L' île aux soupirs
02. 08. 2024
Cet après-midi, alors que ma grande fille se trouve chez sa marraine, je reçois un appel téléphonique de… Louane, ma mère!!!!! Après cinq ans de silence total, je suis bouleversée à l’extrême; un véritable raz- de- marée s’amorce au plus profond de mon être: larmes, joie, peur.
17H45
Après son appel, je tremble de toute part, je ne sais plus où j’ en suis. Mon seul réflexe est de t’ envoyer ces quelques mots :
- « J’espère que tu recevras ce sms. Je suis bouleversée, je pleure toutes les larmes de mon corps; ma mère vient de me téléphoner pendant plus d’ une heure pour que je revienne chez eux. Elle demandait à comprendre le pourquoi de mes publications de lettre , selon elle, “mensongères” sur FB et de ma haine envers eux. Je lui ai répondu simplement que toute cette haine venait de leur incompréhension à eux concernant son père à elle… Je lui ai balancé, face à son insistance, tout ce qu’il m’ avait fait subir lorsque j’ y allais en vacances, les détails des viols subis et mon incapacité à le faire plus tôt vu la réaction familiale générale vécue par le - peu- que j ’avais pu leur expliquer à ce sujet. Je lui ai également expliqué, que depuis lors, je portais un grand poids, celui de la culpabilité de ne pas être parvenue à me faire comprendre par eux. Elle semblait être sur le “cul”, elle ne s’ imaginait pas que ça avait été aussi loin mais nie le fait d’avoir été aussi trop” dure” avec moi, ( éternel laïus sur mon caractère difficile, ma naïveté, “c’ était pour ton bien” etc). Bref, elle aimerait que je revienne pour discuter de vive voix avec mon père d ’ici quelques jours; j’ ai répondu que j’ avais besoin de réfléchir, que cela faisait cinq ans que je tentais de me reconstruire avec Toi… J’ ai l’impression d’ avoir reçu un coup de massue et qu’ en même temps un train m’ est passé dessus…. »
Je prends des calmants, tellement l’ émotion est intense, m’ isole dans ma chambre et m’ assoupis entre deux sanglots.
20H21
A mon réveil, je découvre ton appel en absence et ton texto:
- « J’ai bien reçu ton message… Comment ne pas être bouleversée??? Je t’ ai laissé un message vocal. Bonne soirée, peut- être de nouvelles opportunités s’ouvrent- elles à toi… Impatient d’ être à notre prochain RV. »
Je compose donc ton numéro (pour te rassurer aussi), t’ explique la situation en chialant et une de tes paroles se grave en moi:
- « Ne ferme pas nécessairement toutes les portes mais protège- toi! »
03. 08. 2024
Après avoir versé des litres de larmes de sang, je passe en mode réflexion durant la nuit et une partie de cette journée. A présent plus solide, soutenue par tes paroles et ton regard, j’ opte finalement pour une prise de risque limitée en envoyant un texto à « maman » pour discuter de vive voix :
- « Bonsoir maman, si vous êtes chez vous demain après-midi, pourrais- je passer pour discuter? »
Sa réponse est positive, et nous convenons d’ une rencontre à 15 h. Comme ma cousine Charlotte et son fiancé venaient passer quatre jours à la maison, nous décidons ensemble qu’ ils me conduiraient chez mes parents et resteraient chez Kiara, ma plus jeune soeur, ( maison voisine) durant le temps de la discussion.
Je suis à la fois très angoissée et excitée à l’ idée de les revoir après cinq ans de silence. Comment vont- ils réagir lorsque je tenterai de leur exprimer cette extrême souffrance ancrée au poids de la culpabilité; celle- là même qui m’avait amenée à les haïr et couper finalement les ponts???
Peu importe, je pars du principe qu’ il me faut absolument rompre le silence et briser cette chaîne coûte que coûte! Puis munie de tous tes conseils assortis des leçons apprises à tes côtés durant cinq ans, je n’ en suis probablement que plus forte. Je prends ainsi la décision de voler de mes propres ailes et de ne rien t’ en dire avant notre séance prévue ce mercredi.
En effet, au pire, si cela venait à mal tourner, je sais que je pourrais toujours te prévenir d’ une manière ou d’ une autre. Cependant , j’ ai acquis une certitude: tu seras présent dans mon coeur et mon esprit pendant cet entretien pour guider chacun de mes pas et le moindre de mes propos.
