À l’origine, il faisait partie d’un immense mont.

Puis il s’en décrocha en même temps que le reste d’un monomythe, érodé par les pluies.

Des hommes ramassèrent le bloc et l’apportèrent à un sculpteur qui en fit une Aphrodite.

Mais le bateau transportant l’œuvre vers son propriétaire fut pris dans une tempête et la statue sombra.

La sculpture tomba dans les bras de l’océan et heurta dans sa chue un rocher qui la brisa en éclats.

C’est là que naquit le caillou.

Tout blanc, il fut patiemment lissé par un voyage à travers les courants marins.

Il a été repêché un jour par un plongeur passant, car lui trouvant un bel éclat.

Mais il n’arriva jamais chez l’homme, car tombé par un trou de sa poche, alors qu’il se trouvait sur un air d’autoroute.

Pendant un mois, le caillou côtoya les brins d’herbe, les bruits de moteurs et les gravillons auxquels il raconta son voyage.

Puis un enfant le ramassa.

Il fut placé sur une étagère, avec d’autres de ses semblables, avec qui il vieillit.

Puis l’enfant devint grand et jeta sa collection, dans le cœur d’un jardin public.

Il fut ainsi battu par des pieds pendant quelque temps encore.

C’est une étudiante qui fut la suivante à le ramasser, une artiste, cherchant de jolies pierres pour l’une de ses œuvres.

Le caillou sauta accidentellement de son sac dans sa voiture et alla se caler dans un coin où il fut oublié.

Il en tomba après quelques mois, dans un parking.

Le voyage continue et ne s’arrêtera surement pas de sitôt !