Chapitre 2
Je regarde l'horloge, il est presque une heure de l'après-midi, je comprends mieux pourquoi j'ai aussi faim. Je sors de ma chambre pour voir si Arwen est revenu avec un déjeuner. Je le trouve dans la cuisine en train de poser ses barquettes sur la table en bois blanche :
- Ah c'est vous, comme je ne savais pas ce que vous aimez, je vous ai pris un Nem et un Porc au Sucre, lâche-t-il en me souriant.
- Merci, bon appétit.
Je prends ma part et attrape des couverts avant de me mettre à déguster. C'est délicieux, mais je suis un peu mal à l'aise de manger avec un inconnu. Je finis par prendre la décision de l'interroger :
- Tu es au service de mon père depuis combien de temps Arwen ?
- Depuis environ un siècle si je me rappelle bien, répond-t-il en mâchant son Nem.
- Vraiment ? Je savais que les Sorciers pouvaient vivre longtemps mais pas à ce point, tu utilises un sort ou une potion pour rester jeune ?
- Non, je suis à moitié Vampire, et la longévité est venue avec. Je ne suis pas totalement immortel mais il est très dur de me tuer.
Je vois ! Je comprends mieux son teint blafard et surtout le fait qu'il soit aussi attirant. Les vampires ont toujours eu un charme naturel :
- Et comment es-tu entré dans le gang de Gabriel ? continué-je, vraiment curieux d'en apprendre un peu plus.
- J'ai essayé de le tuer.
Sa réponse, tout comme le ton neutre employé me fige de stupeur. Il le remarque et me sourit :
- Rassurez-vous cela fait longtemps que je suis sous ses ordres, je ne vais pas me servir de vous pour l'atteindre.
Je suis surpris de ce qu'il vient de dire car c'est exactement la pensée qui vient de me traverser l'esprit. Cependant quelque chose me pousse à le croire, il a l'air sincère.
- Comment cela se fait-il que tu ne sois pas mort ? interrogé-je avec méfiance et envie de savoir toute l'histoire.
- Et bien disons que votre père a compris que je n'agissais pas de ma propre volonté. Alors il m'a offert deux solutions, soit j'entrais à son service et je récupérais mon libre arbitre, soit il me tuait pour donner un avertissement à mon maître. J'ai choisi la première option, je voulais retrouver ma liberté et le patron me l'a rendue.
Je reste un moment silencieux tout en consommant ce que j'ai dans la bouche. J'ai bien envie de lui demander plus de détails sur son passé mais quelque chose dans son attitude me dit qu'il ne voudra sans doute pas en parler. Et je peux le comprendre, alors je décide de lui poser des questions sur un autre sujet :
- Au fait, tu as choisi quoi comme spécialité ?
- Je suis spécialisé dans l'Oniromancie, répond-il après avoir terminé sa bouchée de nouille.
- L'Oniromancie ? Qu'est-ce que c'est ?
- La magie des Rêves, je peux contacter une personne dans son sommeil, tout savoir sur un lieu en dormant dans celui-ci ou bien faire des rêves éveillés aux gens, un peu comme une illusion. Mais c'est surtout une magie défensive et dans un combat elle peut avoir ses faiblesses. Comme magie offensive je me suis surtout concentré sur la manipulation de l'Eau et de la Glace.
- Je croyais que c'était les Magiciens qui se servaient de la magie élémentaire, demandé-je avec scepticisme.
- Effectivement, et j'en étais un avant d'être forcé d'user la magie noire, ce qui a fait de moi un Sorcier. Et je n'aime pas utiliser ce genre de pouvoir car il corrompt l'esprit et je refuse de devenir un monstre.
- Je vois, et tu voudrais un jour redevenir un Magicien ?
- C'est impossible, mon âme porte la marque de la Magie Interdite, la communauté des Mages n'acceptera plus de m'intégrer. C'est une souillure qui ne disparaît pas.
Je suis triste pour lui, ça a l'air de le faire beaucoup souffrir mais je ne peux rien faire pour l'aider :
- Je suis désolé.
- Vous n'avez pas besoin de l'être, ce n'est pas votre faute Feren, me dit-il avec un sourire un peu triste.
Je me concentre sur ma nourriture, je n'ai plus très faim. Je me force tout de même à avaler car cela ne va pas le soulager de ses peines.
