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Noyer son esprit dans des futilités, dissoudre dans l’espace une frivolité. Aériennes deviennent les pensées. Elles se logent aux quatre coins de l’espace, se fondent, se cachent. Ne pas les voir, seule leur importe la discrétion, la diaphanéité. Parfois, dans un excès de fatigue, peut-être un manque de vigilance, elles se laissent choir en liasse. Se dispersant de nouveau de toute leur plénitude dans l’appartement. Leur mouvement qu’est la chute, provoque l’angoisse. L’angoisse de les voir virevolter de tout leur mouvement pour devenir non plus zéphyr mais rafale. Cette rafale, effrayante par sa fulgurance, n’attendra qu’une chose : la faille. Lorsque celle-ci sera repérée, sondée, la rafale s’immiscera en proue en son centre pour s’y loger, ne laissant plus assez de place aux légèretés de l’ignorance. Privées de leur oubli, les pensées se diffuseront, d’abord par salve puis de toute leur férocité. Dans un ultime effort elles reprendront place où elles ont primairement reçu la vie : l’encéphale, concepteur – qui attendra de nouvelles futilités à prendre pour proie, qu’il offrira aux pensées comme pitoyable échappatoire.
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