PARTIE III

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Le papier peint rose appliqué sur les murs de la chambre suintait d’humidité formant des tâches pourpres qu’Ève avait d’abord crû être des tâches de sang. Les alentours étaient silencieux, donnant plus d’importance aux clapotis de l’eau qui tombait mécaniquement du robinet et atterrissait dans le lavabo. Deux fils, un bleu et un rouge, prolongeaient la seule ampoule qui servait d’éclairage à la pièce, sortant de l’obscurité uniquement une petite partie du lit. Ève se tenait devant la montagne de produits alimentaires qui ensevelissait le lit. En général, elle avait un petit appétit, limitant ses repas à quelques bouts de salades et deux ou trois morceaux de viandes, le grand air lui avait ouvert l’appétit, et se sentait prête à tout engloutir.

Munie d’une bouteille de vin bon marché qu’elle avait achetée à la station-essence, Ève, l’estomac plein, ferma la porte de la chambre à double-tour, sans s’inquiéter de se couvrir pensant qu’il y avait peu d’occupants dans l’hôtel. Elle se promena autour du bâtiment, jusqu’à son derrière où se trouvait un trou béant creusé dans le sol. Sans eau dans le ventre, elle mit du temps à comprendre qu’il s’agissait d’une piscine. Elle s’assied à son bord, balançant ses jambes pour les dégourdir. Sa tête se renversa en admirant l’immense ciel qui la surplombait, les milliers de scintillements dispersés sur la toile noir avec en s’en centre la reine lumière des nuits: la lune. Elle porta le goulot de la bouteille à ses lèvres et laissa le vin envahir sa bouche, puis sa gorge, jusqu’à ce que ce soit son corps tout entier qui soit imbibé du liquide exaltant.

Du chêne qui était devant elle, elle n’en distinguait qu’une boule d’ombre aux contours flous dans la nuit sombre. Une forme aux poils hérissées s’en approcha, puis elle cassa le silence en gloussant et fit fuir l’écureuil. Ève se concentra sur les cieux: les étoiles s’étaient muées en millions de diamants, un amas de rayons blancs et violets qui l’hypnotisait. Un diamant descendit du ciel pour se poser sur le dos de son doigt. Un bijou.

Pendant toute la soirée, Ève avait vérifié que sa bague n’avait pas glissé.

« Cette bijouterie te la prête pour la soirée, mais demain tu devras la rendre. Surtout ne la perd pas, elle coûte très chère., lui avait dit son agent.

- Je leur sers de panneau publicitaire en fait., avait-elle répliquée.

- Exactement. Mais regarde ce diamant. Il te va si bien. Et puis t’auras rien à faire à part exhiber ton doigt. »

Elle s’était laissée convaincre, sans envisager que l’inquiétude de perdre le bijou pouvait lui gâcher le dîner.

Ce soir-là, après la projection, il y avait deux sujets de conversations: Ève et son diamant. Au début, elle essayait d’expliquer que ce n’était pas son bijou, qu’elle devait le rendre le lendemain mais fatiguée de répondre toujours la même chose, elle accepta les compliments avec le grand sourire qu’elle savait afficher comme personne.

La chaleur montait à ses joues mais elle continua à boire, se plaisant dans cette ivresse. Elle ne sentait plus la fraîche brise qui caressait l’herbe, et n’en percevait que la courbure des tiges. Ils dansent ! Avant de rentrer, elle se leva face au tableau bleu et noir que formait le paysage, et se rappela de ces nuit passées à regarder les étoiles. De la question qu’elle se posait quand elle était encore enfant: « La lune me regarde-t-elle aussi quand je l’observe ? » .

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