Je suis allée des centaines de fois dans ce village perdu dans le nord du Portugal. Et sans mentir, si ma grand-mère n'y est pas, je ne vois plus l'intérêt d'y aller. Je suis bien mieux chez moi, entourée de ma famille. Je suis plus à l'aise à Paris, là où j'ai grandi. Mon imagination se sent en sécurité et me permet plus facilement d'échapper au syndrome de la page blanche.
Et pourtant, dès que la nuit tombe doucement un soir où la température est élevée, j'y retourne. Le Portugal est à ma porte dès que le vent doux vient calmer la chaleur, dès que le soleil vient timidement passer au travers des volets fermés jusqu'à disparaître. L'air sucré, le calme libérateur annonçant que l'on peut enfin respirer sans avoir l'impression d'étouffer.
À chaque fois je vois cette maison où j'ai passé de nombreuses vacances, je sens l'odeur des vieux meubles, mes doigts touchent presque les draps asez fins pour ne pas avoir chaud en s'y glissant dessous. Les carreaux bleus aux murs m'apparaissent si je ferme les yeux rien qu'une seconde. À ce moment là, je redeviens une enfant dans ces pièces qui me semblaient gigantesques.
Pour moi, la nuit d'été il y en a qu'une et c'est celle-là.