Je crois que Tania s’amusait
« Quel hôtel as-tu choisi pour ce soir ? »
A vrai dire, je ne savais plus. Je fouillai dans ma poche, retrouvai le nom :
« Hôtel Marina Piccola.»
« Tiens, comme c’est curieux, comme moi. Indique-moi le chemin, je te suis ! »
Le chemin me semblait un itinéraire sans fin. Je ne parlais guère, déjà tout à la suite. Je sentais Tania un peu inquiète aussi, mais peut-être n’était-ce qu’une illusion ?
« On nous a peut-être donné la même chambre ! »
beaucoup. Etait-ce un simple jeu gratuit, n’y avait-il quelque perversité sous sa question ?
Non, nous n’avions pas la même chambre, mais des chambres peu distantes. La sienne au-dessus de la mienne. Nous pourrions toujours jouer à Roméo et Juliette d’un balcon à l’autre. Nous avons remis nos bons à la réception. Nous avons gravi l’escalier qui conduisait aux étages. Je me suis arrêté devant le numéro de ma chambre. Je ne sais ce que j’attendais réellement, mais j’attendais. Alors Tania m’entoure de ses deux bras, me serre fort contre sa poitrine, applique ses lèvres sur les miennes :
« Bonsoir, mon Roméo, la suite à demain ! »
Tania monte les quelques marches qui séparent nos deux chambres. Elle est joliment galbée dans son tailleur de soie grège, le jeu de ses jambes est un tableau vénitien.
« A demain, ma Juliette. »
Je m’entends lui faire cette réponse stupide. Je crois bien en cet instant que j’en pleurerais de dépit. La nuit sera longue à fumer sur mon balcon. Oui, la nuit sera longue !
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