Prologue

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- Mon cœur, réveille-toi, murmure une douce voix.

J'ouvre les yeux. Devant moi il y a ma maman, elle est belle avec ses cheveux longs et blancs comme les miens :

- Veux pas...

Je grogne et me tourne dos à elle, je n'ai pas envie de me lever. Mais elle ne semble pas de cet avis et elle tire la couette :

- Maman !

- Debout petit renard, le petit déjeuner est prêt.

Je grogne mais me redresse et je tends mes bras vers elle. Ma mère sourit et me prend dans les siens pour me soulever et me serrer contre elle :

- Mon petit cœur, tu as bien dormi ?

- Oui ! J'ai rêvé du monde des humains ! J'ai vu leur ciel bleu et leur soleil orange ! C'était très beau. J'ai vu leurs animaux, surtout des lapins, plein de lapins, ils étaient trop mignons !

Ma maman rigole et continue de marcher dans les couloirs de notre maison... Quand soudain tout devient rouge, les murs et le plafond dégoulinent de sang. Des cadavres apparaissent, certains éventrés, d'autres décapités. Je vois leurs yeux blancs, leurs expressions de souffrance et j'entends des cris partout, c'est horrible.

Je me retrouve moi aussi couvert de sang et, paniqué, je me retourne vers ma mère. Elle me sourit, du sang dégouline de sa bouche. Elle a un énorme trou dans la poitrine et sans pouvoir me contrôler, je hurle, si fort que je m'en déchire les poumons.

- Feren !!!

Je me réveille en sursaut couvert de sueur, mes cheveux sont collés à mon crâne et au-dessus de moi je vois le visage soucieux de mes parents :

- Papa... Papa... je couine péniblement.

Mes pères mes regardent, l'un brun, avec la peau halée et les yeux violets et l'autre blond, avec le teint pâle et des yeux bleus :

- Calme-toi mon cœur, tout va bien c'est terminé, lâche Killian.

Gabriel, me prend dans ses bras et mon autre papa s'approche pour me caresser les cheveux :

- Encore le même cauchemar ? murmure Gabriel.

Je hoche la tête et ils me serrent encore plus contre eux. Je me laisse volontiers faire. Cela fait maintenant treize ans qu'ils m'ont adopté et je les adore. Je ne regrette pas leur décision :

- Mon cœur, tu es certain que ça va aller ? Je veux dire, tu vas partir loin et peut-être que tu auras du mal pour le voyage si tu continues de faire tes cauchemars, me dit Killian.

Je regarde mon père aux yeux améthyste, il a peut-être raison, mais cela fait treize ans que je fais ces horribles rêves. Malgré tous les psychologues que mes parents m'ont emmenés voir, qu'ils soient humains ou pas, je n'ai jamais pu me débarrasser de ces songes angoissants :

- Ça va aller papa ne t'en fais pas. Et puis je suis un adulte maintenant, je ne suis plus le petit garçon que vous avez retrouvé nu dans votre cuisine.

Mes parents rigolent et restent un moment avec moi à me câliner avant de retourner dormir. Je les imite et me rallonge dans mon lit en soupirant. Je sais que je ne pourrais plus me rendormir maintenant. Je finis par me lever en maugréant après avoir essayé, en vain, replonger dans les bras de Morphée même si je sais que cela ne sert à rien.

Je me frotte les yeux et regarde autour de moi, il fait encore nuit mais j'y vois comme en plein jour, la seule différence c'est que tout est de couleur différente.

Je me dirige vers la fenêtre pour l'ouvrir, la vue est vraiment belle, j'adore cette forêt, j'y suis depuis l'âge de huit ans, quand mes parents m'ont adopté. Je me sens bien ici, loin de la ville. Je ne suis pas allé souvent à Dark City ou dans d'autres villes car je me sens toujours un peu mal à l'aise avec toute cette technologie et ce genre de chose.

Un sourire étire mes lèvres quand je me rappelle la première fois que j'ai vu un ordinateur. J'ai passé dix minutes à le renifler et l'examiner comme s'il allait me sauter dessus et me dévorer. Cela avait fait rire mes parents.

Je suis triste de devoir partir d'ici, je n'en ai pas vraiment envie, mais je n'ai pas le choix. Ici il n'y a pas d'école supérieure dans laquelle je pourrais faire mes études, je dois donc aller dans une autre ville. Au début mes parents étaient réticents de me voir m'éloigner, ils disaient qu'on ne savait pas ce qui m'était arrivé et que j'étais peut-être toujours en danger. Mais franchement après treize ans qui pourrait encore vouloir ma peau ? Ceux qui en ont après moi, s'ils en existent, doivent penser que je suis mort à présent.

