Chapitre 8 - Dominique Salva (Anubis)
Que cette époque me tape sur le système. Les humains sont vraiment des bons à rien. Ils ne vénèrent plus rien à part leur petite personne.
L'ère des pharaons me manque tellement. Au moins à cette époque, ils savaient ce qu’était le dévouement et l’obéissance. À chaque fois qu’il fallait prendre une décision, ils faisaient appel à nous, les Dieux. Nous faisaient des offrandes. Érigeaient des statues à notre image. Construisaient des temples pour un avoir un lieu où nous adresser leurs prières. Me demandant de protéger leurs défunts dans l’au-delà. Être un dieu me manque. Enfin, j'en suis toujours un. Mes pouvoirs sont intacts, voire ils se sont renforcés avec les siècles. Je suis plus puissant. Mais être vénéré, adulé et craint me manque.
Aujourd’hui, malgré des pouvoirs plus puissants, rien ne m'a permis de retrouver ma bien-aimée, l'amour de ma vie. La réincarnation est une chose tellement aléatoire, que ça met mes nerfs à rude épreuve. L'immortalité me convient bien, mais j'avoue qu'être seul, sans elle à mes côtés me contrarie, voire me met hors de moi. Elle est ma moitié, la femme de ma vie et ma future épouse. Je mettrai le monde à ses pieds si j'ai la chance de la revoir. J'ai tout mis en œuvre pour ça. J'attends son retour depuis des siècles. Je lui prouverai qu’elle et moi sommes fait l’un pour l’autre. Que c'est écrit. Qu’aucun d’entre nous ne peut échapper à la destinée. Au plus profond de moi, j’espère que ma déesse sera moins têtue, mais tout aussi belle et envoûtante qu'avant. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré qu’elle me résiste. Aucune autre n'a réussi, mais son entêtement a eu raison de ma patience et lui a coûté la vie.
Je pourrais regretter d'y avoir mis fin et de m'etre privé d'elle durant des millénaires, mais que serait l'éternité sans quelques aléas? Ces périodes de solitudes m'ont permis une certaine introspection. J'ai eu des tas de femmes et des bâtards, mais rien ne m'a jamais donné autant de satisfaction que de me réveiller aux côtés de ma déesse, de la contempler. Ses courbes féminines généreuses sont restées inégalées. Et sa poitrine par Rê, je rêve de sa poitrine depuis des millénaires. Tout m'est indispensable. Même son entêtement. Je me suis tellement ennuyé. Quelle que soit l'époque, son absence m'est insupportable. Je l'imagine toujours aussi impétueuse et sauvage. C'est tellement plus excitant. Mais bordel de merde où peut-elle être? Je sais qu'elle est de retour. Je le sens.
Des coups à la porte me sortent de ma torpeur, mais pas de ma frustration. Bordel de merde qui ose me déranger à une heure pareille. C'est en colère que je me lève du lit de la salle de garde. J’ouvre la porte et croise le regard affamé de Madeline, infirmière de mon service et aussi l'une de mes maîtresses depuis quelques semaines. Je suis torse nu avec le pantalon bleu réglementaire. Elle me reluque sans gêne, du désir plein les yeux. Pauvre humaine. Si tu savais. Elle est belle, mais très loin d'arriver à la cheville d'Imentet. Au lit, c'est passable. Disons que ça me permet de rester concentré.
-Quoi?!
-Désolée de vous déranger Docteur Salva, mais...
-Depuis quand tu me donnes du Docteur?
Elle me lance un petit sourire qui en dit long, mais conserve une attitude professionnelle, même si ses cuisses se frottent l'une contre l'autre et qu'elle n'a qu'une envie : me sauter dessus.
-Je suis vraiment navrée Docteur Salva, mais nos équipes viennent de ramener des blessés...
-Il n’y a pas d’autres médecins qui puissent les prendre en charge?
-Le commandant exige votre présence. Il m'a dit de vous dire qu'il est possible que ce soit celle que vous cherchez.
Bordel de merde.
-Et qui sont ces personnes?
-L'équipe du Lieutenant MacGregor. Ils sont partis en mission d'exfiltration en Égypte. Ça a mal tourné. Le lieutenant et son équipe sont blessés, ainsi que la personne qu'ils ont sauvé.
-Et qui est-ce?
-La fille du sénateur Winter. C'est elle que le commandant aimerait…
-J’arrive.
Je lui claque la porte au nez avant qu’elle n'ait le temps de finir ou de me sauter dessus. Ah que les êtres humains sont épuisants. Même pas foutue d'effectuer correctement la mission qu’on leur donne. Je passe une main sur mon visage, prends ma blouse et l’enfile. J'essaie de ne pas me bercer d'espoirs. Si ce n'est pas ma déesse, je vais avoir envie de faire un carnage. Allez, c'est parti. Allons sauver de misérables vies.
Lorsque j'entre dans le dernier bloc, j'ai un putain de choc. Imentet. Ma déesse. Elle est couchée sur cette table, inerte, inconsciente et blessée. La rage me saisit de la voir dans cet état. L'équipe de MacGregor a été attaquée par mes métas. Et ils sont mal en point. Peu importe. Elle est là. Devant moi. Et si je ne fais pas quelque chose très vite, je vais sûrement devoir encore attendre des millénaires putain.
