Explications
Elle s’arrête de nouveau, elle se lève, se pique le bras avec le cathéter et se met dans son lit. Deux nouvelles personnes entre dans la chambre avec un chariot.
« Assise, c’est l’heure. » Aboie l’une des deux femmes. La fille de l’autre lit s’exécute sans broncher.
« Celle-là ne peut pas bouger j’ai l’impression » dit l’autre en désignant Coline.
« Bien. Moins de travail. ». Elle l’a redresse, lui ouvre la bouche et lui verse d’abord un petit bocal avec des cachets dedans puis un fond de verre d’eau.
Surprise, Coline n’arrive pas à intercepter tous les médicaments. La femme l’a repose sur son lit sans délicatesse puis vérifie les perfusions tandis que l’autre arrange le chariot. Elles quittent ensuite la pièce.
Sa voisine crache dans sa main, et débranche son cathéter de l’autre. Elle jette sous son matelas les cachets. Elle aspire au creux de son coude et crache de nouveau sous son matelas. Elle vient ensuite vers Coline. Elle l’a redresse doucement, lui présente sa main devant la bouche. Coline hésite puis crache le seul médicament qu’elle a réussit à garder. Elle soulève le matelas et frotte sa main dessous. Ensuite elle retire le cathéter et aspire sur son coude et répète l’opération du matelas. Progressivement, Coline recouvre l’ouïe. Elle n’a plus de filtre autour des oreilles. Par la même occasion, elle retrouve aussi sa cognition spatiale et son équilibre. Elle se redresse et tente de parler mais n’y parvient pas.
« Tu n’as pas tout recraché. Mais c’est pas grave, tu peux te lever ? »
Elle se tourne et pose les pieds au sol. Elle se lève doucement. Et constate avec plaisir qu’elle se sent beaucoup mieux à se niveau là. Elle fait un pouce à sa collègue de chambre.
« Il faut qu’on sorte d’ici. Je n’ai pas trouvé la sortie. J’ai cherché aussi ce qu’ils trafiquent ici mais je n’ai pas trouvé. Je pense que pour trouver la sortie il faut qu’on comprennent ce qu’ils font ici, en remontant les informations, on va forcément trouver un plan de la clinique quelque part. »
Coline suit difficilement mais comprend mieux que tout à l'heure.
« Je vais tout t’expliquer : Ils donnent des médicament à tout ceux qui sont présents dans les chambres. Il faut donc qu’on quitte ces chambres. Il ne donnent pas à ceux dans la bibliothèque. En fait, ils considèrent les jeunes dans la bibliothèque neutralisés. Ceux qui sont les plus inoffensifs sont assis et immobiles, le stade suivant c’est ceux qui marchent, ensuite ceux qui regarde les livres, puis ceux qui commence à lire puis ils finissent par se réveiller en quelques sorte et commence à aller voir les autres jeunes. A ce stade, ils les immobilisent, les piquent avec le produit que tu as eu puis les remettent dans les chambres pour les faire prendre les médicaments. Il faut donc que l’on arrive à récolter des informations sans qu’ils remarquent que nous sommes éveillées.
Surtout si un jeunes vient te parler ou te toucher, ne réagit pas ou part sans y faire attention. Ne leur parle pas non plus et n’interagis avec personne.
J’ai remarqué que pendant les changements d’équipe des adultes en blouse bleu, un jeune est désigné pour transmettre un papier à l’équipe qui les relève. Il faudrait que l’on arrive à prendre ce message pour obtenir plus d’informations. Mais pour ça il faut qu’on reste dans la bibliothèque.
Sinon, en général, quand tu es neutralisé ils te donnent des médicament pour t’embrouiller l’esprit, te bloquer la parole et bloquer aussi ton équilibre. Ensuite ils maintiennent seulement le traitement pour t’embrouiller et la parole. Tu peux donc au bout d’un moment te lever. Généralement, à ce moment, soit, par réflexe, tu te dirige vers la bibliothèque, soit ils te trouvent errants dans les couloirs et ils t’y emmène. Puis le cycle reprend.
A un rythme régulier, ils prennent un groupe de jeunes dans la pièce. Un adulte vient avec une liste et ils emportent une petite dizaine de personnes. Je ne sais pas où ils vont, mais ils ne reviennent jamais. Donc évitons d’être dans leur champs de vision à ces moments. Ils se baladent rarement dans un des coins, je te montrerai où je me cache. Si on doit communiquer, on ira à cet endroit.
Il faut qu’on évite de parler donc essaye de communiquer avec les livres soit en m’ouvrant une page, soit en me donnant un livre avec un titre qui pourrait m’évoquer un truc. Voilà, je pense que tu as déjà pas mal d’information. »
Coline se persuade d'avoir tout compris mais elle sait qu'elle ne se souviendra pas de tout. Elle se rappelle de lui demander plus tard, quand elle aura retrouvé la parole.
« Donc je répète : il nous faut avoir le message. Pour ça, on attend la relève d’équipe puis à ce moment on vole le papier de la main du jeune désigné. Il ne dira rien. Ensuite on avisera selon ce qu’on trouvera. Tu penses avoir compris ? »
Coline pense avoir compris le principal. Elle lui fait un pouce, ce à quoi sa collègue sourit.
« Je vais aller en première à la bibliothèque compte jusqu’à deux-milles-cent-soixante puis rejoins moi. Je me mettrai en évidence. Puis je te montrerai l’endroit où on peut communiquer, mais ne me suit pas de trop prêt. Il y a une table là-bas, on y laissera les livres pour parler. J’y vais. »
Coline commence à compter mais elle perd le fil, déconcentrée par la peur, elle abandonne donc assez rapidement et attend juste patiemment.
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