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Paris, le 26 mars 2489 - Point de Vue de Calysto
– Calysto, sais-tu pourquoi tu es ici ?
– Laisse-moi deviner. À cause de l’intervention télévisé de ma mère…
– Exactement. Et sais-tu ce qui va se passer maintenant ?
– Pour qui ? moi ou ma mère ? Cela fait cinq cents ans que ma mère est des vôtres. Tu devrais la connaître non ?!
– Que veux-tu dire par là ?
– Ce que je veux dire Tante Shiva, c'est qu'elle a toujours été comme ça. Elle vous a toujours défié et à chaque fois, elle a bien réussi son coup. Rappelle-toi... c’était déjà ainsi bien avant ma naissance.
– Sauf que là, elle a été trop loin.
– Comment ça ? Ce n'est pourtant pas ma mère qui a révélé notre existence au monde entier ?! C'était un groupe de vampires qui n'ont rien trouvé de mieux que d'aller dans une école pour se nourrir.
– C'est plus compliqué que ça, et tu ignores encore bien des choses sur ta mère...
– De quoi parles-tu ?
– Tu ne sais pas tout Caly...
– Je ne comprends pas où tu veux en venir… Explique-toi s’il te plait…
– Mes frères et ma sœur ont décidé de se servir d’elle pour en faire un exemple, et ils prennent cette interview comme prétexte. Ils sont décidés à lui faire payer ses choix passés, et sont prêts à tout. Ils ne reculeront devant rien pour mettre un terme à vos existences...
– Cette conversation est train de devenir absurde… Ce que tu dis n’a aucun sens.
– Tu dois t'enfuir !
– M'en...fuir... mais pourquoi ?
– Parce que tu es sa fille... et une Dhampire particulière... Maintenant écoute moi bien. Je sais pourquoi elle fait tout ça, son passé ou plutôt son absence de passé la hante et ça depuis toujours, bien qu’elle refuse de l’admettre. Ta mère est très puissante et notre monde risque de changer considérablement et ça qu'on le veuille ou non. Elle est à la recherche d'informations la concernant. Ce que je comprends et à vrai dire, je l'y encourage. Il faut qu'elle sache ce qui se cache en elle. Elle est la clef d'un mystère bien plus important encore. Elle est unique tout comme toi. Tu dois la rejoindre, elle ne devrait pas tarder à arriver à la Capitale. Tanja va la conduire jusqu’à un petit motel au cœur de Paris, le petit Jean. Dépêche-toi d’aller là-bas, avant qu’elle ne vienne ici. Dès que je le pourrai, je vous rejoindrais mais en attendant, prends ceci avec toi, donnes lui. Ne vous retournez pas, partez aussi vite que vous le pourrez. Vous seules pouvez tous nous sauver.
New York, le 29 Mars 2489 - Point de vue de Panorea
Quand nous nous sommes retrouvées au motel de Shiva, nous avons feuilleté le dossier qu'elle a donné à Caly. C'est là que nous avons vu qu'il y avait un lien entre ce dossier et le dossier médical De Karpa. Nous devions prendre la fuite, et grâce à notre alliée et à ce qu'elle nous a donné, nous avions une destination.
Nous voici donc, toutes les deux, à l'aéroport John Fitzgerald Kennedy à New York. Il est tard. Le voyage n'a pas été de tout repos. Moi dans des dossiers accumulés depuis ces cinq dernières années, et ma fille qui luttait contre sa soif de sang. Elle s'en est bien tirée, mais elle est épuisée. Calysto n'a pas l'habitude de refouler ses pulsions. J'ai donc pris la décision de ne pas la mettre d’avantage au supplice. Nous montons dans le traditionnel et reconnaissable taxi Jaune typiquement américain. L’un des rares vestiges du XXIème siècle. Je lui donne l'adresse. Direction Manhattan, à côté de Central Park. Nous empruntons Van Wyck Expy puis Queens Boulevard et arrivons enfin à Park Avenue. Une demi-heure plus tard nous sommes arrivées à notre destination.
