Trois jours et une vie : l'escalier dramatique
Trois jours et une vie
Adieu Monsieur Haffmann
Trei Piani
Trois films dramatiques pour le prix d’un afin d’aborder un point qui m’a beaucoup gêné dans le premier, moins dans le deuxième et qui est absent du troisième : ce que j’appelle le drame en escalier. Je ne vais pas spoiler tous les films en détail, seulement le premier, réalisé par Nicolas Boukhrief d’après le roman éponyme de Pierre Lemaître (que je n’ai pas lu par ailleurs).
L’histoire est donc celle d’Antoine, un enfant de 12 ans vivant dans un village belge en 1999. Amoureux de sa voisine, Émilie, il utilise une technique à la mode chez certaines espèces d’oiseaux et lui construit un cabane en espérant la séduire ainsi. Il est également très proche du petit frère de celle-ci, Rémi âgé de 6 ans, et de leur chien. Un jour, contrarié, il s’énerve contre le chien qui lui réclame sa balle et la lance vers la route. Le chien court la récupérer quand arrive une voiture. Il agonise et est achevé d’un coup de fusil par son propriétaire dans une scène vraiment tragique. Après cela, Antoine voit Émilie monter sur le scooter d’un autre adolescent du village. Fou de jalousie, il va dans la forêt et détruit la cabane. Rémi le suit et lui demande pourquoi il fait cela. En colère, Antoine lui jette un caillou au visage. Rémi tombe et meurt sur le coup dans un scène moins tragique que celle du chien mais assez quand même. Paniqué, Antoine cache le corps et rentre chez lui. Les recherches pour retrouver Rémi commencent, Antoine nie savoir où il est, et une battue est organisée dans la forêt. Le premier jour, les villageois explorent la première moitié de la forêt. Le second, ils trouveront forcément la cabane et peut-être la crevasse où est caché le corps. Antoine panique, il fait une tentative de suicide en avalant des somnifères. Heureusement, cela l’endort sans que sa vie ne soit en danger. Là-dessus arrive la tempête de 1999 qui interrompt les recherches et fout en l’air une bonne partie de la forêt.
Dix ans plus tard, Antoine qui n’a jamais été arrêté revient dans son village après ses études de médecine. Il ne compte pas s’y attarder mais profite quand même d’une soirée pour pécho Émilie, fiancée depuis, qui lui apprend qu’elle était aussi amoureuse de lui à l’époque. De plus, Antoine apprend qu’une grande partie de la forêt a été rachetée et est en train d’être déboisée. Une nuit, il s’y rend afin de vérifier que le corps est toujours bien caché. C’est le cas, mais dommage, il est vu par un ouvrier qui surveillait les machines et doit fuir. L’ouvrier découvre le corps. Pire, la police identifie un cil à proximité et parvient à en extraire de l’ADN. L’enquête reste au point mort puisque l’ADN d’Antoine leur est inconnu, mais les villageois retrouvent leur effervescence et les parents veulent comprendre. Antoine reste suffisamment longtemps au village pour qu’Émilie se rende compte qu’elle est enceinte. Elle refuse d’avorter, romp ses fiançailles et demande à Antoine de l’épouser. Il refuse, elle le menace alors d’exiger un test ADN pour prouver qu’il est le père et ainsi se faire verser une pension alimentaire. Antoine panique et accepte de l’épouser. En même temps, le médecin du village lui dit qu’il a compris qu’il était le meurtrier et l’informe qu’il a écrit une lettre pour le dénoncer, afin de lui laisser le temps de le faire lui-même avant. Cependant, le médecin est quasiment retraité et tout le village regrette que personne ne veuille prendre sa place. Antoine renonce à ses ambitions et est prêt à le faire, pourvu qu’il ne soit pas dénoncé. Le médecin accepte. Antoine finit donc bloqué dans le village qu’il voulait fuir, marié à la sœur du petit qu’il a tué. Fin !
Ce petit résumé (approximatif par ailleurs, je ne me souviens plus exactement du film vu il y a quelques mois) met déjà en partie le doigt sur le problème du film selon moi : la progression en escalier, chaque marche étant un élément rajoutant au drame global. Le problème, c’est que ces marches se font vraiment sentir. En rajoutant des couches de tragédie, l’effet global devient presque comique tant c’est trop.
Adieu Monsieur Haffmann a le même problème. Dans ce film, le drame suit la même progression, mais cela m’a moins gêné. Sûrement parce que j’ai préféré ce film dans sa globalité, mais aussi probablement parce qu’il y a bien moins de marches différentes et que toutes sont logiques et guidées par les actions des personnages (moins nombreux par ailleurs).
Enfin, Trei Piani est également un film dramatique, lui-aussi contient de nombreux « petits drames » qui s’additionnent pour empirer la situation, mais je n’ai pas eu ce ressenti du tout. Encore une fois, ce film est mon préféré des trois et cela l’explique au moins en partie ; et comme dans le film précédent, les couches de drame supplémentaires sont logiques étant données les actions des personnages. Je pense qu’un autre facteur est la diversité de ceux-ci et le fait qu’ils ne vivent pas tous les mêmes drames, bien qu’ils soient liés. Dans Trois jours et une vie, au contraire, tout tourne autour de la peur d’Antoine qui ne veut pas que son crime soit découvert.
Annotations
Versions