Où Mona rencontre un cambrioleur pas comme les autres

2 minutes de lecture

Un homme lui était tombé dessus.

Pour être tout à fait exacte, un individu non identifié de sexe mâle l’écrasait à cet instant de toute sa masse corporelle. Et, puisqu’il s’agissait d’être pointilleux, l’humain en question venait de sortir d’un mur. En le traversant.

Mona n’était pas chanceuse. Mona était même maudite. Si un malheur errait dans les environs, il s’abattait invariablement sur elle.

Elle avait fini par décréter que si quelqu’un avait effectivement élu domicile dans les cieux, celui-ci devait l’exécrer cordialement. Et qu’il excellait dans l’art de lui pourrir la vie.

Par conséquence, Mona avait acquis quelques reflexes de survie pour personne porteuse du mauvais œil. Par exemple, elle se gardait bien de prévoir quoique ce soit à l’avance, au risque que ses projets ne finissent en catastrophes interplanétaires - ou presque. Elle ne se souvenait que trop bien de ses fêtes d’anniversaire se métamorphosant soudainement en incendies désastreux.

Elle se débrouillait donc pour être parfaitement imprévisible. Cette dernière caractéristique était d’ailleurs à l’origine de sa présence dans cette ruelle sombre et malodorante. Cette méthode de fuite plus ou moins aboutie s’était parfois montrée efficace et elle était parvenue de temps en temps à faire un pied de nez au destin. Mais aujourd’hui semblait bien partie pour être un mauvais jour.

Aussi, Mona ne se formalisa pas lorsque l’étrange énergumène la projeta violement sur le sol en lui tombant littéralement dessus. Celui-ci se releva d’ailleurs prestement en grommelant des tas de choses fort peu catholiques rehaussées par un accent étrange.

- Vous ne pouvez pas faire attention ?

Si la situation ne lui avait pas paru aussi rocambolesque, Mona se serai certainement excusée. Les catastrophes s’accumulaient avec tant de récurrences autour d’elle, que la jeune fille avait prît pour habitude de s’en adresser le reproche.

Mais la situation était tout sauf banale.

Premièrement, l’homme portait une cagoule. Une cagoule noire. Et il portait un grand sac. Noir lui aussi. En y regardant de plus près, il était habillé de noir de la tête aux pieds. Et c’était bien la première fois qu’un homme cagoulé la percutait. Pourtant, elle avait déjà heurté des chiens, des chats, des poteaux, des pots de fleurs, deux ou trois voitures, une camionnette, la moitié de la population de sa ville et même un éléphant.

Deuxièmement, l’homme avait traversé un mur. Pour de vrai. Un mur réel. En pierres. Et il ne l’avait pas fait exploser ou même fissuré. Non, il était passé au travers tout simplement. Et elle était absolument certaine de ne jamais avoir rencontré d’homme capable de réaliser une telle prouesse.

Troisièmement, l’individu s’enfuyait maintenant à toutes jambes. Incrédule, la jeune fille fit plus ou moins consciemment le rapprochement entre les sirènes de police de plus en plus proches et le grand sac noir de l’inconnu.

Mais finalement, ce n’est rien de tout cela qui laissa notre héroïne mortifiée, plantée au milieu de ce bourbier. Car à l'instant ou l'individu disparaissait à l'angle de a rue, elle avisa l’unique partie anatomique du malotru laissée nue : sa nuque.

Et celle-ci arborait des yeux.

Deux yeux jaunes, aux pupilles mobiles. De vrais yeux, qui la fixaient furieusement.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Camille R. ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0