La visite des Anges

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Rien ne changera.

Tout restera.

Le trottoir d’en face ne saura jamais se qu’il s’est réellement passé dans cette maison sordide. Les gens qui le fouleront ne connaitront rien aux nombreuses marches de l’escalier qui grincent, il n’auront pas connaissance de toutes ces taches au plafond. Je les connais toutes moi. Chaque fissure dans les murs, chaque trace, chaque larmes qui coulèrent sur le carrelage. Ma maison, ma demeure, mon antre. Les murs me mangeront et l’hivers me dévorera. Illusion de l’éphémère dans ce qui ne l’est pas je vais mourir seul, loin de tout, perdu entre raison sulfureuse et folie maladive. J’entends encore le piano qui résonne dans la grande salle. Et je vois tout autant les robes de la haute société qui tournait aux bras de leurs amants les soirs de bal. Tout ça est maintenant terminé. Même les bougies qui me tenaient compagnie se sont éteintes. Je ne suis pas triste. Je pars avec toujours ce même désir, cette envie immuable de jouer avec les anges. Ils me rendaient visite les soirs d’orage quand le ciel tournait à l’orange et que la Lune ne dégnait se montrer. Je les vois encore ce soir. Ils me sourient, me font signe de les rejoindre.

J’arrive.

Rien ne changera.

Tout restera.

Le trottoir d’en face n’en saura jamais rien. C’est mieux ainsi. Personne ne saura rien. Mon majordom ne répondra pas quand quelqu’un me demandera, il ne sera plus là. Le trottoir d’en face pensera surement que mon pauvre corps et moi nous aurions déménagé en campagne. J’aurai en effet déménagé mais pas pour une luxurieuse maison au fin fond du monde, je serai avec les anges.

Ils m’attendent.

J’arrive.

Rien ne changera.

Tout restera.

La folie à prit le dessus sur la raison. Il m’est devenu impossible de définir le réel de l’imaginaire. Je ne sais plus écrire, je ne sais plus lire, ni même parler.

La seule chose qu’il restera de moi est ce souvenir immuable d’un être fou et solitaire. Perdu sans famille, dans un désert de rien. Le trottoir d’en face se dira que je suis parti vivre ailleurs parce que je me suis lassé de toutes ces grandes réceptions, et de toutes ces immenses déceptions.

« Il était trop dérangé pour se contenté de ça » se diront-ils. - Peut-être.

Est-ce pour cela que je meurs ? Est-ce pour cette raison que je rejoins les anges ? Parce que je suis fou ? Ou serait-ce parce que justement je suis trop réaliste ?

Rien ne changera.

Tout restera.

Les anges m’appellent.

Je les ai rejoins.

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