Chapitre 25 : Le journal
- Journal de bord officiel, jour sept après atterrissage
« Voilà, notre première semaine s’achève. Une semaine… Très riche en découvertes.
Comme je l’ai expliqué dans mes fichiers précédents, Meg 15 accueille des êtres vivants carbonés. Je vais essayer d’être le plus concis possible.
Tout ce que j’ai pu apprendre à leur sujet est archivé dans le dossier « Megiens ». Je m’emploie à les étudier et à décrire leur environnement, de sorte à fournir la meilleure documentation possible.
Après quelques réflexions, dues à cette découverte, nous avons avec Litz appliqué l’article 90. Les analyses de terrain n’ont détecté heureusement aucune trace de megiens sur la terre ferme, ce qui nous laisse le champ libre pour poursuivre nos implantations. Nous avons validé le site 2 pour installer la base, et avons commencé à réfléchir à la disposition spatiale à aménager. D’après nos calculs, nous pouvons à terme accueillir deux hectares et demi de plantations.
J’émets néanmoins une vive réserve sur les risques bactériologiques que l’on encourt à poursuivre dans cette voie. Nous pensons qu’une cohabitation serait possible entre l’environnement terrien et megien, mais je dois vérifier en premier temps qu’il n’y a aucun danger écologique imminent avant de planter quoi que ce soit dans le sol de l’île. J’ai prélevé lors d’une sortie hier des échantillons de terre du site 2, et aussi du sable de plage chargé d’eau de mer. J’ai planté en laboratoire quelques spécimens de Solanum E26 dedans. Elles ne craignent pas les hautes salinités normalement. Je vais attendre qu’elles poussent et donnent des fruits pour analyser les nutriments. S’il n’y a rien à craindre, on aura la certitude que nous pourrons nous nourrir sans utiliser de pesticides. Si tenté que les organismes soient sensibles à nos produits… Le temps que les plantes grandissent, nous construirons la base de terraformation.
En conclusion, la mission progresse sûrement. Malgré notre surprise, les megiens n’ont rien changé aux objectifs. Je suis toujours focalisé sur SysMeg en priorité. Je garde la tête froide ! »
- Journal de Litz [Confidentiel], Suivi psychologique :
Les dernières mises à jour des données de mission semblent avoir fortement impacté la psychologie de l’opérateur. Matthew a montré de vives réticences quant à la poursuite de la mission selon le protocole et discute de la véracité des données, malgré sa validation par l’article 90. Choc émotionnel soupçonné, suivi psychologique soutenu à prévoir.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- Journal de bord officiel, jour onze après atterrissage
« Nous avons fini les plans de la future base de terraformation. Avec Litz, nous avons trouvé comment l’organiser, et fixé les marquages sur site pour la construction. Les plans sont joints à ce dossier. Je pense utiliser une configuration de type huit.
Au nord de la vallée, au pied de la colline, nous aurons le cœur principal du complexe. Sa surface estimée sera de deux-cents mètres carré. Je vais y aménager un espace de vie, un laboratoire sous atmosphère respirable et une serre. Le reste du terrain sera divisé en champs de culture. Je placerai en hauteur quelques panneaux solaires, mais je compte sur l’éolien pour alimenter le complexe en énergie. Je pense qu’au vu du climat océanique de Meg 15, cette configuration est la meilleure. Nous avons pas mal de travail en perspective... J’ai inventorié les stocks, nous avons assez de fondations pour tout assembler en théorie. Les ermites et les pièces détachées de véhicule sont en bon état, je vais réquisitionner la main d’œuvre. Je vais commencer par activer les sas de déchargement ventraux. Je me servirai plutôt de ceux-là à présent comme voie de transit.
Avec nos moyens actuels, la base devrait être pleinement opérationnelle d’ici quatre semaines megiennes. Je ne lui ai pas encore trouvé de nom officiel, mais j’y travaille. »
- Journal de Litz [Confidentiel], Suivi psychologique :
Mise en place d’un suivi psychologique renforcé bi-hebdomadaire. La fréquence des suggestions de Matthew dans la conception des plans de la base a été de quarante pourcents inférieure à son implication habituelle dans les projets. Prise en charge des actions prioritaires de terrain par l’ordinateur de bord. A surveiller.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- Journal scientifique, jour quatorze après atterrissage
« Comme promis, je me suis penché ces derniers temps sur la biologie des formes de vie indigènes. La base de terraformation me prend plus d’énergie que prévu… Mais je poursuis les études.
