Je suis un salaud.

Je t'ai laissé en plan la dernière fois, au pire moment. Je ne peux pas nier, je suis coupable.

Tu sais il y a un truc que je déteste dans les séries, les mangas ou les romans : C'est quand tu finis un chapitre à un moment crucial et que le prochain chapitre ne démarre pas exactement à la seconde où le précédent se termine, mais qu'au contraire il part sur une autre branche de l'histoire ! Je me sens alors seul, frustré... affamé.

Et bien c'est un peu ce que je viens de faire là en vérité.

Mais comme je ne suis pas un salaud je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps. Ne fais pas à autrui ce que tu ne souhaiterais pas qu'on te fasse. Cet adage est magique. Non pas magique. magique est trop péjoratif pour moi maintenant. Cet adage est spirituel. Mais pas dans le sens humoristique du terme... Cet adage est sage. La phrase ne sonne pas mais restons là dessus.

Pourquoi je perds du temps sur quelque chose d'aussi évident ? Voire cliché ?

C'est parce que je me dois d'insister. Cette phrase est un concentré pur de sagesse: "Ne fais pas à autrui ce que tu ne souhaiterais pas qu'on te fasse". On touche à la quintessence de la chose : Il y a là quelque chose d'inviolable, infalsifiable. Dans un monde de mensonge, de manipulation, de séduction comme celui dans lequel on le vit, cette phrase est un temple...

Mais je me perds encore en atermoiements. Je suis censé finir ma pensée précédente, et voilà que j'ai envie de te parler d'amour, et de manipulation. Et moi qui avais peur d'être saisi de leucosélophobie en me lançant dans ce journal... Mais j'y reviendrai.

Bref.

Je te disais que j'ai eu plusieurs opportunités de foirer ma vie, et heureusement je les ai toutes saisies. Oui heureusement.

Parce que si j'avais réussi ma vie je serais paralysé aujourd'hui.

Paralysé par la peur. Peur de perdre tout ce que j'avais jugé important à un âge où l'on donne de l'importance au superficiel. Engoncé, peut-être dans un certain standing, un confort de vie, ou le statut d'une réputation. Mais le monde bouge, nous voyons à quelle vitesse et son rotor massif nous écrase, broyant sans pitié ceux qui n'arrivent plus à s'adapter à ses nouvelles règles. Dans ce genre de monde, il vaut mieux être un fantôme comme moi.

Oui moi je ne suis personne, donc je peux devenir n'importe qui selon le besoin.

Rater sa vie c'est important aussi pour prendre du recul. On ne peut pas juste se poser et arrêter de réfléchir parce que tout va bien. Au fond c'est un peu comme faire de l'exercice tous les matins, ça maintient en forme. Souple, vif de corps et d'esprit.

Voilà pourquoi je conseillerais à tout le monde de rater sa vie. (J'aimerais rajouter au moins une fois dans sa vie mais à l'absurdité je dois privilégier l'intention aujourd'hui)