A l'Ombre du Bonheur

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 Il planait dans cet antre de pierre comme un soulagement invisible. Un fil de béatitude bourdonnait en silence et propageait la fraîcheur des roches millénaires à travers les dédales. Si l’esprit se veut pieu, il avait ici la chance de baigner dans un parterre de richesse. L’or se voulait d’arrogance divine et le toit de la cathédrale montait jusqu’au ciel. Cela tombait plutôt bien, puisque nous étions dans sa maison. La petite ville de Miliana, connue pour sa bâtisse ancestrale, était léchée la majeure partie de l’année par un soleil généreux. Les orangers, plantés par milliers, dessinaient les contours de la citadelle et semblaient protéger celle-ci des ténèbres. Miliana comptait en son sein deux mille habitants, ce qui offrait à la bourgade une dimension humaine agréable et paisible. La cathédrale en était le point culminant. Elle surplombait les diverses toitures des maisons voisines et donnait l’impression de tenir sous sa paume les âmes éparses de la cité.

Gianna se préparait suavement dans sa demeure. Il était dix heures et la messe dominicale était chez elle un rituel qu’elle n’aurait raté pour rien au monde. Elle aimait l’atmosphère qui y régnait, l’abondance de richesses spirituelles et matérielles du corps clérical la surprenaient inlassablement, et passer à confesse après l’homélie était pour elle libérateur. Pénétrer dans un confessionnal lui offrait comme un retour en enfance. Elle se sentait petite fille, et perdait immédiatement une fois dans celui-ci l’autorité naturelle qu’elle s’était forgée au fil des ans. Se mettre à genoux dans la pénombre, les mains jointes religieusement était comme quelque chose de mystique dans son esprit. Elle se sentait libre et enchaînée. Une fois la porte refermée et l’obscurité présente, la voix grave qui jaillissait de l’autre côté du mur de bois renforçait encore un peu plus son sentiment d’abandon.

 Il lui restait encore une heure avant de s’y rendre à pied en traversant la ville d’un pas souple et décidé. Blonde, élégante, cette femme de quarante-cinq ans était encore des plus désirables. Elle vivait avec un mari charmant également, mais pour qui les sermons du dimanche étaient une corvée. Ses boucles blondes retombaient sur des épaules solides et fines. Sa nuque gracile se mariait parfaitement au reste de sa silhouette. Le vert de ses yeux rendait hommage aux lagons environnants qui berçaient la ville d’une mélodie légère et continue. Elle mesurait un mètre soixante-dix et surveillait une ligne faite de formes gourmandes fuselées avec la nage. Elle était de ces belles italiennes aux seins lourds et fiers surplombant un ventre plat et accueillant. Ses fesses avaient tendance à naturellement se cambrer, accentuant une démarche callipyge et envoûtante. Gianna s’affairait maintenant devant la glace, s’observant, se jaugeant, tournant sur elle-même et jouant un peu avec la fermeté de ses deux globes. Elle avait prévu de se rendre à la messe vêtue d’un tailleur sobre, de couleur crème, sous lequel elle enfilait maintenant une petite culotte de satin blanc. Après quelques secondes de réflexion, elle décida de retirer sa jupe, le temps de passer des bas couleur chair et d’y ajouter des jarretelles blanches. La pâleur du fin tissu contrastait à merveille avec sa peau halée. L’élasticité des bas était suffisamment ferme et détendue pour que l’arrondi de sa cuisse ne s’en trouve qu’un peu plus sublimé. Elle repassa sa jupe, enfila une paire de talons noirs décorés d’un liseré doré faisant rappel à sa chevelure et se contempla quelques instants.

Alessandro, lui, prenait son café dans le jardin et profitait d’une matinée rayonnante pour émerger. Ce bel homme d’une cinquantaine d’années coulait des jours heureux, entouré d’une femme aimante et de leur fille, Laura. Portrait craché de sa mère, Laura était aussi brune que son père. Elle avait néanmoins hérité des petits trésors que Dame nature avait légué à Gianna. Vingt-et-un an, vivant maintenant à la ville et profitant des vacances pour retrouver amis et parents laissés au village. Son allure affûtée et tonique ne laissait personne indifférent, et sa joie de vivre éclaboussait chacune des rues traversées d’une foulée désinvolte.

