Chapitre 1
Le prêtre était tombé en premier. La tête arrachée d’un simple coup d’un tentacule hérissé de pointes dures comme le granit. Puis ce fut le tour de trois des quatre chevaliers. Il ne restait plus que Raymond le clerc, et lui… Il se mit devant l’adolescent, pour le protéger. La terreur rendait ses mains glissantes de sueur à l’intérieur des gants couverts de mailles. La situation ne pouvait pas être pire. Le comte de Bigorre avait envoyé la fine fleur de sa jeune chevalerie enquêter dans les contreforts des Pyrénées suite à une série de disparitions étranges. Le prêtre François, un savant de grande réputation ne s’attendait pas à trouver une telle créature aux pieds de la ténébreuse chaîne de montagnes. Son manque d’imagination lui avait coûté la vie.
Ils avaient débusqué la bête au fond d’un ravin où elle se repaissait des restes d’un être humain. Ils n’avaient même pas eu le temps de l’attaquer qu’elle frappait déjà.
— Raymond ! Ecoute-moi Raymond ! Tu vas fuir ! Tu vas courir sans t’arrêter jusqu’au château de Lourdes. Tu m’entends Raymond ?
Il jeta un œil en arrière. Le clerc n’avait pas demandé son reste et courait déjà de toutes ses forces vers la forêt la plus proche.
Il y aurait au moins un survivant qui pourrait témoigner de l’incroyable.
Le monstre tangua vers le dernier combattant, balançant son corps tantôt transparent, tantôt solide. Il s’immobilisa, observant longuement sa proie.
— Allez, viens démon, viens donc goûter de ma lame… gronda le chevalier entre ses dents.
Il hoqueta de surprise. Ses yeux se baissèrent lentement vers la douleur qui irradiait de son ventre. Un fin tentacule venait de le transpercer de part en part. Il tomba en arrière, contre un rocher. Le monstre fut au-dessus de lui. On avait l’impression d’un chien qui reniflait son prochain repas. Une sorte de venin paralysait entièrement les membres de l’humain, sans pour autant atténuer la douleur.
Avec délicatesse la chose trancha les vêtements, afin de contempler la peau nue. Elle la caressa d’une multitude de fils soyeux.
D’un geste vif, le démon incisa la peau sur toute la longueur, du visage au pubis.
Le chevalier hurla.
Avec précision et d’infimes précautions, la bête entreprit de dépecer vivant son nouveau jouet.
Le long cri d’agonie de l’humain se répercuta sur les parois du ravin.
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