Chapitre 5

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Les enfants tremblaient de froid et de peur.

- C’est interdit aux humains, bredouilla Quentin.

- Bienvenue ! Une voix solennelle se fit entendre.

Les enfants se trouvaient en face d’un grand portail lourd, couvert d’or et de diamants, qu’ils contemplaient avec stupeur. La peur d’un péril imminent avait disparu. Une odeur de beignet flottait dans l’air du royaume enchanté. Le rouge-queue d’or se posa sur le haut du portail, scintillant devant cette lumière magique bleueté:

- Bonjour, je suis le messager de la fée à laquelle ce royaume appartient, et je découvre que vous n’êtes que des enfants... Toi, fiston, piailla-t-il en désignant le garçon d'un petit coup de bec, comment t’appelles-tu ?

- Je m’appelle Quentin... fit le garçon d’une voix hésitante. J’ai 7 ans, j’entre au CE1 et j’aime les bateaux.

Il se demanda pourquoi il n’avait pu s’empêcher de parler comme à l’école. Les bateaux, n’importe quel bateau... c’était son objet fétiche depuis que son grand-père lui en avait construit un : un petit bateau en bouchon de liège collé au fond d’un bocal à cornichons... Astride pensa :

- Malheur de malheur, nous voilà prisonniers d’un monde auquel nous ne devions pas avoir accès !

Elle se mit à sangloter doucement et laissa s’échapper quelques hoquets.

Derrière eux, la tempête faisait toujours rage et les branches des sapins fouettaient dangereusement le beau portail d’or. Le rouge-queue d’or frôla la joue de la petite fille d’un coup d’aile consolateur et entraîna les enfants sur un sentier qui s’enfonçait dans la fôret du royaume enchanté. Astride s’essuya les yeux, les tempes et les joues et suivit l’oiseau derrière son frère sur ce chemin pavé de dalles d’un blanc scintillant qui contrastait avec l’obscurité du bois. Soudain une cloche retentit entre les arbres. Les enfants n’en menaient pas large. Quentin se disait que, s’il avait tant soif d’aventure, il aurait mieux fait de s’abonner à Kirikou et les Vikings. Le petit garçon se doutait bien qu’il ne ramènerait même pas une bouteille de rhum à son grand-père de cette expédition.

Tout à ses pensées, son pied heurta brutalement la première marche d’un château splendide qui se dressait devant eux. Sur leur gauche se trouvaient des maisonettes qui servaient de garde-manger aux animaux du propriétaire des lieux. Sur leur droite s’étendait un vaste jardin clôturé de roses blanches au sein duquel s’ébataient de jeunes faons que surveillaient un cerf majestueux et quelques-uns de ses compères. Ils jouaient, bienheureux et insouciants, alors que l’ouragan était déjà sur le pas de leur royaume.

Quentin poussa sa soeur et désigna d’un coup de menton discret la lourde porte d’entrée du château qui venait de s’entrouvrir...

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