Je feuillette mon carnet de bord afin d'y retrouver la lettre que j'avais envoyée à mon père en 2020. Je la relis, étranglée par la souffrance et abasourdie par l' odeur du soufre rance qui s' en dégage :
« Cher Corentin,
Comment pourrais- je encore t' appeler tendrement « Papa » alors que tu montres à mon égard un comportement complètement opposé à celui qu'un véritable père digne d'être nommé ainsi aurait eu ?
En effet, un « véritable » père aurait tout tenté pour protéger son enfant, pour l' accepter tel qu' il était même s' il ne correspondait pas exactement à l' image qu' il s' en faisait afin de le comprendre quand il sentait qu' il perdait pied. Il aurait surtout reconnu ses lacunes, son manque de discernement car aucun parent n' est parfait. L' erreur est humaine ; cependant, la reconnaître est primordial pour avancer... De cette sorte, cela permet de modifier le cours des événements. En bref, ce que je viens d' énumérer constitue tout simplement l' instinct paternel.
Or, j'ai l' intime conviction que ce dernier n' a jamais existé en ce qui me concerne alors qu' il est très développé pour tes deux autres filles et notamment pour la plus jeune ! Je me suis donc permise de tenter de te comprendre, de trouver une raison valable à ce déni flagrant. Et je puis t' assurer en toute modestie que j' y ai réfléchi des journées, des nuits entières : toujours cette même question qui revenait inlassablement me hanter : « Qu' ai- je fait de si grave au point d'être complètement reniée par mon géniteur ? »
Mes longues réflexions ne m' ont apportée aucune réponse logique. Bien entendu, j' ai fait des bêtises, j' ai eu beaucoup d' aventures vers l'âge de vingt ans mais j' ai cependant toujours été honnête, serviable, travailleuse, n' ai jamais tué ni volé personne !
Un instant, j'ai cru que tu m' en voulais d' avoir dénoncé les gestes obscènes du père de ton épouse à mon égard mais j' ai rapidement réalisé que ce n' était pas l' élément déclencheur. C'est sans doute celui qui a renforcé ton attitude à mon égard. En fait, je ressens ce rejet depuis que je suis toute petite mais j' aurais aimé en connaître la véritable cause ! En vain... J' en suis donc arrivée à une conclusion assez effrayante : « Es- tu réellement mon père ? »
Le but de cette lettre n' est pas de te juger mais de t' exprimer ce que je ressens au plus profond de mon âme. D' ailleurs, sais- tu qui je suis réellement ? Connais- tu mes passions ? Que sais- tu de moi en fin de compte ?
Afin de te permettre de me comprendre un tout petit peu, je joins trois livres à cet écrit que je te conseille de lire. Je suis certaine qu' ils t' interpelleront chacun à leur manière. Il n' est jamais trop tard pour se remettre en question.
Katherin. »
04. 08. 2024
Le jour J: retrouvailles ou représailles?
Une espèce d’excitation teintée d’angoisse s’empare de mon être dès mon réveil… Je nettoie donc toute la maison de fond en comble afin de la gérer au mieux en attendant l’ arrivée de mes “chtis” cousins tout en me perdant dans mes pensées :
- « Affronter, se confronter à ce passé si douloureux; cesser de le fuir: folie ou raison? »
Me voilà arrivée devant leur maison. Je n’ oublierai sans doute jamais cet instant où les jambes flageolantes, j’ en franchis le seuil, le coeur batifolant à mille à l’ heure! Maman est assise sur la chaise au bout de la cuisine; elle se lève et nous nous jetons dans les bras l’ une de l’ autre.
Sa première parole après nous être embrassée concerne ma coiffure :
- « Ooooh, tu n’ es pas un garçon, il faudrait laisser repousser tes cheveux »
Papa arrive à son tour, il semble assez distant quand je m’ approche pour le saluer. Je suis ensuite invitée à entrer et à m’ installer dans le salon pour discuter. Au début, il reste dans l’encadrement de la porte tandis que maman demeure assise dans le fauteuil face à moi ( j’ ai opté pour le divan, rien que ça!).
Puis c’est un balai incessant de questions- réponses au cours duquel je leur explique parfois très maladroitement mon vécu avec le grand-père maternel, ce qui m’ avait fait souffrir dans leur comportement à mon égard , les insultes et les agissements de la famille concernant mes aveux à l’ époque qui m’ avaient incitée à n’ en jamais dire plus par la suite.
