Trouvaille
« ABANDON !!!
C’EST LE SEUL SENTIMENT QUI M’INONDE. SUIVI DE LA PEUR, DE LA PANIQUE.
MON SOUFFLE EST COURT, MON CŒUR ALTERNE L’IMPATIENCE ET LE CALME.
J’ESSAIE D’ÊTRE PATIENTE, JE SAIS QUE VOUS REVIENDREZ,
QUE VOUS NE ME LAISSEREZ PAS ET POURTANT J’AI PEUR.
PEUR D’AVOIR FAIT FAUX, PEUR DE VOUS AVOIR DECU, PEUR DE NE PLUS VOUS… »
La porte des vestiaires s’ouvre brusquement et prise de panique, je cache le calepin dans mon dos. Je me retourne au moment où Raoul, jeune interne aux urgences du HUG, Hôpitaux Universitaires de Genève me demande :
— Tu l’as trouvé ?
Pour toute réponse, je secoue négativement la tête. Il m’a tellement surprise en arrivant sans prévenir que mon souffle est saccadé. Je sais que ma voix aurait tremblé, si j’avais parlé, même en prononçant qu’un petit « non ».
— Chier ! Le chef me gueule dessus ! J’y peux rien, moi s’il se cache, grogne-t-il.
Je me redresse lentement, glissant discrètement le carnet dans la poche arrière de mon pantalon et m’avance vers mon collègue.
— Non, il n’est pas ici. Viens, on continue. Je vais à la cafet’ et tu retournes à son bureau. Sa voiture est encore au parking, il ne doit pas être très loin, dis-je en sentant mon téléphone vibrer.
Je lis rapidement le message envoyé par Margot, la responsable juridique de l’hôpital. « Il vient d’arriver, la conférence de presse commence, tu peux retourner à ton poste. Merci. »
— Raoul ! appelé-je en voyant l’interne courir dans les couloirs. C’est bon… laisse tomber. Margot me dit qu’il est en place.
Il soupire bruyamment, prend appui contre la paroi à proximité et essuie son front comme s’il venait de faire un marathon. Il est mignon, avec ses cheveux hirsutes et sa mine renfrognée. Je m’approche, pose un doigt sur sa joue que je caresse rapidement en lui murmurant :
— Calme-toi… il faut que tu gardes des forces.
Il saisit mon poignet, m’attire à lui, son autre main enserre ma taille et les yeux dans les yeux, nos bouches se frôlant, il grogne :
— Ce soir ?
— Non, tu es de garde… demain si tu veux.
Il soulève les sourcils et un petit sourire malicieux étire ses lèvres. J’ai envie de l’embrasser, mais un bruit au bout du couloir nous surprend et nous abandonnons l’idée d’échanger un baiser. Je rejoins mon bureau et lui les urgences sans plus un regard.
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