Lettre datant du huitième mois de l’an 1352
Lettre datant du huitième mois de l’an 1352, adressée au roi Cafca d’Urle, souverain du royaume des Guéls. Arrivée à Brognaïné le premier mois de l’an 1353 en provenance de Zaaron-Anata, capitale de l’Empire de Kabur.
A l’intention du roi Cafca d’Urle, seigneur de la pointe du Maré et souverain des îles de Guélénol et de Kerekol et monarque légitime du royaume des Guéls,
Votre lettre nous ravis ; la vie sauve d’un enfant de notre sang vaut toutes les peines des marins qui périrent, et d’apprendre qu’elle fut mise à l’abris, nourris et transportée, habillée et chauffée et enfin amenée en sa maison par la générosité d’un roi étranger qui, d’écouter les raisons de l’Etat ou de respecter les lois de sa nation, fit le choix digne des souverains et laissa ses conseillers jouer les tyrans qu’ils voudraient qu’il soit, d’apprendre cela nous fûtes bienheureux. Soyez assurés qu’il n’existe en notre empire ni désir ni nécessité de rétribution. Bien moins de vous cherchez quelques conflits, nous trouvons plus justes de demander votre amitié et d’en retour offrir la nôtre, la rencontre d'esprits ainsi lointain ne peut être fortuite ; après tout, nous sommes deux têtes à qui l’on impose une couronne et que l’on a imposé en chef. Il est l’acte d’un dieu créateur de providence que deux cœurs semblables se voient de cette façon rapprochés par la lettre d’un texte qui traverse les continents.
Vous connaissez tous nos titres et rien de notre personne. Permettez-donc cette indulgence, faut-il préciser contre les conseils de mes proches et de mon empire. Je me nomme Stitaa Narbarine Yavath. J’étais connu différemment lorsque je n’étais qu’homme et que mes actes étaient simples et mes amis sincères. L’Empire, de tout ce qu’elle m’a pris, à emporté avant tout le temps. C’est là bien la seule que nous possédions, le reste est partagé avec l’Univers, seul le temps est intimement nôtre. Je ne peux plus marcher dans les forêts de mes terres ou voir ce qui pousse en celles étrangères. Mes mouvements sont ceux d’un peuple et je ne traverse de frontière sans en briser la souveraineté ; comme une peste je suis, mes sandales contiennent un million de pieds et dans ma main s'agrippent plus de glaives qu’il n’y a d’hommes en notre monde ; je donnerais aux peuples plus de cimetières que de villes, plus de monument que de maisons, à moi seul je suis la providence, et ainsi je suis la famine et le désolement des terres. J’ai en ma bouche les mots qui feront abattre cent cités mais n’en possède pas un seul qui me rendrais mes forêts et les profond mystère de ce qui dévore le soleil, mes scolopas touffus, mes iffin immortels, mes arbres qui sculptent le vent et la fleur qui s’y jette. Je n’ai pas étudié la plante depuis sept ans maintenant qui est la première existence du monde.
Le présent que vous m’avez envoyé, je n’en ai reçu de plus beau. Mes généraux me rapportent à chaque campagne les trésors des terres conquises, étendant à mes pieds de l’or et des joyaux en telles quantités que mon ministre des finances en demande le retour immédiat, sans quoi l'effondrement de notre économie en serait assuré dit-il. Je n’ai jamais rien vu d’aussi étincelant que cette plume, elle tient tout de la nature et celle-ci la crée au quotidien.
Je ne donnerais pas mes titres car ceux-ci ne peuvent vous saluer,
Cette lettre vous viens d’un ami,
Stitaa Narbarine Yavath.
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