Au fil de la discussion et des détails donnés, papa s’ assoit dans le second fauteuil puis me demande:
- « En gros, si je comprends bien, tu me reproches de ne pas t’avoir protégée? »
Je ne peux qu’acquiescer… Par contre, au sujet de la lettre que je lui avais envoyée et publiée par la suite sur FB suite à son absence de réponse, il prononce ces paroles assassines:
- « Tu sais pourquoi je n’ y ai pas répondu? Parce que je ne supporte pas qu’ un enfant puisse me manquer de respect! »
Il s’ ensuit un « blanc », un « silence » suite auquel ils me proposent du café; l’ ambiance se détend enfin peu à peu… Ils me disent tous deux qu’ ils me croyaient; qu' il aurait été, cependant, préférable de leur en parler à l’ époque car à ce moment là, ils auraient pu agir, le poursuivre en justice, me soutenir, me faire suivre psychologiquement mais qu’ aujourd’hui, il était trop tard; qu’ il n’ y avait malheureusement plus rien à faire.
J’ enchaine sur le fait qu’ au vu des diverses réactions familiales , je n’ en avais pas eu la force ni le courage car je voulais aussi les préserver de cela! Je leur précise, en outre, que je m’ étais prise en charge via un suivi psycho- thérapeutique hebdomadaire, depuis cinq ans, grâce auquel je me trouvais, sans nul doute, chez eux aujourd’hui…
Oufffff, déjà trois heures de discussion… Nous retournons dans la cuisine, je fume enfin une cigarette et nous parlons ensemble de nos vies respectives. Mes enfants viennent nous rejoindre; c’ est ainsi que Eve fait la connaissance de ses grands-parents…
Ils semblent sous le charme de mes petites filles chéries, ils les trouvent magnifiques et bien élevées. J’en profite pour leur présenter mes petits cousins français, ils nous offrent un verre et nous montrent les différents travaux réalisés durant mon “absence” dans leur maison.
Cela me paraît tellement surréaliste ( le comble pour une poétesse de ce courant!) car nous papotons , dès- à- présent aussi joyeusement que possible... ( après de telles révélations). L’heure tourne et il est temps pour moi de prendre congé vers 21H30; je les embrasse affectueusement et papa me lâche sur un ton humoristique assez sarcastique:
- « A dans cinq ans et demi alors? »
Je me contente de l’ observer pour lui répondre:
- « A bientôt »
Alors qu’ ils me raccompagnent tous deux sur le chemin, je réalise subitement que je viens, ici, là et maintenant, de gagner une terrible victoire sur moi- même à tel point que mes jambes en ont du mal à me porter.
D’ ailleurs, mes chevilles sont doublées de volume comme s’ il s’ agissait de ces pleurs que mon être au monde pouvait enfin s’ autoriser à évacuer… Oui, j’ ai osé m’ exprimer devant eux; je suis parvenue à vaincre cette peur qui me paraissait, jusqu’ à hier encore, insurmontable et surtout, j’ ai offert la parole à cette petite fille bafouée dans son innocence!!!!!
Oh, bien sûr, je sais que tout n’ en est pas réglé pour autant; qu’ il me reste certainement un très long chemin à parcourir guidée par l’ empreinte indélébile de tes pas, aiguillée par le son de ta voix si mélodieuse , ma petite menotte accrochée à la tienne, d’une puissance incommensurable, les jours où je sombre littéralement dans ma silencieuse éloquence…
Cependant, une nouvelle étape, et non la moindre, vient d’ être franchie!!! A moi de magnifier, pour la suite à venir, cet accomplissement!
06. 08. 2024
Demain, c’ est l’ anniversaire de ma génitrice; je ne pense plus qu’ au bonheur qui s’ offre dorénavant à nous. Je décide de lui transmettre une petite attention pour le lui souhaiter :
– « Un peu à l’ avance, je te souhaite le plus merveilleux des anniversaires; je t’ offre tout cet Amour Inconditionnel ( enfoui en moi depuis toutes ces années) qu' un enfant voue à sa Maman avec cette promesse de désormais dialoguer et ne plus jamais claquer la porte. JTM »
Sa réponse ne tarde guère:
– « Merci Ririn »
07. 08. 2024
Les retrouvailles avec mes parents et l’ analyse de ma manière d’ être durant les trois heures de discussion qui s’ en sont suivies sont bien évidemment le thème principal abordé ce soir lors de notre séance.