Dans une rue adjacente de Park Avenue, nous entrons dans un immeuble. Dernier étage, un somptueux appartement. L'entrée principale de l'appartement se fait par l'ascenseur. Il y a une deuxième entrée, celle de service, qui donne sur un couloir. Nous entrons dans le vaste salon, il y a un canapé couleur crème avec ses trois fauteuils assortis encadrant la table basse, face à la cheminée en pierre, qui est entourée de deux grosses bibliothèques. Je préfère largement la lecture à la télévision. J'en ai une, bien cachée, qui me sert juste à garder un minimum d'informations sur le monde extérieur et encore même pour ça je privilégie les alternatives : journaux, informateurs... Sur la droite, il y a une porte qui mène aux chambres et commodités. Chaque chambre possède sa salle de bain. J'ai aménagé mon bureau dans le salon, mais je m'étale toujours sur la table à manger. Table sur laquelle je dépose nos affaires. Je l'amène dans la cuisine, qui est plus cosy et fonctionnelle. J’installe Calysto sur une des chaises, elle est à bout de forces. Je me dirige vers le frigo, sans surprise je trouve des poches de sang. Il est toujours prévoyant. Une fois que ma fille a repris assez de force, je lui conseille d'aller se coucher car une dure journée nous attend demain.
Quant à moi, je m'installe pour me replonger une fois de plus dans notre dernière trouvaille. Mais en regardant par la fenêtre je me perds dans mes pensées.
... Ce bon vieux New York, toujours le même. Les siècles passent mais la ville reste la même... Ça me fait tellement bizarre de me retrouver ici avec ma fille. La dernière fois que nous avons réellement été réunies, elle venait de faire vingt ans. L'âge de la rébellion, elle cherchait sa place dans la société, et a choisi le Haut-Conseil. Le fossé qui nous séparait déjà est devenu encore plus grand... Il y a tellement d'incompréhensions et de non-dits entre nous. Je me suis toujours refusée de sonder son esprit et de lire ses pensées, pensant qu'elle me parlerait d'elle-même, mais elle ne l’a jamais fait, et je doute que cela se produira un jour. Peut-être aurais-je dû le faire... Peut-être que nous n'en serions pas là toutes les deux. Peut-être que je n'aurais pas perdue ma fille. Quand nous nous sommes retrouvées à Paris, j'ai senti un profond malaise en elle. Quelque chose la travaille et elle ne me fait pas confiance. Comment est-ce que je pourrais lui en vouloir… Si on en est là toutes les deux c’est de ma faute après tout. Elle m'a peut-être accompagné jusqu'ici mais ce n'est pas de son plein gré. Elle n'a juste pas eu le choix et s'en serait bien passé. Et pourtant malgré notre situation, je suis heureuse de l'avoir à mes côtés... Rattraper le temps perdu...
Il est temps de se replonger dans les dossiers, avec un bon thé. Dans l’un d’entre eux, on a trouvé une photographie de Melinda De Karpa qui date de 1989. Un premier indice sur mon identité ? Sans doute, c’est mon portrait craché à quelques différences prêt, dû à mon ‘changement d’état’. C'est ce qui nous a frappé lorsqu'on a commencé à nous plonger dedans. Ce qui m'intrigue c'est qu'il y a une divergence entre deux documents, dans les deux derniers dossiers qui sont rentrés en notre possession. Dans le premier, toutes les analyses ont été faites en France entre Toulouse et Nice, mais il n'est nulle part mentionné qu'elle ait dû faire un séjour à New York pour des examens complémentaires. Or dans celui que Shiva nous a confié avant notre départ précipité, il y a des résultats d'analyses médicales de notre amie réalisées ici à New York. C'est ce qui nous a amené ici.