Je la regarde des étoiles plein les yeux. L’envie de l’emmener loin me prend aux tripes. Malheureusement, je ne le peux pour l'instant. Rien n'est prêt. Et puis, il faut que je surveille MacGregor et son équipe de très près. Parce que au moment où les effets secondaires des morsures et griffures vont apparaître, il faudra que je règle le problème au plus vite.
-Docteur Salva !
Putain de merde. Le Commandant. Si jamais ce connard de me reparle mal, je risque de prendre mon autre forme et de le lui faire regretter amèrement. Il le sait pourtant. Mais ici, c'est lui qui donne les ordres. Je dois prendre sur moi pour faire bonne figure. Je ne veux pas risquer d'être découvert.
-Commandant, dis-je en lui lançant un regard d'avertissement
-Est-ce ce que nous cherchions? demande-t-il plus bas.
J'hoche la tête pour toute réponse. Un p'tit sourire furtif passe sur ses lèvres avant qu'il ne se reprenne.
-Chargez-vous de cette femme et de l'équipe de MacGregor. Ils doivent tous s'en sortir. Compris.
-Oui mon Commandant.
Il repart aussi vite qu'il est venu. Je regarde à nouveau ma déesse. Le monde va changer maintenant que je l'ai retrouvée. Nous allons pouvoir redevenir ce que nous étions et régner ensemble sur ce monde. Je le mettrai à ses pieds. Je ferai qu'elle soit adulée, vénérée à sa juste valeur. Ou le mettrai à feu et à sang si nécessaire. Je l'asservirai pour qu'elle en soit le maître. Rien ne m'empêchera plus de passer l'éternité auprès d'elle. J'emploierai les grands moyens si nécessaire, mais elle succombera cette fois. J'en fais le serment par Rê.
J'appelle l'équipe soignante et nous commençons ce pour quoi nous sommes payés. Sauver ces humains. Ou du moins ce qu'il en reste. Mes Anubis ont été redoutables. Comme toujours. Je dois les rappeler. Elle aura besoin de protection très bientôt. Ou de geôliers, si elle refuse l'évidence. Mais elle finira pas céder. Elle finira par m'aimer. Je ferai le nécessaire.
Depuis quinze jours, ma déesse est maintenue dans le coma. Ils lui ont fait toute une batterie de tests et de prélèvements. Pour l'instant, il ignore qui elle est et ce qu'elle est et je préfère ça. Ces humains sont des plaies. Ils ont cessé de vénérer les dieux pour pour le progrès de la science. Pourtant, elle n'explique pas tout. La preuve, ils lui ont fait toute une batterie de test et courent dans tous les sens parce qu'ils ignorent ce qu'elle est. Ou plutôt qui elle est. Ils peuvent faire tous les tests qu'ils veulent, ça ne répondra pas à leurs questions.
Plongé dans mes pensées, je n'entends pas Madeline arriver. Docteur Salva, elle... Elle est réveillée... Je n'attends pas la fin de sa phrase et file directement dans sa chambre, Madeline sur mes talons.
En pénétrant dans sa chambre, je me stoppe net. Mon cœur bat furieusement. Elle est là et bel et bien réveillée. Des siècles que je l'attends. Ma déesse. Sa beauté me coupe le souffle.
Un mouvement de Madeline dans mon dos me ramène à la réalité. Je veux profiter de ce moment en toute intimité. Je veux retrouver ma déesse. Ma moitié. Mon tout. Je veux ses lèvres, sa peau et surtout sa reddition. Je veux qu'elle m'accepte, me choisisse et je mettrai le monde à nos pieds. Nous pourrons de nouveau de dominer et l'asservir. Nous serons de nouveau respectés, adulés et redoutés.
-Madeline, sortez s'il vous plaît. Je dois examiner ma patiente.
Une fois la porte refermée, je m'approche du lit sans la quitter des yeux. Va-t-elle me reconnaitre? Se souvenir de moi?
Lorsque je suis près d'elle, je me saisis de son poignet pour prendre son pouls. Du moins c'est ce qu'on pourrait croire, mais elle m'a tellement manqué que je ne peux m'empêcher de la toucher. Au fil des réincarnations, ma déesse a toujours réussi à me repousser, à m'échapper ou à disparaître. Cette fois, ça n'arrivera pas. Elle est à moi. Et rien, je dis bien rien, n'interfèrera cette fois.
- Vous !
-Je suis heureux de te revoir après tout ce temps Imentet, dis-je avec un grand sourire.
-D'après l'expression de son visage, elle semble ne pas en croire ses yeux. Elle est troublée. Perdue. Terrifiée. Ah oui. Terrifiée. Le moniteur cardiaque s'emballe et si elle ne se calme pas, la cavalerie va débarquer. Bon peut-être que lui trancher la gorge la première fois n'était pas franchement une bonne idée, mais ma patience a des limites bon sang !
-Je suis flatté que tu te souviennes de moi. De quoi d'autre te rappelles-tu?
-Je... Je...
-Te rappelles-tu avoir été kidnappée? Une équipe de SEAL est venue te récupérer et t'as mise en danger. C'est la raison de ta présence ici. Tu étais mal en point. Je t'ai sauvé la vie.
Elle fronce les sourcils et murmure quelque chose d'inaudible. Elle semble en pleine réflexion ou confusion. Je dois clarifier les choses.
-Il y a longtemps que je t'attends chérie. Je suis tellement content de te retrouver. Tu m'as tellement manqué.
Je ne contrôle plus rien et fonds sur ses lèvres.
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