Il m’ apparaît dès lors que je suis arrivée chez eux en tant que « Katherin petite fille » ; d’ ailleurs, durant tout ce temps passé dans le salon, je suis restée assise au bord du grand divan, mon sac autour du cou, occupée à triturer inlassablement mon foulard entre mes doigts comme lors de notre première rencontre.
Tu me mets en garde contre les réactions possibles de l’ entourage familial, notamment lorsque la réconciliation s’ afficherait au grand jour ( ce qui n’ est pas le cas pour le moment); les hypothétiques jalousies que cela pourrait engendrer chez mes soeurs.
Tu illustres, à merveille, tes propos par la parabole: « Le retour de l’enfant prodige » et m’ encourage ainsi à me préparer à cette éventualité afin de mieux m’ en protéger! Puis, comme tu connais ma manière de réagir en différé lorsque surgit un différend d’ opinion, tu m’ aides à mettre au point une stratégie pour me permettre de dire ce « halte- là » tout de suite si ça venait à partir en vrille.
Je poursuis en te manifestant mes craintes concernant un futur rapprochement avec papa:
- « Je sens bien que ce ne sera plus jamais pareil qu’ avant! »
Tu me réponds illico, du tac- au- tac :
- « Fort heureusement Erin, tu voudrais revivre le passé Toi? »
Je comprends donc à cet instant qu’ il me faut lentement réapprendre à le connaître en nous apprivoisant l’ un, l’ autre, en quelque sorte, si nous voulons parvenir, dans le futur, à construire une relation père- fille saine et équilibrée.
O9. 08. 2024
Depuis que Kiara vit juste à côté de chez nos parents, je ne suis allée chez elle que très rarement vu la rupture familiale. Ce temps est révolu et ce jour, je me suis décidée à passer une journée auprès d’ elle. Je passe chercher le petit déjeuner pour tout le petit monde et me voilà arrivée!
Je fais une petite visite surprise à maman et lui apporte des chocolatines ( elle en raffole) puisque je la sais alitée depuis quelques jours en raison d’une récidive de hernie. Bref, nous discutons un peu, cela me fait vraiment mal au coeur de la voir aussi souffrante. Je retourne ensuite chez Kiara, sa belle- maman est présente; nous discutons tout en déjeunant.
Le climat est assez tendu, il y règne une extrême agitation. Plusieurs faits m’ont consternée. Primo, je quitte mon sac à main quelques minutes le temps de découvrir avec elle son chenil récemment construit pour réaliser à mon retour qu’il manquait dix euros dans mon portefeuille.
Secundo, les filles jouent sans surveillance sur le chemin et l’ aînée disparaît plusieurs heures dans le village sans pour autant susciter l’ inquiétude de sa maman.
Tertio, la violence de la grande envers sa mère et ses crises de colère ingérables me laissent perplexe: en effet, elle tente, en soirée, de jeter la balancelle sur Kiara; notre père intervient pour tenter de la raisonner, élève la voix, en vain…
Lorsque je lui explique la dangerosité de son acte, le fait qu’ elle pouvait blesser autrui, elle chuchote:
- « Je vais les tuer ainsi j’ irai en prison; je serai bien mieux qu’ ici ».
Je tente l’ apaisement, en dépit de la situation mais elle s’ écrie brusquement:
- « Non, je ne rentrerai pas, je vais encore être frappée! »
Edifiant, je n’ en reviens pas!!!! Mon sang ne fait qu’ un tour: une fois mais pas deux!!!!! Mieux vaut donc éviter, à l’ avenir, d’ y aller avec mes filles pour les préserver d’ un traumatisme indirect face à cette violence sous-jacente!
