Plusieurs semaines se sont écoulées depuis la mort de Circella. Le soleil a succédé à la pluie et le quotidien a repris sa place au cœur de Tourloing. Le brûlant mois d’août pose un léger voile de sueur sur les fronts des habitants. Pourtant, malgré la chaleur, un attroupement s’est formé au centre de la bourgade.

Merlin, sa barbe blanche peignée et dépouillée d’ornements, a une allure solennelle. Face à lui, les villageois, le visage hésitant, se tiennent debout, dignes, comme à un recueillement. D’une voix douce, l’Enchanteur écarte les bras dans un geste qui englobe l’ensemble de la population.

— Mes chers amis, quel bonheur de me trouver là, parmi vous, et quelle tristesse de savoir que c’est pour la dernière fois ! Nous avons vécu ces derniers mois, beaucoup de bouleversements. La disparition des sœurs Sinistrel, même si cela a été une délivrance pour nous, a causé hélas, la mort de courageux chevaliers. Les évènements plus heureux qui ont suivi ne pourront faire oublier ces pénibles pertes. Je propose que nous fassions pour eux, une minute de silence.

L’Enchanteur baisse la tête et autour de lui chacun l’imite.

Javotte serre dans ses bras sa chère sœur retrouvée, tandis qu’Angéline, près de Thomas, pose une main sur son ventre arrondi.

Relevant son pâle visage vers l’auditoire, Merlin lance un regard affectueux en direction de ses amis et annonce :

— Je vous quitte pour des contrées lointaines, tout aussi magique que Tourloing. Je pars en Bretagne. Ma quête va me conduire vers le jeune Arthur, un garçon prometteur dont vous entendrez parler, je puis l’assurer. Je vais m’établir auprès de lui et ne pense pas revenir avant longtemps. Jamais je ne pourrais vous oublier, j’emporte chacun de vous dans mon cœur et souhaite à tous bonheurs et magies pour les années à venir.

Et dans une poussière dorée, après une ultime courbette, l’Enchanteur disparaît.

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(en fin de semaine, le dernier chapitre)