Je me promenais, comme à mon habitude, dans un quartier de mon village. L’esprit dégagé, et la mine réjouie, sans autre volonté que de pouvoir déambuler sereinement.

Et c’est en sortant d’un ensemble d’immeubles, alors que je m’aventurais dans le sous-bois qui occupe si élégamment le centre de ma cité, qu’il m’est arrivé cette broutille.

Un piaf a scié mon épaule.

J’avais à peine avancé de quelques mètres sur le sentier, parmi les frênes et les bouleaux, que j’entendis, et vis l’instrument de sa vilénie.

Je dis l’instrument, car le coupable, lui, je ne le vis point. Il ne me demanda nullement mon avis, et avait détalé bien avant que je ne puisse l’identifier.

Mais après le passage de son outil bien affûté, et je me retrouvai immédiatement le bras tombant. Il serait plus juste de dire, grammaticalement parlant, les bras tombants, ça je n’en disconviens pas.

Mais si je veux rester poli et cohérent, je me dois de garder le singulier, car seule une de mes épaules fut ostensiblement sciée.

Affublé de cette triste sanction, et n’en croyant pas mes yeux, je découvrais avec consternation, que d’un beau veston neuf, il ne restait plus qu’un moignon.

Les passants, ahuris, découvraient le travail du passereau, et sans un commentaire, passèrent eux aussi leur chemin, sans qu’aucun de leurs propos risibles ne parvînt jusqu’à mon pavillon.

Et moi, dans l’état que vous imaginez, accusant de complot tous les volatiles du canton, je ne trouvais plus de raison de poursuivre ma bucolique promenade, et rentrai, tout penaud ; portant en bandoulière, mon épaule sous mon bras.