Épisode 23 - Un si joli couple
L’ambiance était électrique.
Lars ne trouvait rien à dire. Il ne s’attendait pas du tout à ces paroles. A cette réponse… des plus ambiguës de la part du petit Chat. Celui-ci n’ajouta rien, mais il continuait de s’humecter nerveusement les lèvres, sans cesser de fixer Lars de ses magnifiques émeraudes. Et puis son regard dériva lentement vers son cou, il déglutit avec difficulté. Il semblait partagé entre une myriade d’envies contradictoires.
Ne te sauve pas, petit Chat…
Sans un mot, Lars inclina doucement la tête sur le côté. Le souffle de son adorable Chaton titillait délicieusement son épiderme, lui arrachant mille frissons. Il voulait tellement sentir sa bouche sur lui… L’envie était si forte qu’elle en était presque vitale.
Son souhait fut exaucé lorsque les lèvres du petit Chat se posèrent soudain sur sa peau, lui arrachant un hoquet de surprise. Elles taquinèrent un instant sa gorge avec une certaine hésitation, avant de s’en emparer pleinement. Par les Dieux ! Lars ne put retenir un gémissement de plaisir alors que son compagnon suçotait, aspirait, mordillait son épiderme avec avidité. Les paupières closes, il caressa un instant la nuque de son adorable Chaton d’une main, puis agrippa ses cheveux blonds, l’invitant à marquer sa peau avec encore plus d’ardeur. Oui, comme ça… Bon sang, c’était tout simplement merveilleux !
Mais il lui fallait plus ! Comme s’il partageait ses pensées, le petit Chat délaissa son cou pour le retourner face à lui, il se jeta ensuite sur sa bouche avec fougue et impatience. Leurs lèvres et leurs langues se trouvèrent avec ferveur et ne se quittèrent plus, même lorsqu’ils eurent besoin de reprendre leur souffle. Lars agrippait toujours les mèches blondes de son petit Chat dont les mains enserraient désormais sa taille, plaquant leurs corps dans une étreinte à la fois sauvage et sensuelle.
Encore… plus… Lars en voulait… encore plus ! Tout son être bouillonnait d’un désir si intense que c’en était effrayant. Comme si du feu liquide coulait dans ses veines, sa peau semblait se liquéfier sous les baisers de son petit Chat si merveilleux. Son cœur battait si vite qu’il pourrait mourir d’un infarctus d’une seconde à l’autre.
Cet adorable Chaton le rendait fou. Complètement fou. Lars le voulait… tellement ! Il le voulait nu contre lui, il le voulait en lui. Il le voulait tout entier.
La respiration désormais chaotique, Lars glissa ses mains sous le t-shirt de son petit Chat, effleurant sa peau, traçant le contour de ses muscles du bout des doigts. Le simple fait de le toucher l’électrisait totalement. Une vague de picotements grisants le traversa de toute part, enflammant tous ses sens, le fit gémir contre ces lèvres si douces et addictives…
— Putain ! haleta le petit Chat en s’écartant une seconde. Putain de bordel de…
Les derniers mots s’étouffèrent cependant contre la bouche de Lars lorsqu’il revint à l’assaut, tel un affamé. Ses baisers étaient fougueux, passionnés. Fantastiques !
A quel moment avaient-ils traversé la cuisine pour rejoindre le canapé du salon ? Mystère. Mais qu’importe ! Lars était désormais à califourchon sur les genoux de son petit Chat si adorable. Il délaissa sa bouche pour goûter sa peau. La savourer pleinement…
Son magnifique Chaton gémit de plaisir sous les attentions de ses lèvres et de sa langue. Ses mains parcouraient son corps dans des caresses désordonnées, mais si sensuelles ! Et Lars s’y abandonna complètement sans cesser de l’embrasser, le lécher et le mordiller partout : dans le cou, le creux de la gorge, sur ses épaules, ses clavicules… Il se redressa légèrement et tira sur ce maudit t-shirt qui l’empêchait d’aller plus loin. Lars voulait déguster chaque centimètre carré de ce corps divinement sculpté et tatoué.
