J'ai pensé
Cher Alphonse,
J'ai pensé à passer vous voir, le beau soleil de cette journée d'avril m'y invitait, mais je ne sais pour quelle raison, le courage m'a manqué. La peur sans doute de ne savoir quoi vous dire, ou peut-être celle, de vous en dire trop. J'étais pourtant à l'angle de votre rue, idiote que je suis, à regarder votre fenêtre faisant s'interroger les passants qui me frôlaient. Il faisait calme, le printemps débordait par-dessus les hauts murs, libérant les parfums de glycines et de lilas naissants. Bien sûr, en songe je me suis pendue à votre cou et baiser vos lèvres, mais ce ne fut qu'une bien douce image. La foule de midi sonnant au clocher, envahissante, bruyante, vivante en somme, a fait chavirer mes pensées et de mes yeux, vous a effacé. Nonchalante, l'esprit un peu vague, j'ai gagné le Vinay avec je vous l'avoue, un dernier regard vers chez vous. Au parc, je me suis assise près de la volière où des paons magnifiques faisaient la roue. Je me suis évadée par les petits chemins de cailloux roses qui passent entre les massifs, pensant trouver l'oubli, mais vous étiez bien malgré moi, tapi dans l'ombre de ma tête ; cette pauvre tête qui sans vous, n'a plus de raison.
Niègles le vingt avril xxxxx
Lize
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