En début de soirée, Louane se déplace , tant bien que mal, jusque chez sa fille et plusieurs de ses paroles me marquent particulièrement d’ autant plus qu’ elles sont prononcées en présence de la belle- mère de Kiara :
- « Dans la lettre que tu as postée sur les réseaux sociaux , tu m’ as faite passer pour un monstre qui battait sa fille; tu imagines le regard de tous sur nous après cela?.... Oh, mais comme tu te maquilles mal; le rose , ça ne te va pas du tout; il faut en mettre un tout petit peu et l’ étaler avec tes doigts. »
Je tourne cela à la plaisanterie car je ne veux mêler qui que ce soit à cette prise de tête; ce n’ est pas le lieu ni le moment! Néanmoins, je reste persuadée qu’ il y a un énorme travail à accomplir pour lui faire comprendre que certains de ces gestes et comportements envers la petite fille que j’ étais m’ avaient profondément humiliée et blessée surtout après les propos suivants:
- « Oui tu as reçu des gifles et des fessées; ton papa a d’ ailleurs dit que tu n’ en avais pas encore reçu assez! »
Bien sûr, je conçois que les systèmes de valeur prônés à l' époque soient très différents de ceux qui ont cours aujourd'hui, c’est une certitude; seulement, je me refuse à l' entendre , c’est trop douloureux!!!!
Cette journée est finalement ponctuée de mots et d’ agissements qui m’ apparaissent « sur- surréalistes » de par cette sur- excitation permanente, cette violence constante larvée éclatant de temps à autre à travers les enfants; l’ aînée m’ en semble le symptôme type…
Tant pis, me dis- je, je tiens absolument, avant tout, à me concentrer égoïstement sur ma nouvelle relation avec papa et maman.
10. 08. 2024
Je partage mon billet d’ humeur suivant:
- « Crever l’ abcès, dialoguer pour enfin renouer avec ma maman et mon papa après leur avoir claqué la porte il y a cinq ans; j’ y suis parvenue dimanche dernier. Une libération sans aucun doute et surtout « me- nous » donner cette chance d’ avancer encore un peu plus sereinement vers des à- venir magnifiés! »
Maeva rebondit:
- « Et je suis sûre que toi et tes parents , vous allez vous sentir mieux maintenant après vous être tous retrouvés; tes parents, ils leur manquaient quand même une fille et deux petites filles et toi, des parents et surtout une maman pour pouvoir parler. On en n' a qu’ une et parfois, cela va tellement vite qu’ on n'a pas eu le temps de leur dire qu’ on les aime.
- Oui, c’est certain Maeva; si j ’avais été en mesure de m’ exprimer verbalement à l’ époque, cela aurait sans doute été mieux pour chacun d’ entre nous mais… Il a fallu 5 ans de thérapie, un terrible clash avec mon psy, et suite à ce dernier, tout s’ est éclairé et subitement. J’ ai réalisé que sans parler votre langage ( le mien passe par écrit et métaphores), je ne pourrais jamais me faire comprendre réellement… tout s’ est ensuite enchaîné… Merci à Lui : sans notre travail acharné, rien de tout cela n’aurait été possible!
- Je suis vraiment fière de toi, de ce que tu es devenue, de la super maman que tu es, bisous du coeur!
- Je suis touchée au plus profond du coeur Maeva! »
12. 08. 2024
Nous abordons le sujet des événements vécus lors de la journée chez ma soeur. Je t’ exprime mes craintes à laisser ma fille accompagner seule sa cousine au village en raison du danger omniprésent représenté par les véhicules et le fait que je ne tienne pas à ce qu’ elle se laisse entraîner je ne sais où puisque apparemment, Kiara ne sais jamais trop où se trouve les enfants.
Je dois bien avouer, pour être franche vis- à- vis de moi- même, que j’ aime toujours avoir l’ oeil sur mes puces; leur octroyer leur liberté d’ être, tout en prévenant un maximum les dangers.
Tu me poses soudain cette question pour le moins surprenante:
- « Et si c’ était dans le bois derrière chez tes parents? »
Ma réponse fuse tel un éclair:
- « De là, je peux les voir; il y a peu ou pas de danger! »
En effet, il m’ est inconcevable de laisser ma progéniture jouer seule le long d’ une route car , selon ma vision des choses, se serait la mettre sciemment face un un danger potentiel et non des moindres!
Je parviens ensuite à te verbaliser mon ressenti face à cette excitation perpétuelle et cette violence sous- jacente perçue là- bas ainsi que les explosion de colère et les propos de ma nièce. Devant mon inquiétude, tu me conseilles de protéger les miens de ce climat malsain pour éviter un traumatisme indirect, quitte à y aller seule ou à un moment que je savais plus serein. Je te fais donc part de cette décision identique à la tienne prise ce jour- même à la vue de tout cela!