Mais avant, il voulait être sûr que son petit Chat était avec lui, qu’il désirait aussi… plus. Encore plus. Lars leva la tête pour croiser son regard, ses iris verdoyants le transperçaient d’intensité. Son adorable Chaton se mordillait légèrement les lèvres, le souffle court et les sourcils légèrement froncés. Il était si beau, si délicieux. Lars voulait encore l’embrasser. Il pourrait l’embrasser pendant des heures, ne plus quitter sa bouche…
Dans des gestes lents, un peu hésitants, le petit Chat attrapa son visage entre ses paumes, lui caressa doucement les joues de son pouce, puis ses doigts glissèrent sur sa nuque. Il l’attira à lui, leurs souffles se mêlèrent un instant, leurs lèvres se retrouvèrent…
— Taras, t’es là ?
Des coups frappés à la porte firent soudain éclater l’étrange bulle dans laquelle ils s’étaient enfermés sans même s’en rendre compte. Le petit Chat sursauta brutalement.
— Merde, jura-t-il en écartant aussitôt un Lars complètement interdit de ses genoux.
— Taras ! J’ai apporté des sushis !
— Ouais, j’arrive !
Quoi ?! Il n’était pas sérieux quand même ?! Lars ne put que le fusiller d’un regard outré alors qu’il bondissait sur ses pieds pour se précipiter vers la porte. Il s’empressa de l’ouvrir pour laisser entrer l’énervante personne qui venait de couper court à leur folle étreinte.
C’était une jeune fille, peut-être un peu plus âgée que le petit Chat. Des cheveux châtains, des tâches de rousseur, de grands yeux noisette et un physique de ballerine… Elle affichait un joli sourire, tout en investissant les lieux, comme si c’était sa maison. La nouvelle venue avait l’air très sympathique, mais Lars la trouvait tout simplement détestable. Sans parler de l’autre qui la suivait comme un toutou, l’air débile au possible.
— Tu en as mis du temps ! Tu sors de la douche ? Tu sens bon !
Sans cesser de jacasser, Miss Sushi déposa plusieurs barquettes de nourriture sur la table de la cuisine. Elle se retourna ensuite, toujours avec son sourire d’une niaiserie sans nom, puis attira le petit Chat, clairement dans l’intention de l’embrasser.
Et l’autre abruti qui se laissait faire, un air toujours aussi stupide sur le visage ! La tête mauvaise au possible, Lars se racla bruyamment la gorge, faisant sursauter le si joli couple. Miss Sushi remarqua enfin sa présence et le magicien lui adressa un rictus glacial.
— Oh, euh bonjour ! lança-t-elle avec hésitation, avant de retrouver bien vite son horripilant sourire. Je ne vous avais pas vu ! Taras, tu n’as pas dit que tu avais un invité !
Taquine, elle donna un petit coup de coude à l’interpellé. Ce dernier ne trouva rien de mieux que de grimacer un pitoyable sourire. Tel un gamin pris entre deux conquêtes, il semblait très gêné par la situation, évitant soigneusement les regards noirs de Lars.
Crétin.
— Je suis Emily Cooper, la voisine de Taras, se présenta Miss Sushi en s’approchant la main tendue. Je ne pensais pas qu’il serait en si bonne compagnie ce soir !
Les joues un peu roses, elle couva Lars d’un regard franchement curieux alors que ce dernier se décidait enfin à quitter le canapé. Il était conscient de son apparence quelque peu… débraillée, mais ne fit aucun geste pour reboutonner sa chemise. A la place, il se planta devant son interlocutrice pour lui offrir son sourire le plus charmant.
Mais au lieu de saisir sa main tendue, Lars sortit son étui à cigarettes et s’en alluma une dans des gestes nonchalants. Il ficha ensuite la tige entre ses lèvres avant de reporter son attention sur Miss Sushi qui n’avait pas perdu une miette du spectacle. Comme il fallait s’y attendre, elle arborait une tête béate. A ses côtés, le petit Chat fusillait Lars du regard.
— Mais qu’est-ce que tu fous ?! cracha-t-il silencieusement en roulant des yeux furieux.
Lars lui répondit par un haussement d’épaules dédaigneux avant de se détourner pour se diriger vers la cuisine. Il saisit son verre de cidre d’un geste brusque et le remplit généreusement. Le contact visuel rompu eut le mérite de ramener Miss Sushi sur terre. La jeune fille affichait désormais un air hébété comme si elle avait été réveillée en plein rêve.
