Prologue !

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Bonjour a vous lecteur, si vous arrivez ici par hasard, sachez que cette œuvre fait partie d'une saga et que vous êtes sur le volume trois. Donc, si vous ne souhaitez pas être spoiler, je vous conseille de faire demi-tour et de commencer par le commencement. Un lecteur avertie en vaut deux ;) !

Deux ans plus tard…

Je sors de la clinique encore un peu groggy de l’anesthésie, après avoir subi ma troisième FIV. Maintenant, il va me falloir attendre les quinze jours réglementaires, avant de savoir si cela va fonctionner. Cela fait maintenant environ un an et demi que nous essayons désespérément d’avoir un enfant, mais je ne suis pas encore prête à renoncer, pas après tout ce que nous avons traversé. J’ai mis pas loin de six mois, à enfin me décider à me lancer, après avoir fait de nombreuses recherches sur le net et avoir vu quantité de médecin spécialisés. Je voulais être sûre d’avoir une chance, je ne voulais pas une nouvelle fois voir mes espoirs partir en fumée, même si rien ne peut me garantir à cent pour cent que cela fonctionne. Mais je sais que j’ai tout pour réussir ! Je suis jeune, en bonne santé et les spermatozoïdes de mon mari sont vivaces.

Nico m’aide en portant mon sac. Cette fois, je n’ai rien dit à Mickaël, par deux fois je l’ai vu tomber dans la tristesse parce que cela n’avait pas fonctionné. Il se sent coupable de m’obliger à affronter ça par sa faute, j’ai beau le rassurer en lui disant que cela ne fait pas si mal que ça, mais je sais qu’il ne me croit pas. A chaque fois, il se jette à corps perdu dans le travail pendant plusieurs semaines, le regard plein de tristesse, je ne veux plus lui imposer ça. Alors c’est mon ami de toujours qui m’a accompagné aujourd’hui, il ne cesse de me répéter que cette fois c’est la bonne, j’espère qu’il a raison.

Mickaël est parti en déplacement ce matin et il ne rentrera que demain soir, cela va me laisser un peu de temps pour pouvoir me reposer. Raûl nous attend devant l’entrée de la clinique, il est toujours mon complice, avec les années, il a bien compris que cela ne sert à rien de discuter, quand j’ai une idée en tête, je ne l’ai pas ailleurs. Ce soir, je passe la nuit avec Nico dans mon ancien appartement où il vit toujours, comme à chaque fois que Mickaël n’est pas là et je suis ravie de passer une soirée entière avec lui. Mon mari fait beaucoup moins de déplacement maintenant, il a appris à déléguer et ses affaires se portent plutôt bien.

- Alors chérie, qu’est-ce qu’il te ferait plaisir ce soir ?

Il est en train de m’ouvrir la portière de la voiture et je me glisse à l’intérieur en lui laissant une place à côté de moi.

- Voyons voir, un bain chaud, un massage des pieds, un bon dîner et… Une bonne nuit de sommeil !

Il me regarde en fronçant les sourcils avec un air dégoûté.

- Dans tes rêves chéris mais… C’était bien tenté !

J’éclate de rire, je viens de lui énumérer tout ce qu’il déteste faire. Nous n’avons jamais été aussi proche, je crois que de ne plus vivre ensemble nous aura fait du bien. Nous ne sommes plus le centre d’intérêt principal de l’autre, j’ai réussi à faire ma vie et lui tente de faire la sienne. Il se penche et tapote doucement sur mon ventre.

- Ta mère est complètement cinglée, mais ne t’inquiète pas tonton Nico est là !

Je secoue la tête, il fait ça à chaque fois, il dit qu’il faut lui parler, que cela aide l’embryon à se nicher. Moi, je crois que c’est lui qui est complètement fou, mais bon ça lui tient à cœur alors je le laisse faire. Après tout, tout est bon à prendre ! Je me laisse aller contre la vitre en fermant les yeux et je croise les doigts pour que cette fois-ci, il ait raison !

Raûl se gare devant mon ancien appartement et je suis prise d’une violente douleur au ventre comme je n’avais jamais ressentie. Je pose ma main à l’endroit où se trouve le pansement et me penche en avant jusqu’à ce que cela passe. J’inspire, j’expire, j’inspire, j’expire, je me sers toujours de cette méthode pour me calmer, même si j’y fait appel que très rarement maintenant, à l’occasion cela s’avère utile ! Je croise le regard de Nico, je sais qu’il s’inquiète.

- Je vais bien, ça arrive parfois au début !

Il hoche la tête, passe son bras autour de ma taille pour m’aider à marcher, Raûl nous suit avec mes affaires.