Malheureusement pour nous, et comme je m'y attendait l'hôpital où elle a passé ces fameux examens a fermé dans les années 1990. Il faut savoir qu'il reste peu de bâtiment du début de ce millénaire encore debout, alors ceux qui datent d'avant relèvent purement et simplement du miracle, car toutes les bâtisses trop anciennes, ou qui menacent de s'effondrer sont remplacées. Et le personnel de l'époque est décédé il y a bien longtemps. Il va falloir retrouver l'adresse du bâtiment et voir ce qu'il est devenu. Heureusement nous avons l'extranet plus rapide et plus puissant que le vieil internet, mais il y a certaines informations qui ne sont disponible qu'avec les vieilles connections. Je rentre le nom de l'établissement dans le moteur de recherche : San Antonio Hospital. À ma grande surprise l'hôpital est toujours là, à Ridgewood, l'immeuble est désaffecté, avec un peu de chance je pourrais trouver des documents concernant Melinda, j'en doute mais bon l'espoir fait vivre. Je regarde l’heure, trois heures du matin… Je devrais suivre mon propre conseil et aller me coucher.
Park Avenue, le 30 Mars 2489
Ce matin, j'ai décidé que nous commencerions la journée par prendre le petit déjeuner dans un charmant restaurant de ma connaissance dans la 65th Street.
– Comment te sens-tu Calysto ?
– Ça peut aller. Je n'ai plus soif, c'est déjà ça. Mais je dois dire que la situation est des… plus… bizarres... pour moi
– Oui, ça je ne te le fais pas dire...
– Argh… Puis comment est-ce que tu fais pour sortir en plein jour ? J'ai le soleil qui me brûle les yeux. – me dit-elle alors qu’on sort dans la rue, et qu’elle grimace, agressée par le jour – J’ai l’impression que je vais me désagréger
– Eh bien, la première fois que j'ai eu le courage de sortir en plein jour, j'étais terrorisée. - rire - Je croyais que j'allais mourir, mais à ma grande surprise ce ne fut pas le cas. Et, je me suis aperçue, que je pouvais combler un manque qui était enfoui au plus profond de moi. J'ai commencé à revivre. Et c'est aussi grâce à ça que j'ai pu rencontrer ton père.
– Mon père... ?
On arrive au restaurant, et une serveuse nous installe à une table légèrement en retrait en intérieur. J’en profite pour nous commander deux cafés et quelques pâtisseries. L’employée revient quelques instants avec notre commande.
– Tiens, goûte moi ça ma chérie ! Tu vas voir, tu vas te régaler.
– Mais je ne peux pas manger ça ! T'es folle !... – Caly crie ces mots, des clients à l’entoure se retournent vers nous, non sans cacher leur mécontentement. -
– Et pourquoi ça ? Aux dernières nouvelles tu es ma fille, donc si je peux manger des plats humains, toi aussi. Puis n'oublie pas que tu es à moitié humaine. Allez, mange.
– Bon, OK mais s’il m'arrive quelque chose gare à toi !
– Ha, ha, ha. Mais oui, pas de soucis, ne t'inquiète pas ! – Elle prend un morceau de tarte, pas convaincu, et le porte à sa bouche. Sa façon de faire m’amuse. - Alors c'est comment ?
– ... Hum...C'est délicieux !
– Tu vois j'avais raison.
– Bon alors le programme de la journée c'est quoi ?
– … Et bien j'ai passé plusieurs heures hier soir à éplucher les documents. Et en premier lieu, il faut découvrir qui était vraiment Melinda, car pour le moment on ne sait rien d'elle. On ne possède pas grand-chose mis à part des dossiers médicaux, une photographie et des témoignages que j'ai pu glaner par ici et là au fils des siècles.
– Et voir par la même occasion si ce sont les dossiers de la même personne.
– Exactement. Et pour cela il faut aller à Ridgewood. Je ne sais pas si on va trouver encore quelque chose là-bas, c'est fermé depuis des siècles et totalement à l'abandon. Et on peut également être sûres qu'il y aura eu des squatteurs en tout genre qui se seront succédés. Mais on a que cette piste pour le moment.
– On y va quand ?
– Quand on aura fini de manger.