— Je suis prête mon amour, t’es sûr de ne pas vouloir venir avec moi ? lui demanda Gianna d’une moue taquine.

Gianna était maintenant radieuse et venait de faire son entrée dans le jardin, coiffée d’un chapeau Homyl à large bord. Cela lui donnait un air aussi distingué qu’attrayant.

— Tu connais mon appétence pour les curés ma chérie, ni Dieu ni maître, et pourtant ce n’est pas l’envie qui manque de faire quelques pas ensemble. Pas sûr qu’on arrive à destination cependant. Que penseraient les fidèles te voyant arriver honteuse et décoiffée ? questionna Alessandro malignement.

— Tu es bête. rétorqua Gianna des yeux plein d’amour. Je file… Au fait, où est Laura, je ne l’ai pas vue ce matin ?

— Elle est partie faire un tour en bord de plage, avec quelques amis et Lola. Du bateau, me semble-t-il, des jeux de leur âge.

— À ce midi mon amour, si nous sommes seuls en rentrant, tu pourras me décoiffer. Lui répondit Gianna en riant.

 Elle prit la petite porte en bout de jardin donnant sur un chemin qui longeait les différentes maisons environnantes. Lola était la nièce de leurs voisins, avec qui ils entretenaient de bonnes relations. Elle avait le même âge que Laura, mais n’étudiait pas dans la même ville. Les vacances étaient pour elles l’occasion de se retrouver et partager des choses inhérentes à la vie d’une jeune femme. Lola était brune elle aussi, plus petite que Laura, et plus fine également. Ses yeux marrons souriaient en permanence. Une jeune femme agréable, pleine de vie et d’attention.

Gianna traversait maintenant la ville et se dirigeait vers les hauteurs de cette dernière où se dressait fièrement les clochers de la cathédrale. Elle avait le pas léger et commençait déjà à entendre les carillon annonçant bientôt le début de la cérémonie. Elle se hâta un peu, appréciant d’être au premier rang pour communier et ne rien perdre de cet instant. Elle passa devant la boulangerie d’Alberto, ouverte le Dimanche et collée à l’entrepôt abritant une large meule à grains et les outils nécessaires à la fabrication d’un des meilleurs pains du pays. Tout était artisanal, et la femme d’Alberto prenait le relai en boutique à midi quand les villageois quittaient la messe et passaient chez elle avant de rentrer préparer le déjeuner. Les portes de l’entrepôt n’étaient jamais complètement fermées, et il n’était pas rare d’y apercevoir un Alberto couvert de sueur s’affairant à la tâche avec un entrain dynamique. Elle le salua de l’extérieur, puis s’approcha un peu de l’entrée avant de lui demander s’il pouvait lui mettre une focaccia et une ciabatta de côté qu’elle récupérerait en sortant de l’office. Ce dernier le lui promis avec un sourire sincère et enjoué.

— Si je ne suis pas à la boutique, n’hésite pas à me trouver à l’entrepôt, la foule se masse ici à partir de midi et tu pourrais trouver le temps long.

— Mille mercis Alberto, comme toujours. répondit une Gianna heureuse et pressée.

Les portes de la cathédrale se dessinaient maintenant, et Gianna, comme à son habitude, sentit son cœur se gonfler de bonheur naturellement. Elle aimait tant ces Dimanches. L’intimité du sacré partagé à l’ensemble des croyants. Elle communiait pour elle certes, mais régnait entre ces murs une communion fraternelle implicite, et bien qu’invisible elle avait ce sentiment d’unité collective. Elle se mélangea à la petite foule qui allait dans son sens, salua de nombreuses connaissances et en profita pour se placer en tête de cortège.

Pendant ce temps, Alessandro baisait de manière consciencieuse et appliquée une Lola en extase. Il l’avait placée sur le dos, les jambes relevées, sur la table de la cuisine et exhibait ses deux seins dévoilés par un débardeur remonté. Il l’a limée, une main lui empoignant la gorge, et l’autre agrippée à l’une de ses chevilles et lui écartait encore un peu plus les cuisses lui donnant des allures de traînée. Son large dos ruisselait de sueur et sa peau mate contrastait avec celle nettement plus pâle de sa victime.