— Emily, je te présente… euh… Dorian… Grey. Grey avec un E, fit le petit Chat à la hâte. C’est un… euh… collègue pour le travail. Ouais, c’est ça. On bosse ensemble.
Dorian Grey ?! Sérieusement ?
— Hey, ça va ? s’enquit ensuite le gamin. T’as l’air complètement à l’ouest…
Tout en parlant, il prit sa voisine par les épaules et se pencha légèrement vers elle, la mine quelque peu inquiète. Il leva ensuite un œil mauvais vers Lars qui le toisa en réponse. Nonchalamment adossé contre le plan de cuisine, il but une gorgée de son verre, puis tira une bouffée de nicotine, affrontant les émeraudes accusatrices sans ciller. Quoi ?! Ce n’était pas sa faute si l’autre était si facile à subjuguer. Il n’avait même pas utilisé la magie.
Désormais glaciale, la tension entre eux n’avait plus rien à voir avec l’ambiance torride de tout à l’heure. C’était comme si leurs baisers enfiévrés n'avaient jamais eu lieu.
Franchement agacé, Lars s’empara de la bouteille de cidre dans l’intention d’aller s’enfermer dans sa chambre. Plutôt mourir que de supporter ce stupide petit Chat, mais surtout sa stupide invitée. Plutôt mourir que de les voir roucouler comme deux abrutis.
— Restez Dorian ! s’exclama cependant la voisine. J’ai apporté assez de sushis pour trois !
Mais qu’est-ce qu’il en avait à faire de ses foutus sushis ?!
Il ouvrit la bouche dans l’intention de l’envoyer paître par la grande porte, puis se ravisa en voyant la tête catastrophée du petit Chat. Alors comme ça, il voulait que Lars s’en aille ? Eh bien, le magicien allait se faire un grand plaisir de rester dans ce cas !
— Je vous sers un peu de cidre, très chère ? proposa-t-il aimablement à une Miss Sushi plus que ravie, sous le regard à la fois furieux et atterré du petit Chat.
Crétin.
— Et donc… tous les deux… vous êtes ensemble ? Vous couchez ensemble ?
La question de Miss sushi tomba comme un cheveux dans la soupe, alors que la soirée battait son plein et qu’elle n’était pas si désagréable que ça finalement.
Lars se délectait sans la moindre vergogne de la tête gênée du petit Chat. Le gamin essayait de faire bonne figure, mais son regard revenait sans cesse vers lui, récoltant un beau rictus en retour. Pendant ce temps, la voisine était très à l’aise, jacassant à n’en plus finir. Dorian par-ci, Dorian par-là. Ciel comme ce prénom était moche !
Et puis voilà qu’elle leur sortait cette question inattendue, tel un magicien du dimanche qui dégainait une nuée d’hirondelles de son chapeau.
Lars tira une longue bouffée de sa cigarette en levant un sourcil quelque peu surpris. Pendant ce temps, le petit Chat avalait sa bière de travers. Il fut pris d’une violence quinte de toux sous l'œil dédaigneux de Lars qui ne leva pas un petit doigt pour lui tapoter le dos.
Qu’il s’étouffe ! Ce n’était pas ses affaires.
— Mais quelle idée, finit-il par répondre à Miss Sushi, la voix dégoulinante de sarcasme. Vous êtes pourtant la mieux placée pour savoir que Taras n’est intéressé que par la gent féminine.
— Oh ça va, je ne suis pas idiote, hein ! riposta Miss Sushi avec un petit rire amusé. La tension sexuelle entre vous deux est incroyablement intense ! Et puis, Taras… tu as des suçons partout dans le cou et Dorian fait une tête mauvaise comme pas possible depuis mon arrivée. C’est clair que je vous ai interrompu en plein… quelque chose. Désolée, si j’avais su, je vous aurais laissé encore une heure avant de venir avec mes sushis.
Oh, mais quelle charmante attention !
— Une heure n’aurait pas suffi, très chère, répliqua Lars alors que l’autre idiot ouvrait la bouche, sûrement pour sortir une excuse bidon. Je comptais m’occuper de lui toute la nuit.
Voilà. La bombe était lâchée.
