Chapitre 8
Le comte de Toulouse les avait reçus en grand secret, à l’extérieur de la ville dans le petit manoir discret qu’il avait offert à Loup, Imane et Guilhem, leur nouveau compagnon d’enquête. Ils avaient expliqué au seigneur que la menace n’existait plus sous sa forme originelle. La bête qui s’était échappée resterait sous cette apparence, sans pouvoir grandir ou faire usage de son ancien pouvoir. Elle errerait dans les forêts, loin des hommes. Il fallait cependant rester méfiant car un jour pouvait arriver, où, pour le malheur des humains, la bête retrouverait de la force et oublierait sa peur de la justice : elle reviendrait se repaitre de la chair des hommes et des femmes, espérant se nourrir de leur foi et tenter de la pervertir pour reprendre son pouvoir d’antan.
Loup, Imane et Guilhem restèrent silencieux alors que le comte s’éloignait avec sa garde sous le magnifique et chaud soleil toulousain. La neige avait cessé de tomber quelques heures après leur retour.
— Bien… Je vais dans la bibliothèque, j’ai de nouveaux livres à lire. Le comte m’a offert quelques manuscrits bien étranges… fit Imane en saluant les deux guerriers.
— Pour ma part, je dois écrire au duc de Normandie afin qu’il m’autorise à rester ici pour quelques temps. Je pense qu’il me doit bien cela, fit Guilhem en rentrant à son tour.
Loup resta seul, contemplant la nature enneigée. Il frissonna d’une exquise douleur quand il passa ses doigts sur les cicatrices laissées dans son cuir chevelu par les griffes de la Bête. Il avait vu la mort, toute proche. Elle avait l’apparence, monstrueuse, d’un éléphant se tenant debout, un visage humanoïde mêlé à celui d’un poulpe, déformé par un rire moqueur.
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