J't'emmène au vent.

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Presque chaque soir en quittant la faculté de droit j'errais dans la gare de Nantes, observant la beauté technologique et majestueuse des locomotives. Le son de la vapeur relâchée dans l'air, le crissement des roues sur les rails et les rouages s'ebranlant mûes par une puissance casi surnaturelle. J'aimais à rêver en voyant tous ces gens monter et descendre des wagons, certains étaient pressés dans leur beau costume avec leur mallette à la main, d'autres encore marchaient d'un pas nonchalant comme si la vie qui les attendait dehors pouvait attendre. Cette foule faite de milles et un visage sentait toutes les odeurs du monde: de cette charmante jeune femme santant le lys à cet ouvrier un peu bourru dans sa démarche qui transportait un étrange mélange d'odeur de tabac et de charbon en passant par ce voyageur encore tout embaumant d'une odeur épicée venant de ces riches marchés orientaux. Attristant spectacle que de voir ces soldats partir pour l'indochine, ils semblaient si heureux si enthousiastes, savaient ils que seul la mort les attendait là bas au loin ? Et cela créait un tel contraste avec ces familles partant rejoindre des proches parents afin de passer avec eux du temps agréable à discuter autour d'un bon repas.

Mais ce jour là ce fût différent, je la voyais, magnifique et perdue se tenant au milieu de la foule n'osant pas faire un pas par peur d'être emportée dans ce tohu bohu de mouvements et de courses. Elle portait une robe légère à fleur, le teint mate, ses cheveux noirs ondulés lui tombant sur les épaules et ses yeux..d'un vert des plus sublimes.

Un regard à ma montre, sept heures moins le quart, il était temps que je rejoigne mes amis au pub je leur avait promis de venir cette fois, alors que je ravisais mon chapeau en vue de sortir par le terrible vent soufflant dehors nos regards se sont croisé et se fût puissant, fulgurant que dis je ? foudroyant. L'espace d'un instant mon esprit tout entié fût ébranlé comme traversé par la plus violente des secousses, une décharge qui touche votre être tout entier et qui vous lie à cette personne en face qui vous en êtes sûr partage cette chose si puissante. Nulle expérience, nulle vécu ne pouvait être comparé à ce que je venais de vivre. C'est donc tout naturellement que je me suis dirigé vers elle, était ce la curiosité ? Ou bien quelque chose de plus fort ? Je n'aurais su le dire si ce n'est que j'en ressentais le réel besoin. La foule se pressait et je dû me frayer un chemin à travers elle, une fois arrivé à sa hauteur je lui adressa maladroitement la parole et lui proposa de l'aider à transporter ses bagages mais elle me répondit timidement qu'elle attendait une correspondance pour Bordeaux, elle avait un accent des plus délicieux roulant légèrement les r. <<Mademoiselle si vous le voulez bien je vous ferais découvrir les plus belles merveilles que contient cette ville, c'est ici mon duché et j'en serai très fière de vous en faire profiter

-C'est que mon train arrive dans 4h et ce ne serait pas bien pratique avec mes bagages

-que cela ne vous inquiètes point je m'occupe de tout chère demoiselle ! Prenez ma main j'vous emmène vivre l'aventure de toute votre vie !

Sur ces mots je donna quelques sous à un cheminot pour la garde des valises et entraîna cette demoiselle au dehors. J'appris sur le chemin de la foire qu'elle venait de Bulgarie et était en France pour des études de droit.

Cet après-midi fût le plus merveilleux qu'il m'ai été donné de vivre, nous parcourions les rues de Nantes de part en d'autre. La cathédrale, le château des ducs, la biscuiterie Lu, le passage pomeray, la place royale, les péniches, l'île gloriette, la grande bibliothèque, absolument toutes les attractions présentes à la foire, le port, les grandes grues, le tram, commerce, la place du pilori, les pubs elle s'émerveillait de tout et ne semblait jamais se lasser de mes paroles ventant les mérites de mon fief qu'était Nantes. Nous courrions comme pour vivre plus qu'il n'était possible durant ces quelques heures. Nous avons rêvé d'espaces immenses du sommet du donjon, nous sommes amusé du caractère insolite des wagons du trams et pour finir longuement discuté le long des bords de Loire. Hélas l'heure vint de retourner à la gare afin qu'elle ne loupe pas son train, le chemin du retour fût plus calme, nous discutions de tout et de rien et je me délectais de sa présence, de ses mots, de chaque seconde. Sur le quai nous attendait le cheminot et derrière lui le wagon pour Bordeaux dans lequel il transporta les bagages, jamais je ne fût si terrifié à l'idée de devoir quitter une personne. Alors que le départ sonnait nous nous dîmes adieux, le souvenir de sa main tenant la mienne juste avant que les portes ne se referment resterait à jamais gravé dans ma mémoire. Je n'avais même pas le coeur à courir après le train, seul demeurait l'abence de celle dont j'ignorais l'existence ce matin et qui en quelques heures a su prendre place pour toujours dans ma vie. Car oui je l'aimait, je savais que je n'aurais jamais dû lâcher sa main, j'aurais dû la suivre dans ce train comme elle l'a fait avec moi au fil des ruelles et depuis ce jour n'ayant pas su saisir l'instant T, l'instant de toutes les magies je demeura une âme errante seule.

Le duc

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