On pourrait faire cuire des œufs sur les joues du petit Chat tant elles étaient devenues rouges et sûrement brûlantes. Il mitrailla Lars du regard et ce dernier lui répondit par un petit rictus mesquin, tandis que Miss Sushi éclatait de rire à côté d’eux. Toute cette situation semblait l’amuser au plus haut point. Ou alors, elle était déjà un peu pompette.
— Ne fais pas cette tête Taras ! Ca ne me dérange pas du tout que tu sois bisexuel, pouffa-t-elle. Ses yeux brillaient d’une lueur coquine alors qu’elle les dévisageait tour à tour, un début de sourire flottait sur ses lèvres. Au contraire… J’avoue que ça m’excite même beaucoup ! Et donc… si jamais vous êtes intéressés par un plan à trois… j’aimerais bien me glisser en sandwich entre les deux beaux gosses que vous êtes !!
— Ok, Emily, je crois que tu commences à être un peu bourrée là ! intervint le petit Chat d’une voix un peu trop forte, devançant Lars qui s’apprêtait à répondre. Tu sais quoi ? Je vais te raccompagner chez toi, parce qu’il se fait tard et que… euh… ok on y va !
Mais oui, raccompagne-là à l’autre bout du palier, crétin ! songea Lars, les lèvres pincées.
Il tira une nouvelle bouffée de sa cigarette en regardant le petit Chat s’agiter autour de Miss Sushi, l’aidant à remballer ses petites affaires avec beaucoup d’empressement. La jeune fille semblait partagée entre l’amusement et la déception mais n’insista pas. Elle se laissa entraîner vers la porte, adressant un petit salut de la main à Lars, la mine contrite.
— Au revoir Dorian ! A bientôt, j’espère !
Le petit Chat la poussa sans ménagement dans le couloir, puis se tourna un instant vers Lars. Il avait l’air toujours aussi embarrassé. Avait-il honte de l’avoir embrassé ? Cette pensée emplit Lars d’un mélange de colère et… d’autre chose. Il ne voulait même pas savoir quoi. Il tendit une main furieuse en direction de cet imbécile qui fut à son tour éjecté hors de l’appartement, avant que la porte ne lui claque brutalement au nez
***
L’aube se levait timidement, teintant le ciel d’une belle couleur orangée. Le spectacle était de toute beauté, mais Lars n’était vraiment pas d’humeur à en profiter. Nonchalamment appuyé contre la rambarde de la terrasse, il terminait sa troisième cigarette de la nuit. Il s’en alluma ensuite une quatrième dans un geste plein de colère.
Le petit Chat n’était toujours pas revenu. Cet abruti avait apparemment décidé de passer le reste de la nuit avec l’autre et ses sushis. C’était juste… pitoyable.
Lars souffla des ronds de fumée dans l’air avec plus de force que nécessaire. Il se sentait toujours aussi furieux, mais aussi profondément vexé. C’était la première fois qu’il se prenait un vent aussi phénoménal. Qu’il se prenait un vent tout court à vrai dire.
La situation était d’autant plus insupportable, car ce moment entre lui et cet abominable Chaton avait été si intense… et merveilleux. Lars n’avait jamais autant désiré quelqu’un de toute sa vie. Il se sentit à nouveau frissonner en repensant aux lèvres du petit Chat contre les siennes, ses mains sur ses hanches, son corps plaqué contre le sien…
STOP !
Lars secoua furieusement la tête dans une pitoyable tentative de se reprendre. Il s’acharna sur sa cigarette tout en se traitant mentalement de pauvre imbécile. Cette obsession qu’il nourrissait à l’égard du petit Chat commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Peut-être que Cédès avait raison et qu’il devait s’inquiéter, se méfier ? Se poser davantage de questions… Mais au fond de lui, Lars sentait, il savait que son adorable Chaton ne représentait aucun danger pour lui, qu’il ne lui ferait jamais de mal.
Mais bon sang ! Pourquoi son esprit lui sortait des pensées pareilles ? Elles étaient pires que celles d’un amoureux transi. Au secours !