— Ça fait des jours que tu me tournes autour petite salope, des journées entières à me rendre fou. Tu ne t’imagines pas combien de fois j’ai pu prendre Gianna pensant à toi, lui dit Alessandro cognant son sexe trempé encore plus fort.

À mesure qu’il la démolissait, sa main resserrait toujours un peu plus son cou fragile en perdition.

— J’en ai une petite idée, parvint-elle à lui dire d’un regard trouble et embrasé. Fais de moi ta putain, parce que t’as pas conscience du nombre de fois où j’ai pu me branler seule le soir attendant ce moment.

— À partir de maintenant ça risque de changer… Putain… C’que t’es serrée… J’vais pas pouvoir tenir longtemps…

— Lâche-toi mon grand… Ça t’excite de me baiser comme une vulgaire catin ? Dans le dos de ta femme en plus, tu devrais avoir honte… Pourquoi crois-tu que je viens ici passer mes vacances ?… Après la fille, le père…

C’en fut trop pour Alessandro, traversé d’une décharge électrique qui irradiait tout son être. Il accéléra encore un peu ses coups de boutoirs, et ne raisonnait dans la pièce que gémissements et deux corps s’entrechoquant jusqu’à la petite mort. Il serra sa proie un peu plus fort, et dans une longue plainte déversa son foutre épais et blanc dans les entrailles de la jeune femme.

 Loin de ce tumulte, le Père Adrian avait commencé la messe et comme toujours, la dirigeait avec entrain et amour de Dieu. Prêtre depuis maintenant vingt-cinq ans dans ce petit village, il officiait régulièrement le Dimanche matin, ne se faisant que rarement remplacer et avait pour habitude après la messe de confesser les quelques personnes désireuses de le faire. Cela ne lui prenait guère de temps, les gens ayant pour habitude de s’y livrer plutôt la semaine. Mais Gianna était de celles aimant y passer le Dimanche et par altruisme et générosité aussi, le Père Adrian le lui permettait. Les chœurs sur l’autel s’en donnaient à gorge déployée et montait vers le ciel la symphonie des anges. De voir ces enfants à la voix cristalline chanter de concert embuait immanquablement les yeux de Gianna. Elle se prenait à penser parfois, que si elle devait choisir sa mort, alors c’est ici qu’elle partirait, dans un instant comme celui-là. Comment ne pas arriver aux portes du seigneur si l’on quitte son royaume terrestre directement de sa demeure, pensait-elle souvent. C’est dans ces pensées qu’elle se rendit compte qu’au premier rang se trouvait également Mme Del Rio à quelques sièges du sien. Veuve éplorée d’un mari parti au-delà un an plus tôt. Le pauvre homme avait succombé en mer et laissé derrière lui une femme seule et deux enfants. Mme Del Rio venait depuis à la messe régulièrement, bardée de noir et ne manquait jamais de porter un voile élégant et distingué, aussi sombre que du charbon et ne dissimulant que partiellement deux grands yeux bleus fiévreux. Gianna avait régulièrement de la peine pour la pauvre dame, et se pressait d’aller aux nouvelles quand elle croisait cette dernière.

Laura de son côté, était adossée à l’un des lourds piliers de la cathédrale se trouvant dans le fond et observait sa mère avec amour. Il lui arrivait de venir avec elle parfois, et les jours où elle l’a laissait y aller seule, elle aimait pouvoir l’y rejoindre sans le lui dire. Elle la regardait postée derrière un mur de fidèles et vaquait à ses pensées avant de disparaître au moment de l’hostie. Elle s’était rendue ce matin dans la basilique vêtue d’un petit haut simple et discret, bleu ciel, accompagnant une jupe légère et blanche perchée sur des mules à talons aussi rouges que boisées. Elle avait pour habitude d’observer cette assemblée et d’en apercevoir des détails que les gens cherchent à cacher. Il lui suffisait de contempler cette tribune et d’en balayer les acteurs pour se rendre compte de ce qui brillait vraiment au fond de leur âme. D’une rare empathie, Laura était charismatique. Une aura singulière qui lui conférait admiration et attention. La messe touchait à sa fin, et Laura aperçu une dernière fois sa mère s’agenouiller devant l’hostie avant de s’évaporer.