Nous finissons le repas en silence, j'ai l'impression qu'une chape de plomb vient de s'abattre dans la pièce. Je n'aurais peut-être pas dû lui poser autant de questions. Nous jetons nos barquettes ainsi que les couverts en plastique une fois que tout est vide et Arwen nettoie la table :
- Qu'est-ce qu'on fait cet-après midi ? demandé-je en m'approchant.
- Je comptais vous faire visiter l'école dans laquelle vous irez. Votre père veut aussi que nous allions chercher ce qu'il vous faut pour vos cours. Ensuite nous irons faire quelques courses car le frigidaire est vide.
Je hoche la tête et le laisse finir de nettoyer. Nous allons à la voiture, direction l'Académie.
La Haute Académie de Magie se trouve en dehors de la ville. Pour les humains c'est une simple école de Droit accessible uniquement pour les hauts placés. Je trouve ça un peu stupide de mettre de côté les « trop pauvres pour y aller » mais c'est seulement en ce qui concerne les humains. Pour les créatures surnaturelles, tout le monde, même ceux qui n'ont pas d'argent du tout peuvent venir y faire leurs études.
Nous roulons pendant un moment après être sortis de la ville avant de finir par tomber devant un immense portail en fer forgé couleur argent. Arwen se gare sur le côté et nous sortons du véhicule avant de passer l'entrée.
Il n'y a qu'un seul bâtiment, un immense manoir en briques jaunes et blanches, avec une horloge sur la façade de devant. Une grande forêt avec des arbres immenses cerne toute la structure.
Nous suivons le chemin de pierres blanches qui nous mène devant la grande construction. Arwen m'ouvre la porte et nous entrons. Nous arrivons devant un long couloir recouvert d'un tapis rouge, avec des murs couleur or. Il y a des portraits accrochés un peu partout aux murs. Tous représentent des personnalités différentes, des hommes ou des femmes :
- Qui sont ces gens ? demandé-je en regardant les tableaux.
- Ce sont les directeurs de cette école à travers les âges, me répond Arwen avant de se mettre à marcher.
Je le suis sans rien dire et nous nous retrouvons dans un immense hall d'accueil. Les murs et le sol sont de la même couleur que le couloir et un énorme lustre en cristal pend au plafond. Il y a de belles plantes vertes posées de manière harmonieuse dans la pièce et un large escalier mène à l'étage. La balustrade de celui-ci est faite de magnifiques arabesques et l'étage se sépare en trois couloirs, un à gauche, un à droite et un au centre :
- Tu sais où je dois aller chercher mes affaires ? questionné-je en regardant Arwen.
Celui-ci hoche la tête et je marche silencieusement. Nous grimpons les escaliers avant d'emprunter le couloir de gauche. Nous passons la deuxième porte et nous entrons dans une salle de taille moyenne, avec des étagères pleines de cartons, de boîtes et de sacs :
- Il devrait y avoir un carton avec votre nom inscrit sur le dessus, m'informe Arwen.
Je me mets donc à chercher avec lui à travers les étagères et après quelques minutes je finis enfin par trouver mes affaires :
- C'est bon j'ai trouvé, on peut y aller.
Il acquiesce et je l'imite sagement pour retourner à la voiture :
- Au fait, comment se fait-il qu'il n'y ait personne ? Les cours commencent dans deux jours non ? questionné-je.
- C'est vrai, mais sache que la plupart des élèves ne viennent pas à l'école en dehors des heures de classe.
-Et pour ceux qui sont à l'internat ?
- Il se trouve en ville, et les étudiants utilisent la téléportation pour venir ou partir de l'école, m'explique Arwen.
Je ne réponds rien et me contente de retourner à la voiture. Je pose le carton sur le siège arrière avant de monter avec lui :
- On va faire les courses maintenant ?
Arwen hoche la tête et nous nous mettons en route pour la ville :
- Demain, je vous ferais visiter la ville afin de mieux vous adapter à votre nouvel environnement.
Je hoche la tête, j'ai hâte d'être à demain alors. J'ai envie de découvrir ce qu'est une ville vivante, avec des gens normaux et surtout, une ville qui ne soit pas corrompue par les Gangs et le crime.
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