Il se réveilla en sursaut, assis et couvert de sueur malgré le froid qui régnait. Il se mit à trembler, regardant autour de lui dans un état de stupeur, incapable de se souvenir de ce qui l'avait arraché du sommeil. Il ressentait une angoisse sourde qu'il ne pouvait attribuer à quoi que ce soit.

Il n'avait pas souvenir d'avoir rêvé et il n'entendait aucun bruit. Dehors il faisait nuit noire. Quand il se sentit plus calme, il se décida à se recoucher, mais le mal était fait. Le sommeil lui échappait.

Il fixait le plafond alors que l'obscurité cédait peu à peu la place à un nouveau jour. Il n'avait pas pu retrouver le sommeil, tourmenté par les mêmes pensées qui tournoyaient encore et encore. Cette attente interminable allait le rendre cinglé.

N'y tenant plus, il se leva et commença sa petite promenade pour se réchauffer. Il marchait d'un pas vif, surveillant à chaque tour la lucarne d'où la lumière se faisait moins blafarde. Il se sentait impatient. Quand il décida que ses muscles étaient assez échauffés, il vint à la lucarne pour y prendre son poste d'observation, accroché aux barreaux.

Pourquoi cet empressement à venir se poster là ? Espérait-il vraiment qu'un autre fruit allait lui rouler dans les mains ? Il se sentit un peu ridicule de même y penser, mais il ne pouvait s'empêcher de guetter les pieds qui passaient tout près, ou qui semblaient s'arrêter devant lui.

Il commençait à avoir mal aux bras. Il essayait de les soulager en changeant sa prise de temps en temps, mais rien n'y faisait, il ne trouvait pas de position plus confortable. Il faudrait bien qu'il redescende, à quoi bon insister ? Encore un peu plus longtemps, se disait-il à chaque nouveau passant. Une souffrance inutile. Jusqu'à ce que quelqu'un pose son panier non loin.

C'était elle, il reconnaissait ses chaussures. Soudainement excité, il n'hésita pas longtemps avant de lui dire bonjour. Il ne reçut pas de réponse, mais elle était encore là, donc il se dépêcha de continuer à lui parler.

« Je veux encore vous remercier pour le fruit que vous m'avez laissé hier. Je n'ai jamais autant apprécié un fruit que celui-là... Merci. »

Comme elle ne parlait toujours pas, il lui donna son nom pour tenter de faire connaissance, mais il n'obtint rien en retour.

« Est-ce que vous comprenez ce que je dis ? »

Soudain elle se pencha pour reprendre son panier, bouscula une pomme au moment de le soulever, puis se releva pour partir, au grand désespoir du jeune homme.

« Je vous en prie, ne partez pas ! »

Mais elle s'éloignait déjà, laissant derrière elle la pomme qui avait roulé jusqu'à lui.

« Merci encore ! »

Elle était partie. Il attendit un moment, espérant la voir revenir. Son seul contact avec l'extérieur, il aurait voulu parler plus longtemps avec elle, lui poser des questions, pour enfin sortir de son isolement. Pourquoi n'avait-elle pas répondu ?

Il finit par se décider à redescendre avec sa pomme. Il avait au moins ça pour se consoler de se retrouver à nouveau seul dans sa prison.