Vision?

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Dîner aux chandelles. Très romantique si on exclu les sardines en boîte et le réchaud à gaz prêté par la grand-mère de Loane. Pour notre premier dîner en tête à tête dans ce qu'elle appelle déjà « chez nous », Séverine m'a fait la surprise de passer une tenue que je ne lui connaissais pas, toute de mousseline et de voiles, transparente et plutôt hot. Ses mamelons pointent sous la gaze comme deux noisettes bien dures, captant toute mon attention. Dans un buffet, elle a trouvé et lavé de la vaisselle en cristal de Baccara imprimée de filigranes d'or. L'éclairage de la bougie donne à sa chevelure une lueur incandescente. Les ombres ambrées dansent sur son visage. Jamais elle ne m'a paru aussi sensuelle. Elle porte son verre à ses lèvres sans me quitter des yeux, devinant l'effort que je fais pour ne pas me jeter sur elle. Bien qu'elle apprécie d'ordinaire ma sexualité faunesque, je devine qu'elle attend autre chose ce soir. Son statue de châtelaine...

Accordant ma tenue à la sienne, j'ai choisi l'habit d'Adam, et mon sexe en érection pointe dans toute sa splendeur virile. L'excitation me coupe l'appétit, je n'ai plus envie que de son corps. Je repousse ma chaise et laisse à ma partenaire deviner mon désir. Séverine ressent si bien ces choses là. Féline, elle monte sur la table et s'avance, à quatre pattes, roulant des reins, déployant sa poitrine dont le renflement attise ma vigueur. Là, juste sous mon nez, elle se redresse sur les genoux et se caresse, fait jouer ses mains sur son corps. Je pourrais me jeter sur elle et la baiser, mais ce jeu me plait. J'aimerais que Loane soit là. J'aimerais les voir faire l'amour l'une et l'autre.

Mon fantasme envahit mon cerveau. Les chandelles s'allument, toutes, plongeant le salon dans une orbe dorée. Dans mes yeux grands ouverts dansent des démons femelles au corps nu, d'étranges dessins peints sur leurs peaux. Une orgie mystique. J'entends leurs rires, leurs soupirs et leurs gémissements. Elles s'embrassent, se caressent, nymphes démones de lumière et de sexe. Elle dansent autour de nous, leur cercle se ressert. Je peux percevoir leur odeur de chair complice. L'orgasme de Séverine monte, le mien aussi. Quel aphrodisiaque a-t-elle mis dans mon repas ? À moins que ce ne soit le mélange que nous venons d'absorber. Où peut-être cette ambiance surnaturelle ?

C'est alors que je remarque les chandelles allumées. Les tentures écarlates semblent animées de vie. Dans la cheminée, les flammes se sont ravivées, seules. Et toujours cette odeur de fleur, une odeur capiteuse de tubéreuse et de lys. Les rires féminins éclatent comme des bulles de champagne. Je devrais me pincer pour savoir si je rêve, mais je suis bien dans cet état extatique. Séverine ne remarque rien, égarée qu'elle est dans son orgie de sexe, ivre, presque droguée. Elle entoure mon cou de ses bras et m'embrasse, un baiser d'une profondeur et d'une sensualité comme jamais. Puis elle glisse lentement le long de mon corps et s'agenouille devant mon membre dur. Ses doigts tels des plumes caressent le gland, la verge, les testicules. Mes doigts plongés dans la masse de ses cheveux, je renverse la tête en arrière et ferme les yeux, me laissant aller au sublime de cette fellation.

Des mains m'effleurent, des mains de femme, chaudes, douces et légères. Un voile de chair de ma peau qui frémit. Je les entends soupirer. Je n'ose ouvrir les yeux. Les démones sont revenues dans mon esprit fertile, et toutes deux me lapent le corps de leur langue et de leurs doigts. Séverine s'est relevé, j'étais sur le point de lui jouir dans la bouche. Elle me pousse, me guide jusqu'à un tapis de fourrure épaisse placé devant la cheminée. Je m'étends sur le dos, elle me chevauche aussitôt et s'empale sur moi. Un trait. Han. Elle pousse un cri de plaisir et s'active, cherchant à extraire sa jouissance et la mienne. Entre mes yeux mi-clos, j'observe son corps qui ondule au-dessus de moi, ses seins fermes et ronds, enserrés par deux mains qui ne sont ni les siennes, ni les miennes. Les lémures femelles participent à notre débauche, et tandis que deux lèchent mon torse ruisselant de sueur, deux autres lui butinent les seins. Un fantasme vécu de chair et de sang. Quelle drogue Séverine m'a-t-elle fait prendre pour un tel résultat ?

Mes reins se contractent. Devant une telle déflagration de plaisir, je ne peux retenir ma jouissance. Séverine se cambre pour mieux recevoir mon offrande et pousse un long miaulement avant de se laisser tomber sur moi.

L'un contre l'autre, baignés de larmes de plaisir et de halètement saccadés, nous reprenons notre souffle. Tout redevient calme. Les battements de nos cœurs s'apaisent, les lémures retournent à leurs ténèbres, les chandelles s'éteignent, le feu dans la cheminée calme ses ardeurs. Tout redevient normal donc, sauf cette persistante impression que quelqu'un nous observe. Mes yeux scrutent l'obscurité. Là, dans l'ombre, une forme humaine. Assis dans un fauteuil, jambes croisées, un homme en habit de grand siècle nous reluque avec un intérêt non dissimulé. La lueur que je lis dans ses yeux exhale la concupiscence. Depuis combien de temps est-il là, assis dans mes songes à contempler nos ébats ?

La lumière diffusée par la lampe à butane drape ses cheveux blonds d'une orbe dorée, et ses yeux verts jettent des éclairs ardents. À bien l'observer, il ne m'est pas inconnu. Son visage, son attitude, cette façon de croiser les jambes, hautaine et désinvolte. C'est moi-même que je contemple, assis dans un fauteuil crapaud. C'est ma propre imagine vêtue à l'ancienne que me renvoie ma démence, comme un reflet de ma perversion. Il faut que je dise à Séverine d'arrêter de mettre du LSD dans mon verre.

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