J’ai décrit les spécimens rapportés en vidéo par les sondes aquatiques. Les unités ont exploré toute la zone de deux kilomètres autour de la côte Ouest de l’île. Nous avons une fenêtre sur un écosystème entier ! Au bilan, j’ai pu identifier cent-cinquante espèces : quatre-vingt-dix animales, cinquante-trois végétales, et quelques autres…euh… je ne sais pas trop en fait. Certains ne ressemblent à rien de connu. Alors je les ai classés dans un règne à part. Plus j’essaie de les connaître, plus l’affaire se complique. J’ai tout de même essayé de les regrouper par familles, en me basant sur des caractéristiques physiques communes qu’ils partagent. Pour l’instant, j’ai surtout étudié les megiens qui m’ont rappelé des poissons ou des amphibiens. Ceux-là sont souvent difficile à capturer en image nette. Ils sont très mobiles. J’ai dessiné les spécimens les plus courants pour compléter les fiches d’information. J’ai reproduit du mieux possible leurs détails anatomiques. Je les ai baptisés pescomorphes, les megiens en forme de poisson.
Ce sont des vertébrés très évolués. J’ai constaté la présence d’yeux volumineux sur leur crâne, ce qui confirme qu’ils ont un sens de la vue très développé. Leur peau n’est pas recouverte d’écailles, mais plutôt d’une peau perméable ou de plaques osseuses pour certaines espèces cuirassées. Ils respirent par le biais de quatre à six rangées de branchies internes sur leurs flancs. Mais il semble que l’arrière de leur tête soit équipé de deux paires de branchies externes supplémentaires, exactement comme certains têtards d’amphibiens. Ils ont donc certainement un équivalent de système cardiovasculaire, et un sang particulièrement riche en oxygène.
Concernant leur population, ils représentent la majorité de l’écosystème. Ils sont les plus nombreux dans tous les étages de la chaine alimentaire. Aucune créature n’a de mâchoire. Ils se nourrissent tous par le biais d’organes en forme de trompes, d’aguilles ou d’orifices de succion. C’est parfois la seule chose qui les différencie de nos poissons terriens. Une telle diversité démontre que les megiens ont dû subir une sélection génétique pour peu à peu occuper plusieurs fonctions dans un même environnement.
J’aimerais bien pouvoir en examiner un de près, mais je ne peux pas les atteindre à la nage. C’est bien trop dangereux, et je n’ai pas d’équipement pour plonger dans un océan extraterrestre. Sans compter les tempêtes ! Je cherche des idées … »
- Journal de Litz [Confidentiel], Suivi psychologique :
Démarrage du chantier de construction de la base de terraformation. Bien que les propos de Matthew lors des entretiens psychologiques expriment toujours sa complète dévotion et sa motivation, son intérêt semble s’orienter en priorité sur l’étude des organismes autochtones. Son souhait de se consacrer moitié du temps sur le projet prioritaire de construction de la base n’est pas respecté. Rappels à l’ordre requis.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- Journal de bord officiel, jour dix-huit après atterrissage
« Je me fais de mieux en mieux aux conditions extérieures et à la gravité megienne. Mon corps n’est presque plus fatigué, même après cinq heures en surface. Je suis passé à la combinaison à simple épaisseur, elle me protège bien assez.
Les travaux de construction de la base ont bien commencé. Avec l’aide des ermites, nous assemblons les fondations. Tout se déroule selon nos plans. Cela n’a pas été simple cela dit. Il a d’abord fallu éliminer tous les reliefs naturels du terrain et installer les dalles au sol. J’ai monté un deuxième véhicule tout terrain pour faciliter les transports de pièces.