On a pris notre temps pour y aller. N'ayant jamais quitté la France, Calysto découvre de nouvelles choses, une autre culture. J'essaye de lui expliquer l'évolution de ce pays, depuis la colonisation européenne par Christophe Colomb en 1492 jusqu'à nos jours, mais il est difficile de raconter presqu'un Millénaire d'histoire en quelques instants. Le temps de lui raconter tout ça, on était arrivée devant l'ancien Hôpital.
San Antonio Hospital, Ridgewood
On entre sans trop de difficulté dans le vieux bâtiment. À l'intérieur, c'est comme je m'y attendais, totalement délabré. Nous nous échangeons un regard sceptique avec Caly. On ne s’attend pas à trouver quoique ce soit d’intéressant. Mais maintenant que nous sommes là, nous décidons malgré tout de partir explorer les entrailles de ce lieu. Il ne reste pas grand-chose. L'endroit est bel et bien devenu un squat. Aujourd'hui, il menace de s'effondrer, nous obligeant à nous déplacer à vitesse humaine. Nous avons voulu commencer par les étages, mais nous avons été dans l’incapacité d’y accéder. Des escaliers, il n’en reste que des gravats au sol. La bâtisse est encore plus fragile que ce que je pensais. Après une fouille minutieuse du Rez-de-Chaussée, on a trouvé un plan détaillé de l'époque, qui nous indique que les dossiers des patients étaient conservés dans les archives au sous-sol. On se lance à leur recherche, en nous demandant s’il va rester quoique ce soit. Ça m’étonnerait fort mais je sens que si nous rebroussons chemin maintenant, je vais le regretter.
Direction le 2ème Sous-Sol.
Les escaliers que nous empruntons sont aussi dangereux que le reste du bâtiment. Les ascenseurs ont depuis longtemps gagner le sol, les câbles ayant lâchés. Nous ne sommes pas à l'abris que les câbles qui les retiennent dans les étages supérieurs rompent à n'importe quel moment... D'ailleurs je ne sais pas comment ils font pour tenir encore... Le sous-sol est un vrai dédale. On a l'impression de tourner en rond. La lampe de torche nous éclaire faiblement, et mes chaussures sont définitivement mortes. Cela doit bien faire une heure qu'on erre dans ce labyrinthe. On examine toutes les pièces qu'on trouve, mais sans succès. Toutes vides. À dire vrai, nous sommes en train de baisser les bras, car de toute évidence il ne reste rien de l'époque où l'hôpital était encore ouvert. Il semblerait que tout a été utilisé par les squatteurs ou détruit.
Au moment, où nous allons rebrousser chemin, on trouve une porte fermée à clef. Il n'y a rien d'écrit dessus. La serrure cède facilement. On échange un regard, et d'un commun accord on pénètre dans un couloir qui s'offre alors à nous. Un long, très long couloir. On met peut-être une heure pour atteindre le bout, à dire vrai, j'ai perdu toute notion du temps dans ce lieu. On se heurte à une autre porte fermée qui est tout autant rouillée que la précédente. Cette fois-ci, ça s’ouvre sur une pièce. À notre surprise, c'est une salle immense remplie d'étagères contenant tout un tas de dossiers. Le plus étonnant, c’est le système d’aération qui est encore en fonctionnement, comme si ce dernier était encore entretenu. Ce qui peut expliquer que les archives sont dans un si bon état malgré les siècles qui sont passés. La véritable recherche peut commencer. On a déjà perdu beaucoup de temps pour trouver les archives, du coup on accélère le mouvement. Cette pièce a l'air d'être encore assez solide et ne menace pas de s'effondrer pour l'instant, ce qui nous permet de nous déplacer plus rapidement. Je m’attendais à trouver de la poussière, des papiers qui tombaient en lambeaux, et c’est l’inverse. Nous pouvons prendre connaissance des documents sans problème. Ce qui accentue cette impression que ce lieux a continué à être entretenu. Ce qui aurait dû prendre des jours, ne nous prend que deux heures. À la fin de notre fouille, nous repartons avec pas mal de dossiers qui ont un rapport de près ou de loin avec Melinda.
