Lettre à Toi
Salut,
J'ai du mal à croire que je t'écris une lettre pour de vrai. J'ai cependant un peu moins de mal à croire que tu ne la liras jamais. Ça me paraît déjà plus réaliste.
C'est peut-être un peu osé comme façon de faire, mais ça ne fait rien. J'avais envie de t'écrire cette lettre – d'écrire tout court, en fait – histoire d'étaler mes sentiments dans tous les sens, comme du beurre sur du pain. Sur ces belles paroles, je propose de passer dans le vif du sujet.
Déjà, on est censé mettre quoi dans une lettre d'amour ? Oui, excuse-moi, j'avais oublier de te prévenir. J'imagine qu'on commence par « je t'aime » ? Ou bien c'est la conclusion ? Qu'importe. Puis je suppose que je te fais aussi quelques compliments ; que je te dis que tu es parfait, un truc un peu modeste, en somme ? Remarque, tu as de la chance, puisque c'est vraiment le cas pour toi. Je n'ai même pas la peine de me forcer pour écrire ça.
Et puis tu sais quoi ? Je vais faire à ma façon. Donc pas de panique si c'est pas clair, c'est seulement que c'est un peu embrouillé dans ma tête.
Je t'aime. Mais ça, tu l'avais sans doute déjà compris, puisque tu as (normalement) pris la peine de lire la première partie de ma lettre.
Même si tu vas certainement trouver ça idiot, niais, voire même cliché, je tenais quand même à te le dire : te voir sourire et t'entendre rire, ça fait du bien, je te promets. Je pense que ça peut même soigner des blessures (mais pas trop profondes non plus, j'imagine). Puis quand tu chantes c'est pareil, c'est beau, merveilleux, c'est apaisant. Le pire c'est que tu n'as même pas l'air de t'en rendre compte, de tout ça ; t'es parfait, mais t'en as rien à faire, c'est comme si tu ne l'avais même pas remarqué, que tu n'étais même pas au courant. Et, crois-moi, tu es bien le seul, à ne pas le savoir, ça.
Un jour on m'a dit que pour que ça marche entre deux personnes, il fallait avoir les mêmes centres d'intérêt. Ou, en tout cas, des passions pas trop différentes, parce que sinon ça pouvait pas tenir. Alors, si on s'arrêtait là, on serait carrément parfait, nous deux, sans me vanter.
Sauf que ça serait vraiment trop facile s'il n'y avait que ça ; d'abord parce que deux personnes qui aiment la même chose ne s'aiment pas forcément, ensuite parce que nous, on a un autre problème.
Et le voilà : je suis née trop tard. Ou alors c'est toi qui es né trop tôt, va savoir. Mais à qui la faute ?
Ça peut paraître un moindre mal comme ça, mais ce temps d'écart, ça fout tout en l'air.
Alors bien sûr, comme on dit, « rien n'est impossible tant que l'on n'a pas essayé. » Sauf que parfois, le simple fait d'essayer est impossible.
Je t'aime. Un peu désespérément, je dois bien l'avouer, mais je t'aime quand même.
Ilona, qui t'aime depuis longtemps, mais dont tu ignores certainement l'existence depuis encore plus longtemps.
Annotations
Versions