Mais voilà, c’est chose faite ! Nous montons les murs du complexe. Le bâtiment prend forme. Le blindage extérieur protège bien la structure du vent. Je songe à poser une gouttière sur le toit pour récupérer l’eau de pluie. Il pleut tellement sur cette planète… Je réfléchis à un système d’irrigation pour alimenter tous nos champs. Je pourrais construire un réservoir … »
- Journal de Litz [Confidentiel], Suivi psychologique :
[Progression du chantier de construction : 10%]. L’implication dans la dynamique de décisions de Matthew conserve sa baisse. Renforcement du suivi psychologique.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- Journal scientifique, jour vingt après atterrissage
« Je me promène pas mal ces derniers temps. J’ai pu explorer un peu plus loin les côtes de l’île. Sa surface est cartographiée à quatre-vingts pour cent.
Les plages comme la plage du Jardin sont assez fréquentes. La flore megienne favorise les espaces peu profonds à l’abri des courants. J’ai ramené quelques spécimens végétaux, et identifié trente-trois nouvelles espèces. Ce qui est curieux, ce n’est qu’aucune ne ressemble vraiment à une algue. On dirait plutôt des herbes grasses, des nénuphars ou des plantes à feuilles. Leur épiderme est constitué de cellules rigides chlorophylliennes. J’en déduis à leur couleur verte qu’elles absorbent les radiations lumineuses du rouge et du bleu pour la photosynthèse. Certaines font des fleurs, un cycle de pollinisation semble exister avec une population d’animaux nectarivores. Dans des courants qui proviennent du large, j’ai pêché des milliers de particules de formes différentes. Je pense qu’elles sont un mélange de pollens et de graines.
Malgré mes efforts, je n’ai trouvé aucun pescomorphe près de la plage… Ils gardent une bonne distance du littoral. Seuls des invertébrés vivent près de la côte : essentiellement des brouteurs, des limaces, et des médusoïdes. Il y aussi sur les rochers des organismes fixes faits de coquilles en calcaire. Je ne les ai pas tous différenciés, il doit bien y avoir plusieurs milliers de variétés. Ils ont tous une sorte de pied qui s’enracine dans la pierre, et un pédoncule par lequel ils grandissent. Je pense que ce sont leurs restes qui s’entassent sur les plages.
J’ai observé de plus près les organismes ramenés de la plage du Jardin. Très peu survivent au conditionnement sous hotte et à notre atmosphère. Ce sont des sortes de vers marins, ou en tout cas ont la même forme. Pas d’yeux, un corps mou composé d’anneaux, c’est à peu près tout. Je dirais qu’ils vivent dans les sous-sol des récifs. Ils creusent des galeries dans les sédiments et absorbent probablement tout ce qu’ils trouvent d’organique. J’ai identifié trois espèces distinctes : des vers fouisseurs, des nageurs, et d’autres plus ronds qui ont à leurs extrémités des ganglions de substances luminescentes. J’en ai disséqué un et je pense qu’ils emmagasinent des sortes d’algues phosphorescentes. Je soupçonne un cas de symbiose extraterrestre ! Pas mal pour un monde que l’on croyait inhabité !
Plus j’étudie leur écosystème, plus je me rends compte d’à quel point il est complet. Je veux dire, chacun tient un rôle très précis. La nature a très bien travaillé sur cette planète. »
- Journal de Litz [Confidentiel], Suivi psychologique :
[Progression du chantier de construction : 30%]. Matthew se montre moins réceptif aux entretiens psychologiques. Il semble traverser une phase de doutes importante dans les opérations, malgré sa volonté de fournir des efforts argumentée lors des discussions. Aucun retard néanmoins dans les prévisions du projet à signaler.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- Journal de bord officiel, jour vingt-quatre après atterrissage
« La météo se gâte ces derniers jours… Il ne s’arrête plus de pleuvoir… Les sondes atmosphériques signalent des tempêtes de plus en plus fréquemment. On doit se diriger vers l’été. Je pense que nous traversons une transition de saison.
Nous avons déjà essuyé pas mal de gros orages. Les pics de vent vont jusqu’à trois cents kilomètres heure. Heureusement, nous n’avons subi aucune perte parmi les robots. Je leur ai construit un abri au pied du Darwin pour les protéger.
Ces orages ont été l’occasion de tester les fondations de la base, et tout a très bien tenu. Le blindage de la structure et son ancrage au sol supportent les rafales.