Lars fit disparaître son mégot d’un claquement de doigts irrité, puis se décida à rejoindre sa chambre. Mieux valait se concentrer sur Ørjan et sur comment le retrouver au plus vite. Le petit Chat avait décidément une fâcheuse tendance à le détourner des priorités…
Alors qu’il retournait dans le séjour, un cliquetis en provenance de l’entrée indiqua que l’on ouvrait la porte. Le petit Chat surgit ensuite dans la pièce, un air contrarié sur sa tête d’imbécile. Il se figea aussitôt en voyant Lars. Ce dernier le toisa de haut en bas en retour. Le gamin ne portait plus son t-shirt et son short, mais une veste en cuir et un de ses jeans qu’il affectionnait tant. Il avait apparemment des affaires de rechange chez Miss Sushi…
Ah et puis zut, qu’est-ce qu’il en avait à faire franchement ! Les lèvres pincées, Lars se détourna sans un mot, prenant la direction du couloir. Il n’avait pas spécialement envie de rejoindre son lit, mais c’était beaucoup mieux que d’avoir à supporter cet abruti.
— Je suis… désolé.
La voix du petit Chat n’était qu’un simple murmure, mais résonna avec force dans la pièce. Lars stoppa un bref instant, puis continua sa route, bien décidé à l’ignorer royalement. Il dut prendre sur lui pour ne pas courir, fuir vers sa chambre. Il n’avait pas envie d’écouter.
— Je ne voulais pas…
— Tais-toi s’il te plait, le coupa Lars, le ton irrité et sans même se retourner. Je ne veux surtout pas t’entendre justifier ta nuit de folie avec ta charmante voisine et de toute façon, ça ne me regarde absolument pas. Donc économise ta salive et épargne-moi un exposé ridicule sur le fait que les “hommes ne t’intéressent absolument pas” et blablabla…
— Mais de quoi tu parles ?! J’étais pas avec Emily ! Enfin si, mais… Et puis merde alors ! T’as raison, j’ai pas à me justifier ! C’est pas comme si on était en couple ! cracha le petit Chat dans son dos et la voix désormais vibrante de colère.
— Exactement. Donc, si tu veux bien m’excuser. Bonne nuit !
Lars sentait un début de migraine lui vriller les tempes. Il avait besoin d’être seul. D’être loin du petit Chat dont la présence l’insupportait au plus haut point. Il était partagé entre une furieuse envie de l’embrasser, mais aussi de l’assommer, tellement il l’énervait.
Surtout que cet idiot ne voulait apparemment pas le laisser tranquille. Il attrapa Lars par le bras, l’empêchant d’aller plus loin. Le magicien sentit la moutarde lui monter au nez.
— Lâche moi tout de suite, siffla-t-il, les yeux plissés de colère. C’est moi ou tu es ivre ? Tu empestes l’alcool ! Va te coucher.
— Arrête de me parler comme si j'étais un gosse. J’ai 20 ans !
— Alors ne te comporte pas comme tel ! Si tu veux parler, on le fera quand tu seras sobre.
— Je suis pas bourré ! OK, j’ai bu un verre ou deux… mais je sais très bien ce que je fais… ce que je veux ! Enfin, je crois que je le sais… merde, c’est tellement compliqué ! baragouina l’autre en secouant la tête comme pour se remettre les idées en place.
— Tu vois ? se moqua Lars avec agacement. C’est bien ce que je disais. Au lit !
— Mais tu comprends rien, putain ! explosa le gamin. Et moi non plus ! T’es un mec, bordel !
— Pitié ! Arrête avec cette rengaine stupide ! s’écria Lars en tapant du pied avec irritation, mais l’autre ne l’écoutait pas. Il continuait de brailler ce qu’il avait sur le cœur.
— J’avais juste besoin d’un verre, ok ?! Je voulais vérifier un truc… être sûr que… Je te l’ai dit ! Les mecs c’est pas du tout mon kiff. Mais alors… pourquoi toi, tu m’excites autant ?!
Lars resta sans voix face à cet aveu craché avec fureur et incertitude. Tout en parlant, le petit Chat se pencha vers lui, il sentait la vodka. Il se passa nerveusement la langue sur les lèvres, ses deux émeraudes le scrutaient avec intensité.
