Chapitre 27 - Date prophétique pour Pétunia
Une musique d’opéra rock envahit le château. Pétunia, sa baguette à la main, accomplit le ménage grâce aux objets de la maison auxquels elle a donné vie. L’éponge verte nettoie la vaisselle, les araignées délient leurs toiles, et le sol est lavé à grande eau par des balais magiques, comme dans le film Fantasia (d’où lui vient l’idée). La sorcière tient à ce que tout soit parfait, car sa sœur doit rentrer de sa formation dans quelques heures. Elle-même a renouvelé la permanente de ses courts cheveux roux. La longue robe d’un bleu presque noir, qu’elle porte, en fait ressortir l’éclat.
La veille, au marché, elle a croisé Angéline pendue au bras de Thomas. Ayant aussitôt détourné le regard, Pétunia ignore si le couple l’a aperçue. Elle a ressenti de cette vision un sentiment de détresse qu’elle ne s’explique pas et désormais elle se refuse à penser au chasseur. Elle ne peut néanmoins s’empêcher d’éprouver un peu de joie de savoir qu’elle a échoué à tuer l’homme qu’elle continue malgré tout d’aimer.
Ce jour, elle ne veut songer qu’aux retrouvailles avec Circella… ah, et à Merlin aussi. Ce dernier a promis de passer la voir afin de l’aider à déjouer la prophétie. Un coup frappé à la porte d’entrée la sort de ses pensées. Merlin sans attendre de réponse, pénètre dans la pièce.
— Bonjour, bonjour !
— Vous voilà enfin !
— Oui. Je te surprends en plein ménage, j’espère que je ne dérange pas ? interroge poliment l’Enchanteur.
— Vous savez bien que non ! Alors, dévoilez-moi comment conjurer la prophétie ? s’impatiente Pétunia.
— D’abord, j’aimerais comprendre comment ta sœur et toi avez pu être au courant de l’existence de ce précieux document.
Son interlocutrice pouffe de rire, ressemblant quelques secondes à une enfant espiègle.
— Facile, c’est le jeune Daniel qui nous a averties. C’est un brave petit. Son père a découvert par hasard la prophétie dans une des salles du Palais de la Magie.
Merlin resta bouche bée devant cette explication à laquelle il ne s’attendait pas du tout. Il émet un rire joyeux et surpris avant de reprendre :
— Sache que je ne peux tout révéler, malgré tout j’ai une information vitale, qui peut-être, te permettra d’éviter le sort qui te guette.
— Dites-moi ! quémande avidement la sorcière.
— Je vais te divulguer la date de ta mort.
Un long silence accueille cette déclaration. Pétunia dont le visage a soudain perdu toute couleur, déglutit avec peine puis prononce d’un ton très bas :
— Oui ?
— C’est aujourd’hui.
Puis ayant asséné ce coup de grâce à la méchante femme qui ne semble pas y croire, il lui fait une petite pirouette pouvant passer pour une révérence.
— Ma chère, j’ai beaucoup de tâches à achever, je dois, de ce fait, te laisser. Si effectivement tu décèdes ce jour, nous risquons de ne plus nous voir, je te fais donc mes adieux.
Merlin haussa les épaules :
– Bonne chance pour les prochaines heures.
Quittant le château, il siffle l’air de la marche funèbre.
Pétunia les bras ballants, reste plusieurs minutes sans réaction, fixant l’endroit où le Magicien a disparu. Puis elle pousse un cri de désespoir que tout Tourloing entend. Elle se laisse tomber à terre, ses genoux heurtant durement le sol. Pour la première fois de sa vie, la sorcière craint vraiment de ne pas voir de lendemain se lever.
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