On rentre à l'appartement, exténuées, et c'est à ce moment-là qu'avec Caly, nous nous rendons compte que nous avons passé la journée entière dans ce dédale.
Park Avenue
– Alors maman, que fait-on maintenant ?
– D'abord on va se détendre un peu, on l'a bien mérité. Et après une bonne douche et un bon repas, on pourra commencer à étudier sérieusement tout ce qu'on a trouvé.
– Ok... Dis-moi... On est vraiment en sécurité ici ?
– Tu demandes ça par rapport au Haut Conseil. C'est ça ?
– Oui.
– Ne t’inquiète pas. Personne ne sait que j'ai des possessions sur le « nouveau continent ». Si les membres du Haut Conseil n'ont pas pris connaissance des éléments du dossier on sera à l'abri quelque temps. Et dans le pire des cas j'ai quelques bons amis ici qui pourront nous aider.
– ...
– Pour une fois dans ta vie, fais-moi un peu confiance s'il te plait. Je sais ce que je fais. - Non en vérité je ne sais absolument pas ce que je fais... Je veux juste te rassurer - Allez va te doucher.
– OK maman, je veux bien essayer, j'y vais.
Il est tard quand, nous commençons à nous plonger dans nos trouvailles. Nous passons la nuit à tout éplucher entre collecte d'information et recherche sur le net. Le tout dans un silence de plomb. Il est Six Heures du matin quand la porte de l'appartement s'ouvre. Je ne relève pas la tête, je sais déjà qui c'est. Caly m'observe, tout en regardant du coin de l'œil l'inconnu, sur la défensive.
– Salut les filles. Je vous ai apporté le petit déjeuner.
– Bonjour Stan, comment tu vas ? – Je demande au nouvel arrivant –
– Tu le connais maman ?
– Oui. Stan voici ma fille Calysto. Caly, je te présente Stanislas. C'est un vieil ami. Tu n'as pas de raison de t'en faire, c'est quelqu'un de confiance, je lui ai envoyé un message dans la nuit en lui disant de passer ce matin.
– Comment tu peux en être sûre ?
– De ? Qu’on peut lui faire confiance ? Parce qu'il est incapable de me fermer son esprit et ça depuis toujours.
– Nora a raison. Si j'essaye de faire le moindre coup tordu elle le saura automatiquement et je serai mort avant même d'avoir réussi. – dit-il sur le ton de la rigolade -
– Nora ?! – Je vois ma fille qui nous dévisage en arquant un sourcil interrogateur, je ne peux m'empêcher de sourire face à son attitude – Et tu peux, toi aussi sortir en plein jour ?
– Stan, tu connais la maison. Caly regarde dehors…
– Oh… - Elle regarde par la fenêtre et s’aperçoit que le jour ne s’est pas encore totalement levé, sous le regard amusé de mon ami. -
– Reçu cinq sur cinq, je vais faire du café.
– Caly, on fait le point ? – Je lui demande -
– OK, alors voici ce que j'ai trouvé. Je suis partie du principe que nous avions les dossiers médicaux de deux personnes différentes. Mais très vite, je me suis rendue compte qu'il y avait trop de coïncidences. Déjà, l'acte de naissance est identique. Melinda de Karpa, née le vingt-trois mars mille neuf cents soixante-dix à l'hôpital Jersey. Puis, j'ai constaté que dans les documents que l'on a récupéré hier, il y a le duplicata complet du dossier médical Français de Melinda.
– Voici le café avec les croissants et les chocos.
– Attendez, on trouve ça ici ?! – nous demande Caly, les yeux grands ouverts de surprises –
– Merci Stan. Oui difficilement, mais on arrive encore à en trouver à quelques endroits. Tu as d'autres infos Caly ?
– Les dernières analyses datent de 1990. Par hasard, tu connais la date où tu t'es fait mordre ? – dit-elle la bouche pleine –
– C'était le 15 décembre 1989. – répondit Stan à ma place –
– Comment pouvez-vous le savoir ?
