherchant un passage, un accroc sur un voile de roses. J’entends chaque évènement, chaque coup du sort, chaque coup de chance me promettre qu’il n’est pas l’arme du hasard. C’est long. Il a fallu avancer et construire une vie en attendant. Le monde n’est pas fait pour ceux qui attendent. Ils sont vidés, écrabouillés et éparpillés en millions de particules inutiles. Alors j’ai construit…

Un matin, construire est devenu étrange, presque inapproprié, infertile. Ce sentiment de parfaite solitude et de foutue croyance est devenu impatient. Le navire s’est mis à prendre l’eau. Je vois les briques se desceller et tomber une à une. Je sais qu’il est là, dernière le rideau. Faut-il passer par le front pour voir enfin ? Difficile de définir un air brûlant qui entre dans mes poumons. Difficile de laisser le tableau fondre en gardant l’espoir fou qu’il arrive, que c’est le signal. Et si j’étais simplement folle, en train de tomber ma vie comme on tombe en lambeaux ?

C’est comme un souffle, une étreinte invisible, une main gigantesque qui me prend la taille et la serre pour me faire cracher l’opercule de résistance qui contraint ma voix. Cette fois, l’étau se resserre, l’air commence à manquer. Je ne suis plus sûre de savoir pourquoi je fais les choses que je fais. Je suis guidée et terrifiée à la vue du carnage que je provoque. Je casse, je détruis, je blesse, je tente, j’ose. Je cumule gestes odieux, risques inconsidérés et volte-face. Et quand je pense enfin avoir poussé les limites au-delà de l’acceptable, du pardonnable… et bien je pousse encore !

Il approche, je le sens. Cette fois je l’attends. D’une minute à l’autre il va se montrer. Il va se révéler devant mes yeux abîmés de fatigue et usés d’avoir fixé sans cligner par peur de le voir en cette fraction de seconde m’échapper.

Il doit se hâter, j’ai froid. Je tremble, j’ai peur. Il est mon commencement, il n’est peut-être que ma fin. Je ne sais pas. je l’attends.

Mais avant qu’il n'accoste nous avons encore un peu de temps, revenons sur la mise à mort...

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