Arrive déjà la fin de notre entretien où, l’ air de ne pas y toucher, je te rapporte les propos de maman tenus à mon encontre, devant autrui, concernant mes écrits. Tu en restes sans voix puis déclare presque dans un chuchotement:
– « Et c’ est seulement maintenant que tu arrives à le sortir! STP, protège- toi, bon sang!!! Exprime- lui lorsqu’ elle te dit cela, que tu te sens blessée, humiliée et que ce n’ est en aucun cas acceptable pour toi!»
Avant de te quitter, je te demande une faveur:
- "Pourrais- tu être attentif à mon comportement et tout changement qui risquerait de m’ être préjudiciable car je ne tiens pas à foutre cinq années de travail en l’ air en raison de conflits de loyauté qui pourraient resurgir inconsciemment dans mon engouement?
- Bien entendu, Erin! J' y veillerai. Je suis très touché par ta sollicitation!"
Je te fais aussi la relation avec mon état de santé : oui, depuis cette fameuse journée chez Kiara, mon rhume s’ était transformé en grosse bronchite en deux jours à peine, accompagnée de violentes crises d’asthme.
- " En plus, te rends- tu compte? J’ ai la funeste impression que mon ressenti face à cette violence larvée me bouffe de l’ intérieur.
- Je réalise bien mieux que tu ne puisses l' imaginer, Erin. Ce n' est guère étonnant!"
En sortant de chez Toi, je respire déjà mieux, sans crépiter, comme libérée d’ un poids… Cela peut paraître incroyable et pourtant, c’ est véridique! ( Merci Alice Miller, « Notre corps ne ment jamais »)
Ce que je viens de décrire m'amène à penser aussi à la grosse crise inflammatoire de maman apparue le lendemain de notre rencontre en rapport avec ses dires: « Maintenant que tu t’ es confiée, libérée, toi, tu vas pouvoir avancer » ( sous-entendu: Moi non)
Cela me ramène inélucatablement à la relation qu' entretenait Marcel Proust et sa mère résumée comme ceci: "Quand je vais bien, tu vas mal; et quand je vais mal, tu vas bien."
Une prise de conscience douloureuse s’ amorce lorsque je fais ce triste constat: « Mais quel énorme travail va- t- il me falloir accomplir pour franchir tous les obstacles qui nuisent à une relation équilibrée… »
13. 08. 2024
Je me pose une multitude de questions: « Comment la situation va- t- elle évoluer? Qu’ est- ce qui l'a amenée à reprendre contact après une si longue rupture? N’ y aurait- il pas anguille sous roche? Qu’attendent- ils de moi à présent? Serait- ce une manière pour eux de se dédouaner face au regard d’ autrui? Serait- ce m’ attirer pour encore mieux me rejeter comme ce fut souvent le cas? Serait- ce juste m’ amadouer pour revoir leurs petites- filles? Est- ce véritablement sincère? »
Tant d’hypothèses qui me torturent l’ esprit et m’ incitent à une très grande prudence malgré tout l’ engouement que j’ éprouve envers ces retrouvailles!!! Et si je me plantais complètement; si au contraire, il me fallait accepter de tout lâcher, à commencer par ce fameux poids que représente mon orgueil, pour m’ en sortir???
08. 08. 2024
Je passe une superbe journée en famille ( avec Audric, Lydie et Eve) à la fête médiévale de Bouillon, un de mes lieux fétiche dans lequel je me ressource immanquablement! Le soleil est au rendez-vous dans l’ après- midi malgré une matinée assez chahutée par une fine pluie… Nous y trouvons chacun notre petit bonheur que ce soit à la brocante, à cheval, au tir- à- l' arc, à la plaine de jeux ou au bord de la Semois à Cordemois.
