C'est pas la vie

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Pardonne-moi je t'ai maltraité.

Ne sois pas vexé. Ce n'est pas de ta faute, seulement de la mienne. Tu le sais bien, la plupart des gens ne veulent pas vraiment faire le mal. Ils le font seulement pour se faire du bien. Ils t'insultent, t'agressent, mais leur vrai problème ce n'est pas toi.

Moi en revanche je n'ai pas d'excuse, j'ai toutes les raisons d'être heureux.

En ce moment je travaille à l'usine comme un esclave, et ça me fait du bien. Avant j'étais libre et je ne faisais rien de ma pseudo liberté. Je n'étais plus dans cet état de "devenir" propice à la stimulation projective. J'aurais pu dire propice à avoir des projets tout simplement. La liberté et ses contradictions est un sujet que je crois avoir déjà traité par ailleurs dans mes pensées sauvages, donc je ne vais pas y revenir vraiment. C'était juste pour dire qu'en tant qu'esclave, j'ai tout le loisir d'imaginer un avenir meilleur et de me bouger pour le concrétiser. Rien que le fait d'avoir envie de quelque chose me fait du bien. Ça m'avait manqué.

Quand on divague trop comme moi, le retour au corps est primordial. On n'a plus le loisir de réfléchir quand on passe en mode survie. Tout est clair, net. Les questions trouvent leurs réponses facilement.

Malgré tout, dans la frénésie des gestes répétitifs, et la cacophonie des machines je me suis entendu penser ceci : Suis-je dans la réalité ?

Certes le corps est pragmatique. Beaucoup plus concret que la pensée et le rêve. Dans le feu de l'action, les heures de labeur qui s'enchaînent, les muscles qui souffrent, un sentiment de domination sur la réalité s'immisce dans mon être, délogeant une angoisse insidieuse qui avait creusé son trou comme un capricorne. Angoisse de l'incapacité à surmonter les épreuves.

Poète perdu dans les détails de son monde intime, j'ai le sentiment de traverser les dimensions. Visiter différents mondes. Ici la folie du bruit et de la poussière. Là lambeaux de fleurs. Ici une tempête aux éclairs de sang. Là, un saule pleurant un deuil.

Et ailleurs, quelle autre réalité que la mienne ?

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