 Gianna était radieuse, cette petite heure passée auprès de Dieu lui avait fait le plus grand bien. Ces instants spirituels et religieux lui prodiguaient de l’allant et de la joie de vivre pour la semaine à venir. Elle se couchait le soir le cœur léger, amoureuse de son mari et de la vie. Il ne lui restait plus qu’à passer à confesse maintenant, et si les pêchés qu’elle venait expier avaient pour habitude de faire sourire le Père Adrian, pour Gianna ce rituel clôturerait sa matinée. Elle marcha quelques minutes sur les dalles blanches et massives de la cathédrale, rêveuse, au travers de statues ayant toutes une histoire à raconter. Elle aimait les scruter, deviner les hommes et femmes se cachant sous leurs traits. Elle aurait pu y passer des journées entières, à tourner, inlassablement dans ce temple sacré empreint de larmes et de prière. Passant devant le confessionnal, elle se dit qu’il était temps pour elle d’y aller un court instant, ne pouvant trop s’y attarder en vue du déjeuner. Elle s’approcha de l’habitacle boisé aux allures pieuses et patriarche, et en ouvrit délicatement la porte pour y pénétrer.

Dedans, le Père Adrian l’attendait, et il ne fut pas étonné d’y retrouver Gianna, séparé par un fin mur en bois où seule une infime lucarne au niveau des yeux permettait dialogue et écoute de celui-ci.

— Je vous attendais mon enfant, lui dis Père Adrian d’une voix douce et sereine.

Ce « mon enfant » dessinait chaque fois un léger sourire sur le visage de Gianna. Elle se sentait comme protégée, entre les mains d’un être spirituel et bienveillant.

Cette phrase eut le même effet sur Laura, qui à genoux entre les cuisses du prêtre s’affairait à pomper une queue aussi vivante que massive. Elle esquissa elle aussi un rictus, des yeux seulement, tant le vit qu’elle enfournait l’empêchait de faire plus. Elle salivait abondement dessus et la main du Père posée fermement sur sa nuque semblait la contraindre à continuer au même rythme. De l’autre côté, à genoux aussi, Gianna se signa avant de commencer.

— Bénissez-moi, mon Père, parce que j’ai péché.

— Que Dieu notre Père et Jésus-Christ notre Seigneur vous donnent la grâce et la paix. À présent, je vous écoute, répondit-il, la main ancrée dans les cheveux ébène de Laura et lui baisant la bouche par de petits coups de reins à mesure que son bras puissant la forcait à l’avaler tout entier.

— Il y a une semaine que je ne me suis pas confessée. Et depuis cette dernière confession, voici les péchés que j’ai commis. J’ai été prise de jalousie, mineure et passagère certes, à la vue des amies de ma fille. Jalouse de leur beauté, leur insouciance, et la désinvolture qui brûle dans leurs yeux me rappellent jadis celle qui fut mienne mon Père. J’ai peut-être aussi mon Père, fait preuve d’égoïsme avec mon mari, privilégiant parfois mon travail et mes lectures sans doute trop à son goût. Je me suis permis d’user de mon statut hiérarchique professionnel également, dirigeant d’une main ferme et intraitable l’équipe travaillant pour moi. Là aussi, mon Père, je pense avoir fait preuve d’individualisme.

— Parlez-moi un peu plus de cette jeunesse mon enfant, et les blessures qu’elles vous provoquent. Racontez-moi, qu’avez-vous réellement à leur envier ? N’avez-vous pas eu la vôtre ?

Sa queue turgescente était maintenant pleine de salive et d’un nectar séminale annonçant fatalement une explosion imminente dans la bouche de la petite. Laura n’était pas en reste, et ne pas mettre de culotte ce matin lui permettait maintenant d’enfoncer deux de ses doigts dans une chatte aux abois et pleine de jus. De ses deux petites mains, elle les branlait de concert elle et lui dans un silence de cathédrale. De l’autre côté, les paroles de Gianna lui parvenaient comme de la brume, et le songe dans lequel elle s’était plongée à corps perdu lui anesthésiait les sens et la faisait sombrer sereinement sur les eaux troubles du Styx.

— J’ai eu la mienne comme tout un chacun mon Père, et je n’en garde que félicité et joie. Il n’en reste pas moins que bien malgré moi ces sentiments d’envie puissent refaire surface.

