Rapidement, l'existence reprit son train-train, entre les séances de cueillette surtout, et la chasse parfois aussi, quand elle y participait. Eve apprit à s'habituer au miaulement de son chaton, qu'elle trouvait particulièrement charmant. Bientôt lui vint l'idée d'utiliser elle-même ce cri pour rendre plus agréables les moments qu'elle passait avec Adam. Il lui apparut très séduisant de faire le chaton devant son homme. Et effectivement, quand elle mis à exécution son idée, Adam ne s'offusqua pas, il sourit même de l'air que le miaulement donnait à sa moitié. A son tour, le jeune homme s'habitua à ce cri si mignon, qui pimentait si joliment les moments passés en compagnie d'Eve. Quand il pensait à elle, le jeune homme lui associait toujours le « miaou », et cette correspondance se grava dans sa mémoire.

Il arriva que la tribu se retrouve en manque de gibier, à la fin d'une saison froide. Quand la famine menaçait, le chef réquisitionnait toutes les forces vives de la tribu pour participer à la chasse. Ainsi Eve dut s'astreindre à courir après les sangliers dans la forêt. Comme à cette époque de l'année, il ne restait presque plus de proies, on dut recourir à un quadrillage systématique du terrain pour les débusquer. D'où l'intérêt de disposer d'un maximum de personnes pour passer au peigne fin toute la forêt. Tous les membres adultes de la tribu se disposèrent en une ligne très étendue. Chaque élément étant séparé de son voisin d'une centaine de mètres, ainsi on ne pouvait en principe manquer aucun gibier. La tribu en entier marchait sur un front d'environ 5 kilomètres, Eve se trouvait non loin d'Adam, au sein de la ligne.