– Stan est à l'origine de ma transformation.
– DE QUOI ?! Non mais ce n’est pas sérieux ça ?! Ne me dis pas...
J'ignore pourquoi, mais il ne lui a pas laissé finir sa phrase, il a de suite enchainé : « Oui, ta mère a raison... »
C'est la première fois que je vis cette expression sur le visage de ma fille... Un mélange de colère, de surprise et de douleur. J'ai l'impression qu'elle est aux prises d'un sérieux dilemme et qu'elle m'en veut de l'avoir tenue à l'écart, comme d'éluder ses questions... Il est grand temps que j'aie une discussion avec elle... Bientôt, je me jure de tout lui dire, de répondre à toutes ses questions quand on aura résolu tout ça... car pour l’heure, même à moi, beaucoup de choses m’échappent.
– As-tu trouvé autre chose ? – Je demande à Calysto -
– Rien que je ne puisse mettre en relation pour l'instant maman.
– OK. Ce qui est sûr c'est que Melinda a fait plusieurs séjours ici. Et pas uniquement en 1990 comme on le pensait de prime à bord. D'après les comptes rendus, elle aurait eu beaucoup de traitements médicaux. Les médecins cherchaient de toute évidence quelque chose. Mais quoi... ? Ça c'est la question.... – Ces dernières phrases ne leurs sont pas vraiment adressées, je me perds dans mes pensées…-
– ... Heu...Je pense que... Je peux vous dire qu'ils cherchaient plus que ça.
– Explique toi Stan. – Mon ton est plus sec et dure que ce que j'aurais voulu... –
– Comme tu le sais, à cette époque j'étais déjà un vampire. Si mes souvenirs sont bons, et crois moi, ils le sont, les médecins de San Antonio étaient eux aussi des vampires. Ils réquisitionnaient des vampires de sous-ordres comme moi pour faire le sale travail. Et je n'ai malheureusement pas fait exception. Ils faisaient des expériences sur des enfants mais pas que... Ils se contentaient de nous donner des ordres, ils ne partageaient pas leurs réelles intentions avec nous. Mais tout le monde savait parfaitement ce qu’ils projetaient de faire. Les secrets dans notre monde n’existent pas, tout se sait… Enfaite, ils choisissaient des mères potentielles grâce à leur ADN. Si elles présentaient les bons codons ADN, alors ils demandaient le transfert des dossiers médicaux. Je ne sais trop comment, mais apparemment nos scientifiques ont toujours réussi avoir de l’avance sur leurs homologues humains. Dès que les femmes sélectionnées étaient enceintes, ils se débrouillaient pour faire des examens sur les fœtus, en prétextant divers risques ou anomalies. Suite à ça, ils modifiaient l'ADN des futurs bébés. Une fois, les enfants nés, ils les surveillaient en leur donnant rendez-vous tous les ans pour faire de nouvelles analyses. Pour justifier tout ça ils disaient aux parents que leurs enfants avaient une maladie rare, incurable. C'était totalement faux, ces enfants étaient devenus des cobayes sur lesquels les docs faisaient des expériences scientifiques en vue de créer une nouvelle espèce de vampires, enfin si on veut... Bien que le mode de transformation restât le même, personne ne pouvait prévoir le temps que cela allait prendre réellement. Par la suite, avec les premiers tests, on a découvert qu'elle durait deux mois au lieu de trois jours. À la suite de nombreux échec, le « programme », comme ils le nommaient, a été arrêté. Il s’est avéré, que les enfants nés de leurs expériences ne survivaient pas une fois mordu. Plus tard, j'ai découvert qu'il y avait un survivant. Une petite fille avait échappé à tout ça, grâce à ses parents, elle a vécu plus longtemps que la moyenne une vie totalement normale... C’est également la seule à avoir survécu à la transformation. Melinda a été une des victimes de cette expérience malgré elle. Tu as été une des victimes de cette expérience …
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