Concernant les travaux, nous avons terminé les fondations hier. Le sas est prêt, j’ai positionné le purificateur d’air portatif et le stabilisateur climatique pour rendre l’air à l’intérieur du complexe respirable. L’isolation est faite. Il ne reste plus qu’à aménager l’espace. J’ai fabriqué un réservoir d’eau de pluie que je relierai à une pompe pour irriguer les cultures. Je l’ai aussi connecté à une tuyauterie interne et à un filtre pour m’en servir comme eau courante et pour mes tests.
La prochaine étape est de construire le générateur d’énergie de la base. J’ai d’ores et déjà placé un circuit d’alimentation électrique et un tableau de régulation dans le complexe. Litz va paramétrer la consommation. Demain, nous allons monter un parc éolien et solaire sur la colline juste au-dessus. Il sera composé de douze éoliennes, et dix panneaux solaires. Cela devrait suffire. Le reste des stocks servira à un remplacement en cas de perte. Je vais aussi placer un paratonnerre. Le parc alimentera la base avec un léger excédent selon nos calculs. »
- Journal de Litz [Confidentiel], Suivi psychologique :
[Progression du chantier de construction : 56%]. Les intempéries ont forcé Matthew à rester plus au module-maison pour des raisons de sécurité. Cette contrainte semble impacter son état moral. L’opérateur a montré vivement son désir de reprendre les actions en extérieur à de nombreuses occasions, malgré les risques du terrain. Matthew est entré en conflit à plusieurs reprises lors des entretiens psychologiques. Prise en charge complète des actions de terrain par l’ordinateur de bord.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- Journal scientifique, jour vingt-huit après atterrissage
« En me promenant ce matin sur la plage, je suis tombé sur un petit trésor. Les vagues de tempête ont ramené le corps d’un pescomorphe sur la plage. Il était intact ! Il a dû se perdre et s’échouer par ici. Un pteryx major, un grand papillon de mer. Il mesure une vingtaine de centimètres, un très beau spécimen. C’était le cadeau que j’attendais pour étudier un de ces megiens de plus près.
Avec l’autorisation de Litz, nous avons ramené le corps et procédé à une autopsie complète. Cette merveille nous as appris beaucoup de choses.
Par où commencer ? Je n’ai pas identifié le rôle de chaque organe, mais les pescomorphes ont pour sûr l’équivalent d’un système digestif, respiratoire et sanguin. Ils n’ont pas de cœur à proprement parler, leurs grosses artères sont équipées de séries de pompes. Elles doivent battre comme un tout. Comme je l’avais constaté, ils respirent par deux types de branchies, externes et internes. J’ai analysé leur sang. Il est très riche en urée, en acides aminés et en fer, ce qui lui confère une couleur rouge-noire. Leurs hématies baignent dans un plasma avec beaucoup d’autres cellules inconnues, je suppose qu’elles jouent un rôle immunitaire. Ils ont aussi un système reproducteur… Enfin je crois. Près de la trompe se trouve une poche remplie de ce qui ressemble à des œufs. J’en déduis qu’ils sont ovipares. Il existerait donc une forme de reproduction sexuée chez les megiens ?
Leur squelette se compose de cartilages et de silicone, ce qui explique leur agilité et leur souplesse. Mais je pense qu’ils sont fragiles… J’ai compté plus d’une centaine de muscles différents. Leur peau est bardée de récepteurs sensoriels. Ils ont je pense un sens du toucher très fin, et peuvent percevoir la chimie de l’eau. C’est peut-être comme ça qu’ils communiquent parce que je n’ai pas repéré de cordes vocales, ni d’oreilles.
Pour finir, j’aborde la découverte la plus importante de cette autopsie : leur cerveau. Je n’ai pas d’autre mot pour le décrire, ils n’en sont pas à un stade primitif. Ces animaux ont un vrai cerveau ! Cela dépasse de loin toutes mes compétences. Même avec les bases de données des archives, il est impossible d’établir la moindre corrélation avec notre modèle terrien. Tout ce que je sais, c’est qu’ils ont un centre nerveux très volumineux qui occupe les deux tiers de la boîte crânienne ! Il est massif, visqueux et composé de minuscules petites stries. Les cellules à l’intérieur ont la forme d’alvéoles hexagonales, et je n’ai aucune idée de leur fonctionnement. Je suppose qu’ils ont là-dedans toutes les fonctions motrices, et peut-être même une mémoire !