Je suis confortablement installée sur le canapé. La décoration a entièrement été refaite quand il a acheté l’appartement, les murs de la cuisine sont maintenant vert pomme et ceux du salon et de la salle à manger dans des couleurs taupe, tout à fait le genre de mon meilleur ami. Les pieds sur la table basse, je suis en train de grignoter des chips, Nico n’est toujours pas devenu un cordon bleu, comme quoi il y a des choses qui ne changent jamais !

Ces deux dernières années notre notoriété a explosé, nous sommes devenues numéro un dans le secteur et tout cela, c’est à lui que je le dois. S’il ne m’avait pas poussé à me dépasser lors de l'événement des vingt ans du cabinet d’avocat « Miller&Brant » nous n’en serions certainement pas là, comme toujours, il a su faire le bon choix au bon moment ! Il est loin le temps où nous n’étions que nous deux dans notre bulle, maintenant j’ai deux personnes à temps complet qui travaillent avec moi et lui a fini par prendre une assistante à force de menaces. Il travaillait beaucoup trop, du lundi au dimanche, je commençais sérieusement à m’inquiéter pour sa santé, c’est l’une des disputes les plus violentes que l’on ait connus.

- Nico ça peut plus durer, tu es complètement crevé, t’as vu ta tête ?

Je suis appuyée dans l’embrasure de la porte de son bureau les bras croisés sur ma poitrine, il relève la tête vers moi en sursautant, je crois qu’il était en train de s’endormir devant son ordinateur.

- C’est bon chérie, on en adéjà parlé, il est hors de question que je prenne quelqu’un !

Il m’énerve, il me met vraiment hors de moi, je n’en peux plus de son comportement irrationnel. Il est devenu parfaitement exécrable, plus personne ne peut lui parler sans qu’il ne se mette en colère, il ne supporte plus rien ni personne, moi y compris et cela je ne peux pas le permettre ! Ses yeux sont cernés, il a le teint blafard, ça ne peut plus durer. Je m’avance vers lui et me poste juste devant en le pointant du doigt.

- Oh que si tu vas prendre quelqu’un et si ce n’est pas toi qui t’en charge, c’est moi qui le ferai !

Il se lève pour me faire face, le regard plein de colère, mais s’il croit m’impressionner, il se fourre le doigt dans l’œil. Je ne vais pas le laisser se détruire à petit feu sans rien faire, je deviendrai quoi moi s’il m’abandonne ?

- J’AI DIT NON ! C’est encore moi qui commande MERDE ! Arrête de me faire chier, sinon tu peux te trouver un autre endroit où bosser… De toute façon, ce n’est pas comme si tu avais besoin d’un salaire !

Il vient de taper du poing sur son bureau me faisant sursauter. Nico crie tellement fort, que j’ai l’impression que mes cheveux se sont envolés derrière moi, alors que je viens de recevoir un coup de poignard en plein cœur. Jamais il ne m’avait parlé comme ça, avec une telle méchanceté, je sais que c’est la fatigue, mais cela n’en a pas moins douloureux. Je sens que mes yeux s’emplissent de larmes, mais je refuse de rentrer dans son jeu, je ne dis rien, tourne les talons et récupère mon sac à main.

Quand je m’apprête à partir je croise son regard, alors je joue ma dernière carte, en espérant que cela fonctionne parce que sinon, je vais perdre mon meilleur ami pour toujours.

- D’accord je pars, débrouille-toi tout seul, je refuse de te regarder te détruire sans rien faire !

Je sors de la boutique, tête baissée en me laissant aller à mon chagrin, les jeux sont faits, lui seul détient les cartes maintenant !

Je secoue la tête pour chasser ce souvenir qui est toujours aussi douloureux et je souris en me disant que c’était un mal pour un bien ! Nico revient de la cuisine les bras chargés de nourriture et j’éclate de rire en voyant le contenu. De la sauce chocolat, des fruits et des gâteaux.

- Une fondue au chocolat, c’est en quel honneur ?

J’adore ça et il le sait, mais en général, c’est le genre de chose qu’on mange quand on a quelque chose à fêter ou que l’un de nous deux frôle la dépression.

- Et bien, je me suis dit que c’était le moment où jamais, après tu vas devoir faire attention à ta ligne, tu vas devenir ENORMEEEEEEEEE !

Je secoue la tête, qu’il me voie déjà enceinte c’est une chose, mais énorme non merci, enfin j’espère ne pas être comme ma sœur ou… Comme ma mère, merde je vais être énorme en fait ! Je m’apprête à lui répondre quand de grands coups sont frappés à la porte.