Je me rends dans la petite salle de bain, le parquet ciré et les murs de bois dégagent une douce odeur que j'aime beaucoup. Je me regarde dans le grand miroir contre le mur près de la baignoire de marbre blanc. Mon reflet me renvoie l'image d'un jeune homme aux cheveux blancs comme la neige et très lisses. Ils sont ébouriffés et m'arrivent en bas de la nuque. Ma peau est toujours aussi pâle, et mes oreilles ainsi que la queue de renard sont de la même couleur que mes cheveux. Mes yeux eux sont d'un beau rouge intense et sombre. Mon visage est fin et j'ai toujours mes crocs dans ma bouche et mes griffes à la place de mes ongles. Ce n'est pas toujours très pratique mais je m'en sors assez bien !

J'enlève mon pyjama et le mets dans le panier de linge sale avant de me glisser sous l'eau chaude de la douche. Mon Dieu que ça fait du bien. Ma queue blanche se balance de bonheur dans mon dos et si j'étais un chat je crois que j'aurais ronronné de bien-être.

Je me laisse aller sous l'eau brûlante qui nettoie la sueur provoquée pour mon cauchemar. J'attrape le savon et commence à me décrasser de la tête aux pieds. Une fois récuré et essuyé, j'enfile un boxer et un large haut avant d'aller dans la cuisine pour prendre un bol.

Mon petit déjeuner prêt et moi devant la télé, je n'entends pas les pas de l'un de mes pères :

- Alors mon cœur tu as du mal à dormir ? demande une voix dans mon dos.

Je sursaute et manque de faire tomber mon bol. Mon père, Gabriel, vient s'asseoir à côté de moi en souriant :

-Oui, je n'arrive plus à avoir sommeil en ce moment. Mais ne t'en fais pas pour moi, j'ai l'habitude.

Mon père passe un bras autour de moi et m'attire contre lui. Je me laisse volontiers faire. Je me sens bien contre lui :

- Tu vas nous manquer mon cœur, ton père et moi allons nous sentir bien seul sans toi.

- Je sais, vous aussi vous allez me manquer. Mais je vous appellerais souvent c'est promis.

Mon père me serre un peu plus contre lui et en profite pour me caresser tendrement le dos. Je pousse un couinement de bien-être, je me sens tellement bien contre lui :

- Papa va bouder de ne pas se réveiller dans tes bras, lancé-je en rigolant.

Il rit et moi aussi, Killian a horreur de se réveiller seul et fait la tête à Gabriel chaque fois que ça arrive :

- Bah, il va un peu faire la tête mais dès ce soir il me suppliera de lui faire des choses perverses au lit.

- Papa !!!

Mon père blond s'esclaffe encore plus, visiblement amusé par l'air embarrassé et les joues rouges que je dois avoir sur le visage et il m'ébouriffe la tête :

- Mon cœur, tu es adorable quand tu es gêné.

Je lui tire la langue et continue de manger mes céréales sous les rires de mon père. Je fais semblant de bouder pendant un petit moment avant d'arrêter.

Killian nous rejoint et il vient m'embrasser le front tout en ignorant son amoureux :

- Salut mon cœur, tu as bien dormi ? me demande-t-il

- Oui, et toi papa ?

- Ça peut aller, même si ton goujat de père m'a abandonné tout seul dans le lit !

Killian tire la langue à Gabriel et celui-ci sourit d'amusement, je sais qu'il adore quand mon père le boude. Gabriel se lève pour venir embrasser son amoureux qui le repousse et fait la moue :

- Non je te fais la tête !

Gabriel rigole et après quelques minutes de câlins et de bisous, Killian finit par arrêter et lui montre qu'il est pardonné.

Je les regarde faire en souriant, je profite de ces moments avec mes parents car bientôt je ne pourrais plus les voir. J'ai envie de partir, mais en même temps je n'ai pas envie de les quitter, je les aime et je sais que je vais être triste loin d'eux.

Les jours passent et je fais tout mon possible pour profiter de mes parents autant que je peux.

Mais le jour de mon départ arrive bien trop vite. Au moment de les quitter, ils me serrent contre eux :

- Tu vas nous manquer mon cœur, lâche Gabriel.

- Je suis d'accord avec Gabriel, fais attention à toi et n'oublie pas de nous donner des nouvelles sinon on viendra te tirer les oreilles.

Je m'esclaffe aux paroles de mes parents et je leur fais un gros câlin avant de finalement partir.

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