Les ressentiments de Lars fondirent comme neige au soleil face aux airs complètement perdus de son adorable Chaton. Celui-ci se pencha davantage vers lui, jusqu’à enfouir son nez dans ses cheveux. Lars le sentit inspirer longuement, comme s’il se gorgeait de son odeur. Cette simple constatation accéléra son rythme cardiaque plus que de raison. C’était tout simplement affligeant. Sans parler de son cerveau qui ne trouva rien de mieux que de le lâcher dans un moment aussi… aussi quoi ? Lars n’arrivait plus à réfléchir correctement.
Il se contenta de rester immobile, telle une stupide statue, alors que le petit Chat continuait de respirer dans ses cheveux. Il reprit ensuite son monologue, toujours sans le lâcher.
— Depuis cette putain de nuit en Norvège, j’avais vraiment envie te retrouver, souffla-t-il. Ouais fallait récupérer mon blouson (que tu m’as toujours pas rendu en passant), mais je crois que je voulais surtout te revoir. Et je comprends pas comment c’est possible, parce que t’es un mec, l’Aristo et pourtant… je crois que tu me plais et pas qu’un peu… Mais bordel ! T’es un mec et tu m’excites, putain ! Tu m’as lancé un sort ou quoi ?!
Lars se raidit en entendant les derniers mots. Il détestait cette question stupide ! Ce genre d’accusation lui donnait envie de vomir. Il n’avait rien à voir avec ces larves dégoûtantes qui utilisaient la magie pour séduire et mettre les gens dans leur lit. C’était vil et rabaissant !
De nouveau en colère, il fit un geste pour s’écarter de l’autre idiot. Il n’arrivait pas à croire que le petit Chat puisse utiliser cette pitoyable excuse pour justifier ce qui s’était passé entre eux. Lars leva la tête, une réplique cinglante au bout des lèvres, mais se tut en croisant son regard toujours aussi perdu. Il se rendit compte que son adorable Chaton ne l’accusait de rien. Il était juste jeune, déboussolé et voulait comprendre ce qui lui arrivait.
Pendant un court instant, Lars ne sut comment réagir. Et puis, il avança lentement une main. Ses doigts effleurèrent sa joue avec une légère hésitation. Il ne voulait surtout pas effrayer le petit Chat. Celui-ci ne le quittait pas de ses iris à la fois désemparés et quelque peu méfiants. Il attendait, tel un petit garçon qui avait besoin d’être rassuré.
— Mon petit Chaton, fit Lars d’une voix douce. Ce qui t’arrive n’est pas… je t'assure que la magie n’y est pour rien. Qu’importe l’orientation sexuelle, on peut être attiré par quelqu’un indépendamment de son genre ou encore de sa nature. Je te promets que je ne t’ai pas envoûté… Je me demande si ce n’est pas plutôt le contraire…
Il prononça les derniers mots dans un murmure incertain. Lars n’eut cependant pas le temps de s'appesantir là-dessus, car le petit Chat n’avait décidément pas fini de le surprendre. Le gamin l’attira soudain dans ses bras, puis fourra à nouveau son nez dans ses cheveux en soupirant.
— OK, marmonna-t-il tout simplement. OK.
Lars ne répondit pas, trop surpris par sa réaction. Il s’était attendu à une tonne de contre argumentations et même à une longue discussion affligeante sur les envoûtements, l’attirance sexuelle ou encore sur les relations physiques entre hommes. Mais non, le petit Chat se contentait juste de le serrer contre lui sans un mot et de… renifler ses cheveux. Lars ne savait pas s’il devait se réjouir ou bien s’inquiéter de son comportement.
Ils restèrent ainsi pendant de longues secondes. Le petit Chat n’avait pas l’air de vouloir le lâcher. Au bout de plusieurs minutes, Lars finit par se dégager de son étreinte avec douceur. Il tira ensuite le gamin vers le canapé et le força gentiment à s’asseoir. Ce dernier se laissa faire sans discuter et sans le quitter des yeux. Lars sentit son regard lui brûler la nuque alors qui s’en allait vers la cuisine pour lui chercher de l’eau.
— Tiens, bois ça, ordonna-t-il en lui fourrant un verre dans les mains. Et après, au lit !
Le petit Chat s’exécuta, toujours sans rechigner et Lars finit par s’inquiéter de son comportement bizarrement apathique. Installé à ses côtés sur le canapé, il se pencha en avant pour examiner son visage, rencontra ses grands yeux verts qui continuaient de le fixer avec intensité… Minute ! Ses pupilles étaient anormalement dilatées.
