Bon baiser de l'au-delà (part.9)
Comme rien ne le laissait supposer, trente minutes plus tard c’est au tour du sergent de la police de succomber sous de pareilles souffrances. En main, le dossier contentant les photos, cloué à l’aide d’un stylo. Suivi, une demi-heure plus tard précisément, par un autre agent des forces de l’ordre, puis au suivant et au suivant encore, jusqu’à ce qu’enfin n’émerge le soleil, venu mettre terme à ce cauchemar.
Une tuerie telle, qu’arrivé au petit matin, seul une poignée d’agents restent encore à même de mener l’enquête pour appréhender le coupable de ces odieux massacres. Cinq agents, ni plus ni moins, dont une stagiaire en formation. Maigre effectif qui se voit obligé d’implorer l’aide de la garde national. Des militaires sans scrupules qui ne peuvent non plus donner sens à tout ce qui s’est produit, lorsque à l’horizon pointe déjà le crépuscule. Le glas à une nouvelle vague de terreur. Le courroux d’une mère endeuillée qui, une demi-heure après l’autre, châtie jusqu’aux plus infimes fripouilles de la ville. Et lorsque, quatre nuits plus tard, Miko se tient debout face aux derniers soldats encore en vie, elle se sent aussitôt bloquée dans ses mouvements et ne parvient à avancer en sa direction. La cause en est qu’un prêtre exorciste a été appelé en renfort.
Un homme d’Église qui se tient derrière elle et cherche à rebouter son esprit néfaste du monde des vivants, tandis qu’elle lutte pour envoyer le soldat au sol avant de s’avancer en direction de cette opportuniste qui se prétend bon, alors que chaque fibre de son corps refoule le pêcher.
Lui aussi lutte pour venir à bout de cette ange de destruction. Et moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, il s’écroule à terre, victime d’un arrêt cardiaque. Derrière lui, Yuko ! Une intervention qui permet à Miko d’achever sa tâche, avant de redoubler de cadence pour les meurtres suivants. Laissant les rues et les ruelles se vider à chaque jour un peu plus, jusqu’à l’annihilation complète de tous habitants de la ville, une paire de semaines plus tard, où seule règne l’odeur putride des corps abandonnés à la merci des mouches et autres charognards. Tous décimés à une allure de plus en plus incompréhensible.
Enfin, pas tout à fait ! Car ce que nul n’a su prévoir, c’est que la malédiction qui s’est collée à l’esprit de Miko se veut d’une telle démesure, qu’elle peut à son tour s’accoler à chaque victime qu’elle occasionne. Ce qui a laissé le nombre d’esprit vengeur s’accroître nuit après nuit, jusqu’à faire de la ville de Kagoshima, située au bas du Japon, une ville fantôme. Un « no man’s land », ou plus précisément, une ville prohibée.
Fous seraient celles et ceux qui oseraient s’en approcher. Les médias ont été clair à ce sujet. De ce fait, alors que la nuit tombe pour la seconde fois sur la ville inanimée où nul esprit ne se dévoile dans les rues. C’est à son orée que l’on peut apercevoir Miko avancer en direction des terres, tenant Yuko par la main. Et juste au débouché de leurs pas, une armée de plusieurs centaines d’esprits aux corps mutilés, près à empiéter le monde entier. Car, arrivée du soleil levant, avançant par monts, par mers et par vaux, la nuit apporte désormais la mort à tout individu qui, le temps d’un instant, aussi infime soit-il, s’est laissé aller au pêché au cours de sa vie. Et aujourd’hui, lorsque s’endormira le soleil, la mort à ta porte frappera également.
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