8 - Masques
Grande peste de Naples (1656)
- Chaque matin, je revêts ce masque, non pas avec espoir, mais comme une cruelle moquerie de notre impuissance face à ce fléau. Les rues de Naples résonnent de lamentations, quand ce n’est pas le silence de la mort qui règne.
- Et pourtant, même dans cette désolation, le Vésuve semble nous narguer de son ombre. Comme si, après avoir exprimé sa colère il y a 25 ans, il observait maintenant notre propre destruction.
- L’éruption n’était qu’un prélude, une mise en garde de la nature contre notre arrogance. Maintenant, c’est la peste qui exécute la sentence. Entre les deux, que sommes-nous, sinon des pions dans une tragédie que nous ne comprenons pas ?
- J’ai vu des hommes se tourner vers les cieux, implorant miséricorde, d’autres ont fui vers la campagne. Mais la mort ne discrimine pas. Que l’on soit à l’ombre du Vésuve ou loin de lui, elle trouve son chemin.
- À chaque patient que je perds, je me demande si notre foi, notre science, ne sont finalement qu’illusion. Et le masque que je porte… Est-ce que je le porte vraiment pour me protéger des miasmes, ou plutôt pour cacher mon désespoir, mon impuissance? Pour masquer la peur dans mes yeux?
- Nous, médecins, qui étions censés guider Naples à travers cette tempête, sommes tout aussi perdus. Et chaque nuit, je me demande si le soleil se lèvera à nouveau sur une ville vivante.
- Peut-être que dans cette obscurité, la leçon est claire : toute prétention humaine est vaine face à l’incommensurable puissance de la nature et de la maladie. Vraiment, nous ne sommes que peu de choses…
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