Ce que je cherche à dire, c’est que les megiens sont intelligents, bien plus que les poissons. Je les ai vus sur les vidéos ! Ils suivent des instincts et résolvent des problèmes.
On n’en est plus aux vers marins, ou aux brouteurs. C’est le stade d’évolution supérieur ! Et encore, le papillon de mer est un petit butineur du récif ! Quelle genre d’être peut bien exister sur cette planète ?… »
- Journal de Litz [Confidentiel], Suivi psychologique :
[Progression du chantier de construction : 75%]. Matthew demande plus fréquemment du temps seul. Risque de développement de symptômes dépressifs. Prise en charge complète des actions d’opération par l’ordinateur central maintenue. Réponse psychologique appropriée en cours de développement.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- Journal de bord officiel, jour trente après atterrissage
« En ce jour, je déclare officiellement le premier poste de terraformation sur Meg 15 ouvert ! Son nom : Aloe.
Vingt-huit jours, un mois de travail, comme prévu. La météo n’a pas fait reculer le chantier, même si elle ne nous a pas facilité la tâche.
Le bâtiment de la base est enfin opérationnel. Notre parc éolien fonctionne à plein régime ! Le vent fournit assez d’électricité, nous n’avons subi aucune panne pour le moment. Le laboratoire et les pièces intérieures sont aménagées avec tous les stocks. Nous avons procédé hier au changement d’atmosphère. Ça nous a pris une bonne journée, mais je peux désormais respirer dans les locaux sans équipement. On peut dès à présent se pencher sur le début des opérations agricoles.
Les plants tests de Solanum E26 que j’ai mis à pousser dans les échantillons de sol megien le mois dernier ont très bien évolué. Les tiges sont en très bonne santé, aucun germe, aucun champignon, ni aucune bactérie étrangère n’ont perturbé leur croissance. Je les ai arrosés à l’eau de pluie, en ajoutant un peu d’eau de mer non traitée. Mais cela n’a pas provoqué d’effet particulier… Le quinzième jour, nous avons eu les premiers bourgeons, suivis par des fleurs puis des fruits. Les tomates produites ne possédaient aucune trace de substances anormales. Elles étaient parfaitement comestibles.
Il n’y a visiblement rien à craindre pour la contamination de nos champs sur le terrain. C’est très encourageant. Dès demain, je vais commencer par ensemencer des petites surfaces dans notre serre. Je vais délimiter aussi des petits carrés pour faire des potagers. Je vais planter nos spécimens les moins contraignants d’abord, et suivant ce que cela donnera, nous verrons plus grand.
La mission suit son cours avec succès. Cette base est le début d’une nouvelle ère dans notre colonisation ! Bravo à nous tous. »
- Journal de Litz [Confidentiel], Suivi psychologique :
[Construction terminée. Base de terraformation, nom de code : ‘Aloe’ opérationnelle]. Analyse mise à jour du profil psychologique de Matthew durant le mois 1 :
La découverte de formes de vies autochtones a dérouté l’opérateur dans l’objectif premier de la mission. Matthew marque une volonté de prioriser l’étude de leur biologie et s’implique de moins en moins dans les démarches de terraformation. La source semble être une inquiétude émotionnelle de l’impact de la mission sur l’écosystème actuel de la planète cible. Bien que sa santé physique soit satisfaisante, une baisse de son bien-être intellectuel réduit fortement ses capacités à assurer son poste. Sa fréquence de communication avec l’interface de l’ordinateur central a diminué de soixante-huit pourcents. Bon déroulement de la mission sur le long therme compromis. La prise en charge complète de l’organisation des tâches par l’ordinateur central a permis la tenue des délais. L’opérateur exécute toujours les directives avec la même qualité, et affirme toujours sa totale dévotion.
Ses responsabilités lui ont été réduites afin d’alléger sa charge mentale. Réaction pour rétablir son autorité attendue. Dans le cas d’une dégradation psychologique irréversible, qui conduit au non-respect des prochaines opérations de la part de l’opérateur, l’article 98-Eta-9 sera envisagé selon les directives du protocole.
Annotations
Versions