Après quelques péripéties dignes de « Erin, tête en l’air », la nuit tombante, nous reprenons déjà le chemin du retour et… affrontons un très violent orage ( il tombe à pic pour pimenter ma soirée celui- là!) Cela peut paraître con, mais je trouve l’ ambiance très poétique lorsque la nature se déchaîne…
09. 08. 2024
Je réfléchis sur le sens de l' amitié et je réalise à quel point mes amis sont toujours omniprésents… Me vient donc l’ idée d' exprimer mon état d’esprit sous cette forme: « Un bon ami arrive à temps, les autres arrivent quand ils ont le temps; les miens sont juste formidables! »
10. 08. 2024
Je relis un petit extrait du « Cercle des Poètes disparus » car Robbie William, que j' aimais particulièrement, occupe mon esprit ce soir :
« O Capitaine! Mon Capitaine! fini notre effrayant voyage, Le bateau a tous écueils franchis, le prix que nous quêtions est gagné, Proche est le port, j’entends les cloches, tout le monde qui exulte, En suivant des yeux la ferme carène, l’audacieux et farouche navire; Mais ô coeur! coeur! Coeur! Ô les gouttes rouges qui lentement tombent Sur le pont où gît mon Capitaine, étendu mort et glacé… »
11. 08. 2024
Suite à la lecture d’ un post assez bousculant ( à la relecture, je suis consciente que j’ aurais très bien pu le zapper” pour ne pas me sentir choquée en mon for intérieur), je réagis assez vivement en publiant le statut suivant:
- « Le narcissisme de certains, aussi élevé que le charisme d’ autres spolié, dépasse tout entendement. -Etre- avec bienveillance en toute humilité, demande tant d’ ajustements permanents, que se vanter - d’ être et d’ avoir-, sans nulle intervention intérieure ni travail acharné sur -Soi-, me semble d’ une impertinence ou d’ une indécence ( c’ est selon) à la limite de l’ injure… Et pourtant, il n’ est pas rare de -croiser- ce genre d’ énergumènes très créatifs en la matière, donneurs de leçons de vie ( peut- être sortis de la cuisse de Jupiter, qui sait?) sur cette toile. Il va sans dire que ces derniers font partie de ma liste noire ici- même dans le virtuel tout comme dans le réel! Bien entendu, cette réflexion n’ engage que moi ! »
Quelques amis y réagissent, chacun à leur manière, selon leur vision du monde:
- Alfonso: « Je me sens visé. Pourtant, j’ai rêvé toute ma vie de défendre les autres. Et ce n’ est pas par vanité de ma part de leur parler des dangers de cette vie mais bien une grande attention pour les autres en ce qui me concerne. Je ne prétends pas du tout détenir la vérité et accepte volontiers toute contradiction… Parler, dialoguer, dans cette société où des dangers extrêmes nous guettent, tel que l’islamisme, me semble la priorité, même si c’ est moi qui lance les sujets. Bisous Erin. »
- « Oh, loin de moi l’ idée que tu puisses te sentir visé, je t’ apprécie énormément. Ceux dont je parle ne font pas partie de mes contacts et encore moins de mes amis. Bisous », répondis- je, déconcertée.
- Alfonso: « Bizouilles, Erin. J’ ai tellement souffert dans ma vie que c’ est une nécessité de laver cela en étant attentionné pour les autres. Bises »
- « Et cela me touche profondément… douce soirée », le rassurai- je.
- Alfonso: « Douce soirée, chère amie »
- Jo: « Tu les a croisés aussi mon amie. Hé oui, on dit qu’ il faut de tout pour faire un monde. Malgré cela, je juge leur présence nuisible et néfaste!!! Alors, j’ ai décidé de suivre mon chemin de vie et de ne même pas leur accorder un regard ni une écoute… Je ne m’ en porte que mieux!!! Courage ma Erin, moi, je t’ apprécie au plus haut point car tu fais partie de ces belles personnes que l’ on croise au cours de la vie!!! Bisous tendres et je reste fan de tes écrits. »
- « Merci ma Jo, je suis très touchée par tes mots, bizouilles du coeur et merveilleuse soirée étoilée. », ajoutai- je, émue.
- Pat: « Certains se vantent par protection connaissant leurs faiblesses et ne sachant savoir s’ ils peuvent être à la hauteur de leurs espérances dans notre monde actuel, ce monde virtuel qui gère la vie de pays que par des brassements d’ actions et d’ argent. Leurs craintes les font défaillir… Mais si seulement les gens ouvraient leurs yeux et revenaient à des choses essentielles pour vivre en occultant les progrès alors que peut- être, ces gens n’ existeraient pas! »
- « Exactement Pat, merveilleuse soirée à toi », conclus- je.
13. 08. 2024
A mon réveil, suite à ma visite chez les parents hier au cours de laquelle je fus véritablement reçue comme une reine, je voudrais crier ma joie à la terre entière! Je me sens, cette fois, aimée et j' en ai d' ailleurs encore des étoiles dans les yeux...
