Glitch
Je m'en veux de ce que je vais faire encore.
Je t'en veux aussi d'être là pour voir ça.
Et puis je me ressaisis, essayant de créer un peu de courage à partir du néant, ou à partir de ma lacheté. Non je ne me veux pas alchimiste, faiseur de secrets et d'illusions. Le secret je le sue par nature, mais je n'y peux rien. Les visions complexes de ce monde défibrillent mon esprit, et tordent ma langue à la manière effrayante d'un tentacule.
Ici se répandent les déchets de cette opération.
Avec le peu de volonté que j'ai sortie de ce qu'on perçoit comme le vide, je décide de ne pas t'en vouloir.Car tu n'y peux rien. C'est moi le responsable. Car j'ai conscience de ce que je nous fais.
J'aurais voulu t'offrir mieux qu'un "glitch".
Mais une anomalie c'est déjà mieux qu'une illusion.
Parce que comme moi, tu cherches la vérité n'est ce pas ?
Et pourtant tu es ici comme moi, à regarder autre chose qu'autour de toi. Avant de me lire tu étais peut-être dans un roman SF, Fantastique, policier, ou bdsm.
Tu t'imaginais partager ou incarner une autre vie, enquêter sur un meurtre, parcourir des contrées luxuriantes, boire le sang d'un semblable pour l'immortalité, ou réinventer l'alchimie sexuelle en essayant de créer la jouissance par la douleur.
Tu es un voyageur...
Ou un fuyard.
Est ce la dose dont tu as besoin qui te ramènes ici ou sur netflix, ou est ce le glitch ?
Ce sentiment confus que la réalité dehors n'est pas la bonne, qu'elle est trop terne, trop sombre, trop fade. Que peut-être si l'on a besoin de vivre par procuration pour se sentir vivant c'est que ça signifie quelque chose.
Est ce que c'est seulement le piège de cette dopamine infernale qu'on se fait sucer par les vampires GAFfAMés qui nous ont hypnotisés.
Est ce que c'est la nostalgie profonde d'un monde lointain, perdu, où nos existences et nos consciences avaient vraiment un sens.
Un monde qui nous est rappelé fugitivement dans la fracture générée par la beauté paradoxale du drame.
Lorsque les larmes abreuvent nos joues, comme la crue d'un fleuve d'amour qui régénère en nous l'âme, poussièreuse, qui se meurt dans ce sarcophage de chair insensibilisé.
Anesthésié par l'horreur et la jouissance.
Mais qu'elle que soit la raison. Rester ici n'est pas la solution.
Annotations