— Nul n’est parfait mon enfant, mais vous êtes ici dans la maison du Seigneur et chaque péché avoué vous sera pardonné.

Le Père Adrian écartait maintenant un peu plus les jambes sous la soutane du diable. De sa main droite, il ne cessait d’appuyer sur la nuque délicate de Laura et de l’autre la sodomiser d’un majeur aussi épais qu’indécent. Gianna reprit :

— Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce de ne plus vous offenser et de faire pénitence.

— Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde. Par la mort et la Résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés ; par le ministère de l’Église, qu’il vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés.

Le prêtre termina sa dernière phrase se signant de la main droite, et de la gauche, maintint la tête de Laura collée à sa queue et explosa dans la bouche de sa pécheresse. À présent, il maculait de sperme sa langue, ses lèvres gonflées et son visage angélique du breuvage des dieux. Au bout de quelques secondes, il reprit à l’intention de Gianna :

— Vous réciterez l’oraison dominicale en sortant du confessionnal, puis vous direz un notre père pour votre pénitence. Maintenant, allez en paix.

 Gianna ressortit du confessionnal apaisée et heureuse. Le Père Adrian avait été bon et son écoute était pour elle aussi sacrée que réconfortante. L’âme légère et pleine de bonnes résolutions, elle quitta la cathédrale et se dirigea vers la boulangerie. Laura de son côté, suçotait les dernières gouttes de foutre du vit clérical et s’amusait à le passer tantôt sur ses lèvres, tantôt sur ses joues jouant avec d’une expression gourmande et malicieuse.

L’épouse d’Alessandro descendait maintenant vers le cœur du village où la boutique d’Alberto était pleine à craquer d’une foule dense et affamée. Les gens faisaient la queue jusque dehors dans la rue et elle se dit que d’avoir prévu le coup avait été une bonne idée. Elle passa devant la boulangerie, puis poussa délicatement la porte de l’entrepôt où le pain était fabriqué. Dès l’entrée de celui-ci, sur une petite table, se trouvaient un mot et un paquet contenant les victuailles commandées. « Tu me paieras plus tard, belle journée, Alberto » disait le bout de papier. Gianna saisit la marchandise et repartit aussi discrètement qu’elle était arrivée.

 On dit souvent de la curiosité qu’elle est un vilain défaut. Et pour autant, de manière prononcée ou non, elle habite le cœur des Hommes depuis toujours. Si celui de Gianna n’en etait pourvu que très peu, celui d’un autre aurait pu être poussé à s’aventurer un peu plus au fond de l’entrepôt. De ce fond d’où sortaient par moment gémissements étouffés entrecoupés de ce qui s’apparentait à des claques sur un fessier. Alberto était debout, campé solidement sur ses deux jambes et sodomisait sans faiblir Mme Del Rio. Elle se tenait penchée, cambrée, une cuisse relevée et le genou posé sur la meule à grain dévoilant un sexe impudique. Le tailleur retroussé aux hanches, elle offrait au boulanger un spectacle captivant. Son voile de deuil noir était relevé et laissait apparaître deux yeux bleus embués de larmes et maculant des joues rosées sous le rythme des coups de queue. Remerciait-elle le ciel pour son plaisir ? Grâce divine et pure descendue jusque dans cet entrepôt où les mains calleuses et rêches du boulanger pétrissaient sa chair et tout son être jusqu’à l’orgasme. Délicieuse honte ? Pêché salvateur ? Sans doute un peu tout ça. Alberto retrouverait bientôt son commerce, aiderait sa femme à faire la caisse et à le fermer. Ils profiteraient ensuite ensemble d’un après-midi ensoleillé.

Gianna arrivait maintenant à son jardin, focaccia et ciabatta sous le bras accompagnée d’un sourire passionné à la vue d’Alessandro sur un transat. Un verre de Barolo en main, il se leva et vint à la rencontre de sa femme. D’un bras, il l’enlaça, et descendit sa main vers ses fesses qu’il empoigna en partie, cherchant à se les approprier à nouveau. Il la regarda quelques instants profondément dans les yeux, lui sourit, l’embrassa tendrement puis lui dit ;

— ..On a maintenant tout notre temps pour te décoiffer un peu mon ange...

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