14. 08. 2024
En référence à mon post du onze août, je me lâche à travers ces quelques mots sur un ton sarcastique :
- « Un truc de fou sur FB: plus les statuts sont cons, plus l’ audimat est élevé… Argggh! Mais où est donc passé l’ esthétisme artistique? »
- Alfonso: « Cela s’ est perdu… et justement FB déroule une culture de masse, Erin. On essaie bien d ’y introduire autre chose, mais c’ est dur, confidentiel presque… Les gens, il faut bien l’ admettre, préfèrent la vulgarité éclatante à l’ esthétique finesse. »
- Lauren: « Plus c’ est triste aussi: quand tu dis “ je suis heureuse”, il y a que dalle derrière l’ écran; mais si tu es au bord de la tentative de suicide, là, tout le monde “aime”... Je déplore… FB est une fenêtre sur notre société complètement lobotomisée; rien que de la fadeur, de la connerie, et si tu pousse un peu la réflexion; on te traite de dingue… De nos jours, autant être con pour être heureux, sinon tu risques fort de virer seul et incompris… au Tibet et en robe orange… »
- « Exact, les sujets qui pourraient pousser autrui à se remettre en question sont à proscrire autant que possible sur cette toile sauf si tu es prêt à en assumer les réactions foudroyantes ( ce que je fais…) Le virtuel rejoint le réel dans toute sa décadence… » surenchéris- je.
- Lauren: « Et quand tu essaies de parler politique, là, tu te fais carrément traiter d’ inculte face à toute cette bouillasse intellectuelle… Et après, on s’ étonne que ce monde va mal pour ne pas dire qu’ il fonce droit dans le mur. »
- « Ouftiiii!!! Exprimer tes opinions politiques et ta vision de celles-ci en devient même un tabou dans toute sa splendeur, j’ invoquerais le risque suicidaire qu’il engendre, c’est dire…. » déplorai- je tristement.
15. 08. 2024
Nous papotons avec mes amis au sujet de la poésie.
- « La poésie est un art, celui de l’extrême » lançai- je
- Christian: « Tout est dit et tout se dit avec elle… »
- Patrick; « Et l’art est poésie. »
- Simone: « Exact! »
16 .08 .2024
Derrière la photo de ma puce prise alors qu’elle se concentrait sur son jeu, j' inscris cette petite note avec tout mon amour : « Un morceau de bois, deux clous ( merci Papilou), des élastiques et l’ imagination de ma petite Eve: des heures d’ amusement, moment bonheur, instant magique. Chuuuut, Maman admire toute la richesse intérieure de son enfant! »
18. 08. 2024
Tous les événements vécus dernièrement s’ imbriquent les uns dans les autres pour laisser émerger, de mes entrailles liquéfiées, l' île aux soupirs :
« Ô passagère intemporelle, Toi qui naguère, la tête à l' envers, genoux ployés à terre fuyais à travers ton exil sur cette île aux profonds soupirs l' indélébile martyr après avoir mordu seule la poussière durant ces nuits où s' enlisaient tes repères, tu es parvenue à bout de la bête: le roi maudit se meurt enfin, ''sourires à venir''!!!
Et dans ces éclats d' Ames, splendeurs immaculées, s' accorde ton coeur quand, entrelacés, tes futiles rêves s' obstinent en ces trêves assassines car si cet engouement furtif n' était qu' une oasis éphémère, funeste leurre, à force de murmures las se confronteraient ici- même tes solitudes divines!!! »
Certains retours de mes lecteurs me touchent à l’ extrême :
- Moh: « Magnifiquement beau »
- Sylvie: « Bravo, c' est magnifiquement écrit »
- Fabie: « Superbe, merci pour ce partage! »
- Eugénie: « Très beau poème que je relis avec beaucoup de nostalgie de tous les bonheurs qu’ on laisse filer pour se retrouver à nouveau devant ce bonheur que l’ on espère! »
- Giuseppe: « Très beau, une recherche atemporelle de mots qui vont de ça et de là comme des feuilles emportées par une tempête! »
- Cassie: « Et comme toujours, c’est très beau! »
- Carole: « Comme toujours, c’ est magnifique, wahouuu Grand respect Erin! »
- Jean: « Merci ma Erin, tu sais que cela me fait plaisir de te lire? » – Jean-claude: « Toujours aussi magnifique Erin! »
- Anita: « Impalpable est ce bonheur auquel on aspire… Il restera toujours fuyant, nous laissant quelques traînées d’ étoiles pour nous rassasier et poursuivre la course. »
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