Bercé par les étoiles

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La nuit était sombre quoique magnifiquement illuminée par les étoiles ce soir-là.

Isolée dans la forêt, se trouvait une maisonnée en bois qu’on devinait occuper de par la cheminée fumante trahissant un feu à l’intérieur.

Tout était silencieux et calme à l’exception d’une légère brise nocturne venant fouetter les planches et museler tout autres bruits. On pourrait croire que les habitants de la maison dormaient tous à poings fermés, mais si on y prêtait une oreille attentive. On entendait les pleurs d’un bébé trompant le silence.

L’intérieur de la chaumière était très sobre : une petite pièce de vie ou crépitait délicatement un feu. À côté se trouvait une cuisine modeste mais contenant tout ce qu’il leur fallait en légumes, garder au frais dans un cellier, et dot l’air était savamment embaumé de fragrances d’épices. De l’autre côté du couloir, après une salle d’eau et une pièce étrangement fermée, il y avait une chambre à coucher.

À droite d’un lit simple ou reposait un homme, un berceau se balançant à un rythme régulier faisait craquer le plancher. Et en son sein, éclairé par la lune, un bébé pleurait, agité et sous le tourment d’un cauchemar.

Difficilement, l’homme se leva, faisant grincer son matelas, et se frotta les yeux avant de se diriger vers le petit être.

D’un pas calme et sans son, il finit par se pencher au-dessus du lit et réveilla doucement le bambin, faisant des bruits blancs pour les rassurer.

Son précieux fardeau entre les mains, l’adulte essuya tendrement les larmes des yeux du nourrisson. Il avait les leurs: un aussi vert que la forêt et l’autre d’un vibrant turquoise. Mais ses boucles d’ors étaient sans aucun doutes les siennes.

Avançant vers le couloir, il berçait l’enfant qui réalisait petit à petit être en sécurité. Puis, en arrivant devant la porte fermée, il s’arrêta, faisant craque le parquet de ses bottines de cuirs enfilées entre temps.

Le père tourna la poignée qui crissa un peu, faute de ne pas avoir été huilée récemment, découvrant une salle baignée dans la lumière lunaire.

Réunissant tout le nécessaire à sa sorcellerie, l’atelier était savamment ranger. À gauche, une vielle bibliothèque contenait une collection d’ouvrage transmis de père en fils et dont les pages étaient jaunis par le temps. Aux deux autres murs se trouvaient des tables contenant cristaux, pierres et plantes, séchées ou non, ainsi que des éprouvettes et des bocaux renfermant d’étranges liquides en tout genre. Sur l’une d’elle, près d’un mortier, une besace en cuir pratique pour le transport. Au-dessus de ces bureaux, il y avait des étagères sur lesquelles étaient posées des fioles de verre, tellement claire qu’il renvoyait la lumière astrale sur les occupants, enfermant autant des mélanges d’herbes que de liquides, voir des deux, aux couleurs chatoyantes.

Dans le coin, il y avait également une grande marmite tout près d’un support pour les livres, aussi anciens que le reste, mais le sorcier ne s’en préoccupa point.

Scrutateur et attentif, toujours en humant distraitement pour son fils, il cherchait deux petites fioles bien particulières en lisant rapidement les étiquettes.

Finalement, il tomba sur celles qu’ils désiraient et les prit en main, observé par des petits yeux curieux. « Cristaux éonniques », une petite poudre semblable à du sel d'un bleu céleste, et « Glycine d’Haodre », un étrange liquide visqueux transparent. Séparément, les mixtures étaient sommes toutes inutiles, mais combinées à d’autres elles servaient toutes deux à plusieurs sortilèges cosmiques.

Le père rangea les deux produits ainsi qu’une pipette dans sa besace, provoquant un petit tintement sonore et embrassa le front de son fils, lui souriant qu’ils étaient prêts à partir.

Enfilant au passage un grand manteau dans lequel il emmitoufla le petit garçon le sorcier sortit de sa demeure et pénétra dans la forêt.

Craquant quelques brindilles sur son passage, ils s’y avancèrent de plus en plus profondément. Nullement, interrompus si ce n'était que de la faune et de l’air d’une berceuse mystique.

Et enfin dans une clairière, l’homme s’assit en tailleur dans l’herbe humide de la rosée du soir et déposa sa sacoche par terre.

Après avoir repositionner le petit dans une posture semblable à l’assise, sa tête calée contre son torse, il sortit son matériel dont la vitre avait refroidi.

Cette nuit, il allait pouvoir lui montrer un sort sur lequel il travaillait pour lui.

Habilement, il ouvrit les fioles et grâce à la pipette, noya les cristaux sous la glycine. En remuant doucement le contenu, le sorcier murmura une incantation tout en faisant le vide dans son esprit. Quand une fumée bleutée commença à monter dans les airs, il la souffla en direction des étoiles.

Sous le regard émerveillé du petit. Elles se mirent à scintiller de plus belle et à se rassembler. Formant d’abord des formes abstraites puis qui se précisaient jusqu’à devenir un écureuil.

Le petit rongeur stellaire descendait graduellement, comme si un escalier invisible se trouvait sous lui, et atterrit au sol sans le moindre bruit.

Écartant l’herbe sur son chemin, toujours sans provoquer de bruit de froissement, il se dirigea vers le duo et s’assit sur les genoux du bambin.

Bien installées, les étoiles se métamorphosèrent de nouveau. Et de l’écureuil au lapin elles passèrent. Tout mignon et tout doux, le bébé ne put s’empêcher de caresse le pelage céleste du petit lagomorphe qui ne s’en plaignait pas, au contraire, le faisant rire comme des milliers de clochettes.

L’enfant fit cela pendant plusieurs minutes et aurait voulu continuer ainsi longtemps mais, il commençait à s’assoupir et son père le remarqua.

Allongeant son fils dans ses bras et dégageant quelques boucles de son regard vairon, le sorcier formula mentalement une nouvelle commande aux étoiles.

Ce qui fut un innocent petit lapin était maintenant une somptueuse lionne aux ailes de pégase: représentant la famille, la force et la magie, elle était l’emblème de leur lignée depuis des siècles.

Elle tourna autour d’eux à trois ou quatre reprises, agitant ses puissantes ailes, avant de finalement s’asseoir en leur faisant face. Penchant sa tête, la lionne, lécha maternellement la joue de l’enfant, finissant de l’endormir par magie.

Sa mission maintenant accomplie, elle salua ses protégés d’un hochement avant de remonter aux cieux et de redevenir étoiles.

Le père pouvant maintenant laisser ses pensées vagabonder regarda son petit dormir à poings fermés avant de remettre son matériel, l’une des fioles dorénavant tiède dut à la réaction magique.

Et enfin, il se releva, enfouissant de nouveau le blondinet dans la chaleur de son manteau, pour quitter le calme de la clairière et retrouver celui de leur cabane.

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