La clairière
Eve et Adam se satisfaisaient donc d'appartenir à une tribu si bien dirigée. Parfois Eve croisait sa soeur, appartenant à une autre tribu, et elle remarquait souvent la maigreur de visage et de corps de sa parente. La jeune femme comprenait que c'était là le signe de la faim. Elle avait rarement connu cette sensation pénible, mais n'en gardait pas un bon souvenir. La faim représentait alors le problème majeur à éviter, et tant que le chef se maintiendrait à la tête de la tribu, Eve se sentait à l'abri de cette infortune. Il y avait bien un rival, qui lorgnait du côté de la direction de la tribu, mais jusqu'ici ses tentatives de fomenter une révolte s'étaient brisées sur le manque de suivi des membres du groupe. Chacun se sentait bien avec le chef en place, et on ne désirait pas en changer, de crainte de bouleverser le bon équilibre du groupe.
Un jour, pendant qu'Eve et Adam se promenaient dans la forêt, ils aperçurent une clairière joliment baignée par le soleil. Il se trouvait là de beaux arbres parsemés, lourdement chargés de fruits. La jeune femme admira plus particulièrement un arbre pas très haut, se développant au ras du sol plutôt qu'en hauteur. Il portait des gros fruits rouges qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Mais son attention fut détournée par le cri faible d'une créature, qui suscita en elle une grande pitié. Eve suivit le chemin du cri, pour finir par apercevoir un animal minuscule, qui cessa de pleurer en la voyant.
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