Lettre Vermeille d'Adieu
Bonjour,
Il est six heures du matin lorsque je vous écris cette lettre à moitié vermeille de gêne. Je vous avoue que je synchronise ces mots sans y croire : cela fait maintenant quatre mois que vous m’avez quitté et encore hier, je souriais bêtement en relisant vos messages... Je vous ai rencontré un jour de Septembre et lorsque ce dernier reviendra, une nostalgie profonde me dévorera sûrement… Alors, je composerai un poème en votre perte tandis que mon cœur se cassera une seconde fois. Oublier est une autre mort et je ne veux pas m’éteindre de votre mémoire. Je souhaite que vous soyez spectateur de mes succès, je veux encore collectionner vos compliments dans un bocal… Mettez encore des pansements sur mes bobos d’âmes ! Demandez-moi encore comment je vais durant les sombres jours !
Je ne devrais pas être étonnée de votre abandon : le mois de mars est un temps de guerre ! Votre départ est causé par mes insécurités… Vous n’avez pas fléchi. Vous êtes parti sans une note d’au revoir. Vous avez été ma première victoire d’amour et pourtant, je suis à deux doigts de tenter une amnésie de votre existence... Si vous saviez les tâches d’encres que vous avez versé sur mes brouillons de poète ! Vous les aimiez, mes créations… Je regrette de ne pas vous avoir dis que je vous trouvais beau. Je ne vous ai pas non plus assez confié à quel point je vous aimais... Vous vouliez tellement me voir... Les regrets font de moi, un individu bien moins coupable que je ne devrais l’être… Me voilà encore seule avec mes fantômes… Si vous aviez daigné me dire tous vos tracas à mon sujet, nous n'en serions pas là ! Encore aujourd'hui, je n'ose pas vous dire mon ressenti, c'est avec audace que vous avez refusé de l'écouter. J'ai peur de votre colère et de vos mots tueurs d'espoirs... Je ne veux pas recevoir un récipient avec les cendres de votre affection en guise de funéraille amoureuse.
Nous n’habitions nulle part. Vous étiez mon compagnon de poche. Nos discussions formaient mon refuge. Je me suis toujours demandée pourquoi je vous plaisais… Je savais seulement de votre entichement qu’il y avait de la fascination et assez de beauté pour me faire douter. Autour de vous, il y avait ces femmes auxquelles je n’attribuais aucun complexe apparent… Ma bêtise a été de soupçonner la défaillance de mon propre éclat… Je ne sais pas séduire avec justesse non plus. La notion de perfection me piquait tellement les phalanges que j'ai fini par la craindre... Identique à une lune, j'avais mes cicatrices en guise de cratères et cette tendance à me dévoiler petit à petit. Cette manière de dénuder mon existence. Cet effroi. Votre côté solaire ne comprenait peut-être pas assez... C’est avec un certain dédain que j’espère vous léguer mes larmes opalines et cristallines de sentiments. Vous m’avez tant appris. Similaire à une enfant, je vous voyais plus grand que d’ordinaire, contemplant avec un œil admiratif, toutes vos confessions. Nous n’avons pas eu la chance de nous dire au revoir proprement. C’est avec cette sincérité toujours amoureuse que je vous quitte à mon tour, Nicolas.
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