— Petit Chat… aurais-tu pris de la drogue ?! demanda-t-il, le regard sévère.
— Quoi ? Mais non ! protesta aussitôt le gamin, l’air offensé. Je te l’ai dit, j’ai bu un verre ou deux c’est tout. Je suis pas shooté, je suis un adulte parfaitement conscient de…
— D’accord. Ne t'énerve pas, je voulais juste être sûr que… grommela Lars en se reculant avec soulagement. Enfin bref, maintenant termine vite ton verre d’eau et après chacun va rejoindre sa chambre pour une bonne nuit de sommeil…
Les derniers mots lui arrachèrent presque la bouche, mais Lars avait décidé de se montrer raisonnable. Alors oui, ce n’était pas facile, c’était même TRÈS difficile ! mais son petit Chat avait sûrement besoin de temps pour digérer son attirance pour un homme, peut-être même l’accepter et…
— OK, mais… Est-ce que je peux t’embrasser ? fit soudain ce dernier d’une voix hésitante.
Mais bon sang ! Pour une fois que Lars était plein de bonnes résolutions ! Cet abominable gamin s’était vraiment donné le mot pour lui compliquer la tâche !
— J’ai vraiment envie de t’embrasser… chuchota-t-il.
Tout en parlant, le petit Chat délaissa son verre pour se rapprocher de Lars. Lentement, avec une certaine hésitation, il prit ses joues entre ses paumes, effleura sa peau du bout de son pouce. Ses gestes étaient doux, hésitants… brisant le peu de bon sens qui lui restait. Sans un mot, les yeux plongés dans ses émeraudes si captivantes, Lars enroula ses doigts autour de ses poignets. Leurs visages étaient désormais tout proches… le souffle de son adorable petit Chat caressait sensuellement sa bouche.
Des milliers de frissons assaillirent Lars de toute part. Sa respiration se fit de plus en plus rapide, alors que ces lèvres qu’ils désirait tant n’étaient plus qu’à quelques millimètres des siennes. Et puis n’y tenant plus, il abolit soudain l’infime distance entre eux pour s’en emparer pleinement. Elles étaient toujours aussi délicieuses, léchant et embrassant les siennes dans un mélange de douceur et d’impatience.
Les doigts du petit Chat se glissèrent dans ses longues mèches noires, ils s’y agrippèrent tandis qu’il approfondissait leur baiser. Sa langue vint chercher celle de Lars, elle se fit sauvage et pressante, ils se plaquèrent l’un contre l’autre dans une étreinte passionnée.
Par les Dieux ! Lars lâcha un gémissement de plaisir en attrapant la nuque de son Chaton. Ses mains tâtonnèrent maladroitement sur ses épaules pour lui enlever sa veste. Les yeux fermés, il savoura pleinement sa bouche, sa langue… Ses doigts volèrent partout sur son corps. Le désir embrasait tout son être, balayant les derniers vestiges de lucidité.
Toutes ses bonnes résolutions ne furent plus qu’un lointain souvenir lorsqu’il se retrouva allongé sur le canapé, le petit Chat sur lui… Plus rien ne comptait à part ses lèvres et sa langue sur sa peau, son corps qui se mouvait contre le sien. Il ressentit toute l’étendue de son excitation se presser entre ses cuisses, faisant écho à la sienne. Bon sang ! C’était tout simplement divin.
Et puis soudain, alors que le petit Chat inondait son cou de baisers avides, Lars sentit un liquide chaud et visqueux couler le long de sa peau. Mais qu’est-ce que… Un mauvais pressentiment le prit aussitôt à la gorge et il repoussa le gamin d’un geste alarmé.
— Leo… at… attend, haleta-t-il au moment précis où ce dernier se redressait, l'œil hagard.
La panique envahit Lars lorsqu’il vit que son adorable Chaton saignait. Abondamment.
Coucou ! Et voilà, c'était la suite d'ASG avec Lars et Leo qui parlent ! Je suis très contente de cet épisode, le dialogue c'est vraiment important. Je suis émue du coup, parce qu'ils ont franchi un pas dans leur relation ! Reste à voir où ça va mener
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