La parade.
Composer un sonnet, c'est savoir enchanter
Le mètre et la syllabe, orchestrer la parade,
En être le major, tenir une brigade,
Mener, tambour battant, chaque pas, les compter.
Le peloton défile en rangs sans s'arrêter,
Les quatrains, les tercets, se jouent de l'embuscade,
Les grands alexandrins ignorent l'empoignade.
Ces soldats sont sans arme, ils marchent pour chanter.
Leur allure s'accorde aux notes qu'ils fredonnent,
Au tempo balancé, les rimes riches sonnent :
Cet étrange vertige enivre doucement.
Quand on clôt un sonnet, il faut de la constance,
Concevoir son dessein comme on pointe une lance,
Comme on lance une pointe*, ingénieusement.
*Pointe : Une pointe est un agrément de l'esprit consistant dans la mise en relief d'un rapport inattendu entre deux idées par le rapprochement insolite de deux mots.
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