Deux montées fastidieuses résonnaient en canon dans l'escalier de la maison sauvage. Une courte marche rythmée par l'épuisement les conduisit jusqu'au centre de la pièce innondée de lumière. Arrivés au milieu de nul part, les deux individus avaient enfin fini de se perdre. Les rayons du soleil éclairaient l'air poussiéreux, rendant visible à l'oeil nu le relief de l'atmosphère. Avec la lenteur d'astronautes s'habituant à une gravité nouvelles, ils s'approchèrent des fenêtres et tournèrent la poignée de chacune d'entre elles. Ils se firent ensuite face au milieu de l'étage. Le bruit lourd de leurs sacs s'échouant sur le plancher fut l'invitation attendue par le vent pour venir s'engouffrer à l'intérieur. Il poussa brutalement les battants des fenêtres et remplit l'étage d'un air nouveau, frais et bruyant. Les deux personnes se regardaient tandis que le vent se déversait inlassablement dans leur habitacle. Ce n'était pas une tempête. Le visage du ciel n'était pas noirci, et pas la moindre larme ne venait nourir la terre. Non, c'était seulement le cri du vent qui agitait la forêt, invitait le bois de la maison sauvage à se lamenter avec lui, pour eux : au nom de tout ce qu'ils avaient perdu au profit de ce nouveau départ. Tous deux noyés dans le regard l'un de l'autre, le bruissement assourdissant des feuilles balayait toutes leurs incertitudes, leurs questions, et ainsi ne demeurait qu'une seule évidence :

Ils étaient enfin chez eux.