Lui.
Jamais elle n'aurait cru en être capable, et pourtant elle l'avait fait...
Elle regardait son corps sans vie devant elle, les yeux encore grand ouverts qui regardaient dans sa direction, la bouche figée dans un horrible rictus.
Cela faisait des années qu'elle attendait ce moment, mais elle ne pensait pas que cela allait arriver de cette façon là. Non, vraiment pas.
Elle était venue chez lui, la boule au ventre, son petit sac contenant quelques vêtements de rechange et deux nouveaux livres qu'elle avait achetés la veille, comme chaque week-end depuis quelques années déjà.
Lorsque sa mère l'avait déposée devant sa maison, elle n'avait pas osé sortir de la voiture. Sa mère avait posé sa main sur sa cuisse pour lui donner plus de courage, mais cela ne lui avait rien fait du tout. Elle avait levé les yeux vers elle, qui lui avait envoyé un sourire qui se voulait rassurant mais qui ne l'était pas du tout.
Elle avait soufflé un coup, puis avait posé sa main sur la portière, mais juste avant de sortir, elle s'était jetée dans les bras réconfortants de sa mère.
Il l'attendait devant la porte, avec ce regard malsain... comme à chaque fois. Elle avait eu un frisson de dégoût en passant à côté de lui. Elle avait voulu l'éviter et aller s'enfermer dans sa chambre ... comme à chaque fois. Mais cette fois-ci il n'avait pas été d'accord.
Pourquoi ?
Pourquoi l'avait-il retenue par le bras, lui enfonçant ses ongles dans son bras ?
Elle avait émis un petit cri de surprise, ne s’attendant pas à cette brusquerie.
C'est vrai qu'il n'avait jamais vraiment été violent physiquement... C'était juste un fou, un taré. Et ça, depuis toujours. Enfin, depuis sa naissance à elle.
Il n'était pas violent, il était bien pire que ça. Il voulait la priver de toutes ses libertés.
Elle s'était retournée, et l'avait regardé droit dans les yeux.
Elle n'aurait pas dû.
Ses yeux avaient un regard de fou. Ils exprimaient en même temps une telle haine qu'elle avait eu envie de reculer, mais il la tenait toujours avec une telle force qu'elle avait eu l'impression que son sang ne circulait plus.
Il l'avait traînée jusque dans le salon, malgré ses hurlements. Il l'avait attrapée par les cheveux en lui hurlant des choses incompréhensibles, et des larmes s'étaient formées au coin de ses yeux, mais elle s'était toujours promis de ne jamais pleurer devant lui. Elle avait ravalé ses larmes, mais quand il l'avait jetée par terre en la ruant de coups, elle n'avait pas su se retenir.
Elle n'avait pas compris son comportement, elle ne l'avait jamais vu comme ça. Mais quand il hurla que d'une manière ou d'une autre elle le suivrait, elle compris.
Sa belle-mère n'avait pas su se taire et lui avait tout avoué.
Elle était foutue.
Il continuait à lui hurler dessus, mais elle ne l'entendait plus, elle pensait juste que c'en était terminé pour elle. Elle s'était répétée cette phrase dans sa tête jusqu'à ce qu'elle voie son unique chance d'être sauvée.
Alors que son père s'était retourné pour partir, rassemblant le peu de force qui lui restait, elle s'était emparée de l'outil de jardinage qui traînait sur la table du salon et s'était ruée sur son père
Elle était toujours assise à ses côtés, au milieu de la cuisine, quand les flics débarquèrent suivit de sa mère.
Sa mère l'a prise dans ses bras, lui murmurant des paroles réconfortantes, mais elle l'écoutait d'une oreille distraite, regardant plutôt les ambulanciers s'occuper de son père.
Elle n'éprouvait aucun remord.
Annotations
Versions