- Tu attends quelqu’un ?

Il dépose ce qu’il a dans les bras sur la table basse, je fronce les sourcils en le regardant, j’espère qu’il n’a pas prévu une petite fête, j’suis crevé et j’ai mal au ventre, je ne me sens pas d’attaque pour ça. Il lève les mains en l’air.

- Non, je t’assure que je n’attends personne !

Il se dirige vers la porte et l’ouvre, il se fige, mais je ne peux pas voir qui se tient devant lui. Au bout de quelques secondes, il s’écarte pour laisser entrer Mickaël. Je souris en l’apercevant, mais rapidement, je m’aperçois que quelque chose ne va pas. Il ne porte plus sa cravate, il a les traits tirés, des cernes et ses yeux sont injectés de sang. Je n’en suis pas totalement sûr, mais j’ai l’impression qu’il a pleuré.

Instinctivement, je me lève et me dirige vers lui, j’ai besoin de rentrer en contact physique avec lui, besoin de savoir ce qui peut le rendre si malheureux. Je crois ne l’avoir jamais vu comme cela. Quand je m’approche, il m’ouvre automatiquement les bras et quand ils les referment sur moi, il commence à me bercer. Mais c’est lui qui a besoin d’être réconforté, pas moi. Au bout d’un long moment, il finit par me relâcher.

- Il va falloir vous asseoir tous les deux !

Il parle d’une voix inanimée et je ne saurai dire pourquoi, mais j’ai tous les signaux d’alerte dans ma tête qui sont au rouge. J’ai froid, très froid, mon corps est pris de tremblement, il s’est passé quelque chose j’en suis sûr. Il nous fait asseoir tous les deux sur le canapé et il s’installe sur la table basse en face de nous. Mickaël ferme les yeux quelques instants et quand ils les ré-ouvrent ils sont plein de larmes.

- Il y a eu un accident ce matin.

Je fronce les sourcils et attrape la main de Nico en me demandant qui a eu un accident. Mickaël plonge son regard dans le mien et j’y vois de la tristesse, du désespoir et beaucoup de compassion.

- Qui ? Qui a eu un accident ? Dis-je.

Maintenant, j’ai vraiment besoin de savoir ce qu’il se passe, j’ai tout un tas de choses qui se bousculent dans ma tête et j’ai besoin de savoir pour faire le tri. Il ne dit toujours rien et je sens ma colère monter, je n’en peux plus de cette attente insoutenable.

- Mais parle, bon sang !

Ses yeux remontent sur mon visage, puis sur celui de Nico.

- Susanne et Thomas ont eu un accident de voiture.

Mon sang ne fait qu’un tour, mais pourquoi ne pas l’avoir dit avant, il faut faire vite et aller à l’hôpital. J’ai besoin de voir ma sœur pour m’assurer qu’elle va bien, parce qu’elle va bien, il ne peut pas en être autrement ! Je me lève, enfile mon manteau et prends mon sac à main sous le regard incrédule des deux hommes de ma vie, il me regarde fixement mais ils ne bougent pas. J’ignore la douleur qui se fait sentir dans mon ventre.

- Tu comptes aller où comme ça ?

Je regarde Mickaël en fronçant les sourcils, ça me paraît évident, pourquoi me pose-t-il cette question ? Je hausse les sourcils.

- A l’hôpital bien-sûr, dépêchez-vous !

Mon mari se lève et s’approche de moi, pose ses mains sur mes épaules et me jauge du regard, puis il me prend dans ses bras et me serre fort avant de me murmurer à l’oreille.

- Ils sont mort mon ange, ils sont morts tous les deux !

J’ai l’impression que l’espace d’un instant mon cœur vient de cesser de battre, je suis parfaitement incapable de faire un seul geste. Cela n’est pas possible, il doit se tromper, ma sœur va bien sinon je le sentirai dans ma chair et là c’est le vide absolu. Je ne sens rien, je ne ressens rien non plus, il n’y a que le vide, le vide et le froid. Je sais que je suis dans ses bras, là où je me sens chez moi, mais là, je me sens comme une étrangère. J’ai l’impression d’assister à la projection du film de ma vie, sans faire partie du casting. Tout est flou, je rêve, je suis sûr que je rêve et je vais me réveiller, il faut que je me réveille, pour faire cesser la douleur qui commence à transpercer mon cœur. Je cligne plusieurs fois des yeux, mais c’est toujours pareil, je n’arrive pas à me réveiller, alors je fais la seule chose qui me permettra de me sortir de ce cauchemar.

Je crie

Je crie

Je crie

Il faut que je me réveille !

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